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Part 2 - 记忆

    Wei Ying retrouva le foin avec la même brutalité. Le nez dans la paille, il retint sa peine. Quelle serait la sentence des dieux pour avoir dérobé la vie éternelle ? Même si, par une chance infinie, ils avaient assez pitié de son âme pour ne pas le châtier trop durement, il avait perdu son immortalité. Ses souvenirs lui seraient arrachés pour toujours et une existence misérable lui serait réservée, promesse de souffrances.

    Chao le retourna brusquement face à lui et plongea dans son regard terne. 

— Toi...

    Alors qu'il entourait à nouveau ses mains autour de sa gorge, le chasseur prit conscience de l'indécence de sa posture. Tous deux nus à cause des pans ouverts de leurs vêtements, il était à califourchon sur le garçon. Une position digne de l'acte sexuel. Leurs intimités se frôlaient presque. La chaleur de cette proximité lui échauffa les joues... et l'entrejambe. Honte.

    Il détailla le torse fin de Wei Ying, aussi laiteux que la poitrine d'une jeune fille en fleur. Au contact de ses avant-bras musclés, les petits mamelons bruns pointaient, frissonnants. Désirables... Un doux coton frétilla dans son ventre. Lorsqu'il revint à la raison, il constata qu'une grandiose érection s'érigeait entre ses jambes, au-dessus du membre flasque du jeune homme. Il fixa ce désir insolent, les yeux exorbités. Comment était-ce possible ?

    Une fine brume de larmes voilait le regard morne du condamné, illuminaient ses iris argentés de mille et une étoiles. Ce garçon possédait, à n'en pas douter, la beauté d'une déesse. Une divinité avait dû poser sa main sur lui, à sa naissance. Était-il moins coupable de s'éprendre de sa perfection ? Après tout, cela n'était pas tant sa faute, à lui, si son désir eut été enflammé par un être au corps béni des dieux. En cela, il devait choisir : s'emparer de lui et mettre fin à sa vie ensuite, ou le supprimer immédiatement et s'en voir ô combien frustré. Dans tous les cas, il allait le tuer, pourquoi ne pas céder à la tentation et goûter à son fruit, en secret ?

— Personne ne le saura...

    Wei Ying le fixa, un sourcil arqué. L'emprise se relâchait autour de son cou. Pour quel motif ne l'avait-il pas encore étranglé à mort ? Le chasseur laissa glisser lentement une main sur son torse de nacre tandis que l'autre se refermait sur son propre sexe. La raison se révéla. Horrible et répugnante. Oui, les hommes pouvaient aimer les hommes. Épouvanté, Wei Ying le repoussa pour s'enfuir, mais Chao cloua ses poignets de chaque côté de sa tête.

— Écoute-moi bien, tu es coupable de m'avoir séduit. Je te laisserai peut-être partir si tu ne parles de ça à personne.

    Bien entendu, le fourbe n'en pensait pas un mot. Mais s'il pouvait calmer l'agitation du garçon, les choses n'en seraient que facilitées.

— Yah ! Ne veux-tu donc pas vivre ? Tiens-toi tranquille et je te relâcherai.

— Non !

    Se débattant comme un beau diable, Wei Ying frappa l'agresseur en pleine mâchoire à l'en soulager d'une dent. Sidéré par son puissant crochet, ce dernier le saisit à la gorge.

— Très bien, comme tu voudras.

    Il écarta brutalement ses cuisses.

— Je vais te prendre de force et te tuerai ensuite.

    « Chao ! »

    Le chasseur sursauta.

— M-Maître Lan... articula-t-il en se retournant timidement.

    Nul besoin de paroles, le regard rembruni du maître suffit à lui glacer le sang.

— C-ce n'est pas ce que vous croyez ! Je ne suis pas un... Son corps est... Il a été touché par les dieux, Maître ! Il est l'incarnation de la tentation !

    Wei Ying le foudroya d'un oeil noir. Cet humain immonde le rendait responsable de sa violence, odieux qu'il était. Il le bouscula sans ménagement et lui cracha au visage.

— Vous avez tenté de me tuer ! Et vous êtes celui qui m'avez sauté dessus ! Moi, je ne voulais pas !

— Espèce de... retire ça tout de suite ! J'aurais dû t'étrangler dès le début, dit-il en s'emparant de son poignet. Sale...

