Bonjour !

Et voilà, c'est tout. Je suis pas obligée de dire quelque chose à chaque fois, non ?

Aujourd'hui était un jour comme les autres pour Astrid. Elle s'était réveillée au chant des Terreurs Terribles, avait sellé Tempête et ensemble, elles s'étaient envolées pour se dégourdir les muscles dans un petit vol matinal. Après quelques figures toutes plus complexes les une que les autres, elles s'étaient dirigées vers le dôme avant de s'entraîner, comme d'habitude. Astrid lançait ses haches, et Tempête lançait ses épines, l'objectif étant de pouvoir toucher des cibles rapetissant d'entrainement en entrainement. Après les exercices matinaux, le dragon Vipère et sa dragonnière s'étaient dirigées vers les écuries, qu'elles devaient nettoyer aujourd'hui. Malgré que la tâche ne soit pas des plus agréables, Astrid l'appréciait, car elle lui permettait de renforcer ses muscles. Il fallait dire que charger des tonnes de pailles souillées d'excréments de dragons demandait une grande force, autant physique que mentale.

Après deux heures et demi de travail harassant, elle retourna vers sa hutte, et prit le temps de se débarbouiller de manière à paraître un peu plus propre, et à ne pas sentir trop mauvais. Tempête, de son côté, faisait sa toilette à l'extérieur. Astrid redescendit ensuite les escaliers de sa hutte. Elle devait à présent aller remplacer des planches abîmées par une des éternelles bêtises des jumeaux. Elle monta de nouveau sur Tempête, qui se dirigea d'elle-même vers l'entrepôt, où on fabriquait les planches, les meubles, et autres objets en bois. Là-bas, elle s'empara du nombre de planche dont elle avait besoin, ainsi que de la sacoche à outils.

Mais alors que Tempête s'envolait de nouveau, cette fois en direction de la zone à réparer, un boulet de canon orangé fonça dans une des ailes de Tempête ! Déséquilibrée, la dragonne projeta des épines sur ce qui l'avait attaquer, mais ce-dernier était trop loin pour être touché. Astrid, désorientée, tenta de redresser sa dragonne, qui perdait de plus en plus d'altitude, mais ceci faisant, elle se rendit compte que l'aile de sa dragonne de répondait plus. Tempête poussa un cri paniqué, elle avait sans doute l'aile cassée. Il fallait dire que ce petit Gronk volait à une très vive allure pour son espèce ! Certes, ils n'étaient pas connus pour leur douceur exemplaire (en excluant Bouledogre) , mais ils n'étaient pas non plus connus pour être aussi rapides !

Tempête et Astrid s'écrasèrent quelques mètres plus bas,  fort heureusement sur la terre ferme. Tempête essaya d'amortir la chute de sa dragonnière en l'enveloppant au mieux dans son aile restante.

***

Krokmou leva les oreilles. Il était certain d'avoir entendu un cri de détresse de sa meilleure amie. L'inquiétude envahie son être et il bondit sur ses pattes, avant de foncer chercher Harold qui travaillait à ce moment là à la forge. Le dragon noir fit irruption dans la pièce, et, grogna à la figure de son meilleur ami. Harold posa ses outils et demanda quelque peu mécontent qu'on le dérange pendant son travail.

- Qu'est-ce qui y a Krokmou ! Je t'ai déjà dit de ne pas venir ici quand j'y travaillais ! Et encore une fois, je t'ai déjà dit non ! On ne peut pas jouer pour le moment, j'ai trop de choses à faire !

Krokmou, sans donner plus d'explication à Harold, passa sous les jambes du dragonnier, qui se retrouva juché sur son dos. Il sortit ensuite en courant, tandis qu'Harold rentrait ses pieds dans les étriers. Quand sa Fury Nocturne faisait ça, c'était que c'était plutôt urgent. Krokmou sauta de la colline pour s'élancer dans le ciel, en direction de la provenance de l'appel au secours.

Quand Harold comprit enfin ce qu'il se passait, la même inquiétude que celle de Krokmou fraya son chemin jusqu'à son cœur. Il voyait Astrid, en bas, une flaque de sang formée autour d'elle, sur l'aile gauche bien amochée de Tempête. Les écailles imperméables retenaient le liquide, dessinant un spectacle plutôt alarmant de la quantité de sang qu'Astrid avait perdu.

Krokmou se posa juste à côté de la dragonne Vipère et de la blonde, dont les vêtements étaient imbibés de rouge. Harold sauta au sol, et se dirigea vers sa meilleure amie, dont il souleva la tête, avant de tapoter ses joues pâles et froides.

 - Astrid ! Astrid par Odin répond moi ! Astrid ! Non, non, non !

La jeune fille ne réagissait pas.

- Astrid ! Ne m'abandonne pas ! Je te l'interdis ! Tu as déjà failli mourir une fois, alors pas deux ! Astrid !

Il prit la blonde dans ses bras, et siffla Krokmou. Celui-ci se montra quelque peu réfractaire à cette demande, ne voulant pas laisser Tempête comme ça, mais devant les blessures d'Astrid bien supérieures à celles de la dragonne, il changea rapidement d'avis. Il battit énergiquement des ails jusqu'à la hutte de Varek. Lui seul était capable d'aider Astrid ici, Gothi était à Beurk, et donc beaucoup trop loin. Il ne fallait pas perdre une minute.

