Troisième tome - Troisième chapitre
"Il se comporte comme s'il n'y avait jamais rien eu entre vous deux."
- Hermione, Ron, venez manger ! Où est Ginny, ne me dites pas qu'elle est encore sous la douche ?!
Je reste immobile dans le salon, comme si je n'étais plus libre de mes mouvements. Je n'arrive pas à mettre de mots sur ce que je ressens à l'instant. Je n'arrive plus à réagir. Je n'arrive plus à faire face à tout ce qui me tombe dessus. Brutalement. Sans crier gare. Tout fout le camp. Tu n'es pas loin. Non, tu n'es qu'à quelques mètres de moi... Une seule pièce nous sépare l'un de l'autre. Pourtant, sans même te voir, j'arrive à deviner ce gouffre immense qu'il y a entre nous. Je n'arrive pas à me résoudre à rejoindre la cuisine. Je ne peux pas m'imaginer devant toi. Devant toi, qui fais comme si je ne suis rien de plus à tes yeux qu'Hermione, l'amie de ton frère.
Nous sommes revenus à la case départ. Tu es Fred, et tu brilles par ton éclat. Je suis Hermione, Miss-Je-Sais-Tout, amie de Ron et Harry. J'ai envie de vomir, ou de pleurer, je ne sais même plus... J'ai envie de m'enfuir, de tout quitter, de tout laisser derrière moi. J'ai besoin de Seth. J'ai besoin de son soutien, de son sourire qui m'apaise. J'ai besoin d'être n'importe où, sauf ici. Ginny, qui sort de la douche, passe dans le salon pour rejoindre la cuisine et elle s'arrête devant moi, perplexe.
- Qu'est-ce que tu fais ?
C'est à peine si je réagis. À peine si je la vois. Je viens d'entendre ta voix s'élever dans la cuisine. Je l'ai reconnue. Bien sûr que je l'ai reconnue... Je ne pourrais jamais me résoudre à rejoindre cette pièce. Je panique, bien plus que je n'aurais pu l'imaginer. Je ne suis pas prête...
- Hermione ?
Vos rires résonnent dans la cuisine alors que j'entends Molly s'énerver de plus belle. En vous entendant, Ginny semble comprendre mon trouble et elle s'approche plus près de moi pour me prendre la main. Je ne suis pas prête...
- Ça va bien se passer, Hermione. Fred n'est pas rancunier, il ne te fera pas de reproche.
Mais peut-être aurais-je préféré... Si je dois choisir entre des reproches ou ton ignorance, je choisis sans la moindre hésitation les reproches. Tu n'es pas encore devant moi, mais je peux presque deviner le comportement que tu vas adopter. Ton frère s'est montré particulièrement clair à ce sujet. Et je ne suis pas prête pour ça...
- Ginny ! Hermione ! On ne va pas manger à minuit tout de même !
La rouquine m'adresse un sourire désolé, et après m'avoir lancé un regard encourageant, elle nous entraîne toutes les deux en direction de la cuisine. Maintenant, je sais. Ce n'est pas l'envie de pleurer, que je ressens, mais l'envie de vomir. Je distingue avec encore plus de facilité ta voix au milieu des autres, et je lâche la main de Ginny alors que nous passons le seuil de la porte. Je ne sais pas où regarder pour ne pas te voir, alors je me concentre sur Molly qui est en train de servir les assiettes.
- Ah, enfin ! s'exclame-t-elle en nous voyant arriver. Prenez place. Ron, donne-moi l'assiette d'Hermione, s'il te plaît.
À mon tour, je regarde en direction de Ron en t'évitant soigneusement. Je remarque alors que ma place se trouve aux côtés du rouquin, avec Ginny à ma droite. J'aimerais soupirer de soulagement, mais je n'en fais rien, et je pars m'asseoir à côté de Ron. Alors que je prends place, Molly dépose une assiette fumante devant moi et je lève les yeux pour la remercier, mais c'est ton regard que je croise. Tu es assis juste en face de Ron, tellement près de moi... Les quelques secondes où mon regard s'ancre dans le tien suffisent à me faire chavirer et il me semble que nous détournons les yeux en même temps. Je ne suis pas prête pour ça... Je remercie finalement Molly avec du retard, et je baisse les yeux sur mon assiette dans l'optique de ne plus lever le nez jusqu'à la fin du repas. Et au début, j'y parviens. J'écoute tout ce que tu dis sans montrer mon intérêt, tout en feignant l'ignorance autant que je le peux. J'échoue lamentablement lorsque tu t'adresses à moi en me faisant sursauter.
