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Chapitre 18


Bonjour tout le monde !

Je vous retrouve - après une semaine d'absence ! Vacances sans Internet obligent... - avec un long chapitre plein de tension et d'électricité !

J'espère que vous apprécierez :) Je vous laisse en média une chanson qui m'a souvent beaucoup inspirée... en plus, c'est Justin donc on apprécie  forcément ;)

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Bonne lecture ;)

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Alyssa

Mes pas me mènent jusqu'au campus de l'université. Je suis sur pilote automatique depuis que j'ai quitté le domicile de Caroline, guidée par ma colère et ma douleur. Je marche à toute allure, indifférente aux gens et aux éléments présents autour de moi, n'ayant qu'un objectif en tête : la salle de sport. Quand je l'atteins, personne ne s'y trouve. Je jette un rapide coup d'œil à la liste des réservations, aucun nom n'est inscrit pour cette heure-ci. Parfait.

Je jette ma veste ainsi que mon sac à main dans un coin de la pièce, puis je m'approche d'un des casiers du fond – le mien – et y récupère mon juste-au-corps et mes leggings. Je les enfile rageusement avant de me diriger vers l'immense chaine Hi-Fi. Je connecte mon téléphone, fais défiler mes playlists jusqu'à celle spécialement réservée pour ce genre de circonstances. La musique se déverse des enceintes, emplissant l'ensemble de la pièce du rythme dur de Human. Je ne prends pas le temps de m'échauffer – ce que je regretterai sûrement demain matin – je me lance directement, enchaînant des mouvements saccadés, pivotant sur la droite puis sur la gauche, et je tourne sur moi-même, encore et encore...

Je finis par stopper mes tours, glisse sur le sol, et remonte en reprenant les gestes saccadés et larges de mes bras et de mon torse. Je suis le rythme de la chanson, transportée par ma hargne. Une fois que la musique s'arrête, je m'écroule au sol, haletante et déjà couverte de sueur. Mes muscles sont chauds, répondant à la moindre de mes requêtes malgré la tension qui commence déjà à les habiter. Je me redresse au bout de deux petites minutes et vais changer de musique. J'augmente le volume afin de sentir les pulsations des basses jusque dans mes orteils. J'inspire profondément et je reproduis une de mes chorégraphies préférées sur Cry me a river de Justin Timberlake. J'y déverse toute ma frustration et ma colère suscitées par ma discussion houleuse avec ma sœur, tentant vainement de m'en débarrasser une bonne fois pour toute. Et j'ai beau savoir qu'elles ne me quitteront pas de sitôt – deux décennies à être constamment déçue par Caroline me l'ont fait comprendre –, je tente quand même de les exorciser au travers de la danse ou du chant.

Mon cœur bat à tout rompre, la sueur coule le long de mon dos, mais je ne m'arrête pas pour autant ; je poursuis mes mouvements sans avoir besoin d'y réfléchir, alternant rythme lent et rythme rapide. Je suis à bout de force à la fin de la chanson, j'ai besoin de boire de l'eau.

J'expire bruyamment avant de me tourner vers la fontaine à eau, lorsqu'un mouvement rapide attire mon regard vers la porte. Je regarde dans le hublot et aperçois Ian, son regard fixé sur le mien. Je ne bouge plus, attendant la suite. Il ouvre la porte et reste posté dans l'embrasure, balayant lentement mon corps de ses yeux gris et profonds. Un air concentré traverse son visage pendant son expertise, puis il devient impénétrable. Dans d'autres circonstances, je ne supporterai pas que Ian me voit dans cet état : hors d'haleine, ruisselante de transpiration, et les cheveux en bataille ; mais aujourd'hui, après la journée que je viens de passer, je n'en ai rien à faire. Je me dirige comme prévu vers la fontaine à eau, me désintéressant de Ian, et bois de longues gorgées rafraichissantes. Après cela, je me poste à la barre, devant le large miroir de la salle, et commence à m'étirer doucement.

