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The Hand Of Destiny

Lorsque vous rencontrez une personne pour la première fois, que regardez-vous en premier ?

Beaucoup diront qu'ils observent les yeux : c'est là qu'on peut observer l'éclat de la conscience, la preuve de notre humanité.
Associés au sourcils, ils transmettent les émotions mieux que n'importe quelles paroles.
Mais, pour les mêmes raisons, les yeux sont intimidants : les regarder revient à se confronter à l'autre, qui est un être entier et complètement différent de nous, un parfait étranger.

J'ai toujours eu pour habitude de poser mon regard sur les mains : immobiles, nerveuses, bronzées, agitées de tics, enfouies dans les poches, marquées de cicatrices ou aux ongles vernis, elles révèlent la personnalité de l'individu et parfois son histoire.

Si la conscience nous amène des idées, des rêves ou des projets, ils ne sont réalisables que par les mains.
Sans l'apparition de nos pouces opposables, qui ont transformé nos "pattes" en "mains", il nous serait impossible de pratiquer le moindre art, que ce soit la musique, l'écriture, le dessin ou la sculpture. Cette évolution du corps, alliée à celle de l'esprit, est l'outil du progrès de l'humanité.

Mais nos mains sont toujours très proches de celles des primates, et certains gestes nous rappellent que notre part animale n'est pas si loin derrière nous : agripper, cueillir, griffer, s'accrocher, frapper, pousser... L'objectif est à chaque fois la survie de l'individu, que cela soit pour sa défense, pour se nourrir ou pour assurer sa descendance.

Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous en fais tout un exposé. La simple vérité est que, parmi tous ceux qui explorent les capacités des mains, les possibilités qui nous sont offertes, j'ai trouvé le maître.

Je me promenais dans une ville réputée pour abriter nombre d'artistes de rue, comme tant d'autres étudiants en week-end, quand je l'ai aperçu, ou plutôt, quand j'ai vu une cinquantaine de personnes se tenir en arc de cercle, semblant être fascinées par quelque chose.

Après avoir tenté de me rapprocher, sans succès, de la source de ce regroupement, je repérai un arbre aux branches hautes. J'y grimpai pour m'installer, m'offrant un poste d'observation privilégié pour contempler le spectacle.

La première chose que je remarquai fut l'amoncellement d'objets en tous genres : une guitare, un jeu de bento, des osselets, des rubans, un djembé, des couteaux, une scie, des pinceaux, des crayons, une toile encore vierge... Tout ce qui pouvait mettre en valeur les mains se trouvait ici.

Je notai tout cela d'un œil distrait car j'étais déjà focalisé sur les mains de l'artiste-car il en était incontestablement un.
Il était alors en train de sculpter avec de la pâte à modeler différentes choses qui rentraient dans son champ de vision, incluant des personnes, un lampadaire, un des monuments mondialement connus emblématique de la ville...

J'observais ces mains brunies par le soleil, dont les longs doigts agiles modelaient la matière selon la volonté de son esprit. Elles se mouvaient aisément, faisant apparaître les tendons sous la peau fine.
Tous ses ongles étaient coupés courts, sauf pour le pouce droit, lui permettant de tracer les détails les plus fins dans la pâte à modeler.
Deux larges cicatrices rectilignes étaient visibles sur le dos de ses mains, comme si l'on y avait planté des couteaux des années auparavant.

Il s'attelait actuellement à reproduire un arbre aux feuilles multicolores et au tronc mauve. Je compris que c'était celui où j'étais assis lorsqu'il commença à reproduire une silhouette humaine, installée sur la branche.
Je me tenais alors immobile pour lui faciliter la tâche.

Jusque-là, je n'avais pas vu son visage, tellement j'étais concentré sur ses mains.
Mais lorsque je me mis à le regarder, je ne vis que ses yeux : le reste était dissimulé sous un foulard et la capuche de son sweat-shirt était relevée.

Dès le moment où il leva la tête pour me regarder, je fus frappé par la couleur de ses yeux : ils avaient le bleu d'un ciel d'été, un bleu presque laiteux.
Son regard était vif, concentré et terriblement désarmant, au point que je faillis tomber de ma branche.
En remarquant cela, je vis des plis se former au coin de ses yeux : il devait être en train de sourire.

De là où j'étais, je voyais qu'il avait quasiment fini sa sculpture. Il ne manquait plus que le visage pour compléter la surface vide à l'avant de la tête du petit personnage.

L'homme redressa soudain la tête. Son regard brillant laissait penser qu'il venait d'avoir une idée.
D'un geste, il m'invita à descendre de mon arbre et à m'approcher de lui, ce que je fis immédiatement, intrigué.
Moi qui n'étais pas habitué à être au centre de l'attention et qui était de nature discrète, voir autant de regards tournés vers moi m'intimidait.

Je m'étais arrêté à environ un mètre de l'artiste. Je remarquai alors un chapeau contenant des pièces et, à l'occasion, quelques billets ; ainsi, c'est comme ça qu'il gagnait sa vie.
Alors que je regardais à nouveau tous les objets éparpillés autour de nous, que l'homme à mes côtés devait maîtriser à la perfection, je me posai une question toute simple :
Où avait-il trouvé le temps d'apprendre à les utiliser, si c'était son gagne-pain ?

Il sortit un bandeau, me le tendit et me montra ses yeux.
Je compris immédiatement qu'il voulait que je l'attache de sorte à ce qu'il ne puisse plus utiliser sa vue. Cela semblait assez logique puisqu'il cherchait à valoriser ses mains.

