Deuxième tome - Septième chapitre.
- J'aimerai quand même savoir ce qu'il se passe avec Angelina...
Hermione murmura cette phrase, hésitante. En soit, elle n'avait pas tant peur que ça de la réponse de Fred, mais elle avait peur de passer pour une petite amie jalouse et capricieuse, ce qu'elle ne voulait surtout pas être. Ce que Fred remarqua, bien évidement, et il ne manqua pas de mettre le sujet en avant.
- Serais-tu jalouse ?
- Non, mais j'aimerai bien comprendre pourquoi elle se trouve subitement à la boutique avec vous.
Fred esquissa une moue qui fit clairement craquer la Gryffondor qui se garda bien de le montrer. Il s'approcha plus près d'elle et s'empara de ses deux mains, laissant tout le loisir à Hermione de s'imaginer moult scénarios.
- Tu ne vas pas aimer.
- Pourquoi ? demanda Hermione en essayant d'empêcher sa voix de couiner.
- Parce que je sais que tu es jalouse, et quand tu comprendras ce qu'il s'est passé, tu vas culpabiliser de l'avoir été.
- Alors je culpabiliserais, ce n'est pas grave. Dis-moi.
Hermione se pensait prête à entendre ce qui allait suivre. Bien sûr, elle était à mille lieues de la réalité, et la mise en garde du rouquin l'inquiétait outre mesure. Elle remarquait, au fil de leur relation, que Fred aimait tourner autour du pot lorsqu'il avait quelque chose à annoncer. Elle avait envie de le détester pour ça, mais c'était toujours un autre sentiment qui l'emportait.
- Ses parents sont morts, annonça Fred. Une attaque dans un pub, mais on ne sait pas encore si c'est l'œuvre des mangemorts ou pas.
Hermione s'était attendu à tout. À tout sauf à ça. Elle se sentit soudain complément idiote et stupide, et comme l'avait deviné Fred, elle culpabilisa. Elle n'avait pas vu plus loin que le bout de son nez, et pire que tout, elle ne se reconnaissait pas dans ce comportement. Elle voulu dire quelque chose, n'importe quoi, mais aucun mot ne sortit de ses lèvres. Elle n'arrivait qu'à regarder Fred, une expression horrifiée sur le visage.
- Sa grand-mère voulait qu'Angelina vienne chez elle, reprit-il, mais elle n'a pas voulu. Depuis, nous restons chez elle le soir, et elle vient avec nous à la boutique la journée, pour ne pas rester seule.
Hermione restait interdite. Elle ne savait pas comment analyser ce qu'elle venait d'apprendre et les informations tournaient en boucle dans sa tête. Les parents d'Angelina avaient été tués. Probablement par des mangemorts. Elle se retrouvait toute seule. Elle dû se faire violence pour réprimer la nausée qu'elle sentait monter en elle.
- J'ai... J'ai été jalouse d'une fille qui vient de perdre ses parents, dit-elle enfin d'une voix neutre.
- Tu ne pouvais pas savoir, répondit Fred.
Et subitement, sans qu'Hermione ne puisse l'expliquer, la stupeur et l'effroi laissèrent place à la colère. Elle sentait ce sentiment monter en elle aussi sûrement que deux et deux font quatre, et puisque Fred était le seul devant elle, il allait en faire les frais.
- Mais toi tu savais ! s'exclama-t-elle. Tu savais et tu m'as laissé faire ! Pourquoi tu ne m'as rien dit ? reprit-t-elle sans laisser à Fred le temps de répondre. Je suis sûre que je lui ai lancé un regard mauvais quand elle est arrivée, tout ça parce que je ne savais pas !
- Hé, c'est rien. Je suis sûr qu'elle n'a même pas remarqué ton regard, il y avait du monde dans la cuisine.
- Et alors ?! Ce n'est pas une raison, j'ai été odieuse avec elle !