- Qu'est-ce que tu fais là ? interrogé-je Ian, un pied dans la main.

- Je t'ai suivie, répondit-il posément.

- Et pourquoi donc ?

- Tu semblais... préoccupée en traversant le campus, je voulais savoir si ça allait.

- Mmh-mmh, fais-je en étirant mon flanc gauche, ne souhaitant pas m'étendre sur le sujet.

- Alyssa.

Le ton de Ian est sec, me faisant comprendre que je ne m'en sortirai pas si facilement.

- Je ne tiens pas à en parler, merci, dis-je brusquement en lui faisant face. Ça ne te regarde pas, Ian. C'est gentil de...

- Stop, ne continue pas ta phrase, j'ai pigé, fait Ian, une main relevée vers moi.

Je referme la bouche ne sachant quoi dire ou quoi faire ; je glisse sur le sol afin de réaliser un grand écart. Mes articulations me font mal, je respire profondément pour dissiper la douleur.

- Tu es une fille assez compliquée, tu sais, reprend Ian, sa voix plus proche de moi. A chaque fois que l'on se voit, soit tu es bouleversée, soit tu es en pleurs.

- A chaque fois, vraiment ? lui fais-je sur un ton suggestif en tournant mon visage vers le sien.

- Tu vois ce que je veux dire, réplique-t-il, un sourire coquin au coin des lèvres toutefois.

Mon sourire s'efface et je fronce les sourcils.

- Tu dis ça comme si le reste des femmes sur cette planète était moins compliqué, reprends-je en me mettant en tailleur sur le plancher.

- Pas faux, concède Ian, mais avoue que tu n'es pas simple à cerner.

- On ne se connaît pas, Ian, alors oui j'ai une vie un peu compliquée, oui j'entretiens des relations à double tranchant avec la plupart de mes proches, et oui j'ai des secrets, lui expliqué-je en me relevant cette fois. Mais je crois ne pas être trop présomptueuse en disant que toi aussi, tu as des secrets.

Ian ne dit rien, l'air indéchiffrable.

- C'est bien ce que je pensais, dis-je en hochant la tête.

Je me détourne et reprends mes étirements à la barre. Le silence s'éternise entre nous pendant quelques minutes, je ne cherche pas à le rompre et continue mes mouvements, même si j'ai parfaitement conscience de la présence imposante de Ian. Je sens son regard brûlant sur mon corps, suivant chacun de mes gestes. Je me mords la lèvre inférieure et finis par céder face à ma curiosité latente.

- Tu étais derrière la porte depuis longtemps ? demandé-je à Ian sans me retourner.

- Tu veux dire, est-ce que je t'ai vu danser jusqu'à l'épuisement ? réplique-t-il distraitement.

Je ne réponds rien, poursuivant mes pliés, même si un léger sourire taquin me monte aux lèvres. Je croise le regard de Ian dans le miroir et constate que sa bouche est pincée, afin de refreiner un large sourire, j'en suis sûre. Ian se rapproche d'un pas de moi, les yeux sombres.

- Tu étais magnifique, pleine de fougue, à virevolter dans toute la pièce.

- Virevolter ? dis-je en haussant un sourcil.

- Je ne suis pas danseur, je te décris la scène selon mon point de vue, ajoute Ian en guise d'excuse.

Autre pas dans ma direction.

- Quoi qu'il en soit... repend-il d'une voix basse et chaude, te voir là, dans cette tenue qui plus est, me fait énormément d'effet...

A nouveau ce jeu de séduction, annonciateur de jeux tellement plus prometteurs entre nous... Je me détache de la barre et fais enfin face à Ian. Il est tout près de moi, un mètre nous sépare à peine, ses yeux vrillés sur moi. J'ai chaud tout à coup, mais cela n'a absolument plus rien à voir avec la danse cette fois...