— Chao. Va-t'en.

    Le nommé se stoppa net et se retourna vers son maître.

— Mais Maître, vous n'avez pas...

— Wen Chao. Je ne me répèterai pas.

    La rage au bord des lèvres, Chao resserra son emprise autour du poignet de Wei Ying, et, par un geste furtif, lui infligea une vive douleur vengeresse. Il se releva, un rictus mauvais en coin.

— Tu ne perds rien pour attendre... siffla-t-il entre ses dents avant de quitter la grange.

    Wei Ying déposa son poignet foulé dans son autre paume en grimaçant. Libéré du fou, il s'autorisa enfin à extérioriser ses maux. Son corps martyrisé le faisait terriblement souffrir. Ses premières minutes de vie n'avaient été qu'une épreuve, et il avait la nette impression qu'il n'était pas au bout de ses peines. L'adrénaline retombée, toutes les parties écorchées et brutalisées de son anatomie s'éveillèrent. Les larmes lui montèrent aux yeux sans qu'il ne puisse les réprimer.

    Lorsqu'il prit conscience que son être de rêve se tenait devant lui, à examiner le déchet qu'il était, il rabattit, de sa main valide, les pans déchirés de sa robe sur son ventre et rentra le menton. Quelle serait la sanction du propriétaire des lieux ? Allait-il juste le bannir de ses terres ? le battre lui-même ? Appréhendant sa sentence, il préféra se taire, mais son humain n'était guère bavard.

— Qu'allez-vous me faire ? tenta-t-il d'une petite voix.

    Nouveau silence. Du haut de ses cieux, il ne l'avait jamais vu faire preuve de barbarie envers autrui, mais après toute cette violence, le doute s'immisçait.

    Le maître s'accroupit devant lui.

— Ton visage ne m'est pas inconnu.

    Les yeux de Wei Ying s'écarquillèrent dans les siens. Comment son être de rêve pouvait-il le connaître ? Par quel prodige ?

— Vous... vous devez me confondre avec...

— Je t'ai déjà vu quelque part. J'en suis presque sûr.

    La confusion laissa place à l'espoir. Si son humain était certain de l'avoir déjà croisé, alors, peut-être ferait-il preuve de clémence ? Dans son regard ambré, Wei Ying imagina les merveilles dont il serait à jamais privé. Son dessein d'idylle n'était plus que poussière face au vent.

— Tu as mal.

    Il effleurera du bout des doigts la foulure du blessé qui recula d'instinct, en sursaut.

— Je... je vais m'en aller, mon Seigneur, dit-il en se remettant debout avec peine.

    Le maître le regarda boiter misérablement en direction des portes. Dans ces haillons et en pareil état, ce garçon n'avait aucune chance d'aller bien loin sans se faire battre ou mourir de froid dans la nuit – cet automne était rude. De plus, Chao avait la tête dure. Le laisser repartir à pied maintenant revenait à le condamner.

— Wei Ying.

    Son nom, sur ce ton... L'appelé frémit et se stoppa net. Son nom dans sa bouche...

    Une flopée de paysages oniriques, oubliés, traversèrent son esprit. Comment cet homme pouvait-il créer en lui ce genre de sensations en prononçant simplement son nom ? Ces deux mots, sur ses lèvres, semblaient raviver les braises chatoyantes de flammes éternelles. Était-ce donc cela, l'amour ? Chang'E ne l'avait jamais connu et les dieux n'étaient pas portés sur les futilités des mortels.

    La main du maître se posa sur son épaule.

— Laisse-moi d'abord t'examiner.

— Pourquoi ? Je ne suis qu'un étranger, j'ai été la source d'ennuis.

— Tu ne m'as causé aucun tort, et l'un de mes sous-fifres est responsable de tes blessures.

    Wei Ying contempla son poignet, de plus en plus douloureux, et sa peau écorchée en de multiples endroits.

— Laisse-moi te soigner, s'il te plaît.

    Non sans amertume, le jeune dieu acquiesça en soupirant. Il n'avait aucune envie de rencontrer l'épouse de son humain mais, s'il voulait survivre, il n'avait d'autre solution.