Fred esquissa un sourire qui énerva encore plus la Gryffondor. Mais c'était tout elle. Hermione se considérait odieuse avec Angelina alors qu'elle ne lui avait même pas adressé un mot depuis son arrivée. Il décida néanmoins d'essayer de la raisonner, car il ne voulait pas continuer à la voir culpabiliser pour une chose qu'elle n'avait pas faite.
- Tu n'as pas été odieuse, n'importe qui aurait réagi de la même manière, à ta place. C'est de ma faute, j'aurai dû te tenir informée, alors arrête de te blâmer et blâme moi à la place.
- Oh mais je te blâme, Fred Weasley ! Je n'ai rien remarqué, ajouta-t-elle, plus pour elle-même. Je n'ai pas remarqué qu'elle n'allait pas bien.
- Angelina n'est pas à Gryffondor et capitaine de l'équipe pour rien, elle sait cacher ses émotions.
- Elle ne devrait pas, murmura Hermione.
- Je sais. C'est pour ça que nous restons avec elle, car nous savons que ça va exploser tôt ou tard.
Hermione était en train de se traiter mentalement d'idiote tout en se disant qu'Angelina avait de la chance de les avoir, lorsqu'un détail l'interpella. Elle releva les yeux sur le rouquin et pour la première fois, elle remarqua l'air sérieux qui ornait son visage. Un air qu'elle ne connaissait pas tant que ça, mais qui, doucement, commençait à se faire de plus en plus présent.
- Est-ce que... Est-ce qu'il y a eu une cérémonie ? demanda-t-elle à voix basse.
- Pas encore. Ils avaient besoin des corps, répondit Fred en sentant les poils de ses bras se hérisser. Mais il va y avoir un enterrement, dans deux jours.
Hermione ne lui demanda pas s'il allait y aller, c'était évident. Lui et George ne laisseraient jamais Angelina affronter cette journée seule. Bien qu'entourée de sa famille, Hermione savait qu'elle aurait besoin des jumeaux pour ne pas s'effondrer, et elle le comprenait. Dans une telle situation, elle aurait eu besoin de Fred plus que de n'importe qui. Tous soupçons, doutes, craintes, s'étaient envolés, mais pourtant, Hermione se sentait lessivée. Au fond d'elle, elle était persuadée qu'il s'agissait d'une attaque de mangemorts, et même si elle refusait de l'admettre, tout son être lui hurlait que ça ne serait pas la dernière. Elle avait conscience que ce n'était pas seulement une nouvelle année qui les attendaient à la rentrée, mais également une nouvelle ère.
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D'aussi loin qu'ils se souviennent, ou plutôt, depuis leur entrée à Poudlard, Fred et George avaient toujours été entourés, mais ils ne comptaient que quelques amis proches. Lee Jordan, Angelina Johnson et Alicia Spinet. Les trois garçons s'étaient rencontrés dans le Poudlard Express et avaient rapidement sympathisé. Quand ils avaient appris qu'ils étaient répartis dans la même maison, ça avait sonné comme une évidence. Avec Angelina et Alicia, les choses ont été un peu plus compliquées. Les garçons avaient plusieurs points en commun, mais leur grande passion, était et restera toujours les farces. Farces aux goûts douteux, certes, mais qui savaient les combler de joie. Ainsi, Angelina et Alicia en avaient fait les frais. Elles ne comptaient plus le nombre de litres d'eau qu'elles avaient reçu sur la tête au cours de leur première année, ni le nombre de retenues dues aux garçons. Si elles étaient leurs cibles, c'est parce qu'elles étaient bon public. Quand il arrivait un malheur à l'une d'elle, l'autre ne manquait pas d'éclater de rire à côté. Bien sûr, les garçons avaient essayés sur d'autres personnes, mais les résultats étaient des cris de protestation et des excès de colère. Préférant de loin entendre les rires des filles, et les voir préparer des vengeances vaines, elles étaient devenues leur passe-temps.