J'humecte mes lèvres, anticipant ses baisers brûlants, et j'effectue un pas vers lui, réduisant encore l'espace entre nous. Son regard se pose sur ma bouche, de là où je suis, je peux voir ses narines frémir. Il est donc tout aussi excité que moi. Je me jette sur lui, mais avant que mes lèvres ne se posent sur les siennes, Ian me pousse en arrière jusqu'à ce que mon corps bute sur une des colonnes. Ses lèvres sont tout à coup partout sur ma peau, mes lèvres, mon cou, mes pommettes. Je plonge mes mains dans ses cheveux courts, l'attirant encore plus près de mon corps. Je m'embrase à son contact, j'en veux toujours plus.

Je lui retire les vêtements qui sont à ma portée tandis que ses lèvres plongent dans mon décolleté, embrassant la naissance de mes seins. Sa bouche descend plus loin sur mon corps, ses mains s'affairent pour retirer ma tenue ; un râle de plaisir s'échappe de mes lèvres. Je ferme les yeux, absorbant le plaisir que me procure la bouche de Ian, et mes jambes se contractent lorsque ses lèvres atteignent l'intérieur de mes cuisses. Je jouis instantanément, incapable de contrôler plus longtemps la déferlante de sensations fortes de mon corps. Ian ne rompt pas le contact de ses lèvres pour autant, mon souffle devient erratique au fil de ses coups de langue. Je me frotte contre lui, cherchant à approfondir son toucher, ce qui déclenche un grognement d'excitation chez Ian.

Je renverse la tête contre la colonne, sentant à nouveau monter en moi un second orgasme. Ian le sent aussi et choisit pile le bon moment pour ajouter un doigt, afin d'accompagner ses caresses de légers va-et-vient. Je murmure son prénom en me relâchant enfin. Ian remonte vers mon visage, mon excitation encore visible sur ses lèvres. Je reprends mon souffle, imitée par l'homme intense en face de moi.

- Petite joueuse, murmure Ian, les lèvres retroussées et l'air moqueur.

- J'avais vraiment besoin de ça, dis-je en m'étirant langoureusement. Ça fait du bien.

- Ravi de te rendre service, ajoute-t-il en riant.

J'ouvre les yeux et observe un peu ensommeillée le magnifique Adonis en face de moi. Ses lèvres sont un peu enflées, ses yeux possèdent toujours cette lueur sauvage qui me rend toute chose quand j'y plonge mon regard. Mue par une pulsion soudaine, je lui caresse doucement la lèvre inférieure, captivée par son incroyable odeur masculine et par son corps sublime. Ian inspire vivement un souffle d'air tandis que son regard me scrute intensément de haut en bas. Je ne me rends compte que maintenant que je suis complètement nue devant lui, alors que Ian possède encore son pantalon et ses chaussures. Je fronce un peu les sourcils, peu satisfaite de constater que nous ne sommes pas sur un pied d'égalité. Je saisis la boucle de sa ceinture et attire violemment Ian à moi. Je tourne sa tête afin de placer ma bouche tout contre son oreille.

- Je veux que tu me prennes ici et maintenant, Ian, lui susurré-je avant de mordiller son lobe.

- Tu es exhibitionniste maintenant ? réplique-t-il d'une voix un peu vacillante.

- Quoi de plus excitant que de risquer de se faire surprendre d'un moment à l'autre ?

A ces mots, Ian produit des bruits de gorge proches des grognements. Je décale la tête, promenant mes lèvres le long de sa mâchoire puis sur sa barbe naissante. Son érection pousse contre mon bassin, je m'en saisis et le caresse à travers son jean. Ian suffoque, son corps plus que réveillé et prêt à passer à l'acte. Je fonds sur sa bouche, Ian approfondit notre baiser, tournant sa langue au rythme de mes caresses sur son membre. Mon excitation est à son comble, je m'empresse de lui retirer le reste de ses vêtements avant de m'allonger sur le sol.

