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Chapitre 24


Bonsoir à vous !

Je vous laisse avec un chapitre que j'ai pris énormément de plaisir à écrire :) C'est l'un des plus durs que j'ai eu à rédiger, alors j'espère qu'il sera à la hauteur pour vous...

Bonne lecture et laissez-vous entraîner par les ténèbres... 

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Alyssa

Février touche bientôt à sa fin ; l'air vif de l'hiver laissera sa place à la douceur du printemps, tellement salutaire après des mois de froid. Aujourd'hui est une des rares journées où le vent ne nous fouette pas le visage, ou ne fait pas claquer nos manteaux sur nos jambes frigorifiées. En revanche, la pluie a pris le relais, se déversant tel un véritable déluge sur nos têtes. Et l'obscurité ambiante vient parfaire le tableau lugubre et morose de cette journée.

C'est à une heure tardive que je finis enfin par me diriger vers mon appartement, le jean collé à mes cuisses et l'eau ruisselant sur mon visage. J'atteins le hall après un joli sprint final, retire ma capuche, et secoue mes vêtements humides avant de monter jusqu'à chez moi. Mes chaussures couinent dans l'escalier ce qui a le don de m'agacer au point de me faire grincer des dents tout le long de ces quarante-trois marches, puis des vingt-cinq pas qui me séparent de ma porte d'entrée. Un rapide coup d'œil sur ma montre m'informe que je n'ai plus que trente-cinq minutes devant moi avant de devoir rejoindre Evannah au restaurant. Un nouveau calcul me permet de conclure que si je ne mets que trois minutes pour me sécher et me changer, je pourrai être à l'heure au Roth House qui se situe à l'autre bout de la ville.

Je pousse un profond soupir de contrariété quand je me rends compte que ma porte n'était pas verrouillée de toute la journée. J'ai parfois cette sale habitude d'oublier de fermer derrière moi... Une fois que j'ai franchi le seuil, je me retourne immédiatement et verrouille la porte. Mieux vaut tard que jamais, me dis-je avec philosophie. Satisfaite de l'état des choses, je me tourne vers mon salon qui est plongé dans le noir complet. Me rappelant l'ampoule cassée au plafonnier, je me dirige vers mon bureau où j'allume ma lampe à pied, tout en me débarrassant au passage de mon manteau trempé. J'allais monter jusqu'à ma chambre afin d'enfiler des vêtements secs, lorsqu'un mouvement près de ma table attire mon attention. Je pivote sur moi-même et me retrouve quasiment nez à nez avec Shane.

Il est assis sur mon canapé, et me contemple silencieusement. Je ne parviens plus à bouger, ni même à respirer tant le choc est rude. J'ai cette sensation étrange que mon sang a gelé dans mes veines, me laissant froide comme le marbre tout d'un coup. C'est à ce moment-là que je réalise que mes cauchemars n'étaient pas seulement des cauchemars, ils étaient des fenêtres annonciatrices de mon avenir qui me garantissaient les pires tourments qui soient. Il a fallu attendre sept années avant que mon pire songe ne se réalise : mon bourreau m'avait retrouvée, déterminé à me mener à l'échafaud cette fois-ci.

- Bonjour, Alyssa, s'exclame ce dernier sans faire le moindre geste vers moi pour l'instant.

Au son de sa voix, mes membres frémissent malgré moi, se remémorant l'horreur qu'elle proférait sur un ton doux et tendre. Je ne parviens toujours pas à bouger, même si mon instinct me crie à pleins poumons de m'enfuir.

- Tu m'as... tellement manqué, reprend-il d'un ton fervent et désespéré.

En entendant cette phrase, tout se remet à fonctionner dans mon corps : mon cœur repart, l'air entre et sort de mes poumons à un rythme effréné, mes mains se crispent le long de mes flancs, et mes souvenirs, mes horribles souvenirs défilent dans ma tête, inlassablement. Ils tournent, et tournent encore, réveillant en moi une douleur, jamais complètement endormie, qui a bien failli causer ma perte. La peur, la colère, la douleur, la souffrance, l'incompréhension, l'angoisse... tout me revient à nouveau de plein fouet. Je les avais pourtant enfouis bien profondément en moi, dans les méandres de mon esprit, là où il n'est pas bon de se souvenir... Là où je ne vais jamais. Cette part d'ombre qui fait partie intégrante de la nouvelle moi et qui ne me quittera plus jamais. Cette part d'obscurité qui a bien failli me rendre folle lorsque je n'étais qu'une jeune adolescente...