- Herminione, tu peux nous passer le sel ?
Tu t'adresses à moi d'un ton si détaché, si léger, si... naturel, que je ne peux m'empêcher de te lancer un regard noir en retour. Je sais que tout est de ma faute, mais si tu savais comme je t'en veux, en cet instant. Je te tends le sel en essayant de ne pas trop m'attarder sur ton visage et alors que je décide de replonger le nez dans mon assiette, tu m'en empêches.
- Comment vont les cours ? ajoutes-tu.
- Ça serait un comble qu'une préfète et meilleure élève de l'école ait de mauvaises notes..., enchérit George.
Autour de la table, Ron et Ginny se taisent pour entendre notre discussion, et je me rends soudainement compte que tu n'es pas au courant. Tu ne sais rien de nos futurs projets, à Harry, Ron et moi. J'ai fait en sorte que Ron dise à ses parents de ne pas ébruiter la nouvelle, ce qui convient parfaitement à Molly. Elle n'arrive déjà pas à tolérer l'idée que Ron s'en aille sans savoir où, ni quand, ni pourquoi, alors tenir deux autres de ses fils éloignés de tout danger, ou de toutes idées dangereuses lui convient à merveille. Tu n'es pas au courant... Réagirais-tu de la même manière si tu savais ? Est-ce que cela changerait certaines choses, entre nous ? Je ne sais même pas ce que j'attends de toi. Et je ne suis plus en droit d'attendre quoi que ce soit de toi...
- Je n'ai pas de mauvaises notes, je réponds enfin.
- Je suppose que tu attends la lettre qui annoncera que tu es préfète-en-chef avec impatience, ajoute George.
Je ne peux pas passer à côté de la rancœur dans la voix de ton frère. Et je me rends alors compte qu'il m'en veut. Peut-être même plus que toi, c'est d'une telle ironie... J'aimerais que tu déverses sur moi ta colère plutôt que ton ignorance. Et ignorant, tu l'es. Oh oui, tu l'es tellement. Je vois Molly grimacer en songeant certainement que je ne serais jamais préfète-en-chef, et je prie pour qu'elle tienne sa langue.
- Tu supposes bien.
Je t'entends ricaner, et je lève de nouveau un regard noir en ta direction. Si seulement je pouvais savoir ce qu'il se passe dans ton esprit à cet instant. Si seulement je pouvais mettre des mots sur le regard presque moqueur que tu me lances...
***
- Ah, enfin !
Je lève les yeux en entendant maman s'exclamer et je vois en premier Ginny entrer dans la pièce. Hermione la suit de près, et je m'attarde un moment sur son visage. Je ne saurais même pas dire depuis combien de temps je ne l'ai pas vue. Elle remarque qu'une place est libre à côté de Ron, et elle part s'y installer dignement en évitant mon regard. Maman dépose une assiette pleine à ras bord devant Hermione, et en levant les yeux, elle croise mon regard. Je remarque alors les cernes sous ses yeux, et j'ai l'impression qu'il manque quelque chose, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Elle déglutit avant de baisser les yeux sur son assiette alors que je sens quelque chose fourmiller en moi. Les minutes passent et Hermione ne quitte pas son assiette des yeux.
Est-ce que c'est un signe du paradis,
Me montrant la lumière ?
- Herminione, tu peux nous passer le sel ?
Je n'ai aucunement besoin de sel, mais j'ai seulement ressenti l'envie de la faire réagir. Elle lève de nouveau les yeux sur moi en me lançant un regard noir. Je vois qu'elle ne le supporte pas. Qu'elle ne supporte pas mon ignorance ni le ton léger que j'emploie, comme s'il n'y avait jamais rien eu entre nous. Mais qui de nous deux a décidé de mettre un point final à tout ça ?
- Comment vont les cours ? je demande alors sans vraiment m'en rendre compte.
- Ça serait un comble qu'une préfète et meilleure élève de l'école ait de mauvaises notes..., ajoute George.