Ian m'y rejoint dans l'instant, s'empare du préservatif dans la poche arrière de son jean, puis me pénètre d'un coup brutal. Je retiens mon souffle en étouffant un cri d'excitation puis Ian commence ses mouvements de va-et-vient, me pilonnant de plus en plus vite et de plus en plus loin. Je réponds à chacun de ses gestes, nous menant jusqu'au nirvana. Ian grogne, passe une main entre nous afin de masser mon clitoris. Ma jouissance arrive aussi violemment que la première fois, me laissant dans un flou total. Ian pousse un cri lorsqu'il jouit lui aussi. Je reste collée à Ian après mon orgasme, passant mes jambes autour de sa taille afin de prolonger notre étreinte charnelle.

Il reprend lentement son souffle, et caresse la peau nue de mon dos, déclenchant de tendres frissons le long de ma colonne vertébrale. En réponse à ma réaction, il augmente le rythme de ses frôlements et je sais parfaitement qu'il a un petit sourire satisfait sur ses lèvres charnues. Pour me venger, je lui mordille le torse ce qui a pour résultat de le faire gémir. Un point partout. Ian finit par me soulever un peu de son corps afin de retirer le préservatif. Un miaulement de protestation m'échappe lorsque je ne le sens plus en moi ; Ian nous redresse, saisit ma nuque et m'embrasse jusqu'à m'en faire perdre haleine. Je gémis dans sa bouche, grisée par notre partie de jambes en l'air. Ian se décale de moi, j'ouvre les yeux et vrille mon regard au sien profond et intense.

- On remet ça ? me demande-t-il en se frottant légèrement contre moi.

Toutes les terminaisons nerveuses de mon corps s'électrisent à ce contact, réveillant instantanément ma libido. Je me mords la lèvre.

- J'aimerais vraiment pouvoir te dire oui, mais je dois rentrer...

Sa bouche capture mes lèvres, m'interrompant en plein milieu de mes explications. Ian nous fait rouler sur le sol, me plaçant à califourchon au-dessus de lui. Je frotte inconsciemment mes hanches contre son érection en réponse à son baiser. Je cambre le dos lorsque sa bouche se déplace vers ma poitrine.

- Ian... il faut que j'y aille, haleté-je.

- Tu es sûre ? m'interroge-t-il d'une voix étouffée.

Ses lèvres se sont emparées de l'un de mes tétons et le tète langoureusement. Je profite de son contact pendant encore quelques secondes, crochetant sa nuque de mes mains, puis je romps ses cajoleries aguicheuses.

- J'y vais maintenant, lui dis-je sur un ton un peu plus ferme que précédemment.

Ian grommelle de frustration mais il finit par me relâcher. Lorsqu'il se relève je lui claque les fesses en rigolant.

- Aide-moi à retrouver mes vêtements, fais-je à mon bel Adonis en scannant des yeux la pièce à la recherche de mon juste-au-corps.

- Je te préfère sans, rétorque-t-il sur un ton badin en me tendant toutefois mon soutien-gorge.

Je lève les yeux au ciel. Ian et moi nous rhabillons en hâte, puis nous quittons la salle de sport en nous assurant qu'aucun de nos vêtements ne traîne sur le sol. Une fois à l'extérieur, nous nous embrassons à pleine bouche. Le vent fait claquer mes cheveux autour de ses poignets levés sur mon visage. Je romps à nouveau notre baiser.

- Merci, déclaré-je sur un ton fervent.

- Pourquoi ? demande Ian, un sourcil relevé.

- D'avoir été là ce soir, et de m'avoir fait oublier momentanément mes sujets de préoccupation.

Ian ne répond pas tout de suite et secoue la tête.

- Alyssa, tu n'as pas à me remercier. Coucher avec toi est un véritable plaisir pour moi, me taquine-t-il. Blague à part, c'était génial ce qui s'est passé dans cette pièce, on remet ça quand tu veux.