    La grande demeure était lumineuse, épurée mais chaleureuse. Un petit enfant lisait avec la belle trentenaire au milieu de la pièce de vie. Leur mariage était donc consommé... Wei Ying froissa une moue bougonne, incapable de dissimuler sa contrariété. Comment avait-il pu être aussi distrait, ces dernières années, pour ne pas remarquer un rapprochement d'une telle nature ?

    Il suivit son hôte jusque dans la chambre à coucher, mal à l'aise.

— Allonge-toi, ordonna le maître en désignant le lit.

— Je ne préfère pas...

    Wei Ying grimaça et se détourna, mais le regard de son soigneur lui fit entendre qu'il n'avait guère le choix. Il s'exécuta donc à contrecœur et s'allongea sur le lit conjugal. Au contact de la soie, les souvenirs de Chang'E se superposèrent à ceux, récents, de la violence qu'il avait subie dans la grange. Son époux l'avait prise tant de fois de force qu'il ne se remémorait pas avoir un jour gouté à la tendresse. Lorsque les mains du maître se posèrent sur son corps, il frémit. Leurs regards se rencontrèrent, les sombres pensées se dissipèrent. Plus il contemplait cet homme, plus il avait le sentiment de...

— Je ne t'ai pas connu sous ce nom.

— P-pardon ?

— J'ai l'impression que ce n'était pas ton nom... ou du moins, pas le seul. Mais peut-être suis-je dans l'erreur... marmonna le maître en faisant chauffer son poignet entre ses paumes.

— Un autre nom ?

    Tous deux partagèrent leur confusion. Une profondeur émergeait, aussi évidente qu'inaccessible. Le maître hésita un instant, puis baissa la tête pour se concentrer sur sa guérison.

— Mh. Oublie. Tu avais raison, ce n'est qu'une impression.

    Wei Ying examina chacun des traits de son visage. À travers ses yeux de mortels, la magnificence de cet homme prenait une nouvelle ampleur ; l'émerveillait. Lorsqu'il jeta ses longs cheveux par-dessus son épaule, son parfum musqué vogua jusqu'à ses narines. Essence subtile et familière. Plus ancestrale que le monde et ses premières saveurs. Son cœur se serra. L'évidence peu à peu prenait forme. Et elle lui soufflait ses premiers mots...

    Il articula, subjugué :

— Lan... Lan Zhan.

    Le nommé releva la tête pour le fixer droit dans les yeux.

— Comment connais-tu mon nom ?

    Wei Ying se perdit dans ses prunelles de glace, égaré entre cette vie et sa plus ancienne.

— Je savais bien que je te connaissais, reprit le maître. Où nous sommes-nous rencontrés ?

    Un florilège de couleurs et de sonorités défilait sous les yeux de Wei Ying. Mélodies partagées, aventures aux contours encore vaporeux, esquisses de sourires radieux, échos de rires et jours heureux ; mais les pertes, également, nombre de larmes et conflits déchirants. Mais ce qui resta, à la fin, furent les tendresses. La découverte de nouveaux horizons, les feux transis, les émois. Et au-delà, le sentiment le plus sacré.

    Ses pupilles scintillèrent.

— Wei Wuxian... murmura-t-il, dans sa transe. C'est sous ce nom que tu m'as connu, il y a longtemps...

    Lan Zhan fronça un sourcil. Les déclarations de ce garçon prenaient une tournure étrange.

— Et toi, ton nom de courtoisie était Lan Wangji.

— Je ne m'appelle pas Wangji...

— Autrefois, oui... souffla Wei Ying en le fixant intensément.

    Plus soupçonneux qu'intrigué, Lan Zhan se refroidit. Il en avait croisé des déments et des vagabonds. Bien des hommes et des femmes sans toit s'étaient présentés à sa porte. Des orphelins, même, dans l'espoir, un soir d'hiver, de l'attendrir – son altruisme était connue dans la région – et profiter de sa charité. Mais en leur fond, la plupart (les plus jeunes, aussi) l'avaient charmé pour mieux marauder et tirer de ses biens tout ce qu'ils pouvaient. Certaines femmes avaient même recouru aux sentiments pour le mettre en confiance.

    Sur ses gardes, il eut un mouvement de recul. Cette soudaine méfiance inquiéta Wei Ying, qui se redressa pour poursuivre.