Il enleva sa capuche, exposant au regard de tous des cheveux courts d'un blanc éclatant, qui semblaient, étrangement, naturels.
Je me déplaçai derrière lui pour attacher le bandeau.

Il fit ensuite un demi-tour sur lui-même et tendit la main devant lui, comme pour chercher ma tête.
Je réalisai alors qu'il voulait reproduire mon visage grâce au seul sens du toucher.
Je pris sa main et la portai à ma joue. Elle dégageait une douce chaleur.

Pendant un temps indéfinissable, je le laissai parcourir mon visage de ses mains.
Ses gestes hésitants durant les premières minutes me confortèrent dans l'idée que cet exercice n'était pas prévu. Peut-être même que c'était la première fois qu'il s'y risquait. Mais qu'est-ce qui l'avait alors poussé à le faire ?

Il semblait avant tout troublé par le contact avec ma peau. Après tout, il n'exerçait son art qu'avec de la matière inanimée, et la rencontre avec quelque chose d'organique devait se révéler déstabilisant.

Prenant rapidement confiance, ses gestes se firent plus précis. Il écartait ses doigts, comme pour évaluer les proportions de mon visage. Il longeait du bout des doigts la courbe de mon nez pour remonter aux sourcils, dans un mouvement lent et doux qui me donnait des frissons.

Ses mouvements alternaient ainsi entre des "mesures", brèves et professionnelles, et de lents mouvements qui épousaient les courbes de mon visage, presque avec tendresse. Il prenait ensuite mon futur sosie de pâte à modeler, que je tenais dans la main et travaillait la matière selon sa volonté, effectuant de petites modifications, avant de me le redonner et de retourner à mon visage.

Je plongeai dans un état second, bercé par ces gestes d'une délicatesse que je n'avais jamais expérimentée, d'une tendresse que je n'avais jamais connue. Je sentais mon corps se détendre, mon esprit se vider et mon âme s'alléger, comme si je trouvais enfin une aire de repos sur la route de la vie.
Je fermai les yeux pour pouvoir profiter de ce moment de paix, de cet instant de grâce. Je n'entendais plus les gens qui m'entouraient, ni les voitures, ni les oiseaux ; le monde extérieur m'était devenu indifférent.

Lorsqu'il eut fini, ce fut un déchirement pour moi de devoir retourner à la réalité.
Je rouvrai les yeux et observai la petite sculpture à mon effigie : elle était tout simplement parfaite, dans ses moindres détails. J'avais même l'impression de pouvoir retrouver ma personnalité dans les traits creusés.

Il y eut de nombreux applaudissements de la part des passants, des pièces et un billets posés dans le chapeau, puis l'artiste de rue sortit un panneau où était inscrit : C'est terminé pour aujourd'hui !

Je revenais plusieurs jours de suite, et je ne me lassais pas de l'entendre jouer de la guitare et du djembé, de le voir dessiner, peindre et sculpter des merveilles, de défier les passants avec des jeux d'agilité... Sa dextérité me laissait sans voix.
Il m'arrivait souvent de monter à nouveau sur une branche de l'arbre, et il arrivait tout aussi souvent que je finisse représenté par un petit bonhomme en bois ou en pâte à modeler.

Chaque jour, le temps qu'il passait à sonder mon visage devenait plus court, mais il était compensé par des mouvements toujours plus lents et doux. L'homme avait deviné, sans aucun mot se ma part, que j'aimais tout particulièrement ce moment, et il était assez généreux pour m'accorder de son temps pour que j'en profite.

Un de ces jours, tandis que le public se dispersait et que l'artiste de rue rangeait ses affaires, j'attendis qu'il ait fini pour pouvoir lui parler.
Lorsqu'il s'aperçut que j'étais encore là, il haussa un sourcil interrogateur.

"Ça peut paraître stupide, mais je voulais juste vous dire merci, du fond du cœur.
Vous êtes quelqu'un de fantastique."

Ses yeux se plissèrent de joie. Un grand sourire devait barrer son visage, sous son foulard.

"Vous m'avez apporté de la joie et vous avez réussi à ramener la paix dans mon âme. Vous faites des choses extraordinaires avec vos mains et vous montrez à tout le monde ce que l'humain peut faire de mieux. Vous méritez beaucoup mieux que de rester dans la rue, vous valez même sûrement plus que beaucoup de personnes ! "

Il paraissait vraiment ému. Je croyais voir des larmes perler au coin de ses yeux.
Sans un mot, il me prit dans ses bras, dans une étreinte chaleureuse. Je comprenais parfaitement qu'il préfère les actes aux paroles : je fonctionnais ainsi.

Je me sentais bien auprès de lui. J'aurais bien voulu rester ainsi pour un temps infini, mais il se détacha finalement de moi, enleva sa capuche et détacha le foulard qui masquait la moitié de son visage.

Je comprenais alors tout : pourquoi il était si expressif des yeux, pourquoi il mettait en valeur les mains, pourquoi il ne parlait pas.
Je devinais aisément que ses cicatrices étaient les traces indélébiles d'une agression, de la part de gens apeurés et haineux, incapables d'accepter ceux qui sont différents.

Alors que l'homme en face de moi avait l'air de se préparer à entendre des insultes ou à recevoir de la pitié, je le pris dans mes bras à mon tour. S'il avait besoin d'un ami, je serais à ses côtés. Mais ce que je ressentais était déjà plus fort.

Il avait su m'émouvoir, me toucher.
Lui qui était né sans bouche, il avait su mieux que quiconque parler à mon cœur.

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