Ses yeux flamboient à nouveau de cet éclair lubrique et salace qui me donne des frissons. Je lui souris d'un air coquin.

- Très bientôt, oui, lui promets-je.

- C'est bien ce que je pensais.

Ian m'embrasse une dernière fois avant de tourner les talons et de partir en direction du bâtiment des amphithéâtres. Je reste plantée sur place, admirant son formidable cul ferme et musclé jusqu'à ce qu'il disparaisse de mon champ de vision.



Evannah

La vie à l'hôpital est pleine de rebondissements. Elle se vit sur les chapeaux de roue, et exige que nous soyons tous performants, prêts à prendre en charge n'importe quel patient en un éclair. Et bien que ce rythme soit éreintant, tous autant que nous sommes – médecins, infirmières, chirurgiens, aides-soignants – nous ne pourrions plus nous en passer aujourd'hui. Toute cette adrénaline, toute cette agitation qui nous rendent fébriles... elles nous sont aussi nécessaires que l'oxygène. Ça paraît fou de dire ça, alors que la plupart des gens rêvent de pouvoir effectuer leur boulot avec un peu plus de lenteur et de calme, mais c'est ainsi. C'est plus fort que nous. Les plus zélés parmi nous iront jusqu'à vous rappeler que des vies humaines sont en jeu, aussi la paresse n'est pas autorisée dans un hôpital. Et les plus cyniques, eux, leur répondraient que le repos non plus n'y a pas sa place. Ces deux extrêmes ont beau s'opposer la plupart du temps, ils ont toutefois tous les deux raisons ici : nous sauvons des vies et nos temps de repos sont rares et limités. Nous nous usons jusqu'à la corde pour accomplir notre mission, il n'y a pas d'autres mots. Et j'aime ça. Je n'envisage pas ma vie autrement.

Comme à l'accoutumée, ma journée est plus que bien remplie ; après avoir commencé par les soins post-op de cinq patients ce matin, suivi d'une appendicectomie au bloc le midi, j'ai passé mon après-midi à vérifier les entrées de patients dans les services et les sorties aux urgences. C'est d'ailleurs là où je me trouve, derrière le bureau de l'accueil, à recompter et comparer les nombres d'entrées aux nombres de sorties. Satisfaite du résultat, je rengaine le listing, le place dans le classeur prévu à cet effet, et m'apprête à quitter les urgences, lorsqu'un collègue m'interpelle :

- Evannah, hé, je peux te demander un service ?

Je pivote pour faire face à Leroy, un interne de troisième année qui est de service aux urgences toute la journée. Je lui souris poliment en le voyant gêné de me demander quelque chose.

- Qu'est-ce qui t'arrive, Leroy ? fais-je en scannant des yeux sa blouse tachée, ses tennis usées et sa mine fatiguée.

- Tu pourrais emmener ça au labo, si c'est sur ta route ? me demande-t-il en me tendant des tubes de sang. J'ai fait cette prise de sang pour une patiente, et j'aimerais que le labo les analyse rapidement. Le problème c'est que je suis coincé ici pour l'instant, explique-t-il, l'air contrit.

- Bien sûr, donne-les-moi, lui fais-je en me saisissant des échantillons sanguins.

- Ça ne te pose pas problème, tu es sûre ?

- Sûre, acquiescé-je pour le rassurer.

- Merci, Evannah !

Je souris devant son air soulagé, comme si on lui avait retiré un énorme poids des épaules. Une fois notre trafic effectué, Leroy fait demi-tour et marche à toute allure en direction d'un nouveau lit où un abcès attend d'être percé puis drainé. Je secoue la tête, compatissante : plus vite il en aura terminé avec cet abcès, mieux ce sera. Personne n'aime drainer un abcès...

