Plus jeune j'adorais passer du temps dehors. En tout temps, il pouvait pleuvoir, neiger, venter, j'adorais m'amuser à l'extérieur. J'adaptais mon imaginaire à mon environnement, je devenais aventurière dans la jungle, ou perdu dans le désert, j'étais chasseuse de fantômes ou dresseuse de dinosaures. J'observais. J'ai gâché des pantalons à me rouler au sol en riant et à me pencher sur les fourmilières pour les regarder travailler. J'aimais vraiment ça. Je me sentais libre, je pouvais être ce que je veux. Quand le vent soufflait, j'ouvrais ma veste bien que j'attrapais toujours froid, je devenais un aigle planant au dessus des plaines à la recherche d'une proie. Mes yeux pleuraient à cause du froid mais je ne le ressentais pas, parce que je volais. J'ai vu milles couleur en me collant la joue contre la terre. J'ai senti milles odeurs et vu dix milles ciels. J'ai dans mes souvenirs une multitude de sensations, la terre glacée qui craquelle sous mes pas, le vent salé des plages endormi, la lune rousse qui éclaire le ciel en flamme, l'odeur de la pluie sur les pierres brûlante et les mélodies des alouettes dans les champs en automne. 
J'ai vécu une enfance salissante et rugueuse. J'avais les mains couvertes d'égratignures à force de grimper aux arbres, les jeans troués et la peau couverte de tâches aux teintes violettes et bleus. Les cheveux en pagaille à cause du vent, et toujours le nez qui coulant à cause du froid, mais j'avais le sourire le plus rayonnant que puisse avoir un enfant.