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CINQUIÈME HALLUCINATION : Tim

            J'avais mis du temps à comprendre pourquoi Maman s'enfermait seule dans sa chambre tous les 8 juin. Si jamais il arrivait que ce jour tombe durant un week-end, Papa m'emmenait en ville pour se balader, et quand ma petite sœur Léa était née, le 8 juin était devenu le jour officiel de sortie entre Papa et ses enfants. Mais il y avait eu cette fois-là, quand j'avais quatorze ans, où les choses s'étaient déroulées autrement.

Le 8 juin était tombé un samedi, et Papa avait prévu une sortie cinéma, cette année-là. Moi, moche et méchant 2. N'ayant pas particulièrement envie d'aller voir ce film qui me paraissait bien trop enfantin, j'avais simulé un gros rhume le matin même du départ. Et je devais sacrément bien me débrouiller car mon père n'y avait vu que du feu. C'est comme ça que j'avais loupé ce film qui ne me plaisait pas vraiment, mais aussi que j'avais pu satisfaire ma curiosité.

En effet, si Léa ne s'était jamais demandée la raison de l'enfermement annuel de ma mère, c'était une question qui me taraudait depuis mon enfance. C'est pourquoi je m'étais rendu dans la chambre de mes parents quelques minutes après le départ de mon père et ma sœur.

J'avais toqué à la porte doucement, et elle m'avait ouvert une poignée de secondes plus tard, habillée pour mon plus grand étonnement. Elle semblait « normale », malgré les évidents cernes qui ornaient ses yeux bleus.

- Je me doutais que tu voudrais savoir un jour, m'avait-elle dit avec un sourire.

Elle m'avait invité à rentrer et à m'assoir sur le lit, avant de tirer le fauteuil de la coiffeuse en face de moi. Elle s'était installée confortablement et m'avait demandé :

- Tu veux vraiment écouter cette histoire ?

Sans hésiter, j'avais hoché la tête de bas en haut.

Avant de commencer, ma mère m'avait rassuré sur un point ; tout ceci n'avait rien avoir avec une quelconque affaire extra-conjugale, que ce soit de son côté ou de celui de mon père. Leur couple allait bien. C'était quelque chose dont j'étais déjà persuadé, mais comme tout adolescent voyant arriver le divorce chez les parents de certains amis, ces paroles m'avaient bel et bien rassuré.

Une hypothèse s'était alors inscrite dans mon esprit. Et si elle aussi savait ? Et si ma mère s'apprêtait à me révéler qu'elle savait comment elle allait mourir ? Plus que tout au monde, ça aurait été la meilleure chose qui me serait arrivée depuis des années. Mais je m'étais trompé.

Atrocement.

Ma mère avait vécu une grande partie de son enfance en Vendée, et l'avait passée jusqu'à la fin de la primaire dans un petit village en face de l'île de Noirmoutier. Sa grande sœur et elle étaient inscrites à l'unique école des environs, qui ne comportait qu'une seule classe de huit élèves, de quatre niveaux différents et dont la seule maîtresse était également la directrice. Si aujourd'hui cette situation serait complètement impossible, ce genre de bizarrerie scolaire était courante à cette époque, dans les zones particulièrement éloignées des villes.

Avec si peu d'élèves et de jeunes en générale près de chez elle, ma mère se serait sûrement beaucoup ennuyée si elle ne s'était pas bien entendue avec ses camarades. Heureusement, les huit enfants de six à onze ans passaient leurs journées ensemble, que ce soit à l'école ou dans le village, et les engueulades n'éclataient que très rarement. Ma mère était donc une petite fille de neuf ans très heureuse, même si Jasmine, la plus grande de l'école, lui tapait régulièrement sur le système. Elle la trouvait parfois trop autoritaire et prétentieuse, mais rien de bien méchant.

Le 8 juin 1973, il avait fait particulièrement chaud, et l'institutrice avait écourté la journée de cours pour emmener les enfants à la plage non loin de là. A l'époque, ça se faisait. Mais après un kilomètre à pied, la classe à l'unanimité avait trouvé l'eau trop froide pour se baigner, alors le petit groupe avait fait demi-tour et était allé jouer dans un petit jardin d'enfant à deux pas de la plage.

Il y avait tout ce dont les bambins pouvaient rêver à cette époque ; tobogans, balançoires, etc... Mais les jeux préférés de ma mère, c'étaient ces grandes barres métalliques soutenues par deux poteaux, desquelles elle adorait se pendre et qu'on appelait « Branches de singes ». Il y en avait d'ailleurs une près de la plage ; mais celle-ci était trop haute pour qu'elle puisse s'y accrocher. Seule Jasmine était suffisamment grande pour l'atteindre et comme il s'agissait à elle aussi de son jeu préféré, elle ne s'était pas faite prier pour l'essayer.