Puis les années passèrent, et de passe-temps, elles devinrent amies, puis confidentes, et pour l'une d'entre elle, peut-être même un peu plus. À l'inverse d'Alicia, Angelina avait toujours trouvé les jumeaux attirants. Au cours des premières années, elle essayait de toutes ses forces de faire la différence entre les deux. Quand elle parlait, elle voulait savoir qui était Fred et qui était George. Elle y parviendra finalement au bout de la quatrième année. Au départ, Angelina ne se sentait pas reconnue à sa juste valeur. Elle avait l'impression de n'être là que pour les divertir. Mais lorsqu'elle a été prise dans l'équipe de Quidditch en même temps qu'eux, les choses ont changées. Elle avait enfin l'impression qu'ils la considéraient comme une égale. Les années s'enchaînaient et Angelina commençait doucement à voir les choses autrement, surtout depuis qu'elle savait faire la différence entre Fred et George. Elle se rendait compte qu'elle riait plus en présence de l'un que de l'autre. Elle voulait être reconnue, regardée, désirée par Fred Weasley. Elle voulait lui plaire. Les jumeaux aimaient draguer gentiment, mais seulement voilà, Angelina n'était pas la seule qu'ils draguaient. Si elle laissait faire George, elle ne prenait en considération que les paroles de Fred. Et quand il s'éloignait un peu trop, quand il partait voir une autre fille, il ne se rendait pas compte qu'Angelina était au comble de la jalousie. Il ne se rendait jamais compte de rien...
Angelina se souvenait comme si c'était hier des moments forts de son existence. Ce n'était pas bien dur puisque Fred Weasley avait été l'auteur de bon nombre d'entre eux. Elle se souvenait des rires, des farces, des heures de retenues, de son bras passé nonchalamment derrière son cou alors qu'ils marchaient dans les couloirs. Elle se souvenait des nombreux duels qu'ils avaient mené sur un balai, des paris idiots qui en découlaient, et de la mauvaise foi de Fred lorsqu'il perdait. Angelina avait toujours été plus forte que lui dans les airs, mais ça, le rouquin ne l'avouerait jamais. Elle se souvenait du premier baiser qu'ils avaient échangé. Bien sûr, il venait d'un pari. Elle se rappelait de l'effroi dans les yeux de Rusard lorsqu'il les avaient surpris en train de s'embrasser, alors qu'ils auraient dû être occupés à nettoyer la salle des trophées. Ce soir-là, excédé, le concierge les avaient envoyés directement chez Dumbledore à coup de balai dans les jambes. Angelina n'oublierait jamais la chaleur de ses joues alors qu'elle sentait sur elle le regard amusé du directeur lorsque Rusard lui énumérait la situation.
- Voyez-vous, Rusard, je ne vois rien de mal à ce que deux jeunes élèves profitent de se retrouver loin des regards indiscrets, avait-il dit, amusé. Et je ne pense pas que cela mérite trois heures de retenues supplémentaires.
Après ce baiser, rien n'était arrivé. Leur relation était toujours la même, faite de rire et de complicité, mais elle n'avait pas évoluée, au grand damne d'Angelina qui ne demandait que ça. Elle en était à désespérer jusqu'à ce jour où Fred lui demanda de venir avec elle au bal de noël, au cours de la même année. C'était une demande des plus banales, entourés des autres élèves et sous la surveillance de Rogue, mais cette demande banale avait entraînée des choses bien moins banales. Le soir du bal, elle s'était préparée avec plus d'attention qu'elle ne l'avait jamais fait, et quand elle avait rejoint le rouquin en bas des escaliers, son cœur s'était emballé outre mesure. Il n'y avait alors plus de doute possible. Le temps avait fait en sorte qu'elle tombe amoureuse de Fred Weasley. Comme s'il avait deviné ses attentes, il s'était montré particulièrement attentionné le soir-là. Il l'avait faite danser, l'avait faite se sentir belle, désirée. Elle avait rit aux éclats, et dans ses bras, elle se sentait à sa place. Le reste de la soirée avait paru logique autant pour l'un que pour l'autre. Ils s'étaient retrouvés dans la chambre de Fred, et en voyant la manière dont il la regardait, Angelina avait rapidement fait taire les doutes et les interrogations qu'elle sentait monter en elle. A la place, elle s'était laissée aller dans ses bras, n'écoutant que l'envie de son corps qui lui criait de se coller à celui de Fred. Le lendemain, les doutes étaient revenus, mais quand Fred l'avait embrassé au détour d'un couloir, ils s'étaient évaporés. Après ça, ils avaient essayé de construire une relation, mais l'un comme l'autre s'étaient rendu compte que quelque chose n'allait pas. En étant en couple, ils ne riaient plus autant, et chacun avait l'impression qu'au lieu de se rapprocher, ils s'éloignaient. Ainsi, ils n'insistèrent pas, mais Angelina oublia avec un peu moins de facilité que Fred.