Je me dirige vers le laboratoire, situé au deuxième étage, et dépose les échantillons à un des laborantins en lui précisant qu'il faudrait que les résultats soient prêts aujourd'hui. Après avoir consulté son ordinateur, il m'informe que je pourrai les récupérer d'ici deux ou trois heures. Je laisse donc de côté cette affaire d'analyse pour le moment – veillant toutefois à mettre une alarme sur mon téléphone, histoire de ne pas l'oublier complètement –, puis je redescends afin de regarder le tableau des chirurgies.

Deux heures et demie plus tard, après avoir assisté deux chirurgiens pendant une laparotomie, mon téléphone vibre dans ma poche. Les résultats de la prise de sang. Je file jusqu'au labo et demande la restitution des résultats au laborantin. Je me dépêche ensuite de prendre l'ascenseur, formulaire en main, et retourne aux urgences. Je scanne rapidement des yeux la foule à la recherche de Leroy, mais je le vois dans une des chambres, occupé à poser une voie centrale sur un homme bedonnant. Je fais la moue et décide d'annoncer moi-même les résultats à la jeune fille qui m'attend dans la chambre 14. En ouvrant la porte, je tombe sur une femme de trois ou quatre ans mon aînée, avec des cheveux blond cendré, des yeux verts fatigués, et une allure de femme d'affaires à qui il manquerait juste l'attaché-case et les lunettes pour parfaire le tableau. Je souris gentiment en entrant dans la pièce :

- Bonjour, Olivia Patterson ? demandé-je afin de vérifier l'identité de mon interlocutrice.

- C'est moi, oui, répond-elle en souriant légèrement, l'air un peu inquiet.

- Bonjour, je m'appelle Evannah Williams, je suis infirmière dans cet hôpital, me présenté-je à mon tour. Pardon pour l'attente, mais je vous apporte vos résultats d'analyse.

- C'est mauvais, n'est-ce pas ? explose-t-elle en me suppliant du regard d'abréger son supplice. J'ai un mauvais pressentiment depuis des jours !

- Non, non, Madame, ne vous affolez pas, lui dis-je en réprimant un petit sourire d'amusement. Au contraire, ce sont des nouvelles fantastiques ! ajouté-je avec un grand sourire cette fois-ci.

- Pardon ?

Olivia Patterson semble perdue, ses sourcils se froncent de perplexité.

- Vous êtes enceinte, Madame, annoncé-je fièrement. Félicitations !

Un silence de mort accueille cette annonce. Plusieurs émotions défilent sur le visage de cette jeune femme, mais aucune ne correspond de près ou de loin à celles que j'attendais : choc, confusion, peur, doute, tristesse, et à nouveau peur. Mon sourire s'efface de lui-même, l'euphorie me quitte à mesure que je vois le visage d'Olivia Patterson se fermer. Je me racle la gorge, mal à l'aise.

- Vous en êtes sûre ? finit-elle par demander, l'air interdit.

- Oui... Il faudrait une écho pour vérifier, mais d'après ce que vous avez dit à mon collègue, vous devez en être au tout début : un mois et demi, ou deux mois...

J'avale lentement ma salive, de plus en plus mal à l'aise. Madame Patterson hoche distraitement la tête, et ferme les yeux douloureusement. Elle pousse un soupir, les yeux clos, et ce soupir est à vous fendre l'âme. Elle finit par rouvrir les yeux et les plante dans les miens. Elle me fixe quelques secondes sans rien dire, et sans que je ne parvienne à lire sur ses traits, puis elle déclare :

- Si c'est possible, j'aimerais programmer une IVG s'il vous plaît.

Sa voix ne tremble pas, mais ses yeux finissent par trahir son émotion. Elle semble avoir pris dix ans en une seconde. Moi, j'ai l'impression qu'un train m'est passé dessus : je ne m'attendais absolument pas à cette réaction. Je fixe bêtement cette jeune femme, à court de mots, comme tétanisée sur place. Mon cerveau fonctionne au ralenti, et je cligne convulsivement des yeux pour me reconnecter à la réalité. Elle semble remarquer mon trouble, et penche la tête de côté l'air confus. Elle attend visiblement quelque chose de ma part mais je ne saurais dire quoi...

