Le paradis
Au paradis, tout est parfait. Les âmes atteignent le repos éternel, la lumière de dieu brille de mille feux, le ciel est bleu, et les anges sont fier-es de servir leur créateurx. Mais Raph' s'inquiète. Son frère, Azaël, n'arrête pas de se soustraire à son devoir en tant que guide des nouvelles âmes. Et cette absence de plus pourrait lui coûter.
La salle de Pesée était presque vide. Cet endroit, habituellement rempli d'âmes attendant leur jugement dernier, n'accueillait cette fois que trois anges. L'ambiance était pesante. Raph', souvent nommé-e comme l'un des archivistes les plus qualifié-es du paradis, avait entamé un débat animé avec l'archange Michaël. Sariel, lui, jouait avec son poignard, à l'écart de la conversation.
"-Accordez-lui une dernière chance, demanda calmement Raph', cette fois il vous écoutera, je vous l'assure !
- Tu iras le trouver, dit alors Michaël, mais pour lui annoncer que sa dernière chance lui a déjà été donnée. Nous avons été bien trop clément-es avec Azaël, je me dois de me montrer sévère avant que d'autres anges suivent son exemple. Sariel, tu peux commencer à affuter ta lame.
- C'est déjà fait, mon frère, dit alors Sariel dans un sourire. "
Raph' atterrit en catastrophe sur le nuage où Azaël dormait profondément. Iel trébucha plusieurs fois dans le nuage avant d'arriver jusqu'à son frère, qui n'avait toujours pas bougé malgré les cris de Raph quand iel se ramassait comme une crêpe. Iel réveilla Azaël brusquement pour lui annoncer le plus vite possible ce que la justice céleste avait décidé de lui.
"- Az' ! Sariel arrive ! Tu vas te faire déchoir ! Il faut trouver un moyen de te cacher !
- De quoi est-ce que tu parles Raph' ? Personne n'est jamais exclu d'ici, iels ne mettent jamais leurs menaces à exécution... Laisse-moi juste dormir...
- Az', je suis sérieuxse, je sors de la salle de pesée, Sariel venait d'aiguiser sa lame ! écoute-moi ! "
Raph' fut interrompu par un vent puissant. Et, tout le monde le sait au paradis, une bourrasque précède un archange. Ce fut sous le regard désemparé de l'archiviste que Sariel atterrit majestueusement sur le nuage. Ses puissantes ailes firent tomber une bonne partie du nuage, si bien qu'Azaël du se rattraper à son adelphe. Sariel se redressa avec son habituel air flegme, jouant avec son poignard, une sorte de plume métallique incurvée, que l'archange avait obtenu Dieu-sait-où.
"-Alors comme ça on sèche, Azaël ?
Sariel s'approcha lentement d'Azaël, qui se figea alors. Raph' s'écarta, il ne voulait pas se tenir trop près de l'exécuteur. Sariel se plaça derrière Azaël, ses longs cheveux crépus bougeant en rythme avec ses pas. Il fit glisser sa lame sur le dos d'Azaël, en souriant.
- Je t'ai entendu tout à l'heure. Tu penses vraiment que Michaël ne met jamais ses menaces à exécution ? Dois-je te rappeler l'époque de la Grande Rébellion ?
- Vous êtes revenu des enfers au bout d'un moment, marmonna Azaël.
- Oui, effectivement, je suis revenu, soupira alors Sariel avec un air nostalgique. Mais je suis le seul, sur des centaines d'anges, à avoir bénéficié de la miséricorde de Dieu. Et toi, dit-il en désignant Azaël, je peux t'assurer que tu n'es pas prêt de revenir ! "
Azaël regarda avec effarement Sariel, avant de tourner lentement son regard vers son adelphe. Raph' pouvait voir la terreur dans le regard de son frère. Mais Iel ne pouvait pas s'interposer, au risque de se faire déchoir à son tour. Iel chercha juste à croiser le regard de Sariel pour essayer d'attirer sa pitié. Grave erreur. Sariel remarqua son manège, et une idée germa dans sa tête. Son sourire s'agrandit.
"- Oooooh, j'ai une idée qui me plaît, dit-il en arrêtant de jouer avec son poignard. Et si vous faisiez mon travail à ma place ? Après tout, on ne m'a jamais demandé d'expulser Azaël moi-même, j'ai juste à m'assurer de sa sentence. En plus, ça sera bien plus amusant de faire souffrir deux personnes au lieu d'une, continua-t-il d'un air pensif."
Sariel s'approcha de Raph' avec enthousiasme et lui donna son poignard. Il se recula, regarda Raph' avec un air satisfait, puis le laissa réfléchir un instant. Raph' regarda le poignard, puis Sariel, et à nouveau le poignard, sans comprendre pourquoi le poignard lui avait été donné. Sariel soupira.
"- C'est dingue ce que vous êtes lent-es d'esprit, les anges de la troisième génération, se plaignit Sariel. Tu vois ce poignard ? Il s'agit d'une des seules armes qui puisse blesser un ange.
Raph' regarda le poignard de plus près. Il était d'une couleur brun-gris, avec des reflets bleutés, et avait la forme d'une plume d'ange, et était recourbé à la manière d'une serpe. Une serpe, comme si ce poignard n'avait comme seule utilité que de couper... des ailes d'ange. Puis, il comprit, et lança un regard d'effroi vers Sariel.
