𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟑
ANGELINE
Il est bientôt dix-sept heures, j'attends patiemment que Luke ramène Evan de l'école en préparant le diner de ce soir. Aujourd'hui, c'est le dernier soir où il peut aller le chercher à l'école, après, seuls l'avenir et le juge nous diront s'il peut continuer...
Alors que je coupe des courgettes en cube, l'interphone sonne. Le sourire aux lèvres, je m'approche en espérant pouvoir parler à Luke, vu notre dernière discussion...
— Oui ?
— Angel...
En reconnaissant la voix à l'autre bout du combiné, mon cœur s'accélère et je reste sans rien dire, essayant de trouver une raison qui pourrait expliquer pourquoi il est venu me voir alors que je lui avais dit très clairement d'arrêter.
— On peut parler, s'il te plaît ?
— Je n'ai rien à te dire.
— Moi, si...
Quelques secondes de silence s'écoulent avant que je décide de descendre devant l'immeuble pour lui faire face. J'ouvre la porte et tombe nez à nez sur lui.
— Je suis là, qu'est ce que tu veux me dire ?
— Tu vas bien ?
— Va à l'essentiel...
Il me regarde d'un air attristé, mais il peut essayer de me faire des yeux de chien battu, je ne flancherai pas. Il gigote un moment avant de reprendre :
— Tu me manques... J'aimerais qu'on réessaie.
Je souffle, fatiguée d'entendre toujours les mêmes choses.
— Entre nous, c'est fini Charles... Je ne peux plus te faire confiance, je ne sais pas si ce que tu dis est vrai ou faux. Tu nous as fait souffrir il y a plusieurs années et encore aujourd'hui alors je ne veux plus prendre de risque avec toi.
— Angel, s'il...
— Ne m'appelle plus comme ça, le coupé-je avant de reprendre. Je ne comprends pas encore pourquoi Luke se dénonce, car je suis certaine qu'il n'a rien fait, mais je viendrai au tribunal et ça sera pour le soutenir lui, et seulement lui. Maintenant, tu devrais partir, Charles...
Alors qu'il s'apprête à parler, je sens mon téléphone vibrer dans la poche arrière de mon jean. Je regarde le nom qui s'affiche et l'angoisse s'empare de moi. Je fais attendre Charles et réponds au téléphone.
— Bonjour, que se passe-t-il ?
— Bonjour. Qui devait venir chercher Evan à l'école ce soir ?
— Son père... Il n'est toujours pas arrivé ?
— Non...
Je regarde l'heure, ça fait plus d'une demi-heure que mon fils attend. Où Luke peut-il bien être ?
— J'arrive, je me dépêche.
Après avoir raccroché, je me tourne vers Charles qui me regarde d'un air intrigué.
— Que se passe-t-il ?
— Ça ne te regarde plus à présent. Il n'y a plus de nous deux, plus de confidences ni de promesses. Tu les as toutes brisées de toute façon... Je ne veux plus te voir, Charles... Je n'aurais jamais dû te laisser une énième chance. Je dois partir.
Nous échangeons un dernier regard et je sais qu'à cet instant, les souvenirs que l'on a eus ensemble traversent nos deux esprits d'un même mouvement. C'est vrai que nous avons passé d'agréables moments, mais ils représentent si peu comparés à toute la souffrance qu'il m'a fait endurer.
Je rentre dans l'immeuble pour aller chercher mon sac et quand je ressors deux minutes plus tard, Charles a disparu. J'espère que cette fois, il ne reviendra pas à la charge.
Durant le trajet tout en accélérant le pas, je ne me contente pas d'appeler Luke sur son téléphone : je le harcèle, littéralement. Comment a-t-il pu ne pas aller chercher son fils, sans même m'avertir ? Que s'est-il encore passé dans sa tête ? J'aimerais tellement savoir ce qui se trame dans son cerveau pour y voir plus clair parce que là, décidément, je ne comprends rien à son comportement !
Un peu moins de quinze minutes plus tard, j'arrive devant les grilles de l'établissement scolaire. Je traverse la cour et entre dans une salle de classe. À peine ai-je franchi le pas de la porte qu'Evan se précipite vers moi et m'entoure de ses bras. Sa maîtresse s'approche de nous.
— Désolée, je ne comprends pas pourquoi il n'est pas venu...
— Ce n'est pas grave, Evan en a profité pour faire ses devoirs.
