Chapitre 5 - Juin 1869
Michaela était assise au restaurant de Grace, finissant son déjeuner en compagnie de ses propres pensées. Quand un oiseau passa au-dessus des tables, elle l'observa un moment puis soupira. C'était le 5 juin aujourd'hui et, ce matin, lorsqu'elle a arraché la page de son éphéméride, elle se demanda à quel moment elle avait perdu la notion du temps pour que les jours aient passé si vite.
Une tache beige attira alors son attention et elle esquissa un sourire en connaissant Sully qui se dirigeait vers elle. Il agita la main en la remarquant et déposa un petit paquet devant elle sur elle table.
— Qu'est-ce ? demanda la jeune femme.
— Un présent.
— Pour moi ?
Sully sourit et poussa le paquet vers elle ; elle déplia le papier brun avec délicatesse et ses yeux s'agrandirent, ainsi que sa bouche.
— Mon Dieu, c'est magnifique... Vous l'avez faite ?
— Oui. C'est pour ranger toutes les petites choses que possèdent les femmes, les bijoux et autres.
Michaela sourit. Devant elle, une magnifique petite boîte en bois attrapait els rayons du soleil qui filtraient à travers les branches de l'arbre surplombant le restaurant. Elle était un peu plus large qu'un livre et le couvercle était ciselé de fleurs et de feuilles.
— Sully, c'est tellement magnifique, merci. En quel honneur ?
— Juste parce que j'ai trouvé ce morceau de hêtre et que j'ai pensé qu'il ferait une très jolie boîte à secrets. J'ai juste mis une couche de vernis, si vous voulez mettre un peu de tissu dedans, je vous laisse se plaisir.
— Je le ferais certainement. Ce matin, je songeais justement à me trouver une petite boîte pour ranger mes épingles à chignon, elles sont dans une boîte d'allumettes depuis des années, mais ce n'est pas pratique.
— Eh bien, à présent, vous avez ceci.
Michaela sourit ; Dorothy apparut alors et s'assit près d'elle.
— Oh, Dorothy, regardez un peu ce que Sully vient de m'offrir !
— Oh, c'est magnifique ! Vous l'avez faite ?
— Bien sûr ! Je peux vous en faire une, si vous voulez.
Dorothy esquissa un sourire. Un homme appela soudain Sully et il le rejoignit en saluant les deux femmes d'un signe de tête. Dorothy l'observa un moment puis se tourna vers Michaela.
— Il marque des points, là ! souffla-t-elle.
— Allons, ils ne sont pas en compétition... répondit la femme médecin.
— Non ? Depuis que Hank vous fait officiellement la cour, il déploie des trésors d'ingéniosité pour être celui que vous choisirez au final... Oh, c'est boîte est magnifique. Vous allez mettre du tissu dedans ?
Le changement de sujet surprit Michaela, mais elle sourit néanmoins.
— Oui, je vais y ranger mes épingles à chignon, elles ont vraiment besoin d'un nouveau rangement !
— Donc, un tissu avec un coussin pour les planter dessus. Avez-vous fini de déjeuner ? Oui, alors venez avec moi chez Loren, je crois que j'ai le tissu parfait.
— D'accord, mais votre déjeuner ?
— Cela peut attendre quelques minutes encore. Allons, Loren a reçu cette fausse soie et...
— Fausse soie ? Allons donc, qu'est-ce donc ?
— Cela vient de France et... Loren saura mieux vous expliquer tout cela, il m'a perdue quand il a commencé à babiller sur les tissus et leurs prix...
Michaela rigola puis elles quittèrent le restaurant pour se rendre à la boutique de Loren qui leur expliqua que le Satin ne venait pas de France, mais de Chine, où il était parfaitement normal de porter des vêtements fait de Soie ou de Soie de Satin.
— De Chine ? Mon Dieu, mais il doit être hors de prix ! s'exclama Michaela.
— Deux dollars le mètre, répondit Loren.
Michaela grimaça.
— Par le Ciel... Non, je ne peux pas risquer de gaspiller une telle somme d'argent pour tapisser une boîte à épingle. Je prendrai un coupon de votre plus solide lin, en rouge, et un petit coussin.
— Petit comment ?
Michaela lui montra la petite boîte en bois et Loren plissa le nez.
— Je vais plutôt vous donner un peu de rembourrage et un coupon de lin supplémentaire, vous ferez le petit coussin vous-même aux bonnes dimensions.
Michaela opina.