Il continue à me dévisager intensément, tentant sans doute de graver dans sa mémoire les traits de mon visage. Il les compare avec ceux de la Alyssa de quinze, seize, puis dix-sept et dix-huit ans, qui ne l'ont pas quitté depuis. Il revoit toutes ces images défiler dans son esprit, et je sais à quel instant précis il se remémore les ébats sexuels : ses yeux passent d'un air contemplatif et pensif, à un air salace et calculateur.

Il se lève doucement et souplement de son séant, esquive la table basse, et diminue ainsi l'espace qui nous sépare. Je n'ai toujours pas bougé, bien que j'aie parfaitement conscience de pouvoir le faire à présent. Non, au lieu de cela je réfléchis. Je fais appel à mon sens pragmatique, celui que j'utilise constamment lors de consultations privées, et j'analyse la situation actuelle, reléguant pour l'heure mon effroi. Je sais ce qu'implique la présence de Shane ici : il veut reprendre là où tout s'est interrompu, là où j'ai tout interrompu. Je comprends aussi qu'après avoir obtenu de x manière mon adresse, il a forcé ma porte, pressentant au fond de lui que je ne lui aurais jamais ouvert. Je comprends également à son air qu'il se montrera violent si je tente de m'enfuir. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que je ne veux pas m'enfuir. Cela fait plus de sept ans que je fuis, et j'en ai assez ; à présent, il est temps pour moi de lutter. Je suis déterminée à lutter. Mais à ma manière...

Je m'efforce de prendre un air détaché, à la limite de l'impassibilité, lorsque je croise son regard.

- Assieds-toi, lui dis-je d'un ton neutre en m'éloignant doucement de lui. Je vais faire du thé.

Je me dirige calmement vers ma kitchenette et saisis ma casserole fétiche pour faire bouillir l'eau. Shane m'observe attentivement, incertain quant à la marche à suivre. Je poursuis mon rôle d'hôtesse tranquillement, attrapant tasses, cuillères et sucre dans mes placards. Voyant que je ne tente pas de m'enfuir, Shane se rassit sur le canapé, un léger sourire aux lèvres. Il semble très satisfait de lui, confiant quant à ses chances de me « reconquérir ». Il va jusqu'à adopter une position confortable sur son siège, étendant ses jambes devant lui et passant un bras le long du dossier. J'installe ma petite dinette sur un plateau avant de passer un vêtement sec à place de mon manteau mouillé.

- Si tu veux aller te changer, ne te gêne surtout pas pour moi, me lance-t-il d'un ton badin.

Je ne lui réponds pas, préférant économiser ma salive pour plus tard. J'entends l'eau bouillir sur l'une des plaques, mais je vais attendre encore quelques minutes avant de la retirer du feu. Toujours dos à lui, je puise une force insoupçonnée en moi avant de me lancer dans la bataille.

- Qu'est-ce que tu fais là, Shane ? l'interrogé-je d'une voix la plus neutre possible.

- Ma sœur m'a informé que tu vivais dans cette ville, comme elle, commence-t-il, l'air de ne pas y toucher. Je me suis dit qu'une visite s'imposait.

A l'évocation d'Evannah, je me crispe un peu même si je me doutais qu'il tenait malheureusement l'information de sa sœur. J'aimerais tout de même savoir pourquoi... Je poursuis mon interrogatoire les yeux tournés vers l'extérieur et la pluie battante sur les carreaux.

- Et pourquoi cela ?

Shane ne répond pas tout de suite, organisant ses pensées.

- Pendant des années, j'ai tout fait pour t'oublier, t'effacer de mon esprit, avoue-t-il précipitamment. J'y étais parvenu au fil du temps, me concentrant sur mon travail qui me demande beaucoup d'investissement... Mais la semaine dernière, quand j'ai appris où tu te trouvais... Je ne pouvais pas faire comme si ça n'avait pas d'importance. Comme si ça ne réveillait pas chez moi des émotions vives et passionnées, poursuit-il sur un ton plus fervent. Je ne pouvais tout simplement pas te fuir, Alyssa. Je t'aime toujours.

Je retiens mon souffle trois secondes, le temps que la nausée qui m'était montée à la bouche se dissipe. Mon Dieu, je savais qu'il était malade, mais là... entretenir ce délire après toutes ces années... Je choisis de me taire et de le laisser continuer sur cette voie pour l'instant, pressentant que le pire reste encore à venir.

- On était tellement heureux, toi et moi, reprend-il enflammé. Tous ces bons moments, tous ces fous-rire... Cette alchimie entre nous, aussi bien sexuelle qu'émotionnelle...

Je souffre mille morts en entendant ces paroles grossières et extravagantes.

Tuez-moi. Tuez-moi là, maintenant, plutôt que d'entendre ces monstruosités.

