Troisième tome - Huitième chapitre
Dormir de nouveau avec toi est incroyable. Tellement revigorant. En me réveillant, je sais que tu es là, réellement, et pas seulement dans mes songes. J'ai cru que tu avais abandonné tout comme moi, mais pas du tout. Tu as toujours été là, dans l'ombre, silencieusement. Tu m'as laissé le temps de me rendre compte que je faisais une erreur. Tu as voulu essayer autre chose, de ton côté. Tu as souhaité voir ce que ça donnerait avec quelqu'un d'autre. Mais malgré tout ce qui nous a séparés depuis sept mois, c'est ensemble que nous nous réveillons, sur ce lit défait, dans cette chambre en désordre qui est la tienne. C'est la gêne qui monte en moi lorsque je ne sais pas quoi te dire, et c'est ton sourire qui me rassure lorsque tu t'en rends compte. C'est toi. Ça a toujours été toi.
Quand mon regard croise le tien, je retrouve tes yeux rieurs. Ce regard, je l'ai attendu, je l'ai espéré chaque jour depuis mon arrivée au Terrier. Et tu me l'accordes enfin. Je te retrouve réellement, et je me retrouve en même temps. S'il y a bien une chose dont je suis certaine, c'est que sans toi, je ne suis pas vraiment moi. Je n'avance pas de la même manière. Je titube. Je trébuche. Je m'écorche. Tout semble tellement plus simple lorsque tu es là. Je sais pourtant que ce n'est que de courte durée. Bientôt, trop rapidement, nous allons de nouveau être séparés. Là encore, il s'agit de mon choix, mais c'est non négociable. "Nous sommes tous les trois."
Tu tires la couverture vers toi et je ris lorsque mon corps rencontre l'air ambiant de la pièce. J'essaye de reprendre un peu de couvertures, mais je capitule rapidement. Au bord du lit, ton pied vient à la rencontre du mien, et tu tournes ton visage pour me faire face. Tes yeux encore endormis et tes cheveux décoiffés plus que de coutume me font sourire. Je sais que je ne suis pas près de ressentir à nouveau une plénitude semblable à celle-ci. Nous faisons comme si rien ne s'est passé, comme si nous n'avons jamais été séparés, et je ne sais pas si c'est la bonne chose à faire. Mais je n'ai pas envie d'y réfléchir. Nous n'avons pas le temps d'y réfléchir. Je veux seulement pouvoir profiter de toi tant que je le peux.
- Tu as faim ? demandes-tu.
- Beaucoup.
Tu souris et tu te lèves en emportant la couverture avec toi, posée sur tes épaules. Je me lève à mon tour, et je grimace en constatant que je n'ai rien à me mettre aux pieds. Merci à toi d'avoir eu la fâcheuse envie de me faire transplaner pieds nus. Je te suis jusque dans la cuisine et je sursaute en voyant George, installé face au bar de votre petite cuisine. Je sens instantanément que je rougis alors que ton frère me regarde d'un air moqueur, et tu sembles aussi surpris que moi de le trouver ici.
- Je vois qu'il peut s'en passer des choses en une nuit..., commente George, amusé. Avant que vous ne disiez quoi que ce soit, je tiens à souligner que c'était mon mug préféré qui a terminé en éclat contre le mur.
Je deviens rouge écarlate alors que tu ris et je ne sais plus où me mettre. C'est donc ça que tu as lancé contre le mur, il y a quelques heures. Tu me fais signe de venir m'asseoir sur l'un des tabourets autour du bar, et je m'exécute en évitant soigneusement le regard de George. Sans me demander ce que je souhaite boire, tu me sers un verre de jus d'orange, ce que je t'aurais dans tous les cas demandé. T'en souviens-tu ? Tu te prépares ensuite un café, et j'essaye de me cacher derrière mon verre malheureusement trop petit.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- C'était moi ou maman, répond George. Maman était en panique ce matin, car on ne savait pas où tu étais, et Ginny a expliqué ce qui s'est passé dans la chambre. Lorsqu'elle a annoncé qu'elle allait voir si tu étais à l'appartement, j'ai pris le relai. Et je crois que j'ai bien fait, ajoute-t-il en m'adressant un clin d'œil.
Rivalisant avec le teint de Ron lorsqu'il est gêné, je me rends compte que tout le monde au Terrier est au courant. Et tout le monde, ce n'est pas peu dire. Les Weasley, les Delacour, Harry, même Hagrid. Je ne vais jamais être capable de remettre un pied là-bas...
- Et donc du coup, il se passe quoi ? Vous avez remis ça ?
Je bois une gorgée de jus d'orange pour ne pas être la première à répondre, tout simplement parce que je ne sais pas quoi répondre. Est-ce que nous avons réellement remis ça ? Est-ce que tu veux réellement remettre ça ?
- Pas tous à la fois, reprend George.
- Sûrement, réponds-tu.
- Probablement, j'annonce en même temps que toi.
- Si ce n'est pas mignon, on dirait Harry et Ginny, décoincez-vous, lance George en riant.
