Chapitre 12 - Fight to survive (Part 1)
Nina's point of view
Je marchais longuement, dans les ruelles plutôt étroites de ma petite ville. La capuche sur la tête, j'avançai les mains dans les poches. Il pleuvait à verse, même ma veste n'était pas assez solide pour ne pas être trempée. Je n'avais pas de but mais j'avançais quand même. Depuis que j'étais partie, je me sentais suivie. Un pressentiment inquiétant, avec mon cerveau qui me criait de me retourner. Je voulais le faire mais c'était comme si mes pieds étaient programmés pour avancer. Je ne pouvais rien faire d'autre.
Alors, je sentis une main froide sur ma peau. Mon corps fut parcourut de frissons. Je réussis enfin à me tourner. Une blonde qui ressemblait parfaitement à cette fille qui me harcelait depuis toujours, se tenait face à moi. Mais impossible de me souvenir de son prénom. Elle posa ses mains sur mes épaules et appuya jusqu'à me faire tomber à genoux. J'ouvris la bouche pour crier de douleur mais aucun son ne sortit et une alarme retentit dans mon cerveau. Ses mains glacées glissèrent dans mon cou et je levai des yeux exorbités vers les siens. Son visage auparavant parfait, s'était transformé en un visage cauchemardesque. Comme dans un film d'horreur, ses traits étaient tirés, ses cheveux ébouriffés grisonnant, ses yeux aussi noirs que la nuit. Des larmes dévalèrent mes joues à cet instant et je tremblais de partout. Je n'arrivais toujours pas à crier, comme si les sons étaient bloqués dans ma gorge, comme si j'étais devenue muette en l'espace d'un instant.
Puis ce visage dévoila un sourire machiavélique, digne des plus grands films démoniaques. Ses mains venimeuses serrèrent mon cou et je m'étouffai en quelques secondes.
J'ouvris les yeux brusquement, frissonnante de partout, la sueur dégoulinant de mon front. J'étouffai en portant mes mains à mon cou. Assise sur quelque chose de moelleux, j'étais en pleine crise de panique, suffoquant par le manque d'air. Des larmes continuaient de couler sur mon visage. Puis une main me plaqua un masque à oxygène sur le visage. J'agrippai brusquement l'appareil et le serrai entre mes mains. Des mains saisirent les miennes et une voix vint à mes oreilles chuchoter des mots rassurants. Je sentais à peine mon coeur tambouriner dans ma poitrine. D'instinct, je réussis à calmer ma respiration et pris de longues goulées d'air. Mon rythme cardiaque se calma petit à petit, en même temps que mon corps. Je me laissai retomber lentement en arrière. Les larmes dévalèrent mes joues et je respirais enfin normalement.
Je regardai autour de moi et reconnus l'infirmerie. Une équipe de secours était tout près, le matériel adéquat tout proche. Je ne comprenais pas ce qui se passait. J'étais allongée sur un des lits de l'infirmerie du lycée. Je venais de me réveiller et je faisais une crise d'angoisse. Puis je me rappelai enfin ce qu'il s'était passé. Candice avait été trop loin. Ou peut être avais-je été trop loin ?!
Je me souvenais m'être sentis partir, après avoir vu un corps, une fille je crois, inerte sur le sol des toilettes. Ian me tenait les mains et m'encourageait à me calmer. Puis il m'avait porté jusque là. Je le trouvai là en ce moment. Il s'approcha de moi et pris mes mains dans les siennes. Il passa ses pouces sous mes yeux.
«
- Nina... C'est finit... Tout va bien maintenant.
Il grimaça tristement.
- Je suis désolé... J'aurais dû réagir plus rapidement... Je ne pensais pas qu'elle... Je suis tellement désolé..., s'excusa Ian.
- Ian, arrête !
Je me calmai doucement.
- C'est pas finit. Elle gagne tout le temps. J'ai été trop loin. Pourtant c'est la réalité, je suis sûre qu'elle subit des choses qui nous dépassent tous, chez elle ou ailleurs.
- Nina, ce n'est pas de ton ressort, de notre ressort. Il y a des assistantes sociales pour ça. Puis je ne comprends pas pourquoi tu te demandes ça après ce qu'elle t'a fait.