Sous l'œil boudeur de ma mère et celui attentif de la maîtresse, Jasmine avait donc sauté pour s'accrocher à la branche de singe, tandis que les six autres enfants vaquaient dans les autres animations.

- Hé regardez-ça ! Avait hurlé Jasmine d'une voix éclatante. A une main !

Avec ça, elle avait ouvert sa paume gauche pour que seule sa main droite soit accrochée à la barre métallique. Ses petits pieds pendouillaient à une vingtaine de centimètres du sol seulement, mais ça suffisait amplement pour impressionner les plus jeunes. Deux jumeaux, les fils du boucher, l'avaient applaudie du haut de leurs six ans, complètement admiratifs.

- Je vais monter dessus maintenant !

Comme annoncée, Jasmine se hissa tant bien que mal en cochon pendu, en s'aidant des crochets placés le long de la barre. Ces crochets en arc de cercle d'une bonne dizaine de centimètres étaient là pour permettre d'accrocher d'éventuelles balançoires ou autres cordes à nœuds. Ma mère m'avait alors confié que déjà à cet âge-là, elle les trouvait bien trop pointus.

- Fais attention ! Avait prévenu la maîtresse. Ne vas pas tomber le dos sur l'asphalte !

Pour toute réponse, Jasmine avait rigolé et fais coucou à la seule adulte des lieux. Pendant ce temps, ma mère n'avait pas quitté son amie des yeux, un brin jalouse mais aussi un brin impressionnée par les figures qu'elle parvenait à effectuer.

- Je vais me mettre debout maintenant !

Encore une fois sans attendre, Jasmine s'était mise en mouvement. A la force de ses bras et de ses jambes, elle était parvenue à hisser son genou et son coude droit sur la barre métallique.

- Jasmine arrête ça c'est dangereux ! Avait hurlé la maîtresse.

Mais la jeune fille ne l'écoutait pas. Elle avait ensuite posé ses deux mains sur la barre et mis son autre jambe derrière elle. Lentement, elle avait pris appuie sur ses deux pieds et avait poussé sur ses mains, la mettant à quatre pattes sur une barre pas plus large que dix centimètres.

- Descends tout de suite ! S'était époumonée l'institutrice, attirant les regards de tous les enfants.

Mais Jasmine, dans son propre monde, ne l'entendait pas. Elle n'entendait personne. Emportée par son objectif d'être debout sur la « branche », plus rien d'autre n'avait d'importance pour elle. Alors elle s'était relevée, tout doucement, prête à accomplir cet acte de courage.

Mais à mi-chemin, son pied droit glissa de la barre et tout son corps bascula de ce côté-là. En une fraction de secondes, l'un des crochets transperça l'intérieur de sa cuisse et remonta jusqu'à l'aine, lacérant impitoyablement l'artère fémorale alors que Jasmine tombait du jeu.

Bien sûr, ma mère n'avait pas compris ce qu'il se passait réellement. Tout ce qu'elle était parvenue à saisir, c'était que son amie saignait beaucoup, beaucoup trop, et que la mare de sang dans laquelle Jasmine avait chutée n'augurait rien de bon. En effet, la jeune fille était morte moins de dix secondes plus tard, devant tous ses camarades et sa maîtresse impuissante.

Ma mère m'avait raconté cette histoire calmement, même si l'émotion trahissait parfois sa voix. Après tant d'année, elle n'avait toujours pas réussi à s'en remettre complètement, et le 8 juin représentait pour elle un jour de deuil. C'est cette histoire qui m'avait fait dire que la pire chose qui pouvait m'arriver serait de voir un proche mourir d'une manière particulièrement violente devant moi. Et d'être complètement impuissant face à ça.

Mais cela n'avait pas du tout été suffisant pour me préparer à la mort d'Axel, deux ans plus tard.



- Joyeux anniversaire !

Nos cinq voix résonnèrent à l'unisson dans la fête foraine. Quelques passants nous jetèrent des coups d'œil amusés, avant de retourner vaquer à leurs occupations. En face, au début du couloir de sortie de l'attraction, Axel souriait à pleines dents, quelque chose que je n'avais encore jamais vu. La pression était enfin retombée ; il avait survécu, alors je m'autorisai à pleurer quelques larmes.