— Deux dollars le mètre... Si vous voulez faire une robe avec ce tissu, cela va coûter... Oh, je n'ose même pas y penser !
— C'est trop fragile pour faire une robe, répondit Loren en retournant à son comptoir. La soie de satin est utilisée pour recouvrir les corsets, les rubans, et toutes ces petites choses.
— Je vois... Pour tapisser cette boîte, j'aurais dû en acheter un mètre et non, j'aurais été terrifiée de le déchirer !
— Un mètre de quoi ?
— Satin, Hank, du tissu, tu connais ? répondit Loren.
— T'es vraiment en train de me demander à moi si je sais à quoi ressemble du tissu ? répondit le barman. Mes filles se font leurs robes, elles savent ce que c'est, mais moi je m'en fiche pas mal de tous ces trucs de bonnes femmes ! C'était pour quoi, Michaela ?
— Sully m'a donné cette adorable petite boîte, répondit celle-ci. Je réfléchissais à un tissu pour la tapisser, mais le satin est définitivement hors compétition ! Le lin ira très bien.
— Qu'il en soit ainsi, donc, répondit Loren. Cinquante cents, s'il vous plaît.
— Tiens, dit Hank en lançant une pièce au marchand.
— Non, Hank, je...
Michaela leva les yeux au ciel puis soupira et Hank décocha un sourire à Loren qui lui fit un clin d'œil. L'homme s'éloigna ensuite, demandant à Dorothy si elle voulait un peu de thé, et Michaela et Hank se retrouvèrent seuls dans la boutique.
— Alors, de quoi s'agit-il ? demanda alors celle-ci.
— Je vous retourne la question. Depuis que la diligence s'est arrêtée ici, samedi dernier, vous avez l'air préoccupée...
— Je ne le suis pas...
— Non ? Dans ce cas, c'est quoi cette ride entre vos yeux ?
Il agita une main devant son visage et Michaela grogna en la repoussant.
— Très bien ! J'ai reçu une lettre de Mère. Elle veut venir ici pour Thanksgiving, avec deux de mes sœurs.
— Et c'est pas bon parce que... ? Thanksgiving est dans quatre mois, vous avez largement le temps de tout préparer.
— Ce n'est pas le problème ; le truc, c'est que je vis au milieu de nulle-part, il n'y a pas d'eau courant...
— Et ?
— Et j'ai peur de leur réaction quand elle vint découvrir que j'ai laissé derrière moi une vie prospère et confortable pour... ça.
Hank regarda autour de lui et pinça la bouche.
— Et ça n'est pas suffisant ? demanda-t-il en regardant vers la Clinique. Vous êtes le seul médecin de la vallée, et le seule médecin femme !
— J'ai peur que ce ne soit pas suffisant pour ma famille. Pardonnez-moi.
Elle quitta la boutique et Hank grogna.
— Quand tu veux, hein, dit soudain Loren. T'attends que Sully te prenne la place ou quoi ?
— Ce n'est pas notre décision, qui elle va choisir, répondit le barman.
— Vous discutez entre vous ?
Hank hocha la tête.
— Au début, Sully pensait que j'étais là juste pour enquiquiner Michaela, mais je veux vraiment son bonheur...
— Tu l'apprécies ? L'aime, peut-être ?
— Non, pas d'amour encore, mais oui je l'apprécie. Je ne dis pas qu'elle va me choisir, hein, je sais que je ne suis pas le meilleur prétendant pour elle, mais ni Sully ni moi ne le sommes.
— C'est pas comme si elle avait beaucoup de choix, répondit Loren. Avec Jake et moi, et Horace, nous sommes les seuls hommes qui pourraient lui aller, mais je suis trop vieux, et Horace est fiancé. Il ne lui reste pas grand monde.
— Jake à d'autres chats à fouetter, répondit Hank avec un haussement d'épaules. Le poste de Maire est une position très compliquée dans une ville...
— Il l'a choisi.
— Il a été élu, ce n'est pas pareil.
— Si tu le dis. nous parlions de Michaela, es-tu en train de l'éviter ?
— Non, pourquoi, nous venons de discuter... s'étonna Hank.
— Eh bien, elle t'a un peu snobé, là...
— Ce n'était pas ma faute, elle a reçu une lettre de Boston ; sa mère et ses sœurs veulent venir passer les vacances ici avec elle et elle a peur de leur réaction quand elles découvriront qu'il n'y a pas eau courante...