- Je n'ai pas de mauvaises notes.
Est-ce que ça devait se passer ainsi ?
Hermione répond d'un ton digne, froid, voire même hautain. Nous sommes de retour à la case départ, et j'ai devant moi Hermione Granger, l'amie de mon frère, celle que je connaissais jusqu'au début de la cinquième année.
- Je suppose que tu attends la lettre qui annoncera que tu es préfète-en-chef avec impatience, enchaîne George.
- Tu supposes bien.
Je suis mieux sans toi.
Je ne peux pas m'empêcher de ricaner en sentant la rancune monter en moi. L'école, les notes, son statut de préfète... Toutes ces choses qui ont poussées Hermione à tout foutre en l'air. Toutes ces choses auxquelles elle apporte tellement d'importance et que je ne comprends pas. Toutes ces choses qui sont passées avant moi. Quand je pense à notre relation, j'ai l'impression d'avoir perdu plus d'un an de mon existence. J'ai l'impression d'avoir tourné en rond, sans jamais m'arrêter. J'ai l'impression de ne pas avoir été vraiment moi-même. Et plus le temps passe, plus je me dis que tout ça, c'est un mal pour un bien. On s'enfonçait dans une chose que l'on ne contrôlait pas.
Alors tu peux me quitter ce soir.
Avec Hermione, tout était toujours compliqué. Avec Iris, c'est différent. Tout est simple. Fluide. Tout semble aller dans l'ordre des choses. Iris est l'exact contraire de Hermione. En sortant avec elle, je suis passé d'un opposé à un autre. Iris ne se prend pas la tête, ses blagues sont presque aussi nulles que celles de Lee, et la seule chose sur laquelle elle est intraitable est l'éducation de sa jeune sœur. Au cours du mois, Iris a testé la plupart de nos inventions, ce qu'Hermione n'a jamais consenti à faire. La bougie rose fluo y est également passée. Pendant des mois, durant plus d'un an, j'ai cru qu'Hermione serait la prochaine fille avec qui je ferais l'amour. Il faut croire que le destin en a décidé autrement.
Et n'essayes même pas de revenir.
En y songeant, je lève les yeux en sa direction et je la vois, le nez plongé dans son assiette. Je remarque à quel point elle est mal à l'aise, je devine qu'elle aurait préféré que je ne sois pas là ce soir. Quand je la vois comme ça, je me rends compte que tout nous oppose, que nous sommes trop différents, que nous avons été idiots d'y croire. Maintenant, avec du recul, je peux comprendre son choix. Je ne sais pas si j'aurais été prêt à attendre si elle a encore deux ou trois années d'études devant elle. Je l'aurais attendu, bien sûr, mais nous y aurons laissé trop de nous deux. Son choix était le bon, elle n'a juste pas su comment s'y prendre. Elle a tout abandonné d'un seul coup, alors que nous aurions pu en parler calmement. Mais aurais-je accepté cette idée, quelques mois auparavant ?
Pour essayer d'arranger les choses.
Toujours est-il que nous en sommes là. Elle en face. Et moi ici. Séparés par mille mondes, mille contradictions, mille différences. Plus loin l'un de l'autre que nous ne l'avons jamais été, même avant notre relation. Autrefois, elle était là pour nous engueuler, pour nous rappeler les règles de Poudlard, pour assurer son rôle de préfète. Et maintenant, elle se contente de m'éviter, tout comme je m'obstine à faire comme s'il n'y avait jamais rien eu.
Parce que je serais prêt pour le combat.
***
Le repas me semble interminable. Je n'ai avalé que deux ou trois bouchées, mais je me sens déjà nauséeuse. Le plus dur n'est pas ton ignorance, non, je m'étais trompée. Le plus dur, c'est cette manière dont tu t'adresses à moi comme si de rien n'était. J'ai vraiment l'impression d'être de retour au tout début de la cinquième année, alors que nous ne représentions rien, l'un pour l'autre. Et ce comportement est bien plus meurtrier que ton ignorance. Tu ris avec George, tu charries Ron, tu te fais réprimander par Molly, comme s'il n'y avait jamais rien eu. Comme si Dumbledore n'était pas mort. Comme si nous n'étions pas en danger. Comme si je n'avais jamais existé. Comment peux-tu ignorer à ce point le monde qui t'entoure ? Comment peux-tu faire la sourde oreille à ce point ? Je ne te comprends pas. Je ne te comprends plus. Mais t'ai-je déjà compris ? Ai-je un jour réussi à cerner la personne que tu es ? J'ai l'impression de faire face à un inconnu. Un inconnu qui a les traits de ton visage que j'aime tant, et que je m'efforce de ne pas regarder. Un inconnu qui a ta voix, cette voix qui me manque affreusement. Un inconnu qui a ton rire, cette lueur malicieuse dans le regard. Un inconnu qui me retire le peu d'énergie qu'il me reste...