Tu mets une tape derrière la tête à ton frère avant de grimacer en ouvrant un placard. En y jetant un coup d'œil depuis ma place, je comprends que tu n'as pas grand-chose à me proposer en guise de déjeuner, ce qui tombe bien, car je n'ai brutalement plus faim. Je t'en fais part, et George s'en amuse de plus belle.
- Au fait, j'ai pour mission de vous remmener au Terrier. Genre maintenant.
- Pourquoi ?
- Allô, le mariage ! Vous avez chamboulé tout le programme de maman, elle vous en veut à mort.
- Je vais m'habiller, réponds-tu en quittant la pièce.
J'aurais aimé pouvoir en faire de même, mais je n'ai rien d'autre à me mettre. Je me retrouve alors en compagnie de George dans la cuisine, et je continue à éviter son regard. Bien évidemment, ce que je redoutais ne tarde pas à arriver.
- Je n'aurais pas parié cinq gallions là-dessus, commence-t-il.
- Moi non plus.
- Tu sais ce que tu fais, cette fois ? Tu es sûre de toi ?
- Non.
George fronce les sourcils, et je remarque qu'il n'aime pas réellement l'idée de me savoir de nouveau avec toi. Enfin, pour reprendre nos mots, nous sommes sûrement et probablement ensemble.
- Hermione, reprend George d'un ton moins amical, sérieux tu...
- Comment veux-tu que je sois sûre de quoi que ce soit ? je l'interromps en me retenant pour ne pas hausser le ton. Tu as vu le monde, dehors ? Tu as vu ce qui se passe ? Harry, Ron et moi allons partir, demain, après-demain, je ne sais pas, pour courir après quelque chose de bien plus gros que nous, et tu me demandes si je suis sûre ? Je ne suis sûre de rien, je ne sais même pas si nous serons encore là la semaine prochaine !
Je n'avais pas prévu de m'énerver, non, ce n'était pas au programme. Mais en étant ici, George a brisé le peu de plénitude qui m'entourait. Il me renvoie à la figure que je ne suis sûrement pas celle qui est faite pour son frère, que je ne fais que des mauvais choix, que je ne suis sûre de rien. George reste silencieux, lui aussi ne savait pas que nous allons partir.
- Et Fred, il...
- Il est au courant, je l'interromps de nouveau, sèchement.
C'est ce moment que tu choisis pour revenir, et j'essuie rageusement une larme qui perlait au coin de mon œil. Tu remarques rapidement le malaise entre ton frère et moi, et tu l'interroges silencieusement du regard.
- Je viens d'apprendre que Ron allait partir, répond-il.
Tu n'enchaînes pas, et je n'essaye pas de suivre l'échange silencieux qui se joue entre vous. Agacée, je vais déposer mon verre vide dans l'évier, et George annonce qu'il est temps pour nous d'y aller. Il transplane en premier, et je me retrouve un instant seule avec toi. Et ton regard me fait baisser les armes.
- Ton frère n'aime pas me savoir avoir toi, je murmure.
- Il essaye juste de me protéger.
- Et s'il veut te protéger, c'est parce que je t'ai fait mal.
- Il faut parfois avoir mal pour se rappeler que nous sommes vivants, réponds-tu avant de m'embrasser furtivement. J'ai appris à comprendre, alors George comprendra aussi.
Tes paroles me rassurent et m'angoissent à la fois. Je me serre alors contre toi à la recherche d'un réconfort que je ne mérite pas, et tes bras autour de moi me l'apportent. C'est incroyable que tu sois toujours là malgré toutes mes erreurs.
- Tu es prête ? me demandes-tu finalement.
- Pas vraiment, mais je n'ai pas le choix.
- Ne t'en fais pas, le mariage de Bill et Fleur attirera toujours plus l'attention que nous.
- Probablement, je réponds en souriant.
- Sûrement, ajoutes-tu avant de m'embrasser et de transplaner.
Lorsque j'ouvre les yeux, nous sommes dans la cour des Weasley. La journée est belle, malgré l'heure matinale le soleil est déjà bien présent. Bill et Fleur auront un beau mariage. Je l'espère. Je prends une grande inspiration pour me donner le courage d'entrer, et c'est à cet instant que ta main se glisse dans la mienne. Je lève les yeux pour te regarder et je trouve mon courage. Nous avançons d'un même pas, et rapidement, trop rapidement nous nous trouvons dans la cuisine. Le premier regard que je croise est celui de Charlie qui sourit en voyant ma main dans la tienne. Le deuxième est celui de Molly, et je sens les ennuis arriver.
- Vous voilà ! s'exclame-t-elle. Non, mais je peux savoir ce que vous faisiez ?! Vous deux, introuvables, et Ginny qui nous annonce que vous avez quitté la maison en transplanant ! Je t'avais pourtant interdit de transplaner, Fred Weasley !
- Maman, on t'avait dit de ne pas faire de scène, ajoute Ginny que je n'avais pas encore vue.
- Je fais une scène si je veux ! J'exige des explications !
Tu pinces tes lèvres, amusé, alors que je ne sais plus où me mettre. Sans savoir quoi répondre, je tourne le regard vers Ginny et je la vois lever les deux pouces en l'air tout en souriant. Un geste que Seth a l'habitude de faire souvent.
- Je crois que la situation parle d'elle-même, intervient Charlie, adossé à l'un des murs de la cuisine.