Le garçon se mit à courir vers nous, mais se retourna à mi-chemin ; quelque chose venait de tomber de sa poche. J'entendis Sarah rigoler à côté de moi, tandis qu'Axel faisait demi-tour pour le ramasser. Mais alors qu'il se baissait, un gros bruit métallique déchira l'air et une vision aussi étrange que morbide se matérialisa sous mes yeux.

Tout en haut du « Typhoon », un wagon venait de sortir des rails, et fonçait droit vers le couloir de sortie. Vers Axel.

Celui-ci s'était relevé et l'observait venir à lui, immobile.

La pire chose qui pourrait m'arriver était en train d'arriver. Moins d'une seconde avant l'impact, je baissai la tête et détournai les yeux, rencontrant le visage horrifié de Mathilde, en larmes. Un deuxième bruit sourd retentit, suivi d'un cri haut perché. D'autres cris s'élevèrent peu à peu dans l'atmosphère et je fermai les paupières.

Une seconde plus tard, je les rouvris et vis Leila courir vers ce que je supposais être un wagon ensanglanté.

- Axel ! Hurla-t-elle, cassée.

Je restai sans bouger plusieurs secondes, sans oser briser le contact des yeux de Mathilde, de peur de croiser le corps de mon ami écrasé par le wagon. Je relevai néanmoins la tête et vis le visage de Sarah déformé par ce qu'elle voyait. Ses lèvres étaient coincées dans une moue apeurée et tremblotaient frénétiquement. Une main s'appuya soudain contre sa bouche, peut-être pour s'empêcher de vomir, et elle tourna les talons en vitesse, s'enfuyant je ne sais où.

Je sortis alors de ma paralysie et l'appelai :

- Sarah !

Ses mèches bleues disparaissant dans la foule qui s'amassait fut sa seule réponse.

Ni une ni deux, je me relevai et partis à sa poursuite. Ma course fut cependant très vite interrompue car je trébuchai sur Samuel, recroquevillé sur lui-même au sol.

- Pardon, balbutiai-je à la va-vite.

Mais Samuel ne s'en préoccupait absolument pas, ses yeux étaient rivés sur ce que je ne voulais pas voir.

- Tim ! Me héla alors Mathilde. Où est-ce que tu vas ?

Elle tentait de garder son calme mais son ton trahissait sa panique.

- Je vais chercher Sarah ! Ne laisse pas Leila et Samuel seuls !

Mathilde acquiesça vaguement et rejoignit Samuel en vitesse.

Où est-elle ?

Je me relevai rapidement et courus comme un dératé vers la foule où Sarah avait disparue. Je me faufilai entre les gens en tentant de rester debout, mais de plus en plus de curieux se réunissaient autour du « Typhoon », certains avaient déjà dégainé leurs smartphones. Je parvins à sortir de la masse humaine une minute plus tard et hurlai :

- Sarah !

Elle ne me répondit évidemment pas, mais je la repérai de l'autre côté de la route, près d'une allée que je connaissais bien. Elle se dirigeait vers le lycée.

Ni une ni deux, et sans me soucier de mon cœur qui battait la chamade dans ma poitrine, je pris mon élan et m'élançai sur le passage piéton, me fichant de savoir si je pouvais traverser ou non. J'entendis vaguement un klaxon tonitruant mais je me retrouvai sur le trottoir opposé avant de me faire écraser. Je repris mon souffle une seconde et aperçut les cheveux étincelants de Sarah vingt mètres plus loin ; elle allait bien vers le lycée.

J'aurais voulu plus m'interroger sur ce qui la poussait à y aller mais la priorité était de la rattraper, alors je me remis à courir sans attendre.

Le début de l'allée était parfaitement éclairé par les lampadaires, mais seule la Lune diffusait sa lumière jusqu'au bout, si bien que je fus incapable de voir avec quoi mon amie était parvenue à déverrouiller le portail. Je ne remarquai que sa silhouette se faufiler vers l'entrée du lycée, et le portail se refermer lentement derrière elle. Si ce-dernier revenait dans sa position initiale, j'étais définitivement coincé dehors. C'est pourquoi j'accélérai.

Je parvins à rattraper la porte métallique avant qu'elle ne se verrouille et la poussai pour la rouvrir complètement. Elle était lourde et la fatigue n'aidait pas, mais j'arrivai tout de même à mes fins. Après avoir repris ma respiration, j'aperçus Sarah déverrouiller les portes vitrées du hall, avant de s'engouffrer à l'intérieur. Pendant un instant, je crus qu'elle allait refermer derrière elle mais elle n'en fit rien. De loin, je vis son ombre progresser dans les confins de l'établissement, puis je me décidai à la rejoindre.