- J'ai envie qu'elle s'en aille, je ne veux plus la voir. Je veux qu'elle finisse en centre spécialisé. Je veux qu'elle soit suivi par un psy, qu'elle suive une thérapie. Je m'en fiche de ce qu'elle a vécu, je veux juste qu'elle sorte de ma vie. Je ne veux plus la croiser au lycée. Ca a duré trop longtemps, il faut que ça cesse.
- Et ça va arriver, on va faire le nécessaire et très rapidement.
- Tu parles des vidéos qu'aura pris Alice ? Elle va me défoncer si elle apprend ça, m'exclamai-je en m'asseyant subitement.
- Nina, il n'en sera rien de tout ça. C'est finit, je te le jure.
- Vous ne pouvez pas tout le temps être là.
- J'ai été là tout à l'heure et j'ai finit par la mettre hors d'atteinte.
- Où est-elle ?, demandai-je soudain alarmée.
- Dans la pièce d'à côté. Je l'ai frappé tellement fort que sa tête a heurté le sol brutalement.
J'ouvris en grand la bouche effarée. Rien que de la savoir à côté me rendait déjà malade.
- Ian, elle va me tuer quand elle se réveillera. Et ses parents... Ils vont porter plainte.
- Nous avons des preuves qu'elle te faisait du mal. Peut être pas depuis le début, mais au moins on en a.
- C'est pas interdit de prendre des vidéos ?
- On va dire que c'est une sorte de légitime défense. Pour prouver ce que tu subis depuis assez longtemps il faut bien des preuves.
> Dès qu'elle sortira, ses parents porteront peut être plainte, mais nous serons là pour apporter les faits. La vérité éclatera et elle sera renvoyée. Puis elle finira en centre spécialisé. Je reste gentil en disant ça. Tu as peut être raison. Elle subit peut être en dehors d'ici, mais tout ça ne nous regarde pas. Penses juste à te protéger toi !
Je hochai la tête et serrai ses mains dans les miennes. Ses paroles me rassuraient vraiment.
»
***
Ian's point of view
Je restai avec Nina jusqu'à la fin de la journée. Je séchai les cours mais je n'en avais rien à faire. Puis dans un sens nous séchions les cours tous les trois. Enfin Candice je n'en avais encore plus rien à faire. Je me souciai essentiellement de Nina. Je devais la protéger. Elle méritait enfin une vie normale, sans harcèlement, une vie calme et sereine. Elle n'avait rien manger depuis ce midi et je me demandais si elle avait faim. Je jetai un coup d'oeil à ma montre et vis qu'il était déjà 17:30.
Baissant les yeux vers ma belle, je pensai à plusieurs choses en même temps. A tout ce qui s'était passé depuis que nous nous étions rencontrés. Mais surtout aux dernières heures. C'était certain que les parents de cette peste porteraient plainte. Contre moi ou contre Nina ? Le pire dans tout ça, c'était Nina la victime et moi je l'ai protégé. Encore une fois c'était de la légitime défense. Et ça le sera toujours à partir du moment où quand tu es agressé, l'instinct prend le dessus.
Si nous devions finir devant le juge, soit ! J'appuierai la position de Nina, je la défendrai, en jetant à la figure comme une tempête de neige, tout ce que nous avions. Cette fille devait tomber, depuis le temps que nous en parlions. Ca devait arriver maintenant. Elle a gâché trop de vie, et là c'était celle de Nina qui restait scellée, tant que cette fille resterait comme ça.
J'entendis dans le lointain la sonnerie qui annonçait la fin des cours. Je baissai à nouveau les yeux vers elle et grimaçai. Je n'avais pas envie de la réveiller. Elle sortait d'un cauchemar plutôt mouvementé. Ses traits étaient enfin détendus et elle ne bougeait pas comme tout à l'heure. Mes yeux se posèrent sur son cou. Il portait encore les traces de ce qui s'était passé. Je passai une main sur sa joue alors que l'autre attrapait sa main. Je descendis doucement vers son cou et le caressa. Je la sentis monter ses mains à son cou et elle planta ses ongles dans ma peau. Je poussai un léger cri de douleur et enlevai ma main. Ses yeux s'ouvrirent soudainement et elle planta son regard dans le mien. Elle soupira longuement et reposa sa tête sur le coussin. Elle s'excusa mais je l'arrêtai tout de suite. Je n'aurais pas dû faire ça, alors qu'elle venait de subir un traumatisme. Je préférai la laisser émerger calmement et lui annoncer ensuite qu'il faudrait songer à rentrer.
