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SECONDE CONTEMPLATION : Tim

Maman était assise à ma gauche, autour de la grande table ronde de la salle à manger. Elle portait une robe à motif floraux que Léa et moi lui avions acheté pour son quarante-cinquième anniversaire, il y a de cela quelques années. Je m'en souvenais car on y avait mis toutes nos économies. Devant elle, un grand verre de sirop de sureau, sa boisson préférée, avec un petit truc en plus.

Papa était assis à ma droite. Il portait le costard qui l'avait accompagné lors de son entretien d'embauche qui lui avait permis d'obtenir son travail actuel. Le travail qui nous avait permis de déménager dans une maison bien à nous. Devant lui, un grand bol de café, sa boisson préférée, avec un petit truc en plus.

Léa était assise en face de moi. Ma petite sœur portait un joli ensemble confectionné par mon oncle, un styliste pas très connu basé sur Paris. Elle avait raconté que la première fois qu'elle l'avait mis au collège, elle avait eu droit à trois déclarations de garçons de sa classe, et elle avait refusé tout le monde. Devant elle, un grand verre de Coca, sa boisson préférée, avec un petit truc en plus.

Et enfin il y avait moi. Je portais une très belle chemise blanche, celle que j'avais mise lors du mariage de ma tante l'année dernière, alors j'étais un peu serré à l'intérieur. Cependant, j'avais déboutonné le haut afin de pouvoir respirer convenablement et mieux supporter la chaleur. Devant moi, un grand verre d'Arizona aux cassis, ma boisson préférée, avec un petit truc en plus.

Le petit truc en plus ? Un cocktail concocté par une amie pharmacienne de la famille, qui nous enverrait au paradis une fois la première gorgée avalée.

- A la fin du monde, déclara mon père en premier en levant son verre.

- Mais surtout à nous, compléta ma mère en envoyant un mini-regard-noir.

Le dernier, sans doute.

Ma sœur et moi levâmes nos verres à notre tour et la famille Leroy trinqua à « Apocalypse ». Au moyen-âge, ce geste symbolique qui mélangeait les breuvages si effectué correctement servait à partager le poison d'un verre à l'autre afin d'éviter les trahisons. Dans notre cas, pas de jaloux ; tout le monde avait le droit au poison.

Puis dans un unique geste, nous aspirâmes le liquide dans nos bouches et posâmes les verres sur la table.

Léa fut la première à s'effondrer. Sa tête tomba à plat sur la table, très vite suivie par celle de Maman. Papa et moi restâmes un instant à les observer puis nous chutâmes à l'unisson.

Je laissai une dizaine de seconde passer puis crachai le liquide d'un seul coup.

- Désolé, murmurai-je aux corps de ma famille. Il faut encore que je voie Sarah.

Mais à l'instant où je prononçai ces mots, le corps de Léa tressauta en face de moi et elle cracha à son tour tout le liquide. Ma sœur et moi nous observâmes un instant, réalisant en même temps que nous avions tous les deux trahi la dernière volonté de nos parents ; mourir tous ensemble, sans souffrance.

Mais le choc passé, nous nous levâmes et rejoignîmes la cuisine au pas de course. Durant les cinq minutes qui suivirent, Léa et moi rinçâmes nos bouches afin d'effacer toute trace de poison. On dit une dernière fois au revoir à nos parents et on quitta la maison en emportant nos vélos avec nous.

- J'ai cru entendre que tu allais voir Sarah ? Demanda soudain Léa au milieu de la rue, totalement calme en ce début d'après-midi. C'est ta copine ? Pourquoi tu ne nous l'as pas dit ?

- Trop de questions à la fois, petite sœur.

- On a pas vraiment le temps de prendre notre temps, me fit-elle alors remarquer.

- Mouais t'as raison.

Je levai un instant les yeux au ciel, et constatai que le point brillant qui paraissait déjà bien plus gros qu'hier soir était visible même à travers les nuages. Je retins à frisson et répondis enfin à ma sœur :

- Sarah est bien ma copine, même si on n'est pas si proches que ça. Je ne sais pas vraiment pourquoi je ne vous en ai pas parlé...

- Papa et Maman t'aurais sûrement taquiné avec ça.

- T'as sûrement raison.