Loren baissa le menton.
— C'est ce qu'elle a dit, se défendit Hank. Je ne suis jamais allé dans une grande ville comme Boston et je n'irais sans doute jamais, mais je peux comprendre ses craints ; elle a quitté une vie confortable pour ça...
Loran grimaça ; un client entra alors dans la boutique, mettant aussitôt fin à la conversation, et Hank quitta le bâtiment rapidement pour retourner au Saloon mais, durant tout le reste de la journée, son esprit demeura troublé par les mots de Michaela. Si elle avait voulu que sa mère soit fière d'elle, elle n'aurait jamais postulé à un poste de médecin, ou tout du moins, pas aussi loin de Boston et, sinon, elle aurait tout laissé tomber et serait devenue une femme mariée riche avec deux ou trois enfants...
— Un penny pour tes pensées.
Hank sursauta et soupira en reconnaissant Jake.
— Whisky ? demanda-t-il.
— Ouais. Alors, tu pensais à quoi comme ça, à Michaela ?
— Précisément, mais pas comme tu penses.
— Mais encore ?
— Sa mère et ses sœurs veulent venir ici pour Thanksgiving et elle a peur de leurs réactions.
— Légitime.
— Ah ouais ?
Jake opina.
— Michaela a tout laissé derrière elle en un claquement de doigts juste parce qu'elle voulait devenir médecin. Si elle était restée à Boston, elle aurait été cantonnée aux hospices et aux dispensaires pour femmes ; elle n'aurait jamais pu pratiquer avec des patients normaux, comme ici.
— Doit-elle être fière de ce qu'elle a ici, même si elle est au milieu de nulle part ?
— Bien sûr ! s'exclama Jake. Regarde-là, idiot ! C'est la seule femme médecin de l'état ! Elle utilise des plantes pour recréer des médecines, des plantes que les Cheyenne lui ont appris à utiliser ! Même à Manitou le médecin n'utilise pas de plantes...
Hank pinça les lèvres puis but une gorgée de whisky.
— Ses patients peuvent à peine la payer...
— Et quoi ? On fait avec depuis des siècles ; ceux qui le peuvent paient pour ceux qui ne peuvent pas. Ecoute, je vois très bien comment tu as changé depuis qu'elle a accepté d'être ton "amie" et, au risque de me répéter, saisi ta chance !
Hank jeta un regard vers la Clinique et grimaça.
— Elle n'est pas le genre de femme qu'on peut épouser parce qu'on les apprécie, répondit-il. Ca ne marche pas avec elle, ça, elle n'est pas en recherche de mari ou de famille au point de marier le premier péquenot qui passera...
— C'est une femme comme les autres, tu sais ? Ok, elle est médecin, mais elle est une femme et si elle se marie...
— Si elle se marie, elle continuera à être médecin, acheva Hank. Elle se moquera bien de son mari quand il tentera de la faire arrêter !
Jake grimaça et regarda autour de lui. Le Saloon était vide, les filles étaient dans leurs chambres, se reposant un peu avant la soirée.
— ça t'embête qu'elle travaille ? demanda-t-il alors.
Hank soupira et secoua la tête.
— Non, mais... Non. Ok, Saloon fermé, retourne travailler.
Il tourna le dos à Jake et disparut dans l'arrière-boutique.
— Mais ? Qu'est-ce j'ai dit ?
Abasourdi, Jake quitta le Saloon et retourna à sa boutique de barbier ; il remarqua alors Sully et lui fit un signe de tête. Le chasseur le suivit dans la boutique.
— Pourquoi Hank est-il si agressif au sujet du docteur Mike ? demanda-t-il. Il vient juste de me jeter hors du Saloon alors que nous parlions de Michaela et de son possible futur en tant que femme mariée...
Sully inspira.
— Il est jaloux.
— Jaloux ? A quel sujet ?
— Elle gagne plus d'argent que lui.
Jake renifla.
— C'est une blague, hein ?
— Bien sûr, parce que l'alcool rendra toujours les rends riches...
— Ou pauvres, tout dépend de quel côté du comptoir on se trouver...
Sully leva les yeux au ciel puis croisa les bras.
— Pour en revenir à Hank, même si quelques patients paient le docteur Mike pour ses soins, elle reste plus riche que lui, à cause de sa famille, et elle pourra avoir tout l'argent qu'elle veut jusqu'à la fin de sa vie...
— Donc, ce n'est pas parce qu'elle est une femme qui travaille ?