Après cinq longues minutes, elle était enfin debout et n'avait plus de vertiges ou d'envie de vomir. Soulagé, j'accompagnai Nina jusqu'au bureau de l'infirmière. Cette dernière restait perplexe mais la brune assura aller mieux. Je rappelai aussi que j'étais là pour veiller sur ma petite amie. Rassurée, elle accepta de ne pas appeler ses parents et fit simplement un mot pour justifier son absence en cours. Elle en fit de même avec moi même si je n'étais pas malade.
Je pris sa main et sortais avec elle, mon sac sur le dos, le sien à bout de bras. Elle avait insisté pouvoir le porter mais je décidai de ne pas l'écouter et la laisser libre de ses mouvements. Je la vis jeter un coup d'oeil par l'entrebâillement de la porte de la pièce, celle où devait être Candice. Je passai un bras autour de son cou pour l'inciter à détourner son attention et sortir vraiment dehors. Elle tourna la tête vers moi mais je restais concentré devant moi. Nos amis nous attendaient près de la sortie. Quand Alice vit Nina, elle la prit aussitôt dans ses bras. Je fis une accolade amicale à Paul et nous avançâmes sans un mot vers la sortie.
***
Le lendemain
Je venais directement la chercher chez elle. Je devenais peut être parano, mais avec cette fille il fallait s'attendre à tout. Elle serait capable de venir la voir. Je n'étais néanmoins pas sûr si elle connaissait son adresse. J'arrivai donc devant sa porte et sonnai puis m'écartai. La porte s'ouvrit laissant apparaître la mère de ma petite amie. A son expression je compris tout de suite qu'elle n'avait pas fermé l'oeil de la nuit. Dormaient-ils à côté de sa chambre ? A-t-elle refait des cauchemars ? Pourquoi je me posais cette première question ?
Je sortis de mes pensées quand j'entendis un cri venant de l'intérieur de la maison. Nina ne s'était pas réveillée et elle n'était donc pas prête. Tant pis pour la douche, ce serait ce soir. Les escaliers grincèrent sous ses pas accélérés. Arrivée elle était habillée mais je trouvai que quelque chose clochait. Ce fut sa mère qui se chargea de lui annoncer qu'elle avait mit son haut à l'envers. La concernée grogna mais réajusta son haut.
Quelques minutes plus tard, elle arrivai à mes côtés, une banane à la main et son sac dans l'autre. Je lui prenais des mains et attrapa au vol la bouteille d'eau que lançait la mère de Nina. J'avais bien fait de passer par la boulangerie acheter des pains aux chocolats. Après ce qu'elle avait vécu, elle ne pouvait pas ne pas manger. Après beaucoup d'insistance, elle finit par le manger rapidement. Cette petite avait faim. Et nous étions déjà devant le lycée.
Le premier cours commença très vite mais je remarquai l'absence de Candice. Nous allions être bien plus tranquilles aujourd'hui. Je posai mon sac près de ma table, m'asseyais sur la chaise et installais mes affaires sur la table devant moi. Nina fit de même et son visage se détendit doucement. Elle ne me disait rien mais je savais qu'elle avait peur de se retrouver devant cette fille. Elle allait pouvoir décompresser un peu, mais si ça allait être difficile. Elle a quand même tenté de l'étrangler. Cette fille avait un sacré problème. Je commençais à croire la théorie de Nina. Qu'elle avait des problèmes de famille...
L'heure était sur le point de se terminer et la pause était proche. Le professeur de maths expliquait un énième calcul mais il fut interrompu. Quelqu'un frappa à la porte, et sans attendre de réponse, cette dernière s'ouvrit. Deux policiers en uniformes bien droit braquaient leurs yeux sur nous. Intrigué et abasourdi, le professeur alla à leur rencontre. Ils échangèrent à voix basse et pendant ce temps là, mon coeur se mit à battre plus vite. Qu'est-ce que c'était encore ce bordel ?