Le regard de Molly glisse alors vers nos mains jointes et je rougis de la racine des cheveux à la pointe des pieds. Elle hésite d'abord, ouvre la bouche pour parler, puis la referme. Hésite de nouveau, et parle enfin.
- Mais qu'est-ce que... Enfin, ce n'est pas le moment. Mais je croyais qu'Hermione...
- Part toujours, l'interromps-tu. Je sais.
- Et tu... Oh, je ne vais même pas essayer de vous comprendre, vous me fatiguez. Vous avez déjeuné ?
Tu réponds que non, et Molly essaye de nous trouver deux places dans la cuisine. En allant m'asseoir, je passe près de Harry qui me sourit, et j'entends Ron lui murmurer un "je savais que le Poufsouffle ne serait pas à la hauteur" absolument pas discret. J'essaye de ne pas penser à Seth, à ce que j'ai fait dans la librairie et une assiette ne tarde pas à apparaître sous mon nez. Je déjeune sans appétit, en essayant d'éviter le regard de certains. J'avais beau avoir faim en me levant près de toi ce matin, ce n'est plus du tout le cas à présent. Rapidement, tu t'éclipses pour aller prendre une douche et Ginny profite de la situation pour me poser des questions sur les dernières heures que nous avons vécues. Je n'ai cependant pas le temps de lui répondre, car Harry entre dans la cuisine et je devine à son visage qu'il se passe quelque chose.
- Le ministre est là, annonce-t-il. Il veut nous parler, à tous les trois.
Je fronce rapidement les sourcils en comprenant de qui il parle. Nous trois, ça a toujours été nous trois. Ce sera toujours nous trois. Ginny semble s'inquiéter également, mais je remarque le regard rassurant que lui lance Harry en retour. Je me lève et je suis Harry dans le salon où nous retrouvons seulement Ron en compagnie de Rufus Scrimgeour. Je retiens un sourire en remarquant que Ron semble particulièrement mal à l'aise, et nous le rejoignons sur le canapé, impatients de savoir ce que le ministre de la magie en personne peut bien nous vouloir.
***
L'urgence.
C'est l'urgence qui m'a poussé à embrasser Hermione. C'est l'urgence qui m'a fait faire cette chose que je ne voulais pas faire. Que je n'ai pas eu en tête de faire. Pardonner. Lui pardonner. Mais maintenant que j'y pense à tête reposée, les effluves d'alcool ayant quitté mon corps et mon esprit, je ne sais plus si j'ai fait le bon choix. Non.
Le manque.
C'est le manque qui m'a poussé à embrasser Hermione. Le manque qui m'a fait faire cette chose que je ne voulais pas faire. Que je rêvais pourtant de faire. Il y a tellement de temps que je ne l'ai pas embrassé que je n'étais plus capable de compter les jours, les mois. Notre rupture se résume en mois, maintenant. Bien trop de mois. L'alcool, mes pensées bousculées, ses larmes, sa présence dans cette douche, si près de moi. Cette barrière, qu'elle a voulu briser. Je n'ai pas pu la repousser. Je n'ai pas pu refuser ses baisers.
L'envie.
C'est l'envie qui m'a poussé à embrasser Hermione. C'est l'envie qui m'a fait faire cette chose que je ne voulais pas faire. C'est son corps, si près du mien. C'est son corps, ce corps, que je n'ai jamais vu si dénudé. C'est l'effort considérable qu'elle a dû faire pour me rejoindre, ainsi vêtue. C'est ce tourbillon destructeur dans mon estomac quand ses doigts effleuraient mon torse nu. C'est elle. C'est nous. C'était nous.
Le besoin.
C'est le besoin qui m'a poussé à embrasser Hermione. C'est le besoin qui m'a fait faire cette chose que je ne voulais pas faire. Le besoin de ne plus faire comme si elle ne représentait rien à mes yeux. Le besoin de ne plus faire semblant. Le besoin d'elle. Ce besoin affolant, dévastateur, perturbant, menaçant. C'est le besoin de sa peau contre la mienne. C'est le besoin de ne plus être abandonné. De ne plus me sentir abandonné.
L'inquiétude.
C'est l'inquiétude qui m'a poussé à embrasser Hermione. C'est l'inquiétude qui m'a fait faire cette chose que je ne voulais pas faire. C'est l'inquiétude d'apprendre qu'elle va partir. C'est l'inquiétude lorsque je pense aux conséquences. L'inquiétude parce que je ne sais pas ce qui l'attend. C'est l'inquiétude à l'idée de ne peut-être plus avoir l'occasion de l'embrasser. C'est l'inquiétude. La sienne. La mienne. La nôtre.
L'amour.
C'est l'amour qui m'a poussé à embrasser Hermione. C'est l'amour qui m'a fait faire cette chose que je ne voulais pas faire.
La raison.
C'est la raison qui me pousse à me demander si toutes ces raisons sont valables. C'est la raison qui commence à me faire douter de mes choix. C'est la raison qui pourrait me faire reculer de trois pas alors que nous venons à peine d'en faire un, difficilement. C'est la raison. Cette même raison qui a poussé Hermione à m'écrire cette lettre en guise de cadeau de Noël.
