« J'irai à pas de loup dans tes rêves impossibles. »

Une cinquième année venait de débuter au sein de l'école de sorcellerie de Poudlard. Les retrouvailles au Poudlard Express n'avaient pas été aussi enjouées qu'autrefois, suite aux récents évènements qui avaient eu lieu à la fin de leur quatrième année. Harry Potter était morose, tout comme il l'avait été dans une bonne partie des lettres qu'il avait envoyé durant l'été. Ron Weasley, lui, essayait de détendre l'atmosphère, que ce soit dans ses lettres ou depuis leur retour à Poudlard. Hermione Granger, elle, essayait de faire comprendre au brun à lunette qu'elle était là s'il désirait parler. La mort et l'absence de Cédric Digorry planaient encore dans le château, et il n'était pas rare de croiser des élèves de Poufsouffle avec les larmes aux yeux, ou bien de voir Cho Chang, l'ancienne petite amie de Cédric, s'éclipser en sanglotant.

En ce début d'année, pourtant, un nouveau sujet de discussion était sur toutes les lèvres. L'arrivée de Dolorès Ombrage au poste de défense contre les forces du mal. La venue de cette femme travaillant pour le ministère n'était pas de bonne augure pour Hermione, qui avait l'impression de voir le ministère s'immiscer pleinement dans les affaires de l'école. Elle avait cependant osé espérer que Dolorès Ombrage soit un bon professeur. Mais il lui avait suffi de dix minutes dans la classe de défense contre les forces du mal pour comprendre qu'elle s'était fait de faux espoirs. Dolorès Ombrage s'était rapidement classée en haut de la liste des professeurs les moins performants de Poudlard.

Une bonne nouvelle pointait cependant le bout de son nez. Maintenant de retour à Poudlard depuis quelques semaines, Harry retrouvait peu à peu son humeur coutumière. Il restait affecté par la mort de Cédric, et aussi par le retour de Voldemort, notamment depuis qu'il avait compris que faible était le nombre de personne qui le croyait vraiment. Pour une grande partie des élèves de Poudlard, il était inconcevable que Harry ait raison. Le plus grand mage noir de tous les temps avait été vaincu il y a de ça quinze ans, comment était-il possible qu'il soit soudainement de retour ? Mais malgré ce poids qui pesait sur ses épaules, le brun à lunette commençait doucement à retrouver le sourire. Que ce soit face à une blague particulièrement nulle de Ron, ou à une remontrance d'Hermione.

Ces trois-là se trouvaient justement assis à la table des Gryffondor, dans la Grande Salle. Ils étaient en train de déjeuner et Hermione en profitait pour lire en même temps un de ses manuels qu'elle avait appuyé contre un des pichets posé sur la table. D'une oreille distraite, tout en lisant et mâchouillant un bout de sa tartine, elle écoutait Ron et Harry qui parlaient du prochain cours qu'ils allaient avoir avec le professeur Rogue.

- Je préférerais sauter de la tour d'astronomie plutôt que d'aller affronter un cours avec Rogue..., grogna Ron en fourrant un énorme morceau de pain dans sa bouche déjà pleine.
- La maîtrise des potions est très importante pour nos BUSES, Ron. Bien que je reconnaisse que les cours de Rogue sont particulièrement lents..., soupira Hermione.
- Je ne te le fais pas dire, dit Harry en se levant. Il est temps qu'on y aille si on ne veut pas avoir une retenue.

Le trio se leva d'un même mouvement et une fois qu'Hermione eut attrapé son manuel, ils traversèrent la Grande Salle pour se rendre dans les cachots. En marchant, ils croisèrent les frères jumeaux de Ron, Fred et George Weasley, en compagnie de Lee. En passant à leur hauteur, ils les saluèrent à leur façon à l'aide de grands sourires.

- Salut le blaireau, commença Fred à l'attention de Ron.
- Salut le survivant, enchaîna Lee en regardant Harry.
- Madame la préfète, continua George à l'adresse d'Hermione.

Ron leur adressa un « blaireaux vous-mêmes », tandis qu'Harry leur adressait un signe de la main en guise de salut, et en même temps, Hermione leva les yeux au ciel. Elle était on ne peut plus fière d'avoir été nommée préfète pour cette cinquième année scolaire, mais elle savait que les jumeaux allaient lui donner du fil à retordre si elle voulait faire respecter le règlement. Ils continuèrent leur marche, et un peu plus loin, Ron reprit la parole.

- George et Fred m'ont promis de rendre la vie insupportable à Ombrage, j'ai hâte de voir ça ! s'exclama Ron.
- Ils ne devraient pas s'attirer trop d'ennuis, gronda Hermione. Je pense qu'Ombrage n'aurait aucun scrupule à les expulser de l'école.
- T'inquiète, ils savent ce qu'ils font, assura Ron avec une pointe de fierté dans la voix.