Mon coeur bondit et je devins blanc comme un linge, quand le regard des trois hommes se posèrent sur moi. Ils passèrent de moi à Nina, et de nouveau à moi. Ma jambe s'agitait inconsciemment et mon coeur tambourinait dans ma poitrine. Je sentais le regard inquiet de Nina sur moi. L'un des policiers vint jusqu'à ma table et me demanda de me lever. Je n'eus pas le temps de réagir qu'il passa les menottes autour de mes poignets. Mon cerveau tournait à plein régime. Je ne comprenais rien. Pourquoi les flics rappliquaient ? Pourquoi m'embarquaient-ils ? Je voulais des explications.
Je sortais de classe, les mains menottées dans le dos, suivi des policiers. J'entendis la voix de Nina pousser une plainte. Dans le couloir, tout le monde ouvrait les portes de classes. Les professeurs n'arrivaient pas à calmer l'effervescence des élèves. Nina me rejoignit et se posta devant nous. Je vis tout près mes amis. Ils étaient comme moi. Le proviseur arriva enfin et demanda aux policiers de me lâcher. Son expression était désolée et interdite. Il tenait un papier dans les mains et le feuilleta comme si c'était pour la centième fois. Puis il releva les yeux vers moi.
«
- Mr Jones..., commença-t-il, la voix quelque peu tremblante, les parents de Mrs Baker ont déposé plainte contre vous.
Ce fut comme un coup de point violent en pleine figure. Comment ? Puis la vérité éclata dans ma tête comme une évidence.
- Leur fille, Mrs Candice Baker a été agressée dans l'enceinte du lycée, par vous-même. Il s'agit d'un acte grave et passible de sanction irréversible. Etant donné que vous êtes majeur, vous ferez l'objet d'une enquête. Un procès est en cours de lancement. Vous pouvez néanmoins avoir recours à un avocat. Expliqua le proviseur, appuyé par un policier.
- C'est absurde, criai-je désemparé, j'ai défendu ma petite amie qui se faisait elle-même agressée par cette fille. Vous rendez-vous compte ? Elle l'a harcelé, elle l'a insulté, elle l'a étranglé et moi juste par légitime défense... Je devrais finir en prison ? Soufflai-je.
- Nous n'en sommes pas jusque là, mais ce que vous avez fait est grave. Continua le directeur.
- Vous ne comprenez rien, vous restez borné bon sang ! On en a parlé ensemble, vous le savez alors ouvrez les yeux ! Nina s'est fait harcelé, cette fille a rendu sa vie invivable et elle a été trop loin. J'ai défendu Nina, c'est cette fille qui doit finir devant le juge. C'est elle qui a fait de graves erreurs. Elle doit avoir ce qu'elle mérite.
- Cela suffit ! Vous serez présent durant ce procès.
- J'ai des preuves sur ce que je vous dis. Nous avons tout filmé. Je peux prouver ce qu'elle a subi, mais vous voulez pas écouter ! Pourquoi vous êtes proviseur si vous êtes pas capable de voir ce qu'il se passe dans votre école ?
»
Je jetai un dernier regard alarmant à Nina et entra dans la voiture de police. Je n'en revenais toujours pas que ce foutu proviseur de merde gardait les yeux fermés. Il voulait juste garder son lycée à l'abri des polémiques. Il s'en fichait de ceux qui subissaient. Ca me mettait hors de moi. Je ne pouvais rien faire à part attendre et espérer que nos preuves convainquent le juge. Je n'imaginais pas qu'elle irait jusque là. Elle méritait ce que je lui ai fais. Elle l'a étranglé, je n'allais pas laisser passer ça.
***
Bien des années plus tôt
Candice's point of view
Je sortais de la classe sous les moqueries de mes camarades. Je ne les trouvais pas gentils avec moi. Ils étaient méchants avec moi, tout le temps. J'allais vers les toilettes et me débarbouilla au-dessus du lavabo. Mes vêtements étaient pleins de feutre et mon visage aussi. Juste parce que j'avais pris le crayon de mon voisin. Il s'est levé et m'a barbouillé la tête de son feutre noir. Tous les autres avaient fait pareil et je me retrouvais maintenant en larmes devant ce miroir.