- Vous... vous n'allez pas chercher un agenda ou même un médecin pour l'IVG ? m'interroge-t-elle, les sourcils froncés.

J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais aucun son n'en sort. Je continue à la regarder, ne sachant plus quoi faire. Olivia Patterson me dévisage elle aussi, et sa confusion marque ses traits. Elle remue sur la table, mal à l'aise, et fuit mon regard insistant.

- S'il vous plaît... Vous pourriez faire vite ? fait-elle, en séchant les larmes qui maculent ses joues. C'est déjà assez pénible comme ça...

- Vous pourriez peut-être le garder, dans ce cas.

Les mots m'ont échappé, fusant de mes lèvres sans qu'ils ne soient d'abord passés par mon filtre inhibiteur. C'était plus fort que moi ; je voulais lui faire cette proposition. Olivia me regarde comme si une seconde tête avait poussé près de la première. Mais malgré son air choqué et sincèrement outré, je poursuis :

- Vous pourriez aussi choisir de le faire adopter à la naissance, dis-je dans un murmure. Il pourrait avoir une chance...

- Qui êtes-vous pour me dire ce que je dois faire ou non ? lâche-t-elle sur un ton venimeux. Je ne vous connais pas ! Et vous ne me connaissez pas ! Comment osez-vous ?

- Je suis désolée, je ne voulais pas vous offenser... Mais peut-être que ce serait la meilleure chose à faire, continué-je, le cœur battant.

- Putain, mais mêlez-vous de vos affaires ! éructe-t-elle rageusement. Sortez d'ici ! Je ne veux plus vous voir, sortez ! hurle-t-elle, les yeux brillants de colère.

- Je suis désolée...

- Infirmière !

Je sors de la chambre en trébuchant presque sur mes propres pieds. Dans le couloir, toutes les personnes à proximité sont figées sur place, leurs regards faisant la navette entre moi et l'intérieur de la chambre. Olivia se présente à l'entrée de la pièce et hurle qu'une autre infirmière vienne s'occuper d'elle. Je reste au milieu du couloir, les joues cramoisies de honte, à regarder l'un de mes responsables accourir dans notre direction.

- Qu'est-ce qui se passe ? Madame ? demande-t-il en nous observant tour à tour, l'air perdu.

Ses épais sourcils atteignent presque le sommet de son crâne quand il voit l'allure hystérique d'Olivia Patterson.

- Qu'elle ne s'approche plus de moi ! vocifère une voix à la fois courroucée et geignarde.

Olivia fond en sanglots heurtés, les épaules tremblantes, en répétant d'une voix brisée cette fois : « Qu'elle ne s'approche plus de moi ». J'observe mon supérieur l'entraîner avec lui dans la chambre, l'installer sur le lit tout en vérifiant son pouls. La jeune femme se retourne sur le lit, en position fœtale, et pleure à chaudes larmes pendant que deux autres infirmières s'engouffrent dans la pièce afin de prendre soin d'elle.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je suis morte de honte et profondément choquée par ce qui vient de se passer. Je respire fort, et une légère pellicule de sueur perle le long de mon dos et e mes aisselles. Leroy, l'interne de tout à l'heure, vient jusqu'à moi, la mine sombre.

- Tu vas avoir des ennuis, Evannah... annonce-t-il sommairement en secouant la tête. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais tu vas avoir des ennuis.

Son bipper sonne à sa ceinture, il le consulte puis se dirige à grands pas vers l'ascenseur du fond. Ses mots résonnent dans ma tête comme une litanie, et je ne peux qu'être d'accord avec Leroy.

J'ai merdé. J'ai vraiment merdé.


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