Je fais taire cette pensée, ne me laissant pas entraîner sur cette pente dangereuse, et me reconcentre sur son discours délirant.

- ... Je n'aurais jamais dû te laisser partir, Aly, jamais. J'ai toujours su que nous étions faits l'un pour l'autre. Je pense que j'étais sûr de t'aimer, de vraiment t'aimer, la première fois où nous avons fait l'amour... Tu t'en souviens ?

Oui, je m'en souviens. Je me souviens de la douleur, de ma peur. Je me souviens de cette sensation d'avoir été souillée, avilie, traitée comme un objet qu'on utilise comme bon nous semble. Je me souviens que cette première fois – qui était véritablement ma première fois – je n'ai pas fait l'amour, justement. Je me souviens que j'ai été violée, comme les nombreuses autres fois qui l'ont suivie. Oui, je m'en souviens, oui. J'ai beau avoir essayé, je ne l'oublierai jamais.

J'attrape d'une main tremblante la casserole brûlante, et verse son contenu dans nos tasses respectives. J'y ajoute méthodiquement les sachets de thé, concentrée sur ma tâche immédiate.

Respire et verse. Respire et verse.

Je pivote vers lui, le plateau en main, pose le tout avant de prendre place dans le fauteuil en face de Shane. Puis je croise ses yeux noirs qui perdaient toute trace d'humanité pendant « l'amour ». Je choisis à nouveau de me taire et m'empare de ma tasse, sans la porter à mes lèvres toutefois. Et j'attends.

- Tu ne dis rien ? me relance Shane en penchant la tête sur le côté. Moi, j'ai tellement de choses à te dire, tellement de souvenirs à te rappeler, de nouvelles à t'annoncer... Je suis prêt à déménager rapidement, annonce-t-il, très sérieux. Un mot de toi et je te rejoins ici, prêt à tout reprendre avec toi. A moins que tu ne préfères venir sur Denver ? Il doit y avoir d'excellentes facs dans l'une desquelles tu pourrais terminer ton cursus d'études, ajoute-t-il en se saisissant de sa tasse fumante et en soufflant dessus. On pourrait regarder, si tu veux.

Je ferme brièvement les yeux, prenant conscience à ces mots de l'étendue de sa folie. Je prends encore un peu sur moi, attendant qu'il aille au bout de ses réflexions.

- On sera très heureux, je te le garantis. Et ne t'en fais pas pour ma sœur et mes parents, ils finiront par se faire une raison... surtout s'ils voient à quel point tu me combles, ajoute-t-il avec un clin d'œil complice. Mais rien de déplacé, évidemment. Et puis... très bientôt, on leur donnera des petits-enfants qu'ils vont chérir. Ce seront eux qui seront comblés, à ce moment-là ! s'esclaffe-t-il tout seul.

A l'évocation des enfants, je décide qu'il est temps pour moi d'intervenir cette fois. Les enfants... c'était le point de non-retour, le véritable électrochoc qui m'a sorti de ma façade conciliante.

- Sais-tu ce que j'étudie, Shane ? lui demandé-je d'une voix suffisamment forte pour l'interrompre.

- Euh... Evannah a parlé de psychologie, mais... répond-il, un peu dérouté par ce revirement.

- J'étudie la psycho-criminologie, pour être plus exacte, reprends-je d'une voix tranchante. Je me spécialise dans la prise en charge de ce qu'on appelait les « désaxés sexuels » auparavant. Je me spécialise dans la prise en charge des exhibitionnistes, des pédophiles récidivistes, et des violeurs en série, énuméré-je lentement.

Shane pince les lèvres à cette annonce. Je me penche davantage vers lui pour poursuivre.

- Je cherche à comprendre et, peut-être, à empêcher ce qui pousse une personne telle que toi à faire souffrir les autres. J'essaie de déterminer ce qui vous pousse à soumettre les autres à vos propres volontés, dis-je dans un chuchotement comme si je lui faisais part d'un secret. Je tente d'analyser ce qui fait que l'on devient un monstre. Tel que toi.

Un silence pesant s'abat dans la pièce. J'ai l'impression que la température ambiante a chuté de vingt degrés. Shane se fige l'espace d'une seconde, avant qu'une veine batte sur son front et que son regard soit aussi dur que de l'acier. Je me réinstalle au fond de mon siège, et dépose ma tasse sur la table basse. J'observe méthodiquement sa réaction, passant en revue la posture rentrée qu'il vient d'adopter ainsi que la crispation de ses mains serrées en poing. Le voir dans cet état me donnerait presque envie de sourire. Presque.

