Chapitre 20
Alyssa
- Aly ? Ho, ma belle, redescends sur terre.
Je lève les yeux sur Sara qui secoue mon épaule avec vigueur. Je grommelle de frustration en reposant mon front sur l'accoudoir du fauteuil.
- T'es bourrée, ou quoi ? me questionne-t-elle.
- Même pas... Je suis fatiguée, c'est tout, expliqué-je en redressant la tête.
- A d'autres ! Toi, t'as des ennuis.
Je ne réponds pas, observant son air « On ne me la fait pas à moi ». Je finis par sourire malgré moi, et lui ressers un verre de vin.
- Touchée, Sara, lui fais-je en levant mon verre comme pour lui porter un toast.
Elle s'esclaffe puis s'installe sur le pouf devant moi. Sara me sourit tendrement en inclinant son verre vers le mien. Je l'entrechoque volontiers, puis le vide, cul sec. Sara hausse un sourcil, pas dupe une seconde. Je lève une épaule, remets mes cheveux en place, tentant désespérément de gagner du temps.
Je n'avais pas réfléchi à une excuse plausible pour mes amis lorsque j'ai quitté Ian, puis je les ai rejoints au Landon's, il y a quelques heures. Au lieu de cela, je me suis ruée sur le bar et ai commandé une vodka tonic. Mes amis me connaissent assez bien pour savoir que lorsque je commence mes beuveries par une vodka tonic, c'est que quelque chose cloche, mais que je ne souhaite pas en parler pour autant. Alors j'ai continué à boire, et eux ont continué à faire comme si de rien n'était.
Mes verres se sont enchainés, défilant de plus en plus vite sur le comptoir. La soirée est passée à une de ces vitesses... Nous avons fait la fermeture du bar, puis nous avons marché jusqu'à chez Rachel pour un « dernier verre ». Je crois que j'en suis à mon sixième dernier verre depuis que j'ai franchi le seuil de sa porte. Je n'ai pas menti à Sara en disant ne pas être saoule ; j'aurai préféré l'être, seulement mon corps en a décidé autrement. Il semble préférer me voir garder connaissance et conscience de tout ce qui va mal dans ma vie.
A cette perspective, je me sers un septième dernier verre...
- Allez, raconte-moi, ma belle, me relance gentiment Sara.
- C'est rien, t'inquiète, tenté-je de la rassurer.
- C'est un problème de mec ?
J'ouvre la bouche pour la contredire, mais en y réfléchissant bien, c'est un peu ça. En lui parlant d'une dispute entre Ian et moi, je ne lui mens pas complètement. Ça soulage un peu ma mauvaise conscience.
- Oui, on peut dire ça, fais-je en regardant mon amie en face. On s'est disputés, Ian et moi.
- Toi et ton Apollon ? intervient Rachel qui s'affale sur le canapé à ma gauche. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- On a une divergence d'opinion.
Je ris jaune intérieurement. Là encore, je ne mens pas vraiment.
- Aaaaah, une divergence d'opinion... reprend Rachel. Qu'est-ce que c'est con les divergences d'opinion !
Je secoue la tête devant l'attitude passablement éméchée de mon amie. Autant il peut m'arriver de boire comme un trou sans en ressentir les effets, autant cela n'arrive jamais à Rachel. Au bout de quatre verres, elle roule sous la table ou presque. Sara lève les yeux au ciel, elle aussi amusée par le comportement de Rachel. Elle se tourne vers moi, plus sérieuse.
- C'est grave, selon toi ? me demande-t-elle en fronçant les sourcils.
- Je ne pense pas... Il fallait juste que je... digère ce qu'il s'est passé.
- Je comprends mieux, dit-elle en pressant amicalement mon genou.
Je lui fais un petit sourire et décide de passer à autre chose.
- Qui est tenté par des shooters ? proposé-je d'une voix faussement enjouée.
Rachel et Bryan s'exclament en chœur, approuvant largement ma suggestion. Je me dirige vers la cuisine de Rachel à la recherche des liqueurs et shooters, lorsqu'un coup frappé à la porte me stoppe dans mon élan. Un autre coup se fait entendre avant que je ne tire sur le battant. Mon cœur tambourine dans ma poitrine lorsque je découvre Ian. J'écarquille les yeux de surprise.
- Qu'est-ce que tu fais là ? bégayé-je à son attention.
- Tes amis m'ont dit que je te trouverais ici, me répond-il, les yeux sombres.
Je me retourne brusquement et aperçois mon téléphone dans la main levée de Rachel. Elle et Sara me lancent un clin d'œil de concert et me font signe de rejoindre Ian. Je me pince l'arête du nez en regardant ce dernier à nouveau.
- Je vois...
- Je sais que tu es fâchée contre moi. Je suis désolé pour ce qui s'est passé cet après-midi, explique-t-il rapidement. Tu as parfaitement raison : c'est à toi de décider de ce que tu veux faire ou ne pas faire. Je n'ai pas à interférer dans tes décisions. Je...
