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Chapitre 10


Alyssa

Elle sait.

Je ne sais pas depuis quand Evannah est là à nous regarder, mais ça a été suffisant pour elle de comprendre. En soi, il n'y a rien d'étonnant à cela, après tout elle a été la personne qui me connaissait le mieux pendant des années, et inversement.

On connaissait tout sur l'autre : ses secrets, ses aspirations, ses blessures, ses rêves etc... mais, surtout, on passait tout notre temps ensemble, dormant chez l'une un jour, chez l'autre le lendemain ; échangeant nos vêtements, nos chaussures ; nous maquillant l'une l'autre... On se connaît par cœur, elle et moi, et Evannah a tout de suite perçu la très forte ressemblance physique entre Kathleen et moi. Et, comme je la connais parfaitement, je sais qu'elle en a immédiatement déduit que je ne pouvais être que sa mère...

Merde.

Nous nous accrochons du regard, pendant ce qui me semble une éternité, Evannah avec un air horrifié et incrédule peint sur le visage, et moi qui me sens pâlir de seconde en seconde.

Avant que je n'ai le temps de dire un seul mot, j'entends un bruit de moteur qui m'est familier s'approcher. Evannah et moi pivotons d'un seul bloc à l'approche de la voiture de Steven. Kathleen entend elle aussi le véhicule : elle crie « Papa » en agitant la main en direction de son père qui descend de la place conducteur. En entendant son cri de joie, je tente de me ressaisir afin de ne pas alarmer Steven sur mon trouble.

- Coucou mon amour ! s'exclame Steven en attrapant ma fille dans ses bras.

- Papa !

Kathleen rigole, folle de joie dans les bras de son père.

- Ça va belle-sœur ? Tout s'est bien passé ?

Steven me regarde en souriant, attendant une réponse de ma part. Je me racle discrètement la gorge.

- Oui très bien même, on s'est beaucoup amusés comme toujours.

Je tente un léger sourire rassurant à l'attention de mon beau-frère.

Cela semble le satisfaire, il se détourne de moi et interroge Kathleen sur sa journée. Je jette un nouveau coup d'œil à Evannah, m'assurant qu'elle ne s'est pas volatilisée, puis je me tourne à nouveau vers Steven.

- Steven, je dois aller voir quelqu'un, tu veux bien m'excuser ?

- Oui bien sûr. On se voit demain, d'accord ?

- Bien sûr.

Je tends les bras à ma fille qui s'y précipite, et lui fais un énorme câlin, puisant ainsi la force qui me manque pour affronter la discussion qui va suivre.

Je m'accorde quelques instants encore, le temps de suivre des yeux le départ de Steven et de ma fille. Puis j'inspire profondément en fermant les yeux, et fais de nouveau face à Evannah. Son visage reflète toujours la même incompréhension, mêlée à quelque chose de plus sombre... serait-ce de la colère ?

- C'est ta fille.

Une affirmation, pas une question, exprimée sur un ton pesant et incisif.

- Oui.

- Et Steven est vraiment son père ?

- Non ! fis-je, un poil horrifiée.

Evannah fait une pause. Une longue pause. Son visage se ferme complètement à présent.

- Comment ça ? Alors pourquoi est-ce qu'elle l'appelle « Papa » ? dit-elle définitivement hors d'elle.

- C'est une histoire un peu compliquée, et le ton plus que réprobateur que tu prends ne met pas dans les meilleures dispositions pour t'en parler, rétorqué-je d'un ton sec.

- Ne commence pas Alyssa, je n'ai déjà pas beaucoup de patience pour toi...

- Alors calme-toi !

Celle-là est sortie toute seule. La gêne et la culpabilité refont leur apparition : cette situation est si déstabilisante ! J'ai toujours tout fait pour cacher mon plus gros secret, et ça à tout le monde, et me voilà aujourd'hui face à la personne dont j'ai crucialement envie de reconquérir l'amitié. Autant dire que je ne suis pas sortie de l'auberge pour le coup.

- Ecoute, c'est vraiment une histoire complexe, dis-je en respirant profondément, et je ne sais pas du tout par où commencer pour tenter de te l'expliquer. Je n'en ai jamais parlé à personne alors, s'il te plaît, mets-toi à ma place cinq minutes.

- Pourquoi elle appelle le copain de ta sœur « Papa » ? Qui est son père ?

Mais Evannah ne m'écoute pas ; généralement, quand elle a une idée en tête, elle ne la lâche pas tant qu'elle n'a pas obtenu satisfaction, quitte à parfois heurter les autres.