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21 décembre 1995,
En cette soirée d'hiver, Fred Weasley, tranquillement installé sur son lit dans sa chambre à Poudlard, occupé à faire rebondir une balle sur chaque mur de la chambre, releva les yeux en entendant la porte s'ouvrir. S'attendant à voir son frère ou Lee entrer, il fut étonné en voyant Angelina faire apparition dans la chambre. Elle regarda autour d'eux, semblant vérifier qu'ils étaient bien seuls, puis elle s'installa sur le lit de George qui se trouvait en face de celui de Fred.
- Hum... Mauvais étage, mauvais dortoir, mauvaise chambre, commenta Fred. A moins que tu ne te sois fait pousser un engin pendant la nuit, et si c'est le cas, je demande à voir.
- Ne fait pas l'idiot, répondit Angelina. Il faut qu'on parle.
Fred arrêta la balle qui était toujours en train de rebondir dans la pièce, et il se redressa, accordant ainsi toute son attention à la Gryffondor qui ne semblait pas d'humeur à la plaisanterie. Il évalua rapidement la situation, cherchant ce qu'il aurait bien pu faire pour la contrarier, mais rien ne le frappa. Il avait, semble-t-il, la conscience tranquille.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive, cap'taine ?
- Je suppose que comme moi, tu as entendu ces bruits de couloirs qui circulent plus vite qu'un vif d'or.
- Il y a toujours des bruits de couloirs, répondit Fred. Ils concernent qui, cette fois ?
- Toi, annonça Angelina après un court silence. Et Hermione Granger.
Fred grimaça et tout se mit alors en place dans son esprit. Il connaissait enfin la raison de la contrariété d'Angelina, et il aurait bien aimé passer à côté de cet instant qui devait indéniablement arriver. Cette année s'était avérée différente en tout point, et pas seulement à cause de l'arrivée de Dolorès Ombrage. Non. En plus de cela, il était arrivé l'impensable. Fred Weasley s'était intéressé à la Miss-Je-Sais-Tout de l'école, et son intérêt pour la jeune Gryffondor ne faisait qu'accroître au fil des jours. Il apprenait à découvrir une Hermione passionnée dans tout ce qu'elle entreprenait, une amie loyale, aimante, et même s'il en était le premier étonné, il se sentait attiré par elle. Quand autrefois, leur principal but était de l'agacer avec leurs farces et heures de retenues, maintenant, il ressentait plutôt l'envie de la faire rire, de la voir sourire, et parfois même rougir. Il n'aurait jamais cru Hermione réceptive, mais elle l'était. Et plus elle l'était, plus il succombait. Il savait que quelque chose avait changé le jour où il l'avait embrassé après leur retenue avec Dolorès Ombrage. Il savait qu'il s'était embarqué dans quelque chose de plus gros que lui, mais il n'avait pas peur. Fred Weasley n'avait jamais peur. Et maintenant, noël approchait aussi sûrement que les rumeurs grandissaient au sein des couloirs de l'école.
- Et qu'est-ce qu'il se dit, sur Hermione et moi ? demanda-t-il.
- Que vous seriez ensemble.
- Et toi, tu en penses quoi ?
