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DERNIÈRE PRÉSENTATION : Samuel

- Comment t'appelles-tu ?

- Sa... Samuel.

- Samuel comment ?

- Samuel Robert.

- Quel âge as-tu ?

- Quinze ans.

- Quelle classe ?

- Seconde 12.

- Situation familiale ?

- Je vis avec ma mère.

- C'est quoi ce regard triste que je vois, là ?

- Sarah, ne le dérange pas.

- Pas de problèmes !

- Comment as-tu connu l'existence de ce Club ?

- Grâce à votre stand, pendant la journée des Clubs.

- Et comment vas-tu mourir ?

- Assassiné dans mon sommeil.

***

Doucement, très précautionneusement, j'entrouvris la porte. Des relents de cigarettes m'attaquèrent aussitôt les narines ; le cendrier en céramique rouge trônait sur une pile d'affaires mal rangées au milieu de la chambre. Mais une autre odeur me donna la nausée. Je remarquai sur le tapis à motif floral une tâche humide, près de la table de chevet. Du vomi ? Je n'avais pas envie d'en être sûr. Slalomant entre les tessons de bouteilles et les paquets de cigarettes éparpillés au sol, j'arrivai tant bien que mal jusqu'au lit à moitié défait où sommeillait une femme de quarante-sept ans, les cheveux grisonnant et faiblement vêtue d'une chemise de nuit déboutonnée jusqu'au nombril. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration, rauque par le goudron entachant ses poumons. Parfois, des mèches grasses s'infiltraient dans sa bouche, la faisant crachoter. Prudent, j'approchai.

- Maman, réveille-toi.

Presque instinctivement, je reculai d'un pas quand elle ouvrit ses paupières. Ses billes grises s'agitèrent dans ses orbites, désorientées, mais eurent vite fait de trouver une expression rageuse quand elle croisa mon regard.

- Qu'est-ce que tu fous là ? Je t'ai déjà dit de pas venir là.

- Tu vas être en retard, rétorquai-je doucement.

- Rien à foutre.

La main droite sur le front comme si elle était sujette à une intense migraine, elle tenta de se relever puis referma en vitesse sa chemise. Elle ne portait rien en-dessous.

- Allez dégage-de là, m'ordonna-t-elle d'un geste.

Obéissant, je quittai la chambre sans demander mon reste.

« Dégage comme ton père », eus-je le temps d'entendre avant de refermer la porte.

De l'autre côté, l'appartement était propre et bien rangé. Les plats étaient à leur place sur le comptoir, le canapé sur lequel je dormais était également en ordre, les bibelots en tout genre étaient parfaitement organisés sur l'unique étagère moisissante du salon. Seul le balai faisait encore tâche, posé contre la table où je prenais mes repas, la majorité du temps seul, mais je ne tardai pas à aller le ranger dans le cagibi.

Puis je récupérai mon sac près de la porte d'entrée et m'en allai au lycée à pieds.



La journée se passa bien. Une journée simple pour un lycéen simple. Du moins c'est ce que je voulais croire. En réalité, un lycéen sachant qu'il mourrait assassiné dans son sommeil ne pouvait décemment pas se considérer comme « simple », même si c'était ce que je tentais de faire depuis mon plus jeune âge.

Néanmoins, la vie, Dieu, ou n'importe quel être ou force supérieure, qu'elle existe ou non, me rappelait sans cesse depuis mon enfance que jamais je ne serai « simple ». Déjà parce qu'à chaque seconde de mon existence, une peur enserrait mon cœur. Une toute petite peur, certes, mais une peur bien présente, au fond de moi. Cette peur ne me lâchait jamais, et elle avait le don de s'intensifier dès que la nuit tombait. Et de cette peur avait résulté ce qu'on aurait pu considérer comme un rituel auquel je ne manquais jamais.

Tous les soirs, inlassablement, depuis mes cinq ans.

Vérifier trois fois que la porte d'entrée est bien fermée, pareil pour les fenêtres, cacher les clés dans un nouvel endroit de l'appartement chaque soir, et recommencer deux fois. Puis s'enfermer dans ma chambre, vérifier le verrou trois fois, placer la chaise de mon bureau sous la poignée, et du carton sur la fenêtre. A ce moment-là, normalement, j'arrivais à dormir. J'avais cependant ajouter une pilule de somnifère à partir de mes dix ans, pour tenter de combler mes nuits passées sans fermer l'œil.