- En tout cas, intervient Molly brusquement, je suis contente de voir que vous vous entendez comme autrefois.
Elle n'a pas le temps de terminer sa phrase que je comprends qu'elle parle de toi et de moi. J'esquisse un petit sourire pincé en gigotant sur ma chaise alors que Molly enchaîne en souriant joyeusement.
- J'ai dit à Arthur que je craignais que les choses soient différentes, avec cette rupture, et il faut dire que nous ne t'avions pas vu depuis les vacances de Noël, Hermione, alors je commençais à m'inquiéter. Mais je vois que tout semble fonctionner.
Je hoche la tête en essayant de sourire de nouveau, et je croise rapidement le regard gêné de Ginny. Qui, de toi et moi, est le plus gêné autour de cette table ?
- Tout va à merveille, réponds-tu alors que je devine un sourire dans le son de ta voix.
- Vous faites preuve d'une grande maturité, ajoute Molly alors que je prie pour qu'elle change de sujet. Et je pense que vous avez pris la bonne décision, je n'aurais pas parié un gallion sur votre couple, termine-t-elle en riant.
Je me prends la remarque de Molly en pleine face et j'essaye de ne rien laisser paraître. Que moi, je ne crois plus en notre couple est une chose, mais que les autres n'y aient jamais cru, c'en est une autre... Je sens intérieurement que je commence à être agacée. Du coin de l'œil, je vois que Arthur essaye de faire comprendre à sa femme qu'elle s'engage sur une pente glissante et je risque un regard de ton côté. Tu m'ignores cependant royalement. Alors que je me sens plus seule que jamais, Ginny décide de venir à mon secours, et à ma grande surprise, Ron également.
- Je suis sortie avec Harry avant la fin de l'année scolaire, annonce-t-elle d'emblée sous les yeux écarquillés de sa mère. Nous avons rompu également.
- Et moi je suis sorti avec Lavande cette année, ajouta Ron. Nous avons rompu aussi.
Molly regarde ses deux enfants à tour de rôle, l'air ébahi, avant de se tourner vers son mari qui se contente de hausser les épaules en souriant. De son côté, Ginny m'adresse un petit sourire discret et je la remercie silencieusement.
- Tu es sortie avec Harry ? Harry Potter ? Mais... Et toi, ajoute-t-elle en se tournant vers Ron, tu avais une petite amie !
- Ne sois pas si étonnée, c'est vexant, bougonne Ron.
- Et moi je vais probablement sortir avec Angelina, ajoute George.
Tous les regards se tournent vers George, et je ne peux pas m'empêcher de me sentir idiote. Il y a des mois, j'ai craint un possible rapprochement entre toi et Angelina. Mais il faut croire que le charme a opéré sur ton frère...
- Angelina ? Mais... Et qui est cette Lavande ? Vous avez d'autres choses à nous annoncer, où nous avons fait le tour ?
Je sais que cette question s'adresse soit à toi, soit à moi, puisque nous sommes les deux personnes restantes. Je jette un coup d'œil en ta direction, et lorsque je remarque que tu t'apprêtes à prendre la parole, je sens tout mon métabolisme s'arrêter de fonctionner.
Non, ne dis rien...
- Si on en est aux confidences, commences-tu en souriant.
Tais-toi, s'il te plaît...
- Moi, je sors avec Iris.
Je sens mes oreilles bourdonner et je ne sais plus si mon cœur s'est arrêté de battre, ou si, au contraire, il bat avec encore plus de frénésie.
- C'est qui celle-là ?! demande Ginny avec agressivité.
- Ouais, c'est qui celle-là ? ajoute Ron.
