Grisâtre
On va parler du silence. Le fameux silence que je recherche, le calme. Je crois que rien n'a jamais été calme. Mes pensées ne se taisent jamais, les cris sont toujours présent. Il y a toujours du bruit. ça bourdonne, ça grince, ça hurle, ça couine, ça siffle. Mon cerveau n'est que brouhaha.
Je suis épuisée.
Les mots ne se forment même plus, tout n'est que flou, un énorme bordel sans queue ni tête. Je nage dans un océan de non-sens. Je n'ai aucune idée de où je vais, ni avec qui, je ne sais toujours pas qui je suis.
Bientôt 22 ans. Une adulte apparemment. Pourtant mes peurs sont les mêmes que lorsque j'étais enfant. Rien n'a changé. Tout ce que j'étais censée comprendre en grandissant est finalement encore plus inaccessible que jamais. Rien ne fait sens. C'est incompréhensible.
J'essaie de donner de la couleur à cette vie grise et répétitive. J'essaie de me détacher de tout qui m'emprisonne autour de moi. J'étouffe au milieu de cette fourmilière d'écho. Tout est similaire, distant et gris. Je ne me retrouve nulle part dans ce monde.
Mes rêves sont tâchés de pourpre, de bleu et de rose. Je vois chaque pigment de couleur dans chaque paroles, chaque odeur, les mélodies me bercent dans un ouragan de douceur. Pourtant tout autour de moi, le monde s'écroule, les murs s'effondrent, le ciel est blanc, les nuages gris. L'univers pourri et se désagrège et je suis une tâche d'arc-en-ciel qui essaie de garder ses couleurs.
Les autres me salissent de leur couleur fades, me ternissent et m'empoisonnent. Bientôt je ne pourrais plus me débattre, je ne réussirai plus à me défendre face à l'univers tout entier qui veut me recouvrir de gris.
Je vais finir par perdre mes couleurs.
Mon monde finira par s'effondrer lui aussi.
Quand chaque parcelle de mon être aura perdu ses couleurs, que je serais trop épuisée pour lutter encore. Que je ne pourrais plus me relever encore. Quand ma voix se brisera dans le brouhaha. Que l'on ne m'entendra plus. Je vais disparaître, noyée dans une masse qui n'est pas moi. Rien de tout ça n'est moi.
Je continue de me débattre, je bats des ailes jusqu'à ce que mon corps me brûle. Je hurle jusqu'à ce que ma gorge saigne. Je tente de colorer le monde, de courir après les sons.
Je fuis ce monde que j'essaie de sauver.
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