Hermione soupira et ils ne tardèrent pas à entrer dans la salle de potion, pour deux longues heures... Comme de coutume, Rogue favorisait les Serpentard et se délectait d'enlever de nombreux points à la maison Gryffondor, pour les raisons les plus futiles qui soient. La journée passa lentement, et quand Hermione se retrouva le soir dans la salle commune, elle pensait à son lit qui l'attendait au lieu de se concentrer sur le devoir que Rogue leur avait donné. Relevant la tête pour se dégourdir la nuque, son regard tomba sur les jumeaux Weasley qui vantaient les mérites de leurs boites à flemmes, et la jeune Gryffondor se rendit compte en soupirant que leurs poches se remplissaient petit à petit de galions, alors que leur stock de boîtes diminuait rapidement. Puis son regard s'attarda plus longuement sur les jumeaux, qui souriaient jusqu'aux oreilles, et même si leur bonne humeur était communicative, elle n'arrivait pas à se détendre à cette vue.

- Ils vont vraiment s'attirer des ennuis avec leurs produits, commenta-t-elle.
- Ils s'attirent des ennuis depuis qu'ils sont nés, répondit Ron qui était en train de recopier ce qui se trouvait sur le parchemin d'Hermione, en changeant toutefois la tournure des phrases.
- En tant que préfète je suis censée les interdirent de vendre ces trucs.
- Ah non ! S'exclama Harry. Ou alors attends, car j'imagine sérieusement d'aller acheter une de ces boites pour le cours d'Ombrage.

Hermione adressa un regard menaçant au brun à lunette qui ne s'en préoccupa pas une seule seconde. Son regard restait fixé sur le petit trafic des jumeaux Weasley, et quand il se leva, la Gryffondor comprit rapidement qu'il n'allait pas attendre plus longtemps pour aller acheter une de ces fameuses boîtes. Hermione se leva à son tour en soupirant et entreprit de suivre Harry, alors que Ron, resté seul, marmonnait un « merci pour le parchemin » en recopiant avec avidité le devoir d'Hermione. Harry s'arrêta devant les jumeaux qui étaient en train de finaliser une vente.

- Harry ! Nous étions sûrs que tu ne saurais pas résister ! Commença Fred.
- Il est toutefois impossible de résister, enchaîna George.
- Par quoi te laisseras-tu tenter ? Demanda le premier en lui exposant sous les yeux un carton rempli d'objets en tout genre.

Harry hésita un instant face au choix qui s'étalait sous ses yeux alors qu'Hermione soupirait en les regardants faires. Elle jeta un coup d'œil au carton et trouva ses objets tout bonnement dénués d'intérêt.

- Si nous pouvons te conseiller..., reprit George.
- Les nougats néansang font un malheur !
- Mais puisque c'est toi, nous pouvons te faire un lot. Nougat, Berlingot de Fièvre, Pastilles de Gerbe, Petits fours Tourndeloeil...
- On te fait le tout !
- Ok ! S'exclama Harry, ravi. Je suis partant !

Hermione lui lança un regard assassin, mais ce n'est pas Harry qui le vit, mais Fred Weasley, qui n'était pas occupé à sortir les produits du carton, à l'inverse de son frère.

- La préfète se laisserait-elle tenter par un de nos magnifiques produits ? demanda-t-il en s'approchant d'elle.
- Non merci, ça ira. Et en tant que préfète, je devrais vous interdire d'en faire la vente au sein de l'école.
- Oh allez, Herminione ! Je suis sûre que tu meurs d'envie d'avoir une plume auto encreur !
- Une plume auto encreur ? Répéta la Gryffondor, étonnée.
- Et oui, Herminione, il nous arrive de fabriquer des produits intelligents, répondit George qui en avait terminé avec Harry.
- Je suis parfaitement capable d'encrer ma plume moi-même, mais merci de la proposition.

Elle n'attendit pas de réponse de leur part, et elle tourna les talons pour rejoindre Ron qui écrivait toujours. Harry ne tarda pas à faire de même et elle lui lança un regard glacial alors qu'il présentait les produits qu'il avait achetés à Ron.

- La chance ! S'exclama celui-ci. Ils ne veulent rien me donner, même si je suis leur frère, se plaignit Ron.

Hermione leva de nouveau les yeux au ciel, et elle récupéra son parchemin que Ron n'avait pas terminé de recopier.

- Hé ! J'ai pas fini !
- Et bien tu finiras tout seul. Je vais me coucher, à demain.
- Ouais, à demain, grommela Ron d'un air énervé.