- Tu as compris à ce que je vois. Et, saches que, si tu ne le fais pas, je vous fais déchoir toustes les deux. Oh, et ne te méprends pas, ajouta Sariel. Ce n'est pas parce que tu as un de mes poignards que tu as l'avantage."
Azaël ne comprenait pas tout de ce qu'il se passait. En réalité, il était encore un peu dans la brume après avoir dormi, et le fait de savoir qu'il allait être déchu embrouillait son esprit. Il avait bien saisi que Sariel était ici pour le déchoir, mais, pourquoi avait-il donc donné son poignard à son adelphe ? Et pourquoi Raph' avait un regard si effrayé alors qu'il avait entre ses mains une arme qui pourrait les aider à se sortir de ce pétrin ? Il regarda avec incompréhension son adelphe, qui le fixa alors avec des yeux désolés.
"- Azaël, reprit alors Sariel. C'est Raph qui te fera déchoir."
Azaël cru à une blague. Raph' ? blesser quelqu'un ? volontairement ? et, son propre frère ? Ce n'était pas possible. Il allait rire au nez de l'exécuteur, puis recroisa le regard de son adelphe.
Iel allait le faire.
Azaël se recula, trébucha sur le nuage.
"- Tu... tu ne vas pas faire ça, n'est-ce pas ?
Des larmes coulèrent des yeux de Raph. Voyant cela, ceux d'Azaël commencèrent à piquer.
- Raph. Raph' ! Je suis ton frère, tu ne vas pas me faire ça ! Raph', réponds-moi !"
Sariel s'avança et attrapa Azaël pour qu'il cesse de reculer. Il le rapprocha de Raph'. Azaël essaya de recroiser le regard de son adelphe, mais cellui-ci avait baissé la tête. On pouvait cependant voir les larmes couler le long de son menton. Iel tremblait.
"- Raphaël, dit alors Sariel avec agacement, si tu ne le fais pas rapidement, je vous déchois toustes les deux. J'ai des choses à faire, moi."
Raph' s'approcha lentement d'Azaël, se plaça derrière lui. Quand Azaël sentit la lame toucher ses ailes, il sursauta. L'archiviste retenu son souffle. Azaël ferma les yeux et se figea.
Il se demanda à quoi pouvaient bien ressembler les enfers. Il espérait que ça ne serait pas aussi infernal que ce que l'on racontait. Il pria pour que... en fait, non. Pour qui pourrait-il prier ? le paradis le laissait tomber. Et les enfers ne l'attiraient absolument pas. Alors, il pria pour lui. Il pria pour ne pas perdre ce qu'il était, en perdant ses ailes, son auréole, sa dignité, son rôle d'ange. Pour ne pas oublier sa vie au paradis. Et son petit frère, Uriel.
Il sentit un mouvement derrière lui. Raph' s'était abaissé à son oreille, et lui soufflait quelque chose. Entre les sanglots de son adelphe, il n'a pas pu comprendre ce qu'iel lui disait. Puis Raph' se redressa, attendit quelques secondes.
Et iel coupa les ailes de son frère.
Dès que ses ailes furent coupées, Azaël senti une douleur aigue, puis un poids très lourd. Il sentit quelque chose tomber sur lui. C'était d'une couleur qu'il n'avait jamais vue auparavant. Comme... l'opposé de la lumière. Il attrapa ce qui semblait être une auréole. Mais... Une auréole n'est pas de cette couleur ? Il regarda au-dessus de sa tête, et vit... absolument rien. Un vide s'installa alors au creux de son ventre.
Il n'avait plus d'ailes.
Il n'avait plus d'auréole.
Raph s'était reculé-e et sanglotait en murmurant quelque chose d'incompréhensible.
"- Iel l'a fait ! s'exclama Sariel. J'y crois pas ! Je pensais que tu te dégonflerais, Raph !
L'archiviste ne répondit pas mais se recula encore plus et baissa la tête.
Sariel se rapprocha d'Azaël.
- Bon, je ne vais pas te sortir tout le discours officiel d'expulsion, de toute façon tu n'as rien fait d'extraordinaire, puisque tu n'as rien fait. Et c'est tellement barbant, je vais au moins éviter ça à tout le monde, ajouta-t-il avec un faux bâillement. Donc, à jamais !"
Sans cérémonie, il poussa Azaël du nuage. Celui-ci tomba à pleine vitesse. Il ne s'était jamais senti aussi lourd. Etant au bord de l'évanouissement à cause de la douleur qui le terrassait, il n'eu même pas le réflexe d'essayer de voler.
Et il tomba.
Tomba.
Tomba.
La chute était tellement longue qu'Azaël ne savait pas depuis combien de temps il tombait. Il s'était évanoui plusieurs fois, et n'avait toujours pas atterri. Il pensait à cet atterrissage. Si il chutait depuis autant de temps, il devait aller à une vitesse incroyable. Ça sera douloureux.
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Voilà voilà, premier chapitre ! à vrai dire, il s'agissait à la base de plusieurs chapitres, donc ça a peut-être l'air un peu décousu ^^'
n'hésitez pas à me donner vos impressions, réactions, pour que l'histoire vous soit plus agréable !
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