- Ça me paraît absurde, répondit Angelina. Je ne vois pas ce que tu irais faire avec une intellectuelle.
Fred grimaça de nouveau et Angelina ne manqua pas de le remarquer. Elle resta interdite quelques secondes, le temps d'assimiler ce qu'elle venait d'apprendre, même si techniquement, Fred n'avait pas avoué. Les expressions de son visage suffisaient à parler pour lui. Elle voulu rire, d'un rire nerveux, mais aucun son ne sortit de ses lèvres.
- Attends, sérieusement ? s'étonna-t-elle.
- J'ai été aussi surpris que toi, affirma Fred en levant les mains en l'air en signe de rédemption.
Ne sachant que dire, ni que faire, Angelina regarda vaguement la chambre des garçons, qui, bien sûr, regorgeait d'un immense bazar. Elle sentait ses mains devenir moites, elle n'arrivait pas à comprendre comment cela était possible. Son regard se posa alors sur Fred et elle se dit amèrement qu'il était trop bien pour Hermione Granger qui ne savait pas profiter des bonnes choses de la vie. Suivant son instinct, et surtout l'envie de défendre ce qui devrait lui appartenir de droit, elle se leva et s'approcha du rouquin qui la regarda faire. Quand elle l'enjamba pour s'asseoir sur ses genoux tout en lui faisant face, il fronça les sourcils mais ne la repoussa pas.
- Je ne crois pas qu'Hermione soit une fille pour toi, murmura-t-elle en le regardant fixement.
- Qui l'est, dans ce cas ?
- Je ne sais pas, mais sûrement pas elle. Elle ne saura rien t'apporter de plus, et je te connais, tu vas te lasser.
Fred n'était pas d'accord. Il l'était sûrement, avant de fréquenter Hermione, mais maintenant qu'il la voyait réellement, il savait que le jour où il serait lassé d'elle n'était pas près d'arriver. Derrière Hermione Granger ne se cachait pas que des livres, et il était grand temps que les autres le comprennent également.
- Angelina, si le problème c'est nous deux, on a déjà essayé, et ça n'a pas marché.
- Peut-être qu'on a pas essayé suffisamment fort..., répondit Angelina en passant ses bras derrière le cou du rouquin.
- Dans tous les cas, c'est trop tard.
- Tu en es sûr ? Peut-être que l'on pourrait essayer là, maintenant, et tu verras que je suis clairement en mesure de t'apporter plus qu'elle.
C'était clairement une incitation pour échanger plus que des mots, et Fred fut surpris de voir Angelina se comporter ainsi. Il savait qu'elle avait eu des sentiments autres qu'amicaux à son égard, mais il pensait que ce n'était plus le cas depuis leur tentative vaine de se mettre en couple. Il retira les mains de la jeune femme de son cou, mais au lieu de les lâcher il les retint en les tenants par les poignets.
- On ne va pas faire ça, Angelina, déjà parce que je suis avec Hermione, et aussi parce que ce n'est pas vraiment ce que tu veux.
La Gryffondor baissa la tête et sembla peu à peu revenir à elle. En croisant le regard de Fred, toujours assise sur ses genoux et les poignets encerclés de ses doigts, elle se mordit la lèvre inférieure en sentant ses joues prendre un coup de chaud.
- Je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle peut t'apporter, murmura-t-elle.
- Moi non plus, je ne comprenais pas, mais je pense que tu comprendras quand tu auras trouvé la bonne personne.
- Je pensais que c'était toi...
- On est jeunes, Lina, répondit Fred en souriant. Tu n'as pas vécu le quart de ta vie, et des hommes, tu en rencontreras des bien mieux que moi.
Elle hocha la tête et quand Fred vit une larme couler sur sa joue, il lui lâcha les poignets pour la prendre dans ses bras. Elle s'accrocha avec force à lui, et il la laissa faire, conscient que la situation était délicate pour elle. S'il y avait bien une chose qu'il voulait éviter par dessus tout, c'était de faire souffrir qui que ce soit.