Jamais le lycée ne m'avait paru aussi calme et vide. Encore une fois, seuls les rayons lunaires traversant les baies vitrées éclairaient le hall, révélant à peine le sol et les murs. Me fiant à mon ouïe, je suivis les bruits de pas qui me parvenaient depuis la vie scolaire. Sarah ne courait plus, elle marchait. Sans me presser non plus, je parcourus les couloirs dénués de rires et de cris d'adolescents, jusqu'à arriver devant les escaliers menant au parc de lycée, situé juste à côté du toit. En haut des marches, Sarah sortit une clé de sa poche et déverrouilla la porte. Je la laissai rentrer sans l'appeler.

Une seconde d'hésitation me fit m'arrêter quelques secondes plus tard. Devais-je vraiment la suivre ? Ne préférerait-elle pas être seule ? Puis ce que j'avais dit à Mathilde trois minutes plus tôt me revint à l'esprit. Ne les laisse pas seuls. Je secouai la tête et avançai. S'isoler n'était pas une bonne idée, nous devions affronter cette épreuve ensemble.

On pouvait accéder au toit du lycée depuis le parc. Bien sûr, l'accès était interdit et seuls les agents d'entretien possédait les clés pour aller effectuer diverses opérations là-haut si besoin, mais comme je m'y attendais, Sarah aussi avait les clés pour une raison inconnue. Je passai la barrière ouverte et posai pour la première fois les pieds sur le toit gravillonné.

Elle était là, dix mètres plus loin, allongée sous la Lune.

Je m'approchai sans bruit, admirant ses cheveux bleus briller dans le noir. Cette vision venue d'ailleurs me fit presque oublier la tragédie qui venait de se passer.

- Sarah ?

Pas de réponses. Evidemment...

Loin de me décourager, et après avoir essuyé les larmes qui subsistaient le long de mes joues, je vins à sa hauteur et m'allongeai à ses côtés. Nous admirâmes les étoiles sans bruit quelques minutes, puis je brisai le silence.

- Tu attends qu'une météorite tombe du ciel et t'écrase ?

Au loin, la sirène des pompiers résonna et l'envie de pleurer revint à la charge.

- Qu'est-ce que je pourrais faire d'autre ? Répondit Sarah d'une voix las. Mes deux meilleurs amis sont morts en même pas deux mois.

Le silence s'installa une nouvelle fois, encore plus lourd que précédemment. Si je voulais faire avancer les choses, je devais changer le sujet, au moins temporairement.

- Comment ça se fait que tu possèdes les clés du lycée ?

Sarah soupira un bon moment, pendant si longtemps que je crus qu'elle allait rester muette. Heureusement, elle finit par prendre la parole :

- La première fois qu'on s'est parlés, dit-elle. La première fois qu'on s'est parlés, quand je t'ai recruté, je t'ai dit que j'avais volé les plans du lycée lors d'une visite dans le bureau du proviseur. Ce n'était pas un mensonge. Je savais aussi qu'un double de chaque clé se trouvait dans un coffre de la vie scolaire, et que seule la CPE possédait les clés de ce coffre. Un jour, j'ai fait exprès d'arriver en retard pour être convoquer chez elle. Cependant, elle a dû s'absenter quelques minutes car un fumigène s'était déclenché dans l'allée du lycée. C'était le mien.

Je manquai de m'étouffer en entendant cela. Etait-elle vraiment sérieuse ?

- Elle est partie en vitesse du bureau, et tous les surveillants aussi. J'ai récupéré la clé dans le bureau de la CPE, et je suis allé ouvrir le coffre dans celui de la vie scolaire. J'ai récupéré les clés des entrées et sorties et les aies fourrées dans mon sac. Je savais qu'il n'y avait aucune raison qu'ils ouvrent le coffre, alors j'ai pris le loisir d'aller faire un double des doubles pendant l'heure de la cantine. Ce sont des clés simples, moins d'une heure pour toutes les faire, et il n'y en avait que cinq. Portail principal, portes du hall, portail de la cour du bas où les camions rentrent pour livrer la cantine, et portail du parking des professeurs. J'avais aussi eu la présence d'esprit de récupérer la clé de la vie scolaire. J'ai eu le temps de revenir au lycée avant la fin de la pause, quand les surveillants mangent à la cantine. Avec la clé de la vie scolaire, je suis rentrée, j'ai remis les doubles dans le coffre, et suis partie remettre la clé du coffre à sa place chez la CPE, car elle mangeait, elle aussi. C'est comme ça que j'ai eu ces clés.

Elle se fout complètement de moi. C'était l'explication la plus logique, mais je ne voyais pourtant pas d'autres hypothèses permettant d'expliquer pourquoi elle possédait ces clés.

