5
Juan Mourier essuya négligemment ses boucles en sortant de la douche. Sa peau était rosée, son entre-jambe semi-détendue, signe que l'eau avait été bien chaude lorsqu'il se prélassait dessous celle-ci en chantant. Et il sifflotait encore quand il passa la porte de sa chambre.
« Bonjour Monsieur Mourier. »
L'interpellé lâcha un cri, d'une virilité surprenante, qui fut rapidement suivi d'injures quand il remarqua la présence d'un jeune homme à côté de lui.
« Bordel ! Ma parole on t'a jamais appris à frapper ? »
Il leva le regard vers l'intrus et fut surpris du spectacle qui se présenta à lui : A001 se tenait debout, bien éveillé, les cheveux désespérément mis sur le côté pour révéler d'éblouissants yeux bleus. Juan sentit son cœur émettre un battement de trop.
« Votre serviette Monsieur, fit lentement la machine en détournant le regard.
— Quoi ?
— Votre serviette est par terre. »
Le bouclé, après un moment d'analyse sur ce qu'il venait de dire – et d'admiration de la teinte brûlante qui avait peint les joues d'A001 et lui avait arraché une bouffée de chaleur – loucha vers le sol. En effet, plus rien ne cachait son anatomie. Il s'empressa de se couvrir, mais ne décolla pas son regard de son vis-à-vis.
Comment une machine pouvait-elle à ce point être réaliste ? Il jurait que s'il s'approchait de lui, il humecterait son parfum, que s'il touchait sa peau, il sentirait sa chaleur et que s'il frôlait ses lèvres il saurait à quel point elles sont douces.
« Je peux vous aider ? » demanda A001.
Juan secoua la tête et lui intima de développer.
« Vous me regardez avec un air curieux, alors je vous demande s'il y a quelque chose que je peux faire pour vous ? »
Le bouclé ravala sa salive, oui il pourrait faire plusieurs choses contradictoires : lui foutre la paix ou bien se mettre à quatre pattes sur son lit pour avoir son cul bien en vue (bien que l'idée de se taper la machine que son père avait créée ne lui plaise pas). Il ne lui ordonna de faire aucun des deux.
« Présente-toi.
— Je suis A001, premier androïde du laboratoire Mourier, je fais partie de l'expérience menée depuis exactement 14 ans, 3 mois, 22 jours, 1 heure et 33 minutes, dit-il précisément. Je suis actuellement sous votre direction afin que je passe le dernier test requis avant de pouvoir être présenté au grand public. »
Cette réponse sonnait la programmation à plein nez, avec une pointe de fierté qu'il n'arrivait pas à identifier de réelle ou ordonnée. Sans réelle pudeur – il avait déjà exposé son intimité au robot – il fit tomber de nouveau sa serviette au sol et entreprit, le cul à l'air et sous les yeux troublés de la machine, de s'habiller.
« Et t'as un nom ? questionna Juan de dos.
— Je suis A001...
— Drôle de nom ça, se moqua d'abord Juan avant de répliquer avec sérieux. Je parlais d'un vrai nom, avec des lettres, on ne t'en a pas donné un ?
— Je n̶̢̛ͦͫͣ͋͌̋̓̔͝҉̴̴̹͖̟̲̺̞͙͈͢e̷ͣͥ̇ͤ̀ͯ́̚͡͝͡҉̷̶̫͖̞͈̺̟̯̳͡ m̷̧̨̡̛̭̰̰̲͎̗̣̤̉ͬ̀̊͗̐̉ͥ͘͜͟ȩ̷̶̧̇̽̓̆͗̒̄̚͟͜͞͏͔͙͎̬̮̗̬... »
L'héritier du laboratoire se tourna avec prudence après avoir entendu un son affreux sortir de la bouche de la machine, machine qui s'avéra n'être en réalité qu'un hologramme vibrant ; cela surprit Juan qui n'y avait vu que du feu. L'image trembla à peine plus d'une seconde avant de redevenir propre et distinguée. Était-ce une erreur du système ?
« Je suis A001, reprit l'hologramme, premier androïde du laboratoire Mourier...
— C'est bon j'ai compris, s'agaça le brun. T'es une machine, t'as pas de nom.
— Voulez-vous m'en donner un ? J'ai un faible pour Tom ou Ed, ils sont à la fois des surnoms et des noms courts et faciles à l'emploi.
— T'es pas mon gosse, appelle-toi comme tu veux.
— Dans ce cas appelez-moi L̸̛͟҉̷̯̳̭̳̺̬́͢ͅL̸̛͟҉̷̯̳̭̳́͢ͅớ̷̵̴̛̥͚̙̹̫̝e̷ͣͥ̇ͤ̀ͯ́̚͡͝͡҉̷̶̫͖̞͈̺̟̯̳͡ớ̷̵̴̛̥͚̙̹̫̝.҉̴͉̯͍͡.̷͉̭͘.̯́.»
Il y eut le même son hideux, suivi du tremblement de l'hologramme. Juan sut qu'il devrait en tenir deux mots à son père.
Faisant taire l'hologramme qui allait, encore, se présenter, il soupira :
« Laisse tomber, je t'appellerai Blue.