Quand la récréation arriva enfin, je sortais dehors. Je me campai dans mon coin et attendais que le temps passe, les jambes se balançant d'avant en arrière, assise sur une balançoire. Personne ne voulait de moi, j'étais trop prétentieuse. Trop narcissique. Chaque fois qu'une fille venait me voir, elle ne restait pas longtemps. J'étais mauvaise joueuse et je voulais tout le temps gagner. Je changeais de comportement dès que les grands venaient me voir. Moi, Candice Baker, j'étais presque à la fin de la primaire. Je ne savais pas si je préférais l'école ou la maison. La maison, c'était l'enfer. Papa me criait tout le temps dessus. Je faisais beaucoup de caprices et mon père ne supportait par ça. Maman ne travaillait plus et restait à la maison. Tous les jours c'était dur à la maison.
Quand je suis entrée au collège, la situation ne s'est pas améliorée. Je ne travaillais pas en cours, je restais toujours seule aux pauses et je ramenais de mauvaises notes. Ma mère s'en moquait complètement, passant le clair de son temps devant la télévision. Mon père lui c'était pire. Il s'en souciait tellement qu'il me donnait une claque à chaque mauvaise note. N'arrivant pas à me concentrer en cours, comme les autres me provoquaient. Je me vantais d'une vie qui n'existait pas. Je m'inventai une vie de princesse, des parents riches et une villa à plusieurs milliers de dollars. Personne ne voulait être ami avec moi, personne ne s'intéressait à moi. Pourtant j'allais vers les autres et je ne leur parlais que de moi. Je n'arrivais pas à les écouter, comme si j'étais seule au monde. Mais quand je rentrais à la maison, mon père était là pour m'accueillir, dès que je n'étais pas contente ou que je rabaissais notre famille. Nous n'étions pas riches, nous n'avions pas de villa à plusieurs milliers de dollars. Nous vivions dans un pittoresque logis, dans un lotissement de maisons vieilles de cinquante ans. Ma mère ne travaillait toujours pas. Elle m'achetait tout ce que je voulais. Je ne savais pas où elle trouvais cette argent. Comme je n'avais pas d'argent de poche, je fouillais dans celle de mon père. Mais quand il découvrit ce que je faisais, il me tapa jusqu'à se que je finisse dans ma chambre à pleurer comme une madeleine.
Le temps a passé, je continuais à prendre de son argent, en essayant de faire profil bas. Mais je ne sais comment, il le savait toujours. Etait-ce ma mère qui me balançait ? A l'école je continuais de subir la colère de mes camarades. Je m'y habitua à me faire taper entre le collège et la maison. Puis le jour où que je rentrai au lycée, je décidai de changer les choses. Je n'y arrivais plus et alla voir mon père. J'avouai le détester et vouloir partir de la maison. Il m'avait détruit. A cause de lui, j'étais comme ça. Il continua et je devais trouver un échappatoire. Je me créa un groupe d'amis qui me suivait partout. Ma popularité grimpa en flèche et j'avais enfin trouver un bouc émissaire. Une brune aux lunettes plus grandes que la moitié de son visage. Cette fille avait réponse à tout. Cela m'énervait. Elle allait devenir plus populaire que moi. Je devais l'amener au plus bas, pour que je monte au plus haut.
Je pris plaisir pendant ces années de lycée à la faire souffrir. Ca me permettait de me défouler, de passer au-dessus de toutes ces années où moi j'avais connu ça. Pourquoi personne d'autre que moi ne devrait vivre ce que j'ai vécu ? Je me sentais enfin moi-même. Je pouvais rabaisser, être plus haut que les autres. Je pouvais dépasser ce que j'avais vécu, en faisant vivre cela à quelqu'un d'autre. Ca faisait du bien de la voir souffrir.
Quand ce garçon est arrivé, j'ai su qu'il serait à moi. J'obtenais toujours ce que je voulais. Puis cette fille m'a barré le chemin. Je devais l'envoyer hors de mon chemin. Et j'ai réussi, je l'ai fait souffrir, elle s'est séparée de lui. Mais cela n'a pas duré longtemps. Cette crâneuse est revenue avec lui et je ne pouvais le supporter. Il était à moi et il le serait toujours. Alors quand j'ai été expulsé, je bouillonnai de l'intérieur. Elle allait connaître les foudres de l'enfer.