— Merci encore, bonne soirée.
Evan récupère ses affaires ; sur le chemin du retour, il me demande pourquoi son papa n'est pas venu comme c'était prévu. Je le regarde, m'efforçant d'afficher un sourire rassurant.
— Je ne sais pas, chéri, mais je suis certaine qu'il voulait venir.
A la maison, pendant qu'Evan joue dans sa chambre tranquillement, je continue de préparer la ratatouille tout en envoyant des messages à Luke.
— ANGÉLINE
Je ne sais pas si c'est à cause de notre discussion de dimanche, mais tu pourrais répondre. Au moins pour ton fils.
— ANGÉLINE
Il se demande où tu es passé, je me retrouve à lui mentir et tu sais très bien que je n'aime pas les mensonges...
— ANGÉLINE
J'aimerais tellement que tu me dises ce qui ne va pas, Luke... Pour que je t'aide et qu'on forme enfin la famille qu'on a toujours rêvé d'être...
Tandis que les légumes mijotent, je suis accoudée au plan de travail. Evan entre soudain dans la pièce et me dévisage d'un air alarmé :
— Tu pleures ?
— Ce n'est rien, c'est les oignons, lancé-je en souriant.
Encore un mensonge... Je ne me suis même pas aperçue que des larmes coulaient, mais je ressens tellement de peine. En me cachant la vérité, il me fait souffrir, et il fait également souffrir Evan qui se demande où est passé son père, ce qui me blesse encore plus.
— Tu veux remuer ? lui propose-je en désignant la casserole.
Il hoche la tête, prend son petit escabeau et le place entre le plan de travail et moi. Je lui donne la spatule et il m'aide.
— Comme un vrai chef !
Nous rions tous les deux puis Evan me raconte sa journée d'école. Ensuite, avant que la cuisson se termine, nous gagnons la salle de bain pour qu'il se lave. Je lance une playlist et nous nous mettons à chanter à tue-tête, profitant de ce moment pour oublier les problèmes.
*
Il est treize heures trente, l'instruction va bientôt commencer. Plusieurs personnes entrent dans le tribunal ; je reconnais les parents de Charles. Je m'assieds sur la dernière rangée et écoute attentivement. Pendant que l'avocat de la partie adverse énonce les preuves et ses arguments qui vont à l'encontre de Charles, je ne cesse de me demander quand Luke va faire son entrée. Bien que je lui aie envoyé de nombreux messages, je n'ai eu aucune réponse de sa part. Je ne suis pas plus inquiète que ça, car j'ai l'habitude ; c'est plutôt la colère qui me possède.
J'aperçois Charles se tourner vers moi et m'observer, mais je l'ignore. Une fois que le juge déclare la date de l'audience, fixée dans cinq jours soit le lundi qui arrive, je sors de la salle. Une voix s'élève alors en m'interpellant. Encore lui...
— Qu'est-ce que je t'ai demandé ?
— Ce n'est pas de moi que je veux parler Angéline... Mais tu sais où se trouve Luke ?
Je le regarde avec perplexité, désarçonnée par sa question. Alors, pour lui aussi, Luke est porté disparu... Il ne nous aurait pas abandonnés une deuxième fois, ce n'est pas possible, je ne peux pas y croire. À mon expression, Charles devine que je ne connais pas la réponse.
— Si tu réussis à l'avoir au téléphone, dis-lui que l'audience est dans cinq jours et qu'il doit venir...
J'acquiesce d'un signe de tête, il me remercie en posant sa main sur mon épaule puis s'éloigne, escorté par ses parents et son avocat. Et alors, que je vais pour rentrer chez moi, je décide d'aller au Motel de dimanche en espérant qu'il y soit...
Il y a sa voiture, c'est bon signe, non ?
Je marche jusqu'à la porte rouge et frappe avec insistance. J'attends un instant, les bras croisés sur la poitrine, désirant que cette porte s'ouvre sur l'homme que j'aime par-dessus tout, mais rien ne se passe... Je colle mon visage à la vitre et essaie d'observer l'intérieur, mais les stores sont trop bien fermés pour voir quoi que ce soit. Je soupire et décide d'aller demander à l'accueil mais l'hôtesse n'en sait pas plus que moi. Ce n'est pas possible, on ne peut pas disparaître comme ça !
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Mais qu'est-il arrivé à Luke ?! 😮
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► StacyHayne
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