- Je ne pouvais pas la garder. Je... j'étais bien trop jeune quand je l'ai eue, je ne me sentais pas prête à m'en occuper... Je voulais finir mes études, trouver un travail, me construire avant d'aider quelqu'un d'autre à se construire, soufflé-je d'une voix torturée et hésitante. Alors, j'ai décidé de la confier à ma sœur et son mari... Caroline ne peut pas avoir d'enfant, elle était prête et tellement heureuse à l'idée de l'élever qu'on a fini par trouver cet accord : elle et Steven deviennent ses parents tant que je fais partie de sa vie, que je peux y trouver ma place. Elle mérite mieux qu'une jeune mère déstabilisée et dépassée par les événements.

Mes pensées s'emmêlent dans ma tête ; je ne parviens pas à lui exprimer clairement ce que j'ai ressenti lorsque j'ai appris que j'étais enceinte, lorsque j'ai eu l'impression que le sol s'ouvrait sous mes pieds. Lorsque je me suis aperçue qu'il était trop tard pour pratiquer une IVG ; lorsque j'ai passé des nuits blanches à cauchemarder sur cette situation alors que c'était mauvais pour moi et pour le bébé.

Je ne me voyais pas élever un enfant, pas avant, tout du moins, d'avoir fini mes études et trouvé un emploi qui m'aurait permis de connaître une situation assez stable. Je ne m'étais d'ailleurs jamais imaginée dans le rôle de mère : je n'ai jamais eu envie d'enfant.

Je ne parviens pas à expliquer tout cela à mon ancienne meilleure amie. Ni le fait que j'aime Kathleen d'un amour inconditionnel, bien que j'ai fait le choix d'occuper une place « subalterne » dans sa vie. Je ne dis pas une futilité en parlant de situation compliquée : il y a des jours où je remets en cause ma décision, et d'autres où j'estime que j'ai agi au mieux pour elle comme pour moi...

Evannah est restée silencieuse depuis quelques instants, essayant sans doute de digérer mes explications nébuleuses.

- Tu... tu... as donné ta fille à ta sœur parce que tu ne voulais pas t'en occuper toi-même ?

Je gémis de frustration.

- Et pourquoi tu ne l'as pas faite adoptée plutôt ? ajoute-t-elle, cassante.

- Je ne savais pas quoi faire ! Une part de moi voulait la garder auprès de moi, même si je ne me sentais pas apte à être sa mère. Et Caroline voulait un enfant ; moi j'en avais un qui me laissait perplexe. Je suis désolée, je n'arrive vraiment pas à m'exprimer correctement... Tu m'as complètement prise au dépourvu, je n'ai pas l'habitude de devoir rendre des comptes sur ce sujet à qui que ce soit.

- Je n'arrive vraiment pas à te comprendre, dit-elle le visage dur.

Je ne trouve plus les mots. Je la fixe quelques minutes sans rien dire. Evannah commence à faire les cent pas sous mes yeux.

- Qui est le père ? me redemande-t-elle une nouvelle fois.

- Quelqu'un qui n'a pas à savoir qu'il est justement père. C'était une histoire loin d'être sérieuse entre nous. Je ne l'ai pas revu depuis cette fameuse nuit, répliqué-je sèchement.

- Toi et tes histoires sans lendemain ! râle-t-elle.

Je reçois cette dernière remarque comme une gifle en pleine face.

- Quoi, moi et mes histoires ?

- Tu as toujours fonctionné comme ça : pas d'attachement, et surtout pas de sentiments profonds pour les pauvres gars qui tombaient sous ton charme.

- Je te signale qu'ils n'y voyaient aucun inconvénient, c'était un commun accord, fis-je d'une voix frémissante.

- Oh mais arrête personne ne fonctionne comme ça ad vitam aeternam ! se fâche-t-elle en levant les bras au ciel.

- Mais chérie, ouvre les yeux ! Je ne suis pas comme toi, d'accord ? Je n'ai pas besoin d'être dans une relation amoureuse stable pour être épanouie et heureuse dans la vie, ça ce n'est pas moi, c'est toi, c'est ce que TU veux ! J'aime ma vie telle qu'elle est aujourd'hui : j'ai mes études, mes amis, mes « plans cul réguliers » comme tu aimes les appeler, et surtout j'ai ma famille. Alors arrête avec ton discours moralisateur, ça ne prend pas avec moi, fais-je d'une traite.

Je suis hors d'haleine après cela. Pendant un instant, qui me semble durer une éternité, nous nous regardons en chiens de faïence, elle et moi.

- Je ne te crois pas. Tu ne peux pas être aussi... insensible que ça, finit-elle par lâcher dans un murmure.