— Lan Zhan, souviens-toi, nous étions...

    Mariés.

    Son cœur rata un battement. À ce souvenir, le présent le gifla avec violence. Son âme sœur d'il y a plusieurs millénaires était aujourd'hui lié à une femme, et comblé. Sa gorge se serra. L'oreille basse, il pressa sa main sur sa poitrine, là où une empreinte symbolique les avaient un jour unis. Un sourire chagrin aux lèvres, il osa :

— Tu ne te souviens pas de notre... autre vie ?

    Lan Zhan le dévisagea, offensé. Ce garçon emploierait donc l'excuse d'un lien entre les âmes. À quel point l'imaginait-il crédule ? Un simple mortel ne pouvait se rappeler de ses anciennes existences.

    À nouveau piqué dans sa bonté, il se leva d'un bond.

— Toi, cesse tes histoires, lança-t-il en brandissant son index contre lui. Tu cherches à m'apitoyer pour profiter de moi.

— Quoi ? Non, Lan Zhan, je t'assure que...

— Sors de chez moi.

— Mais...

— Sors !

    Dans le regard noir de son vieil ami, Wei Ying redécouvrit la souffrance du cœur, bien plus éprouvante que celle du corps. Et en ce moment, elle était un supplice.


    Les nuages lourds laissaient choir leurs premières gouttes lorsque le jeune dieu se retrouva dehors. L'herbe humide chatouilla ses pieds nus. Il aurait préféré ne jamais recouvrer la mémoire. Savoir ce qu'il venait de perdre était le plus douloureux châtiment. Son humain était sien depuis des millénaires et ils ne pourraient jamais être réunis dans cette vie. Ainsi serait donc sa damnation : il resterait un dieu, prisonnier d'une enveloppe mortelle et incapable de rejoindre ses cieux ni d'intégrer ce monde. Ou d'être aimé.

    Il ferma tristement les yeux et releva le menton pour ressentir la fraîcheur de la pluie, perlant sur son visage. Une larme s'y mêla. La morsure de l'hiver naissant fit galoper un frisson sur sa peau délicate, livrée aux températures impitoyables par sa semi-nudité. Il avança en clopinant, l'autre l'ayant blessé à la cheville en le traînant comme un âne battu jusqu'à la grange.

    À quelques mètres de là, une grotte l'invitait à se réfugier en son antre. Quelques bûches noircies d'un ancien feu gisaient au fond du repaire, mais le sol était aussi humide et froid que l'extérieur et condamnait toute opportunité de faire un feu pour se réchauffer. La journée promettait d'être aussi sombre par ses intempéries qu'une nuit de décembre.

    Il se laissa glisser le long de la roche abrupte et se frictionna les bras. Il appréciait au moins d'avoir retrouvé l'usage de son poignet droit. Cette pensée le fit sourire tant de gratitude envers son âme sœur que de peine. Qu'allait-il devenir, à présent ? Ses paupières papillonnèrent, lourdes de fatigue. Après tout, si Lan Zhan était heureux, dans cette vie, à quoi bon s'en navrer ? À défaut de l'avoir comme amour, il aurait tant désiré l'avoir comme ami. S'il avait eu la permission de le revoir, il lui aurait présenté ses excuses pour s'être mal exprimé, et aurait tout tenté pour rester à ses côtés. Mais puisqu'on le faisait expier ses péchés par la solitude, il se contenterait de le retrouver en songes...

    Wei Ying.

    Au royaume de Morphée, son nom résonnait peu à peu dans son esprit. Plus doux, lorsque ses caresses longeraient son échine. Plus fort lorsque leurs souffles hachés se retrouveraient ensemble sur la courbe de leurs nuques brûlantes.

    Wei Ying.

    Son nom n'appartient qu'à sa voix de velours. Sulfure de glace.

— Wei Ying...

    Ses yeux battirent lentement jusqu'à s'ouvrir sur son humain. Son cœur s'emballa un instant. Puis, à son plus grand malheur, sa vision se réajusta. Et le rêve se brisa.

— Toi ?!

— Ha ! Maître Lan est quelqu'un de très calme. Je me demande ce que tu as fait pour te faire jeter aussi vite, railla Chao. Peu importe, je t'avais dit que tu ne perdais rien pour attendre.

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