Chapitre 19
— Attendez ici.
Michaela et Hank étaient nerveux.
— Je suis arrivé depuis moins d'une journée et déjà confronté à votre mère ; je n'avais pas prévu ça... souffla Hank.
— Je sais, mais Marjorie a raison, cet abcès doit être percé le plus tôt possible. Chut, maintenant.
Ils tendirent ensuite l'oreille en direction des portes du grand salon ; la voix de Marjorie se fit entendre puis, soudain, un juron résonna, blessant les oreilles de Michaela. Elle fit un pas en arrière, les mains sur les hanches.
— Je ne peux pas... C'était une mauvaise idée...
— Attendez, répondit Hank.
La jeune femme le regarda et remarqua qu'il regardait ailleurs ; elle se retourna et blêmit en découvrant sa mère sur le seuil du salon.
— De quel droit entrez-vous dans la maison ? demanda la femme, sèche.
— C'est aussi la mienne, répondit Michaela, un peu acerbe.
— Je ne te parlais pas, mais à cette... chose. Arthur !
Tout le monde bondit et le majordome jaillit dans le hall d'entrée avant de se figer.
— Qu'est-ce que... Mademoiselle Marjorie ? Mademoiselle Michaela ? Mais...
— Alfred ! Sortez cet homme de ma maison avant que je n'appele la police ! s'exclama Elizabeth.
Hank haussa les sourcils puis serra les mâchoires.
— Je vois... dit-il. Vous aviez raison, chérie, partons avant que je ne puisse plus répondre de moi-même...
Michaela, le cœur lourd, hocha la tête et ouvrit la porte ; alors qu'elle allait la franchir, Hank posa une main dans son dos, un seconde plus tard, quelque chose le heurta violemment et il percuta la porte avec un solide juron.
— Bordel de... ! s'exclama-t-il.
— Mother ! s'exclama Michaela dans la foulée.
— Gardez vos sales pattes loin de ma fille, monstre ! Alfred !
Le majordome observa la scène, abasourdi.
— Alfred, sortez cet homme de ma maison ! Il est venu enlever ma fille ! hurla Elizabeth, furieuse.
Elle s'était emparée d'un parapluie et menaçait Hank avec la pointe de fer. Il s'ettouffa.
— Je vous demande pardon ?! grinça-t-il. Hé, la vieille, qui vous croyez être, hein ? Votre fille est ma femme depuis des mois ! Je me suis rué ici depuis l'autre bout du continent parce que deux de vos pensent que vous avez perdu la boule !
— Hank, par pitié... tenta Michaela.
— Un instant, chérie, la coupa le barman.
Saisissant le parapluie, il l'arracha des mains d'Elizabeth et le jeta au loin. Il marcha ensuite en direction de la femme qui poussa un cri de surprise et se planqua derrière Marjorie.
— Je vous en pre, Monsieur Lawson, c'est une vieille femme, elle... tenta celle-ci.
— Non, vous aviez toutes les deux raison, tout ça est allé bien trop loin ! Comment osez-vous effacer toute la vie de Michaela à Colorado Springs ? De quel droit me qualifiez-vous de rustre et de moins que rien ? De quel droit ignorez-vous les enfants de votre fille ?
— Ma fille n'a pas d'enfants ! s'exclama Elizabeth, rouge de colère, toujours cachée derrière Marjorie. Les morveux qu'elle a amenés avec elle seront envoyés dans un orphelinat dès qu'elle sera fiancée l'un des homme que j'aurais choisi pour elle !
— Mais il n'y a aucun choix à faire ! répondit Hank. Michaela m'appartient !
Il saisit soudain le bras de celle-ci et brandit sa main droite sous le nez d'Elizabeth.
— Ce petit caillou 'ma couché deux cents dollars ! siffla-t-il en relâchant sa compagne qui recula vers Alfred, surprise.
— Deux cents ? Sûrement un morceau de verre sur un fil de fer acheté à l'épiciere ! cracha Elizabeth.
— Mètre ! s'exclama Michaela en retour.
La femme lui jeta n regard noir.
— Alfred, appelez la police et dites-leur de venir se saisir d'un intru dans ma maison ! siffla-t-elle ensuite.
— Ok, c'est bon, j'arrête là, lâcha Hank. Vous n'êtes qu'une vieille peau fourrée de bondieuseries !