- VAREK !! Où es-tu par tous les Dieux ! jura Harold, complètement paniqué.

Il ouvrit la porte d'un coup de pied et étendit Astrid sur la table médicinale de l'érudit. Ce-dernier ayant perçut la détresse de son ami descendit les marches quatre à quatre, et apercevant Astrid, s'empressa de s'emparer de potions, de bandages, ainsi que d'attelles sur son étagère.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il d'une voix bien calme quand on connaissait le caractère plutôt peureux de Varek.

- Je ne sais pas ! On l'as retrouvé comme ça, avec Krokmou ! Elle et Tempête étaient au sol, et Astrid baignait dans le sang ! Il faut faire vite, Varek, elle en a perdu beaucoup !

- J'ai remarqué, Harold. Et Tempête ?

- Elle est toujours là-bas !

Harold était si paniqué qu'il ne parvenait pas à réfléchir correctement. Varek, lui, commençait déjà à examiner Astrid.

- Tu devrais peut-être aller la chercher, non ? Elle doit avoir besoin de soins elle aussi !

- Hein ? Euh oui, tu as raison ! Occupes-toi d'Astrid !

Le dragonnier se précipita au-dehors, et sauta sur Krokmou, qui se dépêcha de retourner sur les lieux de la chute. Tempête reprenait lentement ses esprits, et à par ses deux ailes qui semblaient cassées, elle était indemne. Krokmou l'attrapa sous les ailes, à la base, mais Tempête gémit de douleur, il fut donc contraint de la porter par les pattes arrières, bien que cela ne lui plaise pas beaucoup, et ni lui ni à la dragonne d'ailleurs. Il la transporta jusqu'aux écuries et l'installa du mieux qu'il put dans l'une des stalles qu'avait nettoyé Astrid à peine une heure plus tôt. Tempête remercia Krokmou d'un gémissement plaintif, puis, ce-dernier ne voulant cette fois pas quitter le chevet de sa meilleure amie, il fit comprendre à Harold qu'il devrait utiliser un autre dragon pour rejoindre Varek et Astrid. Le brun ne se le fit pas dire deux fois, il fit le tour des écuries, et repérant Krochefer, qui devait s'être disputé avec Rustik pour ne pas être avec lui, il le supplia de voler aussi vite qu'il le pouvait jusqu'à la hutte de Varek. Au ton alarmé d'Harold, le Cauchemar Monstrueux rouge sang ne répliqua pas un seul instant et vola à toute vitesse jusqu'à l'endroit en question.

En arrivant, Harold ne prit même pas la peine de remercier Krochefer, ce dont celui-ci ne s'offusqua pas, et s'engouffra en trombe dans la hutte. Là, ce qu'il vit fit tout de suite remonter en lui un immense sentiment de gêne. Varek avait retourné Astrid sur le ventre, après l'avoir débarrassé de ses vêtements, qui le gênait pour examiner les blessures de la jeune femme. L'érudit s'affairait à nettoyer le dos mal en point d'Astrid, qui était couvert de craquelures et d'hématomes dus au choc. Varek avait néanmoins étendu un drap au-dessus de la partie inférieure du corps d'Astrid, afin de respecter un minimum l'intimité de cette-dernière.

- Harold ! Viens ici, je vais avoir besoin de toi ! ordonna Varek d'une voix autoritaire de guérisseur.

Harold se dépêcha de franchir l'espace qui le séparait de la table. Pendant une heure, le blond et le brun s'acharnèrent à nettoyer, désinfecter et bander les plaies d'Astrid. D'après Varek, elle avait sans doute deux ou trois côtes cassées, qu'il fallait replacer avant qu'elles ne se ressoudent dans le mauvais sens, ce qui serait catastrophique. A part ces blessures plutôt très importantes, Astrid ne souffrait que de multiples plaies et diverses hémorragies qu'il serait facile à soigner. Quand le travail sur le dos fut fait, Varek regarda Harold et annonça :

- Maintenant, il va falloir la retourner, Harold. Je dois l'opérer afin de remettre chacune de ses côtes en place.

En entendant cela, Harold fut pris de jalousie. Pourquoi ? Sans doute parce que Varek allait voir la poitrine d'Astrid. C'était bête, parce que lui-même n'était pas en couple avec la viking, il n'avait donc pas plus le droit que Varek.

- Harold, je vais retourner Astrid, et toi tu maintiendras le drap en place. Je ne tiens pas à ce qu'Astrid me tranche la gorge pour un drap mal placé. Toi, ce serait moins grave, mais moi, ça ne lui plairait pas du tout, je pense.

Harold eut un sursaut. Pourquoi est-ce que ce serait moins grave si lui voyait l'intimité d'Astrid plutôt que Varek ? Sa gêne s'intensifia. Toutes ces pensées le mettaient mal à l'aise. Finalement, les deux garçons parvinrent à retourner Astrid sans encombre, tout en douceur. Ils passèrent ensuite tout l'après-midi à remettre les côtes d'Astrid en place, les fixant avec des petits morceaux de fer de Gronk. Ou plutôt, Varek le faisait, et Harold lui passait ce dont il avait besoin, et désinfectait les outils. De leur côté, les autres dragonniers, qui avaient étés prévenus qu'il ne fallait surtout pas faire de bêtise ni déranger Harold et Varek, se tenaient tranquilles, et attendaient dans l'inquiétude le verdict du guérisseur.