***
Le déluminateur. Un livre de contes pour enfants. Un vieux vif d'or. L'épée de Godric Gryffondor. Toutes ces choses que nous ne comprenons pas. Le ministre de la magie vient tout juste de quitter le salon des Weasley après cette entrevue à laquelle aucun de nous trois ne s'attendait. Je peux encore voir, sur le visage de Ron, toute sa stupeur d'avoir été évoqué dans le testament d'Albus Dumbledore. Trois jeunes sorciers pas même diplômés ont-ils réellement leur place sur le testament du plus grand sorcier que le monde magique ait connu ? Je ne suis pas sûre. La mort de Dumbledore, la mission qu'il a confiée à Harry était déjà source de mille interrogations. Après le passage du ministre de la magie, nous faisons face à encore plus de questions sans réponses.
Abasourdie, je passe délicatement mes doigts sur la couverture du livre. Les contes de Beedle le Barde. S'il y a un message caché derrière ce livre, je n'en comprends pas le sens. Je ne le saisis pas. Je ne le vois même pas. À mes côtés, Harry regarde le petit vif d'or avec autant d'étonnement que moi. Il ne s'est pas ouvert au contact de ses doigts, à la grande surprise de Rufus Scrimgeour qui pensait sûrement découvrir un bien précieux, ou utile, à l'intérieur. Je sors de mes pensées lorsque la petite lampe à côté du canapé où nous nous trouvons s'éteint, et je tourne les yeux vers Ron.
- C'est..., commence-t-il.
- Un vrai casse-tête, je poursuis.
- Tout ça a forcément un sens, ajoute Harry. Nous passons à côté de quelque chose.
- Forcément, on parle de Dumbledore, commente Ron. Mais je ne vois pas le sens caché que pourrait avoir un déluminateur.
Je lève les yeux en voyant Molly rôder autour du salon en nous jetant des regards curieux et je demande silencieusement à Ron de se taire. Il remarque à son tour sa mère et il lui adresse un geste amical de la main, nous rendant d'autant plus suspects.
- Donnez-moi vos biens, je vais aller les ranger. Ron, redonne sa lumière à cette ampoule, s'il te plaît.
Ron s'exécute et je récupère le petit vif d'or et le déluminateur qui rejoignent le livre de contes entre mes mains. Je me lève, les jambes en coton après cette entrevue avec le ministre de la magie, et je me retourne face aux garçons avant de quitter la pièce.
- Vous feriez mieux de vous préparer, je ne crois pas que Fleur apprécierait de vous voir dans une telle tenue le jour de son mariage. Molly encore moins.
Harry et Ron regardent tous deux leur tenue avant de hocher la tête et je quitte le salon pour rejoindre la petite chambre que je partage avec Ginny. En montant les marches menant à l'étage, j'examine la quatrième de couverture du livre légué par Dumbledore, si bien que je ne te remarque qu'au dernier moment, tandis que tu vas en sens inverse. Tu t'arrêtes, deux marches au-dessus de moi, mais tu ne me souris pas. Je t'interroge du regard et tu te passes une main sur le visage.
- Il faut qu'on parle, commences-tu en jetant un rapide coup d'œil aux objets que je tiens entre mes mains.
- De ?
Tu sembles hésiter un court instant, et au bout d'un moment, tout semble clair dans ton esprit. M'attendant au pire, je m'agrippe davantage au livre de contes, tout en essayant de ne pas faire tomber le vif d'or et le déluminateur.
- Cette nuit et ce matin, c'était une mauvaise idée.
J'ai l'impression de vaciller, pourtant je ne bouge pas d'un millimètre. Mes pieds semblent s'encrer sur cette marche de l'escalier et tes derniers mots tournent en boucle dans mon esprit. Ne me dites pas que tout recommence... J'essaye de te regarder dans les yeux pour comprendre tes paroles, tes intentions, mais tu fuis mon regard. Serait-ce à ton tour de me fuir ?
- Tu avais pourtant l'air sûr de toi, ce matin.
Le ton que j'emploie est plus sec que je ne l'aurais voulu et j'ai l'impression désagréable que le combat est perdu d'avance. J'ai abandonné il y a de ça sept mois, et je crois qu'aujourd'hui, c'est à ton tour d'abandonner.
- Je n'ai pas réfléchi. Je suis désolé, Hermione, mais je ne veux pas recommencer. Je ne veux pas qu'on recommence.
Déchirants. Tes mots sont déchirants. Ils me foudroient sur place. Me coupent la respiration. Tu ne veux pas recommencer. Je sens mes jambes faiblirent, mais je ne peux pas me tenir à la rambarde, au risque de faire tomber les biens légués par Dumbledore. Tu ne veux pas recommencer.
- Je ne comprends pas... Il y a une heure tu tenais un tout autre discours, tu... Tu m'as dit que tu ne l'aimais pas, tu...
- J'ai eu une heure pour réfléchir et comprendre qu'on ne devait pas faire ça. Et je crois que je n'ai pas besoin de te rappeler que tu vas partir. Encore une fois.