D'après ma mère, c'était à cause de ce rituel que mon père était parti. D'après moi, c'était une excuse plutôt absurde pour justifier son comportement destructeur dans le couple. Mais voulant rester le lycéen le plus simple que je pouvais être, jamais je ne lui avais fait remarquer. Mais même en voulant être un lycéen simple, je n'avais pas forcément tout le temps envie de rentrer chez moi une fois les cours finis, bien au contraire.

Et ce soir-là justement, j'allais découvrir l'excuse qui me permettrait d'échapper aux cris de ma mère si j'arrivais un peu trop tard.

La cloche de cinq heures venait de sonner, et ne voulant pas être emporté par le flot des élèves de ma classe s'empressant de quitter la salle et le lycée par la même occasion, je m'étais débrouillé pour ranger mes affaires le plus lentement possible ; juste assez pour être le dernier à partir. Cependant, au moment où je passais la porte, madame Salamanca me retint :

- Tu peux rester deux minutes s'il-te-plaît, Samuel ?

La prof de mathématiques était assise sur son bureau, ses cheveux roux contrastaient avec le vert profond du tableau à craie. Elle avait l'air soucieuse, à des lieux de la bonne humeur qu'elle avait arboré durant son cours.

- Que se passe-t-il ?

Je fis marche arrière et m'arrêtai deux mètres devant elle. Mon cœur s'accéléra. La peur ressurgit, mais pas celle de ma mort, plutôt celle qui imaginait le scénario suivant : Madame Salamanca se serait avancée légèrement puis m'aurait dit « J'ai vu que certains de tes camarades te malmènent de temps en temps, tu ne voudrais pas aller voir quelqu'un pour... ». Et alors j'aurais accepté parce que je ne sais pas dire non, et je serais reparti pour plusieurs mois chez un psy scolaire et autres joyeuseries déjà subies au collège et qui n'avaient mené à, comme toujours, rien. Les autres pouvaient bien me « malmener de temps en temps », je n'en avais rien à faire.

Mais heureusement, ou pas penserai-je plus tard, ce n'était absolument pas de ça dont ma prof voulait me parler.

- As-tu eu des nouvelles de Mathilde ?

Je fronçai les sourcils. Je ne me souvenais pas qu'elle la connaissait.

- Mathilde Campon ?

- Oui. J'ai sa classe cette année. Je vous vois manger ensemble régulièrement, c'est pour ça que je te pose la question à toi.

Je restai muet une seconde. Tous les profs étaient-ils aussi observateurs qu'elle ?

- Eh bien... Je l'ai vue samedi avec d'autres amis, mais c'est tout.

Je me rappelai une scène du film, celle où le protagoniste poussait une femme de l'escalator pour la faire tomber sur la statue pointue du Nice Etoile, puis la manière dont Mathilde était partie du cinéma, un poil énervée et pressée.

- Il s'est passé quelque chose ?

Son regard s'assombrit. La peur se manifesta encore. Plus forte.

- Si tu n'es pas au courant, je ne sais pas si je devrais te le dire.

- Dîtes-moi ! Ordonnai-je presque.

Mme Salamanca parut surprise. J'étais également étonné du ton que j'avais employé pour lui adresser la parole.

- Je suis son ami, ajoutai-je plus calmement. Dîtes-moi, s'il-vous-plaît.

Elle souffla de l'air par la bouche, rechercha ses mots et me révéla enfin ce qu'elle savait.

- Mathilde a eu un accident de la route, ce week-end. Je sais seulement qu'elle est à l'hôpital, c'est pourquoi je t'ai demandé si tu avais de ses nouvelles.

Je sentis mon cœur s'arrêter. Mathilde... Un accident de la route... Impossible. Impossible. Impossible.

Je renforçai mon emprise sur les lanières de mon sac et fit volte-face. Dans un éclair de lucidité, je me retournai et demandai :

- Quel hôpital ?

Un peu désorienté, elle balbutia avant d'énoncer une réponse claire.

- St Jean, à Cagnes.

- Merci ! Hurlai-je en courant hors de la salle.

Dans le couloir, je me remémorai en vitesse les emplois du temps des membres du club. Tim avait fini, Sarah finirait dans une heure, Axel et Victoria finissaient maintenant. Autant aller prévenir directement la directrice du club. Faisant confiance à ma mémoire (elle était très bonne), je montai les escaliers et bifurquai vers les salles de design.

Ma course fut cependant stoppée quand mon front se cogna violemment à un sac-à-dos brillant. Je reculai d'un pas, m'apprêtant à m'excuser, quand la jeune fille prit la parole avant moi :

- Depuis quand t'es pressé, toi ? Lâcha une Sarah déroutée.