Nous arrivions dans la rue principale du village, depuis laquelle on entendait toujours les acclamations de la place, même quand il pleuvait. Mais aujourd'hui, quatre heures avant la fin du monde, tout était calme. J'aperçus quelques personnes nous observer depuis leurs fenêtres mais aucune ne nous interpella. Bien loin du chaos qui avait régné dans le monde après l'annonce de l'arrivée d'« Apocalypse », chaque humain était maintenant auprès de ceux qu'il aimait.

- Tu vas aller où, maintenant ? Demandai-je finalement à Léa.

- On va faire la fête avec des copines du collège. A cause, voire même grâce à la fin du monde, notre groupe préféré a sorti son dernier album en avance. Du coup on va l'écouter avec les filles.

Elle rigola quelques secondes puis me glissa plus bas à l'oreille :

- On même décidé d'aller voler les sujets du brevet dans le bureau de la principale, de toute façon personne ne nous dira rien. Et toi, tu rejoins Sarah où ?

- On se rejoint au baou. On aura une belle vue de là-haut.

- Mais c'est super loin ! S'exclama Léa.

- C'est pour ça que je pars maintenant.

Nous nous arrêtâmes au milieu d'un carrefour. Tout droit, l'artère principale du village continuait jusqu'au collège. A gauche, la route descendait vers Nice et à droite, elle montait vers mon lycée et les montagnes.

- C'est là qu'on se sépare, petite sœur.

Sans crier gare, Léa m'enlaça de toute ses forces. Je sentis son cœur battre contre moi quelques secondes puis elle se retira, sans une once de peine dans le regard.

- Dis bonjour à Sarah de ma part.

J'acquiesçai et enfourchai mon vélo. Me petite sœur fit de même et nous roulâmes dans des directions différente, partant profiter de la fin du monde où bon nous semblait.



Le trajet jusqu'au pied du baou dura un petit peu plus d'une heure trente. J'eus le temps de traverser deux villes et deux villages dans ce laps de temps, mais je ne croisai personne. La seule voiture qui me doubla sur la route, elle, finit sa course deux-cents mètre plus loin dans un ravin. J'eus le temps de voir le conducteur embrasser sa compagne à travers la vitre arrière, puis le véhicule loupa le virage et s'écrasa quelques dizaines de mètres en contrebas. En passant à coté, je récitai une prière silencieuse, espérant de tout mon cœur qu'ils soient morts sur le coup.

Monter le baou en vélo devait prendre une quinzaine de minute en tout, mais à peine avais-je roulé deux ou trois minutes que ma roue arrière avait crevé, m'allongeant le parcours de bien quarante minute. A mon grand étonnement, je ne croisai toujours personne pendant mon escalade. Pourtant, le baou avait connu son nombre de suicides depuis le temps qu'il existait, et deux personnes avaient effectués le saut dans le vide l'année dernière. Moi qui pensais que la tendance s'accélèrerait le jour de la fin du monde, je m'étais apparemment fourvoyé.

Même si le diamètre d'« Apocalypse » grandissait de minute en minute dans le ciel, le soleil tapait très fort en ce 8 juin, et j'arrivais en haut de la montagne trempé de sueur. Malheureusement, mon calvaire n'était pas terminé. Je dus marcher cinq minutes de plus pour atteindre un endroit dégagé, deux mètres environs à flan de falaise.

D'ici, le panorama était magnifique.

Entre moi et la mer qui s'étalait jusqu'à l'horizon, j'aperçus en quelques coups d'œil Nice, loin à l'Est, mais aussi mon village, mon lycée, mais aussi de nombreux autres endroits porteurs des souvenirs que je m'étais forgés dans cette région.

Et Sarah regardait ce même paysage, debout près du bord.

Le moteur d'une moto tournait à côté d'elle, que son oncle Christophe tenait d'un bras. Ce-dernier m'aperçut et glissa quelques mots à l'oreille de sa nièce. Elle le gratifia d'un léger sourire et retourna à sa contemplation. Christophe, lui, enfourcha sa moto, donna un petit coup de tête dans ma direction et démarra. L'engin gronda, et partit à une vitesse phénoménale à l'opposée de là où nous nous trouvions, disparaissant bien vite entre les herbes hautes et les rochers.

Le vent qui soufflait là-haut était fort, si fort que j'avais peur que Sarah ne s'envole. Mais alors que j'allais m'approcher pour lui parler, c'est elle qui se retourna en première et qui m'adressa la parole.