Je ne sais plus quoi faire, quoi dire, ni comment réagir. Je reste immobile, je ne sais même plus si je te regarde ou pas. Mais à quoi est-ce que je m'attendais ? Bien sûr que tu as repris ta vie de ton côté. Bien sûr que tu n'allais pas passer des mois à m'attendre en t'apitoyant sur ton sort. Bien sûr...
- Je l'ai rencontrée au magasin au début du mois, réponds-tu, calmement.
- Et je peux vous dire que maintenant, il passe plus de temps à l'extérieur qu'à l'intérieur de la boutique, ajoute George.
Par pitié, dites-moi que c'est une blague, ou faites que ça s'arrête... J'ai envie de quitter la table, de quitter cette maison, de m'éloigner de toi et de ce sourire sur ton visage qui m'écœure. J'ai envie de tout laisser tomber, de dire à Ron et à Harry que nous ne partirons pas, que nous n'avons pas les épaules pour affronter ce qui nous attend. J'ai envie de tout abandonner comme je t'ai abandonné, mais je ne fais rien. J'ai l'impression d'être retenue sur ce banc en bois par une force invisible bien plus puissante que moi.
- Hé bien, commente Molly, abasourdie par toutes ces nouvelles. Tu es vraiment sortie avec Harry, ma chérie ? demande-t-elle en se tournant vers Ginny.
- Ouais, mais attends, ce n'est pas tout, nous n'en avons pas terminé avec les annonces. Hermione sort avec Seth.
Je suis tellement surprise que ma bouche veut s'ouvrir de stupeur, mais je la retiens au dernier moment. Ginny me donne un petit coup de pied sous la table, et je commence à comprendre son petit manège. Ron s'apprête également à réagir, mais il s'en empêche. Je vois George relever la tête pour me regarder, et je te vois froncer les sourcils quelques secondes. Si seulement je pouvais lire l'intérieur de tes pensées à cet instant précis...
- Tiens donc, intervient en premier George. Herminione nous cacherait-elle des choses ?
- Je ne suis pas la seule, visiblement...
Je sens tous les regards posés sur toi et moi, même ceux de Molly et Arthur, qui ne semblent pas en perdre une miette. Je ne sais pas ce qu'ils pensent de tout ça, et je ne crois pas avoir envie de le savoir. En posant mon regard sur toi, je ne peux m'empêcher de penser à cette fille, qui contrairement à Seth, est parfaitement réelle. Quand je vois tes lèvres, je n'ai de cesse de me dire que ce sont elles que cette fille embrasse. Tu me semblais à mille lieues de moi, mais c'est encore pire maintenant. Les mauvaises nouvelles vont-elles s'arrêter un jour ?
Je sens ton regard posé sur moi, et quand je m'y attarde, je n'y décèle aucune chaleur. Rien, mis à part peut-être de la rancœur, et de la colère. Et je n'ai pas besoin de lire dans tes pensées pour savoir ce que tu penses. Je t'ai dit t'avoir quitté pour pouvoir me focaliser sur mes études, et après ce que tu viens d'apprendre, tu penses que je t'ai quitté pour Seth. Et s'il y a bien une chose que je n'aurais jamais faite, c'est celle-ci. Je ne conçois même pas que tu puisses croire Ginny. Tu me connais donc si peu ?
- Et lui, ça ne le dérange pas d'attendre après Poudlard ? demandes-tu.
- On n'en est pas encore là, je réponds d'un ton léger, comme si ton regard posé sur moi ne me déstabilise pas le moins du monde.
- Après tout, c'est ce qu'il voulait depuis qu'il s'est pointé.
Je soutiens ton regard, presque par défi, et j'entends Molly dire qu'il est grand temps de débarrasser la table. Je perçois le bruit des assiettes posées les unes contre les autres, et celui des couverts qui rejoignent l'évier à l'aide de la magie. George se lève à son tour, et je sens mon estomac se retourner alors que je songe à cette fille.
- On va rentrer, maman, annonce George. On a encore pas mal de choses à voir avant demain.