- Où est Victoria ?

- Elle est partie il y a une heure, son père l'attendait.

Mince...

- Samuel ? Que se passe-t-il ?

Une nouvelle élève aux longs cheveux sombres venait de nous rejoindre, elle était dans la même classe que Sarah ; Leila.

- C'est Mathilde, lançai-je un brin affolé par la nouvelle. Elle est hospitalisée.

Je repris mon souffle, puis m'empressa d'ajouter :

- Accident de la route.

La gravité se lit automatiquement dans les yeux de Sarah.

- Il faut y aller, dit-elle immédiatement.

Je hochai la tête, l'air grave. Sarah tourna la tête vers Leila en faisant voler ses cheveux bleus fraichement recolorés.

- Prête-moi ta bagnole, lança-t-elle d'un ton impérieux.

- Hein ? Quoi ?! S'indigna l'autre. Non, jamais. Si c'est si grave, je vous accompagne.

Je soupirai, rassuré. Autour de nous, les gens riaient et discutaient, nous bousculant comme si nos problèmes n'existaient pas. Cependant, l'un d'entre eux s'arrêta subitement et annonça :

- Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais je viens avec vous aussi.

Je souris à Axel et bientôt, nous quittions le lycée tous les quatre.



Les jours avaient beau s'allonger, il faisait déjà nuit quand nous arrivâmes à l'hôpital. Les façades vitrées du bâtiment reflétaient les derniers lumières rouge sang de la journée ; je faisais cette constatation morbide en sortant de la voiture. Ne voulant pas perdre de temps, Leila venait de nous déposer devant l'entrée des visiteurs, elle irait se garer seule dans le parking.

- Je vous rejoins vite, nous promit-elle en redémarrant.

Axel prit la tête du groupe en entrant dans le centre de soin. Foulant le sol trop parfaitement blanc, je jetai des regards à droite et à gauche, observant les allées et venues du personnel hospitalier, des patients et des familles, le tout dans une atmosphère de médicament qui me prenait à la gorge.

- Que puis-je faire pour vous ?

Par chance, il n'y avait personne avant nous à l'accueil. Derrière son comptoir, la secrétaire en uniforme nous observait sous ses lunettes à monture carrée, bienveillante. Peut-être était-elle une étudiante de médecine en stage ici.

- Nous voudrions voir Mathilde Campon, déclara Axel.

- Elle a dû être accueillie ici ce week-end, ajouta Sarah.

- Vous faites bien d'arriver maintenant, nous dit la secrétaire, les heures de visites sont bientôt terminées.

Je hochai machinalement la tête, comme si nous étions parfaitement au courant. La jeune femme se mit alors à taper sur son clavier, puis plissa les yeux avant de cliquer quelque part sur l'écran que nous n'apercevions pas depuis notre place.

- Oh, lâcha-t-elle.

Je repris mon souffle, m'apercevant que je le retenais depuis que nous étions entrés.

- Je suis navrée. Mademoiselle Campon n'est plus parmi nous.

- Quoi ?! S'étrangla Axel.

Je fermai les yeux, et pour la deuxième fois aujourd'hui, je sentis mon cœur cesser de battre. A côté de moi, Sarah se crispa, je le sentis sans même la voir.

- Ses blessures n'étaient pas si graves, mais elle aura besoin de rééducation. Elle a été transférée dans un centre près de chez elle, plus tôt dans la journée.

J'expirai bruyamment tout l'air que je retenais dans mes poumons, en même temps que mes deux amis.

- Oh ! Pardon si je vous ai fait peur. Je croyais que vous saviez, vous êtes ses amis, non ?

Sarah acquiesça, muette, tandis qu'Axel expliquait pour nous :

- En effet, mais elle ne nous a pas mis au courant.

Une légère sonnerie suivie d'une vibration résonna alors dans le hall. Avec étonnement, je remarquai qu'elle provenait à la fois de mon portable, mais également de celui de Sarah et Axel.

- On dirait que c'est chose faite, maintenant, rigola la secrétaire.

Pris dans l'euphorie de la nouvelle, je pouffai à mon tour en sortant mon téléphone, m'attendant à lire un SMS rempli d'emojis de Mathilde. Pourtant, c'est un message de Victoria que je lis à voix haute.

- « Désolée. Je suis repartie pour un tour. »




Et voilà pour ces "Présentations", merci d'avoir lu jusque là. 

Je vous donne rendez-vous dans deux semaines pour la première "Hallucination".

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