- Qu'est-ce que tu racontes ? finit-il par tonner, clairement hors de lui.

- La vérité. Celle que tu ne parviens pas à accepter. Celle qui dit que tu es malade et que jamais je ne t'ai aimé ou ai été consentante.

- Ne dis pas n'importe quoi, rétorque-t-il, balayant mes paroles au passage. Tu m'aimes et je t'aime.

- Non, c'est faux, réponds-je d'une voix neutre. Je sais bien que je perds mon temps à te le dire, mais je ne le fais pas pour toi. Je le fais pour moi.

- Je ne comprends pas.

Son air perdu m'indique qu'il dit vrai.

- Tu es malade, Shane. Tu t'es construit un délire érotomaniaque en me prenant pour cible. C'est ce qui t'a poussé à agir comme tu l'as fait avec moi, à te montrer violent. A abuser de moi. A me manipuler. A me soumettre. A me violer.

- Tais-toi ! hurle-t-il, les veines de son cou saillantes, horrifié par mes paroles.

- Je ne suis pas en train de te trouver des excuses, poursuis-je plus pour moi-même que pour lui. C'est la vérité. Aussi sûrement que le fait que tu aies abusé de moi à de nombreuses reprises... Un tribunal ne te jugerait certainement pas responsable de tes actes, d'ailleurs, vu que l'on est dans le domaine de la maladie mentale et de l'expertise psychiatrique. Mais il n'empêche... cette folie est aussi réelle pour toi que ma souffrance l'est pour moi.

- Mais arrête, Alyssa, s'exclame Shane, paniqué. Je ne suis pas malade ! Et je ne t'ai jamais forcé à rien ! Oh, mon amour... tu ne sembles pas bien ce soir, tu as sans doute besoin de repos, persiste-t-il, de la compassion dans la voix.

- C'est bien ce que je disais : ça ne servait à rien que je t'en parle, dis-je en secouant la tête de dépit. Tu ne peux pas l'accepter. Tu ne crois que ta réalité. Celle que tu t'es construite.

- Aly, tu commences à m'inquiéter là..., déclare-t-il l'air préoccupé.

Le pire, c'est qu'il ne ment même pas.

Je pousse un gros soupir, accablée. J'aurais tellement aimé que ça change quelque chose, qu'il comprenne... Mais je sais que ça n'est pas possible. Ce genre de pathologie entraîne, dans le meilleur des cas l'internement du malade, dans le pire des cas le meurtre de sa victime. Je ne souhaite ni l'un ni l'autre, cependant il va bien falloir que je me sorte de ce mauvais pas assez rapidement... Je ne peux pas le laisser m'approcher suffisamment, sinon il risque de me soumettre par la force. Parce que c'est ce qu'il recherche : l'intense plaisir qu'il ressentait à l'époque à chaque fois qu'il prenait possession de mon corps. Il se nourrissait de ma douleur.

Un autre soupir m'échappe, un peu plus tremblant que le précédent toutefois.

Tiens bon.

Shane s'approche précipitamment, et s'agenouille devant moi. Sa soudaine proximité me fait frissonner, tant le dégoût et la révulsion sont forts. Je ne le repousse pas, voyant là l'occasion parfaite de couper court à cette discussion de sourds. Mais avant que je ne puisse faire le moindre geste, sa main enveloppe la mienne, dans une caresse de réconfort.

J'ai envie de vomir.

Je serre les dents et évite son regard lorsqu'il reprend la parole.

- Chérie, ne t'en fais pas, ça va aller. C'est le choc de nos retrouvailles qui parle, c'est tout, dit-il, sûr de son argument. Ça ira déjà beaucoup mieux demain, une fois l'émotion passée...

Chacun de ses mots est un coup de poignard dans le ventre. Comment est-ce possible de fonctionner comme ça ? Comment peut-on ne pas percevoir la souffrance des autres, et s'en délecter quand même ... ?

Comment peut-il m'avoir fait tout ce mal sans s'en rendre vraiment compte ?

Je prends une profonde inspiration, le regarde enfin dans les yeux avant de faire la dernière chose à laquelle il s'attend.

Je lui jette ma tasse encore brûlante à la figure.

Immédiatement, Shane jure et porte ses mains à son visage, avant de se décaler de moi.

Maintenant.

Ni une ni deux, je bondis de mon fauteuil, lui balance un coup de pied dans l'estomac, et m'enfuis en courant. Dans ma course effrénée le long du couloir, j'entends son cri d'agonie se répercuter sur les murs. Enhardie par son ralentissement, je me rue dans les escaliers, puis me retrouve sous une pluie battante pour poursuivre mon évasion.


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Bisous

A. H.

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