Blessants. Tes mots sont blessants. Le ton de ta voix est froid et une nouvelle fois, une fois de trop, je me rends compte que je t'ai perdu. Définitivement. Que tu as trop donné, ou que tu ne veux plus donner, je ne sais pas. J'ai été naïve de croire que tout pourrait s'arranger en une nuit. Mais rien ne s'est arrangé. Je n'ai fait qu'amplifier ma douleur en te retrouvant quelques heures. Je ne comprends pas, non...
- Mais...
- Hermione, je suis catégorique. Fais attention à Ron, là où vous irez.
Sur ces dernières paroles, tu descends les marches et tu passes à côté de moi sans même m'adresser un regard. Lorsque je n'entends plus tes pas dans l'escalier, je sens une unique larme rouler sur ma joue, tandis qu'au même moment, le déluminateur m'échappe des mains et dégringole quelques marches.
- Hermione, tu n'es pas encore prête ? demande Molly en bas de l'escalier alors que lui tournant le dos, je ferme les yeux quelques secondes. Pour l'amour du ciel, va te préparer, nous sommes déjà tellement en retard !
- Tout ira bien.
Je ne sais pas si je réponds pour rassurer Molly ou pour me rassurer moi. Tout ira bien. Je sais que non, pourtant. Rien n'ira bien. Bill et Fleur vont se marier. Tu m'as abandonné comme je l'ai fait. Nous allons partir. Non, rien n'ira bien. Mes pieds consentent enfin à décoller du sol et je descends quelques marches pour récupérer le déluminateur qui est tombé alors que Molly est déjà partie réprimander quelqu'un d'autre. Ron, si j'ai bien compris. Les trois biens de Dumbledore de nouveau dans mes mains, je termine de monter à l'étage pour rejoindre la chambre de Ginny, ce que je devais faire avant de tomber sur toi. J'ouvre la porte sans entrain et je tombe sur Ginny, visiblement à la recherche d'une tenue.
- Alooors, commence-t-elle en souriant, petite cacho...
- Non, je l'interromps en levant le doigt.
- Mais...
- Non.
Perplexe, Ginny se tourne pour poser sur le lit la robe qu'elle tenait entre ses doigts et elle me regarde à la recherche de quelques réponses à ses questions. Dis-moi, oui, dis-moi, pourquoi avons-nous été si stupides ?
- Tu ne veux rien me dire par pudeur, ou parce qu'il y a autre chose ?
Je soupire en m'approchant de la fenêtre de la chambre et je regarde tout le petit monde s'affairer en bas, en pleins préparatifs matinaux pour le mariage. Pourtant, mon esprit est tellement loin que je n'ai pas réellement l'impression de les voir.
- Il n'y a rien à dire. Tout est comme hier.
- Mais... Je ne comprends pas. Tout semblait aller bien ce matin !
- Jusqu'à ce que Fred ait une heure devant lui pour réfléchir. Je viens de le croiser et il m'a dit, clairement et simplement, qu'il ne voulait pas recommencer.
- Mais..., commença Ginny, abasourdie. Mais quel débile !
Je me détourne de la fenêtre au moment où je t'aperçois, en compagnie de George et Hagrid. Ne sachant que faire, je m'approche du lit qui m'est destiné et je m'assois au bord.
- Je le comprends, je réponds finalement. Il sait que nous allons partir et à sa place, moi aussi je n'aurais pas envie de recommencer. J'ai mis un terme à tout ça il y a des mois, c'était mon choix, et maintenant il fait le sien.
- C'est moi, que tu essayes de convaincre, ou bien toi ?
- Je sais que j'ai raison. On a agi dans l'urgence du moment et plus de ça, il avait bu. C'est tout, c'est mieux comme ça.
Ginny commence à gesticuler d'une jambe à l'autre, visiblement mal à l'aise, et je devine à sa petite grimace qu'elle hésite à me poser une question. Mais Ginny Weasley n'est pas capable de rester dans l'ignorance bien longtemps, et je sais d'avance quelle sera sa question.
- Vous l'avez fait, cette nuit ?
- Non.
- Oh.
- Presque.
- Merde !
Malgré mon cœur qui me tiraille, j'esquisse un sourire en voyant la réaction de Ginny et je ne peux m'empêcher de repenser à cette nuit. Presque. Si tu ne m'avais pas arrêté, je me serais donnée à toi. J'aurais franchi ce pas qui me terrifie plus que les BUSES et les ASPICS réunis. Je voulais t'aimer, pleinement, entièrement. J'ai cru que tu voulais m'aimer aussi. Oh, je sais bien qu'une part de toi m'aime encore, tu avais beau avoir bu, tes paroles de la veille étaient sincères. Mais c'est ce qui rend les choses encore plus dures, plus déchirantes. Je sais que tu m'aimes, et je sais aussi que tu ne veux plus m'aimer.
- D'habitude, je sais toujours quoi dire pour réconforter les gens, mais là, je t'avoue que je sèche..., reprit Ginny en s'asseyant à mes côtés.
- Et si on arrêtait d'en parler ? Je n'ai pas envie de gâcher cette belle journée avec mes jérémiades. Tu sais que je n'ai jamais assisté à un mariage ?
***
- Quelle élégance, Barny.
Harry se retourne et un sourire illumine son visage lorsqu'il me voit. J'examine ce visage nouveau et ses cheveux roux lui permettant de se fondre dans la masse de la famille Weasley.
