Il est temps de s'aimer. De laisser le jeu de l'amour au hasard. De badiner en plein dedans. De lui donner des formes naïves. De jouer la carte du cœur et de lancer les dés. D'en écrire des vers mauvais, mauvaisement vrai. Et puis d'en faire un film : « Coup de foudre dans les nuages ».
On pourrait attendre une vie le bon moment, on pourrait faire semblant de ne pas se connaître, on pourrait. Mais on pourrait aussi s'aimer, enfin, une fois, pour voir. Perdre pour vaincre. Dire des bêtises juste pour dire. Et puis croire. Si les liaisons sont dangereuses c'est que les lettres viennent d'inconnus.
On ne sera jamais Roméo et Juliette mais on pourrait mourir pour de faux. Se dire « je t'aime » parce qu'on s'ennuie. Se cacher l'un l'autre dans nos bras pour jouer. Se moquer de l'autre et de soi. Pas s'en vouloir. L'accepter. Le refaire.
On pourrait en écrire des chansons, être ces Hommes heureux. Défier les étoiles et s'en remettre à la Lune. Trouver plus beau que le ciel et plus calme que la nuit. Plus tumultueux que la houle. Être la vague, sans l'océan. Connaître le rivage. S'y accrocher.
Il est grand temps qu'on s'aime. Qu'on oublie l'orgueil et les préjugés. Qu'on s'aime sur les monts et qu'on en meure sur le jura.
Je sais. Je t'ai sûrement perdu. Je parle le langage des poèmes. Et je te perds. Mais ce que je veux te dire, dans le langage si précieux de la littérature : oublie la peur et le reste, parce que les plus grands romans d'amour, ce sont des audacieux qui les ont écrits.