— Pas entièrement, du moins.
— Si elle te choisit, tu essayeras de la faire rester à la maison ?
— Et me faire décapiter ? Sans façon !
Ils se mirent à rire puis Jake jeta un coup d'œil à la pendule et Sully lui souhaita un bon après-midi avant de se diriger vers la boutique de Loren.
.
Un peu plus tard dans la journée, comme Michaela fermait le cabinet pour le reste de la journée, elle remarqua Hank sous son porcher, en train de fumer.
— Vous partez déjà ? lui demanda-t-il en soufflant un nuage de fumée blanche.
— La journée à été longue, trois naissances et un décès, j'ai besoin de repos, répondit la jeune femme avec un sourire fatigué.
— Un petit verre, avant de rentrer ?
— Quelque chose de fort ?
Hank haussa un sourcil et esquissa un sourire.
— J'ai !
Michaela se mit à rire puis le suivit dans le Saloon ; il posa un verre devant elle et y versa du whisky. Elle prit ensuite le verre et l'observa avant de l'avaler d'une gorgée.
— Oh là, doucement, Mike, sourit Hank. Eclair connait le chemin de la maison, d'accord, mais ce n'est pas une raison pour être ivre.
— Pas d'inquiétude, ce sera le seul verre.
Il hocha la tête et se servit un verre à son tour.
— Quelque chose vous tracasse ? demanda la jeune femme.
— Pas mal de trucs, si vous voulez tout savoir, pourquoi ?
— Je voulais dire, à mon sujet ?
Il secoua la tête.
— Ou peut-être si, en fait, une question à laquelle vous êtes la seule à pouvoir répondre.
— Je suis toute ouïe.
Hank se redressa.
— Si votre futur mari vous demande d'abandonner votre carrière pour prendre soin de vos enfants, vous lui obéirez ?
Michaela haussa les sourcils puis pinça la bouche avant de secouer la tête.
— Non. J'ai sacrifié dix ans de ma vie dans l'espoir de devenir médecin, je n'ai pas eu de jeunesse, je n'ai jamais été à un bal parce que j'étais trop occupée avec mes étudies ; j'ai dû étudier deux fois plus que les hommes, d'ailleurs, pour avoir ma licence, parce qu'ils pensaient qu'une femme n'était pas assez intelligente pour certains emplois.
Elle baissa les yeux.
— J'avais des amies en classe avec moi, reprit-elle. Aujourd'hui, elles ont abandonné leurs carrières et sont devenues des épouses et des mères... Vous savez, mes enfants sont fiers de moi, de leur mère étant une femme médecin ; Colleen veut devenir médecin, elle aussi...
— Elle ferait un très bon médecin, répondit Hank. Elle aura appris de la meilleure d'entre eux.
Michaela rougit et esquissa un sourire.
— Si j'obéis à un homme, autre que les choses "classiques" entre une femme et son mari, qu'est-ce que cela montrera à ma fille ? Que les hommes sont supérieurs ? Que, même s'ils nous laissent devenir qui nous voulons, nous devons toujours obéir à notre mari ? Je ne veux pas de cela pour elle, je veux qu'elle soit libre de penser, de choisir sa propre vie, et si elle échoue, je serais toujours là pour elle.
— Donc, vous ne voulez pas vous marier ?
—Si, mais mon futur mari devra accommoder de ma vie et être mon égal avant de devenir mon mari.
Hank opina.
— Je pense que je comprends votre point de vue... vous avez sacrifié toute votre vie pour être ici, donc vous n'accepterez aucune sorte de... contrainte ? J'ai compris.
Michaela plissa les yeux.
— Vous me faites peur, Hank, dit-elle, les sourcils froncés. Quelle est cette attitude envers moi alors que vous étiez totalement différent jusqu'à maintenant ? Qu'avez-vous compris ?
— Je... pense que je ne suis pas pour vous, docteur Mike.
— Expliquez-vous ?
— Je ne suis qu'un barman, un rustre, un maquereau, un homme élevé au Colorado, où les hommes sont les maîtres de la maison, où les femmes sont obéissantes ; même si elles sont libres de passer leurs journées comme elles l'entendant, à partir du moment que les repas est prêt quand l'homme rentre, tout va bien.
Il s'accouda au comptoir et se frotta le visage de ses mains avant de se redresser devant Michaela.