- J'ai encore du mal avec le roux, commente-t-il en passant une main dans ses cheveux. Tu es très belle, ajoute-t-il en regardant ma robe rouge à volants en mousseline. Fred est...
- Pas avec moi, je l'interromps sans chercher à connaître la fin de sa question. Il a changé d'avis.
- C'est un idiot, lance-t-il simplement, à mon grand soulagement. Je dois aller accueillir les invités, avec Ron et les jumeaux, on se voit tout à l'heure ?
- Je compte sur le cousin Barny pour m'accorder une danse, je lance en souriant alors qu'il sort de la maison.
Ginny me rejoint dans sa jolie robe noire et grise et nous quittons à notre tour la maison où Molly et madame Delacour s'acharnent sur Fleur, dans la salle de bain. Une heure plus tôt, une foule de serveurs en robe blanche étaient arrivés, en même temps que des musiciens en veste dorée. En sortant, nous croisons Charlie qui nous tend un bras en souriant.
- Puis-je vous accompagner à vos places, mesdemoiselles ?
Ginny accepte en se jetant pratiquement au bras de son frère tandis que je m'en empare avec un peu plus de retenue. Nous commençons à avancer et je peux distinguer l'entrée du chapiteau qui laisse voir d'innombrables rangées de chaises dorées, élégantes et fragiles, disposée de chaque côté d'un long tapis pourpre. Les mâts qui soutiennent la toile sont entourés de guirlandes de fleurs blanches et or entrelacées. Tout en discutant gaiement, Charlie nous conduit jusqu'à nos places respectives et je constate en me pinçant les lèvres que je suis placée à côté de Fred. Charlie suit mon regard et il répond à ma question muette.
- Vu les circonstances de la matinée, maman a fait changer ta place. On n'a cru comprendre que...
- Oups, commente Ginny.
- Ce n'était... pas nécessaire, je réponds.
- Une chance pour toi que personne ne soit encore là, lance Charlie en souriant.
D'un geste rapide, il prend la pancarte à mon nom pour aller la placer à côté de la chaise de Harry. La pancarte au nom de Ginny qui s'y trouvait déménagea ensuite sur le siège à côté de Fred, que je devais occuper.
- Désolé, sœurette, tu bécoteras Harry plus tard, ajoute-t-il en voyant la mine désabusée de Ginny.
- Déjà, on ne se bécote pas, nous ne sommes plus ensemble. Ensuite, ce n'est pas grave, c'est pour la bonne cause.
Au même moment, nous voyons Ron et Harry arriver, escortant des sorciers et sorcières que je ne connais pas. Des fleurs exotiques et des oiseaux ensorcelés frétillent sur les chapeaux des sorcières tandis que des pierres précieuses étincellent sur les foulards des sorciers. Je te vois également, accompagné de deux jolies jeunes filles visiblement françaises et je dois me retenir de donner un coup de pied dans le siège qui se trouve devant moi. Je salue toutefois Tonks et Lupin en souriant chaleureusement alors que tu as déjà disparu de mon champ de vision.
- Bonjour, Hermione Granger. Bonjour, Ginny Weasley.
Nous nous retournons toutes les deux pour faire face à Luna Lovegood qui portait une robe jaune vif accompagnée d'un grand tournesol fixé dans ses cheveux.
- Bonjour, Luna, je réponds, je ne savais pas que tu devais venir.
- Mon père et moi habitons de l'autre côté de la colline. Je suis tellement contente d'assister à cet évènement, j'aime beaucoup les mariages. Harry nous a conduits à nos sièges, je suis contente de l'avoir vu également.
Nous discutons un moment les trois ensemble jusqu'à ce que Luna parte rejoindre son père un peu plus loin. Une vieille sorcière portant un chapeau à plumes roses s'approche alors de nous et j'entends le soupir de Ginny.
- Ginevra, où sont passées tes manières ? Viens me saluer.
- Bonjour, tante Muriel, répond Ginny en s'approchant de la sorcière. Je te présente Hermione Granger.
- Oh, mon Dieu, c'est celle qui est née moldue ? Mauvais maintien et chevilles trop maigres, ajoute-t-elle directement en m'examinant de la tête aux pieds.
- Je suis ravie de vous rencontrer également...
- Charlie, mon garçon ! Viens donc saluer ta tante !
Nous en profitons pour nous éclipser et Ginny excuse sa tante en disant qu'elle est odieuse avec tout le monde. La rouquine m'entraîne en direction des garçons qui attendent toujours les invités et je prends sur moi pour ne pas te regarder. Ron me complimente en me voyant, m'arrachant quelques rougeurs. Malgré moi, je tends l'oreille en entendant ta voix, non loin de notre petit groupe.
- T'es pas invité.
- Et ça, c'est quoi ?
Reconnaissant également cette voix, je me retourne finalement et j'écarquille les yeux en te voyant en face de Viktor Krum. Mais que... Quand tu es grand et fin, Viktor est de taille moyenne, mais plus costaud. Il te tend son carton d'invitation avec impatience, mais tu refuses de t'en emparer. Sur un coup de tête, je m'approche d'eux et je pose ma main sur le bras de Viktor pour lui signaler ma présence, en évitant soigneusement ton regard.