Avec tout ça, j'oubliais presque que vous aviez votre propre appartement... Appartement que je n'ai jamais eu l'occasion de voir, et que je ne verrais sûrement pas. Cette fille, cette Iris s'y est-elle déjà rendue ? T'a-t-elle déjà offert bien plus que ce que je n'ai consenti à t'offrir ? Tu te lèves à ton tour, et je me dis que le pire sera bientôt derrière moi. Que pourrait-il m'arriver, après tout ça ? Après avoir effacé tout souvenir de moi dans l'esprit de mes parents, après t'avoir revu, après avoir appris que tu étais en couple ? Le sort a certainement terminé de s'en prendre à moi.
- D'accord, mes chéris. Vous avez suffisamment mangé ? Je peux vous mettre des restes dans un plat à emporter si vous voulez ?
- Ça ira, maman, réponds-tu en souriant.
- Et quant à toi, j'attends d'en savoir plus sur cette fille !
- Occupe-toi plutôt de Ginny qui est sortie avec le dangereux Harry Potter, lances-tu en l'embrassant sur la joue. Bonne nuit.
George s'approche à son tour de Molly pour l'embrasser, et après avoir salué leur père, ils transplanent tous deux. À partir du moment où tu ne te trouves plus dans la pièce, je sens l'air quitter mes poumons, et alors que Ginny se lève de table, je me dépêche de quitter la cuisine à mon tour. Je monte dans la chambre de Ron et je me laisse tomber sur le lit préparé pour Harry en soupirant. Je n'arrive pas à croire tout ce que je viens d'entendre. Je n'arrive pas à concevoir que tu sois passé à autre chose de la sorte. Je sais que ça fait presque huit mois que nous sommes séparés, mais je n'étais pas prête à recevoir un tel coup de massue...
Ron entre dans la chambre environ cinq minutes plus tard alors que j'essaye de chasser toutes les pensées douloureuses qui m'assaillent. Il se laisse tomber lourdement sur son lit en soupirant.
- Maman n'arrête pas de me poser des questions sur Lavande, précise-t-il. J'ai fui.
- Tu n'étais pas obligé de lui dire, pour toi et Lavande. Ginny et son histoire avec Harry suffisaient amplement pour détourner la conversation.
- Au moins maintenant, on est tous dans la même merde, commente le rouquin.
Je souris, touchée par le dévouement de Ron, et Ginny ne tarde pas à arriver en dévalant l'escalier. Elle ouvre la porte à la hâte, referme brusquement derrière elle et me rejoint sur le lit de Harry en soupirant à son tour.
- Maman ne me parle que de Harry ! Et Hermione, je suis vraiment désolée, je ne savais pas pour cette fille.
- Ouais, moi non plus, bougonna Ron. Mais pourquoi on a dit que tu sortais avec Seth ? Tu ne sors quand même pas avec le Poufsouffle ?
- Non, Ron, je ne sors pas avec Seth. C'était une idée de ta sœur, je n'étais même pas au courant. D'ailleurs pourquoi tu lui as dit ça ?
- Il m'a agacée à dire qu'il sortait avec cette Iris comme ça, avec son sourire idiot, là... C'est comme si Harry se pointait et annonçait, tout sourire, qu'il sortait de nouveau avec Cho.
J'esquisse un sourire en comprenant parfaitement ce que pourrait ressentir Ginny dans une telle situation, mais je sais que Harry ne ferait jamais une telle chose. Il n'a pas quitté Ginny par choix, mais par nécessité. À l'inverse de moi, qui ai clairement fait le choix de te quitter. Je perds mon sourire en repensant au repas que nous venons de vivre, et à la nouvelle que j'ai apprise.
- Tu sais que je vais devoir rétablir la vérité tôt ou tard ?
- Oui, mais laisser l'idée germer dans son esprit ne peut pas lui faire de mal.
- Tu crois qu'il en a encore quelques choses à faire ?
- En tout cas, il n'a pas eu l'air de trop bien digérer la nouvelle, répond Ginny en souriant. C'est un mec et il pense qu'il a été remplacé, forcément son orgueil en prend un coup.
Si seul ton orgueil est en jeu, tu as de la chance. Moi, c'est tout mon univers qui s'effondre. Tout mon être qui s'affole. Et mon coeur, qui continue de se briser, millimètre par millimètre. Je pense qu'au bout d'un moment, il n'y aura plus rien à briser. Ou du moins, je l'espère. Je ne sais pas si je suis capable d'en supporter plus.