— Blue. Pourquoi Blue...
— La ferme, tu poses trop de questions », s'irrita-t-il.
Juan se tourna pour cacher l'exaspération certaine qui tirait les traits de son visage, mais surtout la petite rougeur qui emplissait ses pommettes dû à la petite idée malsaine qui dansait dans son esprit. Il était une absurdité désagréable, cela, je vous l'avais déjà confié, en revanche, ce que je ne vous avais pas dit clairement, c'était que ce jeune homme revêche pouvait être l'un des meilleurs séducteurs de sa génération. Il enfila son pantalon par-dessus son boxer blanc, et, chemise ouverte, fit un pas vers A001.
« Déshabille-toi, ordonna Juan.
— Je vous demande pardon ?
— Je te demande d'enlever tes vêtements, j'ai besoin de te montrer comment on fait ? »
Le brun était si près de lui qu'il pouvait sentir ses molécules encore peu stables vibrer sous sa respiration brûlante, en plus de sa demande obscène, il n'arrivait pas à réprimer l'étrange sensation qui roulait au creux de son ventre. Sa main s'approcha de lui, et même si tous les deux savaient que celle-ci ne ferait que le traverser, Blue ne put réprimer un frisson.
« Non, j'ai compris, répondit l'hologramme en essayant de reprendre contenance, mais je ne vois pas en quoi faire une telle chose est intéressant.
— Je te teste. »
Juan avait répondu sèchement, ou devrai-je être plus précise en ajoutant qu'il y avait une chaleur suave qui se glissait derrière, et A001 ne put que s'exécuter sous l'ordre.
Il défit sa veste, qui s'évapora dans un amas bleuté, son haut suivit rapidement, pourtant, lorsqu'il s'attaqua à défaire sa braguette et baisser son pantalon étroit, il fut stoppé :
« C'est bon, arrête-toi », tonna Juan.
Blue lui jeta un regard fiévreux, qui provoqua une énième vague de chaleur chez son vis-à-vis, avant de se montrer hésitant.
« Nous arrêtons le test ? demanda-t-il.
— Oui, le test est terminé.
— L'ai-je réussi ? »
Juan ne le regardait plus, il s'était détourné pour calmer l'envie de jouer avec lui encore un peu. Sa tentation fut de courte durée lorsque sa raison refit surface. A001 était-il simplement innocent ? Était-ce un défaut de son système d'évaluation ? Ou bien son père avait-il oublié de lui inculquer quelques notions d'intimité ?
Il ne lui répondit pas et enfila ses chaussures.
Blue le regarda avec curiosité lorsque l'homme fit son chemin hors de sa chambre après avoir récupéré ses clés, et son téléphone.
« Nous allons où ? questionna-t-il.
— Nous, le reprit Juan, n'allons nulle part, je vais faire ce que j'ai à faire pendant que toi, tu restes sagement ici.
— Je dois rester avec vous. »
Le bouclé ne répondit pas sur le moment, bien plus concentré à taper le numéro de Liam dans son mobile, et allait le faire lorsqu'un bruissement aigu fendit l'air.
« Qu'est-ce que ? » s'interrompit Juan.
Les photons qui composaient l'hologramme tremblaient, il dût faire quelques pas en arrière pour reprendre contenance.
« Tant que je ne suis pas totalement activé je ne peux pas aller à un rayon de plus de vingt mètre de la source.
— La source ? »
Blue se mordit la lèvre. Oui, tant que Juan n'avait pas enclenché le petit bouton qui activeraient ses composants afin qu'ils deviennent une vraie enveloppe charnelle, il ne pourrait pas aller et venir à sa guise.
« La télécommande.
— Eh bien c'est parfait, sourit-il. À tout le spectre. »
Il tourna les talons, se fichant royalement de ce que déblatérait à présent A001 et appela son meilleur ami.
« Liam ? Je pars de chez moi j'arrive dans... »
Alors qu'il s'apprêtait à sortir de chez lui, plus que prêt à profiter de cette petite journée, il tomba nez à nez avec une femme – splendide peut être, mais une femme.
« Je te rappelle, fit-il d'abord à Liam avant de s'intéresser à elle. Je peux vous aider ?
— Bonjour Mr Mourier, je suis Laurie Joan, se présenta celle-ci avec un sourire radieux. »
Le bouclé fronça les sourcils en croisant les bras sur son torse. Il débuta, avec lassitude, un questionnement :
« Vous êtes une journaliste ?
— Non.
— Une détective ?
— Non, bien évidement que non, répondit-elle sèchement.
— Alors une scientifique de mon père ?
— Quoi ? Mais enfin...
— Alors merci d'être venu, mais je n'ai rien commandé. »
Il marcha donc vers sa voiture après avoir refermé la porte de chez lui, mais fut obligé de s'arrêter à nouveau en remarquant la présence de son père ; et il semblait très irrité.
« Juan, commença-t-il, retenant de sortir de ses gonds. C'est ta future fiancée. »
Le fils lâcha un hoquet de surprise.
Ah.
Il allait avoir encore besoin d'une belle cuite.
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