- Salut, lança-t-elle du même ton qu'elle avait employé dans le couloir de la cantine, une éternité plus tôt.

Elle portait également les mêmes vêtements ; des leggins à imprimé galaxie (qui brillaient dans le noir), surmontés d'un t-shirt entièrement blanc (mais où apparaissait parfois une tête d'alien phosphorescente). Elle avait également refait sa teinture bleue pour l'occasion.

- C'est pour « Apocalypse » ou pour moi que tu t'es faite belle aujourd'hui ?

C'est le second degré dans ma voix qui la fit rire. Avec le temps, j'avais appris ce qui collait à son humour.

- Je te retourne la question, fit-elle en lorgnant sur ma tenue. Tu vas à un mariage ?

Me souvenant que je portais un habit de cérémonie, je choisis l'autodérision.

- Ouais. Celui de notre Terre avec ce gros caillou, là-haut.

Nous levâmes la tête en même temps. « Apocalypse » augmentait en taille de seconde en seconde, et son ampleur commençait déjà à cacher le Soleil. En bas, la mer était déjà sous son ombre, qui dévorait petit à petit la côte et les villes, se propageant de plus en plus rapidement.

- C'est la fin, constatai-je avec tristesse.

- Mais aussi le début, non ?

- Si l'Eternel Retour est vrai, soupirai-je.

Nos regards se croisèrent.

- Embrassons-nous une dernière fois, déclara Sarah.

L'ombre d'« Apocalypse » venait de l'engloutir.

- Evidemment.

Elle m'avait englouti aussi.

Poussés par une énergie venue d'ailleurs, nos deux corps se rapprochèrent, attirés comme des aimants. Nos lèvres se scellèrent une ultime fois, sous le ciel qui tombait au-dessus de nos têtes. Il faisait très sombre maintenant, et après de parfaites secondes, nos bouches se séparèrent. Je serrai alors Sarah plus fort dans mes bras et elle fit de même.

Nos deux cœurs battaient l'un contre l'autre, incontrôlablement.

La pression sur ma poitrine devint de plus en plus forte, puis plus rien.


***


Je réouvre les yeux en pensant être aveuglé par la chute d'« Apocalypse » mais la scène est tout autre. A vrai dire, elle n'a pas changé. Je suis toujours dans les bras de Sarah et mes bras sont toujours autour de sa taille, mais je ne parviens pas à bouger.

La mer est noire, comme tout le paysage devant moi et probablement derrière aussi. Je parviens à lever les yeux au ciel pour apercevoir la météorite suspendue quelques kilomètres au-dessus de nos têtes. Elle qui se rapprochait dangereusement est maintenant tout à fait immobile. Elle n'est même pas assez proche pour que l'on soit pulvérisés par son souffle.

- Mais qu'est-ce qu'il se passe... je murmure.

- Tu es mort.

La voix me répond depuis le vide.

Mais très rapidement, un amas de particules noires se forme devant moi, au bord de la falaise. Cet amas s'agite et augmente en volume, créant finalement une figure humaine, une vieille femme toute habillée de couleurs sombres.

- Et vous êtes venue pour me chercher ?

La femme approche et hoche la tête.

- En effet.

Son visage est tiré par les rides et la fatigue.

- C'est vous qui vous occupez de toute l'humanité ?

- Oh non heureusement. Mais je t'assure que ce travail n'est pas de tout repos. Surtout un jour comme celui-là.

- Bon eh bien je ne vais pas vous faire patienter plus longtemps. Faites-moi m'en aller, pendant que je sens encore la chaleur du corps de Sarah.

La dame fait un nouveau pas vers moi puis s'arrête, hésitante.

- C'est étrange, dit-elle. D'habitude, tu es beaucoup plus bavard.

- Par... pardon ?

Elle écarquille soudain les yeux puis s'empresse de lancer tout en s'approchant :

- Trop tard, une fois que tu es prêt je dois le faire.

Nos lèvres se touchent une fraction de seconde et je sens mon corps peser dix-mille fois plus lourds que d'ordinaire. De grandes ailes plus noires que l'ombre d'« Apocalypse » se déploient dans le dos de la femme, recouvrant totalement mon champ de vision.


Puis je me laisse complètement aller, au creux des bras de Sarah.

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