***
Nina's point of view
Je restais plantée là, au milieu de la cours, fixant la voiture qui était parti déjà depuis longtemps. Une main se posa sur mon épaule et je tournais la tête, pour voir Alice. Grimaçant, elle appuya sa main doucement. La douleur devait se lire sur mon visage et je portai mon attention sur le proviseur, puis sur tous les élèves qui m'entouraient. Je les détestais tous à ce moment là. Ils me regardaient d'un regard accusateur, comme si j'étais responsable de tout ça. Mes yeux se remplirent de larmes. Putain, mais c'était qui la victime dans tout ça ? MOI ! , voulais-je hurler.
J'avais envie d'étrangler le directeur, qui ne bougeait pas le petit doigt. M'avait-il seulement écouter ? Avait-il seulement compris ce que je lui avais dis ? Avait-il seulement vu tout ce qui s'était passé ? Tout le personnel... Avaient-ils seulement vus ? Des témoins voilà ce qu'il me fallait. Mais personne ne se salirait les mains, au risque d'avoir des problèmes. Putain c'était des adultes ! Putain mais ils étaient pas capables d'assumer !
Une main attrapa la mienne et une ombre se posta devant moi. Le voile qui s'était installé devant mes yeux disparut. Je plongeai mon regard dans celui de Paul.
«
- Nina, tout va s'arranger. C'est nous qui allons gagner.
- Oui, regarde, avec ça c'est assuré. Ajouta-t-elle en brandissant son téléphone.
- Il faut d'abord faire sortir Ian du commissariat. Dis-je simplement en étouffant un sanglot.
- Il faut prévenir tes parents.
J'ouvris de grands yeux et une vague de panique m'envahit.
- Non, je peux pas.
- Nina, déconne pas, il s'agit d'une plainte ! Rappela Alice.
- Il faut innocenter Ian et apporter les faits, la vérité. Il faut demander un avocat.
Je blêmis hésitante. Mon coeur tambourinait dans ma poitrine. Un million de questions, de scénarios se bousculaient dans ma tête. Que devais-je faire ? Et si Ian finissait en prison ? Comment réagiront mes parents ? Devais-je leur dire ?
- Très bien. Je ne peux plus rester ici, alors je vais rentrer et tout leur dire. Après nous verrons ensemble une solution. Capitulai-je.
- Super. Avec Paul, on va te déposer chez toi.
- Et la voiture de Ian ? Demandai-je.
- Paul viendra la chercher. Ne t'inquiète pas, il y a plus important.
Je hochai la tête en grimaçant.
»
Je les suivis jusqu'à la voiture bordeaux de Paul et monta à l'arrière. Arrivés devant ma maison, je descendis de voiture, dis au revoir à mes amis, précisant que je les tenais au courant. Puis j'arrivai devant ma porte. Je soufflai un bon coup et entra enfin.
Je trouvais ma mère dans la cuisine et mon père dans le salon, en train de lire le journal. J'appelai mon père dans la cuisine et me posta devant ma mère. Elle était de dos, mais je n'arrivais pas à lui parler. Je fus obliger d'ouvrir la bouche quand mon paternel débarqua. Maman daigna enfin se retourner et me gratifia d'un regard interrogateur. Mon géniteur croisa les bras et me dévisagea avec incompréhensibilité. Je respirai un grand coup et commença à leur expliquer ce qu'il s'était passé. Mais je décidai de ne pas parler de ce qui s'était passé hier aux toilettes du lycée. J'inventai autre chose mais restais dans le vif du sujet, étant donné la situation qui se profilait. Au final, mes parents apprirent que je m'étais fait harcelé et que Ian a voulu me défendre. Mais son geste s'était retourné contre lui. Il était maintenant en garde à vu, à cause d'un geste de légitime défense, interprété comme un acte de violence sur une femme, par les parents de Candice.
Pendant un instant, ils ne réagirent pas. Puis très vite, j'eus droit à un interrogatoire. Je ne voulais pas tout leur dire, c'était ma vie. J'étais adulte, je devais savoir gérer ma vie toute seule, enfin plutôt mes problèmes. Pourtant je savais que tôt ou tard je devais leur dire la vérité. Je leur avais caché pendant tant d'années. Mais ce n'était pas le moment, il y avait plus urgent. Je devais trouver un avocat. Pour prouver que Ian avait agit pour me protéger, d'un geste pire que le harcèlement. Je ne savais comment décrire ce geste, venant d'une personne qui... Perdait la tête ? Je ne savais plus quoi penser.