— Si je deviens ton mari, Mike, je serais celui qui reste à la maison et qui attend que ma femme rentrer après son travail, prenant soin des enfants, faisant les repas... avant de partir pour le Saloon et ne rentrer à la maison qu'à l'aube. Ce ne sera pas une vie, ce ne pas la vie que j'aurais voulue si tu me choisis...
Il inspira alors en se redressant de toute sa hauteur puis se gratta la mâchoire.
— Il y a autre chose, n'est-ce pas ? demanda alors Michaela doucement.
— Je suis trop misogyne pour avoir le droit d'épouser une femme comme vous... Vous en avez effrayé plus d'un, vous savez ? Votre cerveau est plein de trucs que je ne connais même pas, et d'un autre côté, je sais à peine lire...
— vous avez vos propres connaissances, Hank, répondit Michaela. Je n'ai aucune idée de comment on fait du whisky, par exemple ! Et je suis très mauvaise en mathématiques !
— Je ne comprends pas la moitié de ce qui sort de votre bouche...
— Je l'ai appris ! sourit la jeune femme. Hank, j'ai appris la moindre partie du corps humain, je me suis usé les yeux sur des livres, j'ai eu des migraines à m'en cogner la tête contre les murs et je me suis même évanouie de fatigue après avoir travaillé pendant des jours sans manger !
Elle fronça les sourcils.
— Dites-moi, vous pensez vraiment que Sully est capable de nommer chaque os d'une jambe ? Non, personne ici ne le peut sauf Colleen, peut-être, ou Jake, mais le truc c'est l'apprentissage. J'ai appris le moindre mot de ce que je sais, j'ai travaillé des années pour en arriver là... Vous savez, je comprends vos inquiétudes, vous employez des femmes depuis des décennies, vous être habitué à être obéi et moi, depuis mon arrivée ici, je vous tiens tête et vous ne pouvez pas le supporter. N'importe quel homme peut être perturbé, voire effrayé, par cela.
Elle posa alors ses mains sur le comptoir, lissa le bois une seconde, puis souhaita une bonne soirée au barman avant de partir. Elle descendit la rue à pied et, alors qu'elle tournait sur la gauche, Roberty la héla.
— Bonsoir, Roberty.
— Bonsoir, docteur Mike. Vous étiez au Saloon ?
— Juste pour un fond de whisky.
— Vraiment ? La journée a été longue ?
— Un décès, trois naissances...
Roberty opina.
— Je peux vous demander quelque chose ?
— Au sujet de Hank, je suppose ? Allez-y.
— Eh bien... Je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais prenez ceci comme un avertissement amical.
— Continuez ?
— Je connais Hank depuis un moment, maintenant, et même s'il est raciste, j'ai réussi à obtenir son respect avec le temps. Je peux vous dire sans me tromper qu'il ne vous épousera jamais si vous continuez à travailler.
Michaela plissa les yeux.
— C'est exactement ce dont nous venons de discuter, lui et moi...
— Vraiment ? Et qu'avez-vous répondu ?
— Que je n'abandonnerai jamais ma carrière comme mes autres camarades de classe, même mariée et mère.
Roberty demeura silencieux un instant, pensif.
— C'est une bonne réponse. Vous savez, je connais plusieurs facettes de Hank Lawson, mais je n'avais encore jamais vu celle où il est amoureux...
— il n'est pas amoureux, répondit Michaela. Mais je ne peux pas nier qu'il a une sorte d'obsession pour moi, quelque envie d'avoir une femme médecin pour épouse, pour faire le fier devant les autres hommes...
— Vous l'appréciez ?
— Oui, mais j'apprécie Sully aussi et c'est une véritable torture d'avoir à choisir entre les deux.
— Posez les pours et les contres sur un papier, dans ce cas.
— Je ne suis pas en train d'acheter un nouveau canapé, voyons...
Roberty rigola.
— Non, mais ça peut aider ! Hank a beaucoup de pours pour lui, mais autant de contres, tout comme Sully. Les femmes ne choisissent pas un mari pour l'amour, en premier, mais pour leur capacité à prendre soin de leur future famille.
— Sur ce point-là, Hank arriverait en premier, parce qu'il a une entreprise florissante...
— Sully travaille aussi.
— Oui, mais il est chasseur et il revend les peaux et les fourrures... Ce n'est pas la même chose.
Roberty hocha la tête puis Michaela lui demanda son cheval. Il alla le récupérer dans le corral et déposa les rênes dans la main de Michaela avant de lui souhaiter une bonne soirée.
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