- Et pourquoi tu les as prises, ce soir ?

- Je voulais qu'on vienne voir les étoiles tous ensemble, après la fête. Je suppose que c'est loupé.

- Ne dis pas ça.

Pour la première fois depuis que nous étions sur le toit, Sarah bascula sa tête de mon côté, pour me regarder.

- J'ai tort ? Demanda-t-elle.

- Oui. T'as beau avoir des meilleurs résultats que moi en cours, et sans tricher je veux bien te l'accorder, tu te trompes. Nous pouvons venir voir les étoiles ensemble, et Victoria et Axel aussi, même s'ils ne sont pas là physiquement. Ils restent-

- Dans nos cœurs ? C'est stupide.

C'est vrai que ça sonne stupide, eus-je envie de penser. Mais je me ressaisis à temps.

- C'est toi qui est stupide.

- Pardon ? S'étrangla Sarah.

- Tu es stupide, répétai-je. Stupide de croire qu'une météorite va t'écraser parce que t'en as envie.

Je l'entendis grincer des dents.

- La probabilité n'est pas si faible, rétorqua-t-elle. Enfin si, mais peu importe. Elle existe. Et comme je mourrai écrasée par une météorite, je peux très bien l'être dans les cinq prochaines minutes. Ce serait même une suite logique. Victoria, Axel, et maintenant moi.

Je haussai les épaules et soufflai, dédaigneux.

- C'est bien ce que je dis, tu es stupide.

Sans prévenir, Sarah roula sur le côté et se plaça au-dessus de moi. En une fraction de seconde, ses mains bloquèrent mes poignets contre les graviers et elle écrasa mon ventre en s'asseyant dessus.

- EN QUOI SUIS-JE STUPIDE ? Hurla-t-elle. EN QUOI N'AI-JE PAS LE DROIT D'AVOIR ENVIE D'EN FINIR ?

Elle reprit son inspiration alors que ses larmes tombaient sur mon torse.

- MES AMIS SONT MORTS !

Dans la nuit, ses yeux gris me lançant des éclairs semblaient aussi noirs que les ténèbres.

- Ils ont été emportés par l'Eternel Retour, ajouta-t-elle plus doucement, prise par le flot de ses larmes.

Je sentis sa prise se desserrer alors je tentai de me libérer mais elle appuya de plus belle, mes mains s'enfonçant et s'écorchant un peu plus dans les graviers.

- Il n'y a pas d'espoir ! Cria-t-elle. En quoi suis-je stupide d'être réaliste ?

Sa voix se brisa mais sa poigne resta aussi forte. Sans pouvoir bouger, je vissai mon regard dans le sien et lançai :

- Tu es justement stupide d'abandonner ! J'avoue que l'idée était particulièrement tentante quand j'ai appris la mort de Victoria, mais Axel m'a remis les neurones en place ! Il s'est battu ! Et il a échoué, mais il s'est battu ! Il voulait changer son destin, comme Mathilde l'a miraculeusement fait. Alors tu crois qu'il voudrait qu'on abandonne maintenant qu'il est mort ? Je ne suis son ami que depuis trois mois alors que ça fait des années que vous vous connaissez tous les deux, alors pourquoi est-ce que je comprends ça et pas toi ?!

Elle plissa ses yeux remplis de larmes, sans lâcher sa position.

- Parce que tu es stupide ! C'en est bien la preuve, non ?

Sarah grimaça et baissa la tête, sans répondre.

- Alors arrête de l'être et bats-toi ! Finis-je par hurler.

- Mais comment peut-on nous battre ?

Sa voix brisée brisa mon cœur.

- Je n'en sais rien... Répondis-je malgré moi.

Subitement, Sarah me lâcha et se laissa glisser sur le dos, revenant à sa position initiale.

- J'en conclus qu'on est tous les deux stupides.

La remarque me fit rire.

- Et tu sais ce que les gens stupides font ?

- Qu'est-ce qu'ils font ?

Sans crier gare, et poussé par je ne sais quoi, je me relevai légèrement et posai mes lèvres contre les siennes.

A ma grande surprise, Sarah ne brisa pas le contact et nous restâmes ainsi plusieurs longues secondes ; lèvres contre lèvres, âme contre âmes, nos deux corps sous les étoiles. Je finis par mettre un terme au baiser après un temps, puis m'allongeai une nouvelle fois auprès d'elle.

- Je crois que ça fait du bien d'être stupide de temps en temps, lâcha Sarah.

J'acquiesçai silencieusement, le regard perdu dans les astres, sincèrement convaincu que cette histoire finirait bien. 

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