- J'ai été idiote, chuchota-t-elle. Je suis désolée.
- C'est rien, crois-moi.
- On garde ça entre nous ? demanda-t-elle en s'éloignant de son étreinte.
- On garde ça entre nous.
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19 juillet 1996,
La veille de la mission sauvetage chez les Dursley,
Les jumeaux Weasley étaient constamment entourés de rires, de sourires, et ils le revendiquaient. Ils mettaient tout en œuvre pour voir les visages des autres s'éclairer joyeusement. Leur magasin de farces et attrapes en était la preuve. Ils ne comptaient plus le nombre de fois où ils avaient vu des enfants s'émerveiller devant l'enseigne de leur boutique, avant de voir les parents les arracher à leur rêverie en les tirant par les bras. Le magasin des deux frères était l'enfer de tout parents. Ceux qui y entraient n'en ressortaient jamais les mains libres, préférant éviter des crises de larmes et de cris. Mais en ce moment, ce n'était pas le cas. Ils avaient toutes les peines du monde à faire sourire la personne avec qui ils cohabitaient temporairement.
Angelina avait apprit la mort de ses parents cinq jours auparavant. Elle était reconnaissante avec les jumeaux qui l'aidaient du mieux qu'ils le pouvaient. Leurs tentatives pour la faire sourire étaient, certes, vaines, mais intérieurement, leurs blagues inutiles réchauffaient un peu son cœur abîmé. Voilà trois jours qu'elle se rendait à la boutique avec eux. Elle appréciait, et même si au début, les couleurs vives de l'enseigne semblaient lui donner mal à la tête, elle s'y accommodait doucement. Angelina le savait, elle n'était pas très utile. Elle déambulait dans entre les étagères, examinait les produits, d'un œil vague ou intéressé, tout dépendait du moment. Elle restait derrière l'un des deux frères au comptoir, ou bien se rendait à l'arrière boutique pour échapper à tout ce monde.
Quand le soir venait, chacun était fatigué, à leur manière. Fred et George étaient fatigués de leur journée de travail, bien que toujours pleins d'entrain, et Angelina, elle, était fatiguée de ressentir la tristesse et la colère sur ses épaules. Elle était triste pour ses parents, qui, chaque jour, lui manquaient un peu plus. Et elle étaient en colère, en colère auprès de ceux qui avaient causé leur départ précipité. Ainsi, en quittant la boutique, mourant de faim mais n'ayant pas le courage, et l'envie, de se préparer à manger, ils se rendaient aux trois balais. Le plus souvent, vu qu'ils finissaient tard, il n'y avait pas beaucoup de monde, au grand soulagement d'Angelina qui ne voulait pas croiser des têtes qu'elle connaissait. Elle ne voulait pas expliquer la raison de son visage fermé.
C'était le cas ce soir. Troisième soir de suite où George, ou bien Fred, poussait la porte du pub. Rosmerta les salua en souriant, et Angelina fit le tour de la salle du regard. Un vieux sorcier se trouvait au fond, replié sur lui-même, devant un verre dont elle ne parvint pas à distinguer le contenu. Elle vit ensuite un jeune couple qu'ils avaient déjà repéré la veille. Si Angelina avait bien compris, ils restaient dans le coin un petit moment et avaient élu domicile à l'auberge des trois balais. Ils avaient l'air heureux, et elle les enviaient. Se rendant compte que les jumeaux se dirigeaient vers une table au hasard, elle les suivit et s'installa à côté de George en silence.
- J'ai l'impression d'être un adulte, lança alors Fred en jouant avec la carte abimée.
Pour toute réponse, Angelina haussa un sourcil, intriguée. Techniquement, ils étaient déjà adultes, alors elle ne comprenait pas où il voulait en venir. George, lui, ricana avant de demander à son frère de s'expliquer.
- On dort, on va travailler, on mange, et on dort. Des adultes.
- C'est ça de ne plus être à Poudlard, répondit l'ancienne Gryffondor.