- Ce n'est pas parce que tu ne conçois pas ta vie comme ça que cette vision des choses n'existe pas pour d'autres, lancé-je d'un ton cassant. Et j'ai un scoop pour toi : je pense réellement tout ce que je viens de te dire, dis-je en insistant bien sur mes derniers mots.

- Alors c'est que je ne sais définitivement pas qui tu es, dit-elle avec platitude.

- Peut-être bien oui.

Nous nous regardons, yeux verts sur yeux marron, nous respirons aussi fort l'une que l'autre tellement nous sommes énervées et contrariées par cet échange.

- Ecoute, fais-je d'une voix un peu radoucie, peut-être qu'on pourrait aller dans un endroit un peu plus confortable pour discuter... Tu aimes toujours autant les milk-shakes ? Parce que je connais un endroit vraiment sympa pas loin et...

- Je dois y aller.

- Quoi ? Non, attends...

- Je crois qu'on n'a plus rien à se dire toi et moi, et ça depuis longtemps... Alors... je vais y aller.

- Non s'il te plaît Evy, reste.

Mais déjà elle s'est détournée de moi, sans un regard en arrière. Il semble donc que j'ai une fois encore tout gâché.

Je reste plantée là, incapable de bouger. Je ne sais pas quelle attitude adopter : lui courir après, ou laisser couler pour l'instant ? Il faut que je lui parle, ça me paraît évident, le problème c'est que j'ai peur qu'une nouvelle intervention immédiate de ma part n'aggrave la situation. Je frappe mes bras, prise de frissons incontrôlables, puis je me dirige lentement vers le parking qui juxtapose la résidence de ma sœur. Une fois arrivée à ma voiture, je pose mes mains à plat sur la vitre, refoulant difficilement un haut-le-cœur. Mes paumes deviennent moites, mes jambes sont prises de tremblements, et je suffoque à la recherche d'air.

Tu fais une crise de panique.

Oui, je sais. Je tente de respirer par le ventre, comme me l'a un jour appris mon père, je ferme les yeux lorsque j'inspire une première bouffée d'air dans mes poumons. Je pivote sur mes talons et m'assois sur le bitume froid, la tête passée entre mes genoux, au cas où je me mettrais à vomir. Je continue à respirer profondément, la tête basse et les yeux toujours clos. Putain, pourquoi ça m'arrive maintenant ?

- Aly ?

Je relève vivement la tête à l'entente de mon prénom. Trop vivement. Des tâches bordeaux apparaissent à l'arrière de ma rétine, brouillant ma vision. Je discerne une silhouette longiligne mais les traits du visage restent tachetés. Pourtant je connais cette voix... Je cligne plusieurs fois des yeux et finis par comprendre qu'il s'agit d'Evannah. Elle est debout à quelques mètres de moi, une main posée sur le montant d'une voiture. Je capte brièvement le son du moteur qui tourne encore avant de me reconcentrer sur les mots de mon ancienne meilleure amie.

- Aly, ça va ? Qu'est-ce que tu fais par terre ?

Je me relève lentement, prenant appui sur la portière de ma voiture, puis je porte une main à ma tempe, sentant une migraine douloureuse poindre. Evannah me regarde, les sourcils froncés par l'inquiétude et l'incompréhension. Je referme les yeux un instant et déglutis.

- N'en parle à personne, lui dis-je dans un souffle.

- Hein ? Euh, oui si tu veux, mais tu sais c'est rien. Ça peut arriver, répond Evannah un peu déboussolée.

Elle me tend une main secourable, même si je suis déjà debout, afin de m'apporter un soutien physique. Ma migraine s'intensifie, faisant pulser mon sang dans mes veines à un rythme effréné.

- Je ne parle pas de ça, reprends-je en repoussant son aide. Ne parle à personne de mon secret, lui expliqué-je plus clairement en vrillant mon regard acéré au sien perplexe.

- Quoi ?

- Tu m'as très bien comprise. Ne raconte à personne que j'ai une fille, déclaré-je, inflexible.

Evannah ouvre la bouche, sans voix. Un éclair de colère traverse ses yeux.

- C'est une menace ? demande-t-elle d'une voix blanche.

- Non, fais-je en secouant la tête, c'est une requête formulée sur un ton catégorique.

Elle retrousse son nez, pleine de dédain, en croisant les bras sur sa poitrine. Je ne bouge pas d'un pouce, les bras le long du corps, le regard franc. Elle me jauge des pieds à la tête sans dire un mot.

- Pourquoi est-ce que je ferai ça pour toi ? reprend Evannah avec amertume.

- Je ne te le demande pas pour moi, j'ai bien compris que tu ne voulais plus rien à faire avec moi, lui fais-je, dédaigneuse à mon tour. Je te le demande pour ma sœur, mon beau-frère, mes parents. Et surtout pour elle... Ils ne t'ont jamais rien fait, eux. Je te demande juste de ne pas les exposer, finis-je par dire sur un ton plus doux.