- Herrrmione ! s'exclame-t-il en me voyant, souriant. Tu es merrrveilleuse.
- Et toi, tu es désinvité, ajoutes-tu.
- Il a quoi, lui ? me demande Viktor sans te prêter la moindre attention.
- Ne t'en occupe pas. Viens avec moi, je vais te conduire à ta place.
Retrouvant son sourire, Viktor me tend le bras et je passe le mien en dessous, tout en le conduisant vers le chapiteau.
- Comment se fait-il que tu sois là ?
- Fleurrr m'a invité. Je présume qu'elle en aurait fait de même avec l'élève de votre école, s'il n'y avait pas eu cet incident.
Je me pince les lèvres en me remémorant le tragique évènement qui a coûté la vie de Cedric Diggory et pour ne pas ternir encore plus cette journée, je décide de changer de sujet.
- C'est nouveau, la barbe ?
- C'est prrresque une trradition, chez nous, répond-il en riant. Tu aimes ?
- Ça te va bien, je dois l'avouer.
- Je crois que le grrrand rrrouquin est jaloux, ajoute Viktor.
- Tu sais que tu ne parles que de sujets qui fâchent, depuis tout à l'heure ?
Viktor cesse de marcher, m'obligeant à en faire de même puisque mon bras est toujours accroché au sien. Il se déplace alors pour me faire face et j'examine un instant son visage. Les cheveux bruns, un grand nez arrondi, d'épais sourcils noirs, une carrure imposante. Viktor est en tout point différent de toi. Et pourtant, j'ai cru l'aimer. Peut-être même que je l'ai aimé, bien que je n'aie pas eu le temps de le découvrir vraiment.
- Le rrrouquin et toi ?
- Ça se voit tant que ça ? je demande en souriant.
- Vous êtes ensemble ?
- Plus maintenant. Plus depuis un moment, même.
- Tu es pleine de surrrprrrises, commente Viktor en reprenant la marche jusqu'au chapiteau.
Je le guide jusqu'au siège qui lui est adressé et après lui avoir promis une danse, je pars à ma place. Harry et Ron ne tardent pas à me rejoindre, et rapidement, le chapiteau est rempli. Au tout dernier moment et sur un coup de tête, je me lève pour échanger de place avec Ginny. Elle se retrouve donc à côté d'Harry, pour leur plus grand plaisir, et moi à tes côtés, pour notre plus grand malheur.
- Qu'est-ce que tu fais ? demandes-tu entre tes dents.
- Je ne suis pas là pour toi. Ginny a plus besoin d'être auprès de Harry que moi.
Tu ne réponds pas et la cérémonie commence. Un immense soupir collectif monte de la foule des sorciers et des sorcières quand Monsieur Delacour et Fleur s'avancent dans l'allée centrale, Fleur d'un pas aérien, Monsieur Delacour d'une démarche rebondissante, le visage rayonnant.
- Mesdames et messieurs, commence une voix légèrement chantante.
En levant les yeux, je me rends compte que le sorcier qui préside la cérémonie est celui qui s'était chargé des funérailles de Dumbledore. Je sens mon cœur se pincer à ce souvenir et mes yeux ne quittent pas le petit sorcier aux cheveux en épis. Je revois la tombe. J'entends de nouveau les mots de ce petit sorcier qui semblaient s'élever dans les airs, être emportés par le vent. Les pleurs étouffés résonnent encore à mes oreilles. Et le vide m'envahit de nouveau. Dumbledore est mort. Nous avons assisté à ses funérailles. Et je perds mon temps à pleurer face à ton ignorance. C'est d'un ridicule.
- Nous sommes aujourd'hui réunis pour célébrer l'union de deux âmes fidèles..., poursuit le sorcier.
Assister à un mariage à tes côtés est plus dérangeant que je ne l'aurais imaginé. De ton côté, tu fais bien sûr comme si je n'existais pas, et j'essaye d'en faire de même. Je crois cependant que je n'excelle pas dans ce domaine.
- William Arthur, voulez-vous prendre pour épouse Fleur Isabelle...
Tu tournes un court instant les yeux dans ma direction et j'ai envie de m'y accrocher, de te soutirer n'importe quelle émotion. Tout, mais pas ce rien, ce néant que tu m'offres. Mais tu me regardes à peine une seconde avant de reporter ton attention sur Bill et Fleur.
- Je vous déclare donc unis pour la vie.
Le sorcier lève sa baguette au-dessus des têtes de Bill et de Fleur et une pluie d'étoiles d'argent tombe sur eux, tournoyant autour de leurs silhouettes à présent enlacées. Accompagné de George, tu entraînes les invités dans une salve d'applaudissements en même temps que des ballons dorés éclatent au-dessus d'eux. Des oiseaux de paradis et de minuscules cloches d'or en jaillissent et se mirent à voleter ou à flotter dans les airs, ajoutant leurs chants et leurs carillons au vacarme des acclamations. Je n'ai pas le cœur à applaudir, ni même à sourire. C'est alors que tu te tournes vers moi et à ma grande surprise, tu me tends la rose blanche qui était accrochée en boutonnière sur ton costume.