- Ça va, ça va, calme-toi, fais-je en le coupant. Je ne t'en veux pas.
- C'est vrai ?
- Oui. Disons que je t'en ai voulu pendant deux heures environ, mais après... Après j'ai repensé à toute cette merde et je n'avais vraiment plus la force de t'en vouloir.
- Désolé, répète Ian d'un air contrit. J'ai bien conscience d'avoir empiré la situation.
- Non pas du tout. Ça me pendait au nez. Tôt ou tard, j'aurai croisé Garrett et il se serait montré aussi désagréable avec moi qu'il ne l'a été avec toi, dis-je avec un faible sourire.
- Il ne sait pas de quoi il parle, me dit Ian en se saisissant de mes mains. Tout ce qu'il a dit... ce sont des conneries.
- Pas complètement...
- Hé, regarde-moi, fait-il en me forçant à rencontrer son regard. Ils ne sont pas au courant de la vérité, alors bien sûr que leurs reproches sont des conneries.
Je secoue la tête. Je ne peux pas être d'accord avec Ian. J'ai fait souffrir Evannah même si c'était bien la dernière chose que je souhaitais sur Terre. Un silence s'installe entre Ian et moi. Il attend que je reprenne la parole, caressant mes mains de ses pouces. Je lève les yeux vers les siens, soupire, et me jette dans ses bras. Il enserre ma taille, me berce contre son torse, dans un geste de réconfort. Je le laisse me réconforter, inspire son odeur qui m'est devenue si familière dorénavant. Une odeur rassurante... Ian s'éloigne un peu, passe sa main dans mes cheveux et baise mon front. Je souris devant ce geste.
- Je ne suis pas une petite chose fragile, tu sais, fais-je en me moquant gentiment de lui.
- Je sais, répond-il en souriant à son tour.
Il passe un bras autour de mes épaules et nous mène à l'intérieur, rejoignant mes amis affalés devant la saison 5 de Game of Thrones. Je m'assois sur les genoux de Ian à sa demande, et soupire d'aise lorsqu'il s'empare à nouveau de mes hanches. Je pose un chaste baiser sur ses lèvres avant de me tourner vers Rachel et Sara. Elles sourient d'un air angélique, fières de leur initiative. Je lève les yeux au ciel ce qui les fait pouffer de rire. Je leur balance une de mes chaussures à la tête.
- Ah, on a retrouvé notre Aly ! s'exclame Bryan, hilare.
Je lui jette un sourire éblouissant.
- Chuuuuuut ! vocifère Dylan, captivé par l'écran.
Ce qui lui vaut une chaussure en pleine tête. Nous nous esclaffons devant son air ahuri. J'étouffe mon rire dans l'épaule de Ian, les joues cramoisies. Commence alors une bataille d'oreillers, orchestrée par Dylan, vite rejoint par Bryan et Lauren. Rachel et Sara poussent un cri de stupeur, puis s'emparent de leurs propres armes avant de nous bombarder, Ian et moi. Nous nous redressons et nous lançons à notre tour dans la bataille, hilares.
Nous nous amusons tous, hurlant à nous en faire exploser les poumons, lorsque je reçois un message sur mon téléphone. Je suis surprise de l'avoir entendu, vu tout le raffut que nous faisons, mais mes yeux ont capté malgré moi la lumière de mon écran. J'assène un dernier coup d'oreiller sur le visage de Bryan avant de me diriger vers la table basse du salon. Mon téléphone est posé en travers de la table, et la lumière verte annonçant un SMS clignote rapidement. Je m'en saisis, ouvre ma messagerie et prends connaissance du nouveau message. La première ligne me laisse perplexe : un S.O.S suivi d'un « s'il te plaît ». Cela fait des années que je n'en ai plus reçu... La seule personne avec qui j'en ai échangé est Evannah, aussi n'ai-je même pas besoin de lire la ligne suivante pour savoir que c'est elle l'auteure de ce SMS. Mon cœur a un soubresaut lorsque je tape vite une réponse sur mon écran.
Où ?
La réponse est immédiate :
Rush University Medical Center. Cafétéria du rez-de-chaussée.
Ni une ni deux, j'attrape mes affaires sur le fauteuil, et informe mes amis de mon absence imprévue. Je les laisse derrière moi, l'air surpris par mon hyperactivité soudaine, et me précipite dans le couloir. Je roule à tombeaux ouverts, tentant de réduire la durée du trajet, la faisant passer de trente à vingt minutes. Les S.O.S ne sont utilisés qu'en cas d'extrême urgence, il en a toujours été ainsi entre Evannah et moi. Nous ne dérogions jamais à cette règle afin de ne pas inquiéter l'autre inutilement. C'est ce pourquoi je sais que, quoi qu'il soit arrivé à Evannah, l'affaire est très sérieuse.
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Voilà, c'était le deuxième chapitre de la journée :)
J'espère que mon histoire vous plaît toujours et qu'elle ne vous endort pas haha
N'oubliez pas de voter et de commenter à la fin de votre lecture :)
Bisous !
A. H.
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