Elle pince les lèvres.

- Très bien. Je ne dirai rien.

- A personne. Et cela inclus aussi Garrett, la prévins-je.

- J'ai bien compris, rétorque-t-elle.

- Bien.

Mes épaules s'affaissent de soulagement et ma migraine s'estompe petit à petit. Je me sens un peu mieux, même si mon estomac est encore noué. Je continue à fixer mon ancienne meilleure amie, reconnaissante tout à coup. L'atmosphère est moins chargée d'électricité entre nous ; je tente un léger sourire à son adresse. Elle secoue la tête en fermant les yeux, toutefois j'entrevois un tressaillement sur ses lèvres. Soudain, je pouffe de rire, incapable de me contrôler plus longtemps. Mon hilarité décuple d'intensité et je comprends que mes nerfs lâchent, ne tolérant plus aucune forme de pression.

Evannah me regarde un peu déroutée par mon attitude de folle, puis elle se joint à moi, riant elle aussi aux éclats. Nous nous tordons de rire pendant ce qui me semble des heures, nous tenant les côtes pour contenir notre douleur. Cette crise de rire est salutaire, presque cathartique, pour elle comme pour moi. Nous sommes tellement à cran depuis que nous nous sommes retrouvées, ne sachant jamais sur quel pied danser, ne sachant plus ce que nous sommes censées ressentir l'une pour l'autre...

J'ai à nouveau du mal à respirer, mais cette fois je n'en ai rien à faire. Je savoure l'instant présent, appréciant le pétage de câbles que je partage avec Evannah. Ça faisait tellement longtemps...

Nous finissons par nous calmer, aspirant de grandes goulées d'air par la bouche et le nez. Nous poussons un même soupir de contentement en même temps. Mon ancienne meilleure amie me regarde, les yeux encore rieurs en reprenant son souffle. Elle continue à me scruter intensément puis fronce à nouveau les sourcils. Je cligne des yeux devant ce changement d'attitude.

- Pourquoi tu as fait ce choix, Alyssa ? m'interroge-t-elle, frustrée.

- Il le fallait, dis-je en haussant les épaules. J'ai fait ce que je pense être le mieux pour elle.

Une boule se forme dans ma gorge malgré moi. Ça m'est si difficile d'en parler.

La barre de rides sur son front se creuse intensément, seul signe visible de sa désapprobation. Je détourne le regard.

- Comment elle s'appelle ? finit-elle par me demander après un silence.

- Kathleen, dis-je d'une voix caressante. Elle s'appelle Kathleen Nora Sloan.

Evannah hoche la tête distraitement. Elle se tourne vers sa voiture, prête à reprendre la route.

- Elle est magnifique, murmure-t-elle à mon adresse. Vraiment magnifique. C'est ton portrait craché, tu sais.

- Je sais, fais-je en hochant la tête à mon tour.

Evannah remonte dans sa voiture, s'installe au volant et baisse la vitre côté passager.

- Salut, me dit-elle en se penchant vers moi.

- Salut.

Je lui fais un petit signe de la main alors qu'elle s'éloigne sur la route menant au centre-ville. J'expire violemment tout l'oxygène de mes poumons, et me dirige moi aussi vers mon véhicule. Une fois assise dans l'habitacle, mes yeux rencontrent mon reflet dans le miroir au-dessus de ma tête. Alors que je le fixe intensément, je m'interroge sur la durée de notre « trêve », entre Evannah et moi. Et lorsqu'elle prendra fin, la guerre reprendra-t-elle entre nous ?


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Bonsoir !

Avant toute chose, je tiens à remercier - une nouvelle fois - très chaleureusement mon amie, Blandine qui m'a dédiée un chapitre de son histoire "The Delta Room", histoire que vous pouvez retrouver dans ma liste de lectures sur mon profil.

Mille merci spour ton soutien naissant, pour tes votes et commentaires. Merci pour la pub que tu me fais sur les réseaux sociaux et sur Wattpad. Merci d'être ma première lectrice officielle sur Wattpad <3 Tu es fantastique ma jolie ! Tu es talentueuse et tu mérites chaque vote et commentaire positif que l'on t'a fait, sache-le :) Vous tous, allez lire ses histoires superbement bien rédigées !

Enfin, pour en revenir à Exception : que pensez-vous de la confrontation Alyssa/Evannah ? Est-ce que vous comprenez les raisons d'Alyssa ? Ou la désapprobation d'Evannah ?

Votez et commentez ! A très vite pour la suite :)

A. H.

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