- Je ne m'attendais vraiment pas à ça..., je souffle en m'allongeant sur le lit.
- Mais ça te fait quelque chose ? demande Ron en terminant de ranger son nécessaire d'entretien pour balai.
S'il savait... Oh oui, s'il savait tout ce que je ressens à l'intérieur depuis que je t'ai vu, depuis que je sais. Ron n'a jamais su comprendre la complexité de nos pensées, et je crois que je suis placée tout en haut de la liste. Ron ne saurait pas comprendre le quart de ce que je peux ressentir depuis des mois.
- Forcément, répond Ginny à ma place.
- C'est juste étrange, car je ne l'avais pas vu depuis les vacances de Noël, je rectifie. Et je ne pensais pas qu'il serait de nouveau accompagné.
Pour mon plus grand bonheur, Ginny décide de changer de sujet, et nous commençons à parler du mariage de Bill et Fleur qui approche à grands pas. Nous évoquons également Harry, qui doit rejoindre le Terrier après-demain, et Ron m'annonce que nous allons connaître le plan exact demain. L'ordre a décidé de garder de le garder secret jusqu'au dernier moment, pour éviter les oreilles indiscrètes. Toujours allongée sur le futur lit de Harry, je pense à tellement de choses que je commence à ressentir les effets de la migraine. Mes parents, toi, Harry, l'ordre, notre mission...
Quatre heures plus tard, toute la maisonnée dort enfin, et je m'éclipse doucement de la chambre pour ne pas réveiller Ginny. Parchemin et crayon en main, je descends les marches à hauteur inégales, éclairées de ma baguette, et je sens mon cœur se pincer lorsque je songe à cette nuit où j'ai descendu ces mêmes marches, dans le noir, guidée de ta main.
"- Tu m'expliques pourquoi vos marches ne sont pas toutes à la même hauteur ?
- On fait dans l'originalité."
Chaque souvenir que je me remémore de nous deux est plus douloureux que le précédent. Et j'ai l'impression qu'ils sont encore plus assassins maintenant que je sais qu'il y a une autre fille...
Es-tu avec elle ?
Es-tu allé la rejoindre, en quittant le Terrier ?
Qui est-elle ?
Que fait-elle ?
Comment est-elle ?
T'aime-t-elle ?
Toutes ces questions me rongent, et je sais que ce n'est que le début. Je suis tellement éloignée de ta vie, et ce depuis des mois. Je ne sais plus rien de ce qui t'anime, de ce qui te fait rire, de ce que tu aimes. Je ne sais plus qui tu aimes. L'aimes-tu ? M'aimes-tu ? As-tu tout effacé de ta mémoire ?
C'est le cœur lourd que je rejoins la cuisine des Weasley, et je me laisse tomber sur le banc en bois devant la table en soupirant. Je pose à plat le parchemin sous mes yeux, et commence à écrire après avoir vérifié que je n'ai réveillé personne en descendant les marches.
Seth,
J'espère que tu vas bien, et que ta grand-mère ne t'a pas prédit trop de choses affreuses.
Je viens d'arriver au Terrier, la maison des Weasley. J'ai dû dire au revoir à mes parents, et c'était bien plus douloureux que ce que j'avais pu imaginer...
Pour couronner le tout, il est venu manger au Terrier ce soir. Ça aussi, ce n'était pas évident. J'ai également appris qu'il était en couple, avec une certaine Iris. Encore moins évident.
Pour me venger, où je ne sais pour quelle autre raison, Ginny lui a fait croire que nous sortions ensemble. Je suis désolée de te mêler à tout ça, mais ce n'était pas mon idée. Je ne saurais te dire si ça lui a fait quelque chose, il s'est contenté de froncer les sourcils un court instant...
Je donnerais cher pour pouvoir retourner chez mes parents, et ne plus revenir au Terrier. J'apprécie énormément cette famille, mais ce n'est plus comme avant, je ne me sens plus à ma place ici.
Parle-moi de toi. Change-moi les idées. Comment va Jimmy ?
Tu me manques, un peu, beaucoup.
Réponds-moi vite, je ne sais pas combien de temps nous avons devant nous...
Hermione.
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Paroles en italique durant le point de vue de Fred : Mcfly - POV
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