- Ça manquerait presque ! ajouta George. Surtout Rusard, il était comme un second père pour nous, continua le rouquin malicieusement.
- Je crois qu'on devrait lui envoyer une carte, proposa Fred en souriant. Pour le remercier d'avoir fait de nous les hommes que nous sommes.
Angelina esquissa un sourire en les entendant évoquer leurs nombreux souvenirs avec Rusard. Elle était sûre, au fond d'eux, que le concierge leur manquait vraiment. Ils avaient passé presque de la moitié de leur vie après lui,cherchant toujours la farce qui le fera le plus sortir de ses gonds. Et c'est pour ça qu'elle leur était reconnaissante. Ils se comportaient comme si aucun malheur ne lui était arrivé, et pourtant, elle savait qu'ils seraient là pour l'écouter si jamais elle venait à vouloir en parler.
Nous ne sommes pas brisés, juste abîmés...
Lorsqu'ils rentrèrent chez Angelina, il était déjà plus de 23 heures, presque comme les précédents soirs. George fut le premier à aller sous la douche, et Fred alla s'affaler sur le canapé du salon. L'ancienne Gryffondor le rejoignit après s'être servit un verre d'eau, et elle alla prendre place à ses côtés. Elle se mordit les lèvres et posa la question qu'elle retenait depuis quelques jours.
- Dis-moi, est-ce que tu es toujours avec Hermione ?
Fred tourna la tête en sa direction et entendant le prénom de celle qu'il aimait, il se rendit compte qu'elle lui manquait. Il allait falloir qu'il aille la voir, et bientôt. La dernière fois remontait au repas improvisé chez les parents de cette dernière, et il se dit que ça faisait déjà trop longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu. Qu'il ne l'avait pas embrassée. Il se rappela alors de la question d'Angelina et fronça brièvement les sourcils.
- Oui, pourquoi ?
- Tu ne parles pas d'elle.
Fred ne put qu'approuver. Il ne lui arrivait pas souvent de parler d'Hermione, surtout depuis qu'ils cohabitaient avec Angelina. Lui-même n'était pas en mesure d'expliquer pourquoi, il n'en savait rien. Le magasin, la situation avec Angelina, la fatigue ne lui laissaient pas le temps de parler d'elle.
- Et pourtant, nous sommes toujours ensemble.
- Qui l'eut crut, commenta Angelina en esquissant un sourire.
- Personne ne l'aurait cru, répondit Fred.
- Et toi, tu y croyais ?
Le rouquin considéra grandement la question. Est-ce qu'il pensait, il y a de ça quelques mois, que leur relation tiendrait aussi longtemps ? Non, il n'y croyait pas. Il ne croyait même pas qu'Hermione accepterait une quelconque relation entre eux, autre qu'amicale. Fred avait voulu jouer, et il avait été le premier a avoir succombé.
- Non, je n'y croyais pas.
- Il faut croire que je me suis trompée, et qu'elle sait t'apporter plus que je ne pensais.
Fred resta silencieux, ce qui étonna Angelina. Il n'était pas dans le genre du rouquin de rester silencieux. Elle joua un moment avec le verre entre ses mains tout en réfléchissant. Quand ses parents n'occupaient pas toutes ses pensées, il lui arrivait de le regarder, de le regarder vraiment. Elle analysait ses yeux malicieux, examinait son visage, et avait l'impression de tomber de nouveau dans les mailles du filet. Angelina l'avait rapidement compris, elle n'avait pas tiré de trait sur ses anciens sentiments. Elle continuait toujours à voir plus en Fred, qu'en George.
- Je me pose juste une question...
Il la regarda de nouveau, et Angelina espéra que la lassitude qu'elle lisait sur son visage n'était pas due à elle. Elle se dit que c'était peut-être de la fatigue, et non de la lassitude. Elle tenta tout de même le tout pour le tout.
- Es-tu heureux, Fred ?
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Chose promise, chose due. ❤️
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