«
- Tu te rends compte ce que tu nous demandes ? S'exclama maman. Avant d'engager quelconque procédure, ton père et moi aimerions savoir ce qu'il s'est passé ? C'est une situation très grave, te rends-tu compte ?
- Je ne peux pas. C'est... Ce serait trop long a expliqué. Puis c'est trop tard. Ce qui est fait est fait. Dis-je la voix cassée.
- Est-ce seulement la seule fois ? Enfin, je veux dire, c'est la première fois ? Je veux parler de cet harcèlement. Toutes les fois que tu rentrais dans un état... Les nuits que tu as passé à ne pas dormir. Car je t'ai entendu, tu ne te rends pas compte comment tu n'es pas discrète.
Je baissai la tête et repensa aux années qui s'étaient écoulées tellement vite. Pourtant durant tout ce temps, c'est comme si chaque seconde durait une éternité. Les moqueries, les insultes, les bousculades, les humiliations. Alice était là pour moi, mais ça n'effaçait tout ceci.
- Nina, je veux bien t'aider, mais si tu ne nous parles pas, comment veux-tu qu'on avance ?!
- Depuis trop longtemps. Répondis-je. C'est à cause d'elle tout ça. Si tout le monde me rabaisse et me rend la vie dure. C'est elle qui a tout lancé. Mais avant c'était pareil. J'ai toujours vécu ça. Mais quand je suis entrée au lycée, elle m'a pourri la vie dès le début. Finis-je par dire.
- Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? S'interloqua papa.
- Je ne voulais vous créer des problèmes. Je ne voulais pas être un problème. Je voulais être autonome, me gérer toute seule. Je suis adulte maintenant.
Les yeux de ma mère se remplirent de larmes.
- Bon sang, Nina... Nous sommes tes parents. Tu n'avais pas à garder ça pour toi. Comment tu as fait pour garder ça pour toi pendant tout ce temps ? Depuis combien de temps ?
Je pensai à mon journal intime. Alice est arrivée tard et mon seul confident c'était lui. Tellement d'années que je ne sais même plus, innombrable. Je haussai simplement les épaules.
- Bon, on va faire en sorte de trouver un avocat pour appuyer l'innocence de ton petit ami. Dit papa en décroisant les bras.
- Merci de nous en avoir parler, ma chérie. Même si cela ne changera rien maintenant.
Si cela changera beaucoup de choses. J'ai pu me libérer d'un poids trop lourd. Pensai-je en frottant mes mains moites.
- Nous t'accompagnerons s'il y a un procès. En attendant ne te soucie pas de tout ça, on s'occupe d'appeler un avocat.
»
A suivre...
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Bonsoir/bonjour, qu'avez vous pensé de cette 1ère partie ? Ce chapitre n'a pas été facile à écrire. Vous avez entendu parler du film "J'ai brûlé mon coeur" ? Un truc comme ça. Ce bout de chapitre, je l'ai écrit avant d'avoir vu ce film. Maintenant en le relisant (pour une dernière correction) m'a fait pensé un peu au film. Le scénario n'est pas le même. Mais beaucoup de paroles dans les dialogues sont mentionnées dans le film.
Le harcèlement c'est très sérieux et malheureusement il y en a toujours eu et il y en aura sûrement encore. Mais il faut que cela cesse. Les jeunes (mais peut être les adultes aussi, au travail, partout) ne se rendent pas compte du mal qu'ils font. Il faut arrêter d'être victime et se relever. Il faut vaincre nos peurs, ne plus se rabaisser devant les autres, se défendre quand on s'en sent capable et si ça devient trop dur à surmonter, en parler. Je ne cache pas avoir suivi des thérapies de groupes et vu des psys très jeune. Mais je n'ai pas eu que de l'harcèlement en soucis. Mais je n'en dirai pas plus.
Revenons à nos moutons! Si vous avez aimé, patientez encore un peu que j'avance sur la 2ème partie. En attendant, vous pouvez voter si vous avez aimé. N'hésitez pas également à laisser un commentaire pour expliquer ce que vous en avez pensé.
J'ai commencé à l'écrire, mais je n'ai pas de date précise pour la poster. Merci de me suivre. Merci de lire cette histoire, qui m'est difficile parfois d'écrire. Enfin, à bientôt.
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