- Tu devrais sourire. C'est le mieux qu'il y a à faire pour nous deux, et tu le sais.
Je ne m'empare pas de la rose alors tu la poses sur mes genoux. Avant de te lever, tu déposes un furtif baiser sur mon front. Je sens mes barrières s'effondrer et j'essuie discrètement une larme avant qu'elle ne roule sur ma joue. Tu devrais sourire...
***
- C'est déprimant de te voir déprimer.
Les yeux perdus dans la foule des danseurs depuis un petit moment, je sursaute en faisant face à Charlie Weasley. La soirée avançait trop lentement à mes yeux. Je me perdais dans la contemplation des danses de chacun pour ne pas penser à toi. Toi, forcément, tu ne pensais pas à moi, bien trop occupé que tu sois à danser avec cette Vélane ridiculement belle. Charlie me sourit en prenant appui de l'autre côté du pilier où je me trouve.
- Je ne déprime pas.
- Tu ne danses pas.
- J'ai dansé.
- Si peu de temps que je n'ai même pas eu le temps de te voir sur la piste, commente le rouquin en riant, un verre à la main. Viens.
- Pardon ?
- Viens danser.
- Je n'en ai pas envie.
- Très bien, dans ce cas je te l'ordonne.
Joignant le geste à la parole, Charlie pose son verre sur une table non loin de nous avant de se tourner vers moi pour me prendre la main. Au même moment, une nouvelle musique commence et le rouquin me tire jusqu'à la piste de danse. Résignée, je capitule et je le suis, sans grand enthousiasme. Amusé, et visiblement éméché, Charlie commence à tourner autour de moi en se déhanchant, cherchant probablement à me dérider. Ses doigts s'emparent des miens et il me fait tourner sur moi-même, m'arrachant enfin un sourire, et il se rapproche pour commencer une sorte de slow.
- J'ai cru comprendre que Ron allait partir avec Harry et toi. Je ne comprends pas l'idée. Pourquoi vous trois, et non pas des membres de l'ordre ?
- C'est à Dumbledore que tu devrais poser cette question...
- Tu veilleras sur lui ?
- Forcément, je réponds en comprenant qu'il parlait de Ron.
Charlie me fait de nouveau tourner sur moi-même et quand il me rapproche de lui, je n'ai plus envie de sourire. J'ai croisé ton regard, alors que tu dansais avec cette fille. Il y a un nombre incroyable de personnes sur cette piste de danse et pourtant, j'ai l'impression que tu es partout.
- Il n'y a pas que mon frère, ajoute Charlie en devinant mon trouble. Tu t'en rendras compte bien assez tôt.
- Tu crois ? je demande alors que son regard s'ancre dans le mien.
- J'en suis persuadé.
Je soupire, me sentant soudainement lasse, et ma tête part s'appuyer contre l'épaule de Charlie. J'écoute la musique en fermant les yeux, guidée au rythme des pas de ton frère. Soudain, avant la fin de la chanson, le rouquin s'arrête et je relève les yeux, étonnée. Je suis son regard et je découvre un lynx gracieux et luisant non loin de nous. Un patronus.
- Le ministère est tombé. Scrimgeour est mort. Ils arrivent !
Le monde entier semble soudain s'affoler. Charlie sort sa baguette et je fais de même en cherchant Harry et Ron du regard. Non loin de nous, quelqu'un pousse un cri et la foule n'en attend pas plus pour paniquer. Des invités courent en tous sens, beaucoup transplanent.
- Ron ! Harry !
Abandonnant Charlie, je me fraye un chemin à travers la piste de danse à leur recherche et c'est à ce moment que je vois des silhouettes enveloppées de capes, le visage masqué.
- Harry !
Des sorciers terrifiés me bousculent en voulant prendre la fuite, me faisant tomber, et alors que je me relève, un trait de lumière siffle au-dessus de ma tête. Une personne me percute de plein fouet, m'attrapant le bras et je me retourne pour te faire face, le souffle court.
- Ne restes pas là, qu'est-ce que tu attends !
Je comprends rapidement que tu t'apprêtes à transplaner en m'emmenant avec toi et je retire vivement mon bras pour t'en empêcher. Le sortilège Protego résonne en écho de tous les côtés et derrière toi, j'aperçois enfin Harry et Ron.
- Je ne peux pas, on s'en va. Harry, Ron... On doit y aller...
Je m'embrouille dans mes propos en m'agrippant à mon sac bordé de perles et à ma baguette. Tu comprends finalement et derrière toi, je vois Harry contrer le sort d'un mangemort.
- Hermione, il faut y aller ! Bouge !
- Je suis désolée, je murmure en posant ma main sur la tienne. Pour tout.
- Non... Tu, tu ne peux pas...
- Hermione !
Au bord des larmes, je me lève sur la pointe des pieds pour déposer un baiser furtif sur tes lèvres. J'essaye de mettre dans ce baiser tout l'amour que j'ai pour toi pour que tu ne m'oublies pas et je rejoins Harry et Ron sans me retourner. Je m'empare de la main des garçons et brusquement, les images et les bruits s'évanouissent.
Arrête de pleurer, tout ira bien.
Ils m'ont dit que la fin était proche.
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