La Gryffondor ne s'occupa pas plus de son air renfrogné, et après avoir entendu Harry lui souhaiter une bonne nuit, elle monta dans son dortoir non sans avoir adressé un regard hautain aux jumeaux en passant devant eux.

- Tu craqueras un jour, Herminione ! S'exclama Fred.

La concernée ne répondit rien et entreprit de monter les escaliers en pierre menant au dortoir des filles. Elle fit un rapide passage dans la salle-de-bain et s'empressa ensuite de rejoindre son lit, soupirant de bien-être en se glissant dans ses draps. Elle s'empara du livre qui reposait sur sa table de nuit, et elle reprit sa lecture là où elle s'était arrêtée la veille.

Le lendemain suivant, Hermione était en train de prendre son déjeuner dans la grande salle avec Ron, Harry et Ginny tout en parlant de ce qu'ils allaient faire de leur week-end quand Fred et George vinrent se joindre à eux. Ils se placèrent de part et d'autre de Ginny, et Fred se retrouva ainsi en face d'Hermione, qui écoutait attentivement ce que Harry disait.

- Alors jeunes gens, quoi de prévu en ce beau week-end ? Demanda George.
- Ron et moi avons prévu de faire quelques entrainements de Quidditch, répondit Harry.
- Ah oui, ça pourrait t'être utile, Ron, commenta Fred en riant.

Hermione, qui savait que son ami était déjà si peu sûr de lui concernant le Quidditch, ne put s'empêcher de lancer un regard noir à Fred, qui le remarqua en arquant un sourcil.

- Oui Herminionne ? Questionna Fred en lui souriant.
- Laisse Ron tranquille, il a besoin de prendre confiance en lui, souffla Hermione pour que Ron ne l'entende pas.
- Vos désirs sont des ordres, mademoiselle..., répondit-il en inclinant la tête en une sorte de révérence et en souriant.

Hermione ne prêta pas la moindre attention aux manières de Fred qui étaient coutumières lorsqu'il s'adressait à une fille, toutes maisons confondues. Il en était de même pour George. A l'inverse d'Hermione, Fred remarqua du coin de l'œil que Ron les regardait en fronçant les sourcils et qu'il n'écoutait aucunement ce que Harry lui racontait. Fred regarda tour à tour son jeune frère et Hermione qui parlait maintenant avec Ginny, et il esquissa un sourire on ne peut plus fier en ayant subitement une idée. Cette idée ne cessait de trotter dans son esprit durant tout le déjeuner, ainsi, une fois qu'ils eurent fini, il appela son jumeau à le suivre dans leur dortoir pour la lui faire partager.

- Je viens d'avoir une idée tout simplement géniale !
- Toi ? Pas possible, affirma George en riant.
- Si mes idées sont nulles, alors les tiennes le sont encore plus, répliqua Fred. Mais écoute-moi ça. Ça doit faire bien deux ans qu'on essaye de savoir si Ron en pince pour Hermione non ?
- Oui, mais sans succès..., répondit George qui ne voyait pas le rapport.
- Eh bien, j'ai trouvé la solution ! Nous allons draguer Hermione pendant quelques temps, histoire de voir quelle sera la réaction de Ron !
- Brillant ! s'exclama George en riant. Mais comment t'est venue cette idée ?
- Tout à l'heure à table. J'étais en train de parler un peu avec Hermione quand j'ai remarqué que Ron nous regardait du coin de l'œil. Et BIM ! Une idée géniale !
- Moi je ne crois pas qu'elle soit si géniale que ça...

Fred et George se retournèrent d'un même mouvement pour se retrouver face à Lee Jordan, allongé sur son lit.

- Alors on nous espionne maintenant ? demanda George en souriant.
- 'Fallait vérifier que la pièce était vide, répliqua Lee en se redressant de façon à être assis au bord de son lit.
- Et pourquoi ne trouves-tu pas mon idée géniale ?
- Parce que moi, je pense à Hermione. Imaginez qu'elle tombe dans le piège et qu'elle craque pour l'un d'entre vous après ?

Fred et George regardèrent leur ami un moment, puis se regardèrent avant de finir par éclater de rire en se tenant les côtes.

- Sérieusement Lee ? fit Fred qui essayait de se calmer. Je te rappelle qu'on parle d'Hermione !
- Et alors ?
- Alors c'est Hermione ! Jamais elle ne pourra craquer pour l'un d'entre nous, elle déteste trop nos méthodes et à chaque fois qu'elle nous parle, c'est pour nous rappeler le règlement de l'école.
- Peut-être, répondit Lee, mais je ne crois pas qu'Hermione ait déjà été draguée, ou peut-être par Krum, et encore, ce n'est pas certain. Alors je serai vous, je ferai attention à sa réaction...
- T'inquiète, on gère ! assura George. Les chances pour qu'Hermione en pince pour nous sont quasi nulles.
- Bon, c'est pas le tout, mais nous, on va aller voir Ron s'entraîner au Quidditch, histoire de rigoler un peu. Tu viens avec nous, Lee ? demanda Fred.
- Non, je dois aller voir Alicia pour revoir quelques trucs avec elle. À plus, dit-il en sortant de la chambre, suivi de près par les jumeaux.

Les jours passaient rapidement et se ressemblaient tous, entre les cours, les repas, et les devoirs qui se terminaient tard dans la soirée. Durant la semaine qui avait précédé, Hermione avait été surprise de voir les jumeaux Weasley souvent avec eux, bien plus souvent que d'habitude. Mais ce qui l'avait le plus surprise, c'était le rapprochement qu'ils avaient auprès d'elle. Il ne se passait presque pas un jour sans que l'un des jumeaux, voir les deux, ne passent un bras autour de ses épaules pour lui parler de tout et de rien, et ils n'avaient de cesse de lui sourire à chaque fois qu'ils la croisaient. Hermione ne comprenait pas ce changement d'habitude soudaine, mais elle ne s'en formalisait pas. Il s'agissait de Fred et George Weasley, après tout, et des comportements étranges venant d'eux s'avéraient en soit tout à fait normaux.

Ce soir-là, Hermione était assise sur l'un des fauteuils près de la cheminée dans la salle commune des Gryffondor en compagnie de Ron et de Harry. Ils essayaient tant bien que mal de terminer un devoir donné par Ombrage plus tôt dans la journée. Une entrée fracassante fit lever la tête de Harry et de ses amis pour apercevoir les jumeaux qui entraient. Ils se dirigèrent vers le trio qui s'était remis à leur devoir, et s'assirent par terre contre le fauteuil d'Hermione, de chaque côté de ses jambes. La jeune Gryffondor arqua un sourcil en les regardant, mais n'y prêta pas plus d'attention.

- Alors les jeunes, quoi de neuf ? demanda George.
- Oh, ben disons devoirs, devoirs, devoirs et devoirs..., soupira Harry en montrant son rouleau de parchemin.
- Ah, les joies de la cinquième année, commenta Fred en prenant un air nostalgique. Et toi, Hermione, tu t'en sors ? demanda-t-il en relevant la tête en sa direction.
- Oh... euh... oui très bien, répondit-elle après un certain temps, surprise par cette attention.

Harry, qui avait cessé d'écrire, regardait cet échange d'un air perplexe. Il avait bien remarqué que les jumeaux étaient souvent auprès d'Hermione ces derniers jours, mais il ne comprenait pas pourquoi. Harry se doutait que Ron l'avait également remarqué, car celui-ci était de plus en plus grognon, notamment en ce moment, car il n'arrêtait pas de raturer son parchemin et d'en jeter des morceaux dans le feu. Il vit par ailleurs Fred faire un clin d'œil à George quand Ron s'énerva pour de bon après son devoir.

- Bon, j'en ai marre de ce fichu devoir qui ne sert strictement à rien ! s'exclama Ron en jetant le peu de parchemin qui lui restait devant lui et en se levant. Je vais me coucher.
- Bonne nuit ! lancèrent Fred et George en souriant de toutes leurs dents.

Ils entendirent Ron marmonner tout en montant les escaliers, puis Harry et les jumeaux décidèrent à leur tour d'aller se coucher.

- Tu ne viens pas, Hermione ? demanda Harry en rangeant ses affaires.
- Non, j'aimerais finir ce devoir avant d'aller me coucher. On se voit demain, répondit l'intéressée, sans lever le nez de son parchemin.
- D'accord, bonne nuit.
- Bonne nuit, Harry.

De leur côté, les jumeaux, qui étaient dans leur chambre depuis un moment, venaient de raconter à Lee ce qu'il s'était passé dans la salle commune.

- Tu aurais dû voir comment Ron s'est énervé après son parchemin une fois qu'on est arrivé ! s'exclama George en imitant son jeune frère.
- C'était géant ! Enchaîna Fred.
- Donc vous pensez qu'il en pince réellement pour Hermione ?
- On en est presque sûr ! Commença Fred.
- On va juste continuer un peu pour en être tout à fait certain..., continua George.
- Et aussi parce que c'est carrément marrant de voir Ron comme ça !
- Si Ron apprend ça, il vous tuera, remarqua Lee en riant.

Les garçons commencèrent à se préparer à aller se coucher lorsque Fred remarqua qu'il avait oublié sa baguette dans la salle commune.

- Hé, les gars, j'ai oublié ma baguette en bas, je vais la chercher.
- Ça marche.

Fred descendit donc en direction de la salle commune, ne sachant pas qu'il y trouverait plus que sa baguette magique, essentiel à leur petit jeu du moment...