Marjorie baissa le nez et Michaela se racla la gorge, se retenant difficilement de rire, ce qui n'aurait fait que jeter de l'huile sur le feu.
— Michaela est ma femme, que vous le vouliez ou non, elle m'a choisi ! ajouta Hank. honte sur vous pour la traiter comme le vilain canard de la famille alors qu'elle est la femme la plus fantastique du pays ! Vous n'avez pas fait la moitié de ce qu'elle a fait ces deux dernières années !
— Hank... tenta Marjorie.
— Un instant, lui répondit-il. Madame Quinn, vous êtes une femme odieuse. Je pensais que c'était une légende, les belles-mères qui deviennent des monstres envers leur gendres, mais apparemment non et vous en êtes un exemple parfait ! Votre fille est heureuse à Colorado Springs, elle est reconnue et appréciée, respectée ; elle est connue comme le Loup Blanc et les gens viennent chez nous juste pour la Femme Médecin, tels que les Cheyennes l'ont baptisée ! Ses trois enfants sont fiers d'elle et je le suis encore plus ! Je sais que je serais toujours dans son ombre, je vais que je vivrais peut-être sur son argent, mais je m'en fiche, parce que je serais fier d'avoir pu épouser la plus belle femme de l'état !
Rouge brique, Michaela ne savait plus où se mettre et Marjorie posa une main dans son dos, amusée.
— Michaela n'épousera personne d'autre que l'homme que je lui aurait choisi ! répondit Elizabeth. Vous avez entendu ? Vous n'êtes personne, un soudard, un proxénète ! Vous ne savez même pas lire !
Hank sembla soudain enfler comme un ballon et ses jointures craquèrent.
— Alfred, éloignez-la de moi, dit-il alors, les mâchoires serrées. Eloignez cette femme de moi immédiatement !
— Oh, par tous les Saints ! gémit le majordome.
Il se posta aussitôt entre sa maitresse et le barman, qui se redressa en inspirant profondément. Michaela se glissa devant lui et posa ses mains sur ses joues.
— Hank, regardez-moi, mon amour... Hank, par ici... dit-elle doucement.
Tendu comme un arc, il baissa la tête et Michaela l'attira à elle. Il la saisit brutalement dans ses bras et elle laissa échapper un couinement de surprise.
— Marjorie, emmène Maman au salon, vite... dit-elle.
— Oui, euh... Venez, Mère, allons-y... Allez...
Elle prit le bras de sa mère et la remorqua jusqu'au grand salon ; Alfred ferma les porte derrière lui et Hank laissa échapper un profond soupir. Michaela lui prit ensuite la main et l'entraîna dans la salle à manger.
— Marina, pouvez-vous nous apporter un peu d'alcool du cabinet de mon père ? demanda-t-elle.
La servante, venue jeter un oeil par curiosité, hocha la tête et quitta la pièce. Le couple demeura alors seul et Michaela força Hank à s'asseoir.
— Assis.
Il obéit et elle alla ouvrir une fenêtre ; l'air frais envahit aussitôt la pièce et Hank cligna.
— C'est terminé, dit alors Michaela en s'asseyant en face de lui. Hank, regardez-moi...
Il baissa la tête et la jeune femme glissa sa main dans son poing serré qui se desserra. Marina apparut alors avec une bouteille et deux verres.
— Merci, répondit Michaela.
Hank leva soudain un bras et saisit la bouteille avant d'en avaler la moitié d'une gorgée.
— Mademoiselle... ? souffla Marina.
— Tout va bien, ne vous inquiétez pas, répondit Michaela.
— Je serais dans la pièce voisine, si jamais vous avez besoin de moi.
Michaela hocha la tête puis la servante s'en alla. Se tournant face au barman, la jeune femme pencha la tête.
— Ca va mieux ? demanda-t-elle.
Il se leva et entreprit de faire le tour de la table.
— Chéri ?
— Ouais... Mike, cette femme est un monstre !
Michaela pinça les lèvres.
— Elle n'est pas comme ça d'ordinaire, répondit-elle. Elle a toujours été dure avec nous, mais pas ainsi, pas aussi bornée !
— Je ne peux pas croire que c'est votre mère, il n'y a aucun moyen qu'une femme comme elle puisse vous avoir élevée ! Vous êtes son complet opposé !
Michaela se mordit la joue puis passa sa langue sur ses lèvres. Hank soupira alors bruyamment et elle leva les yeux vers lui ; levant une main dans sa direction, elle l'invita à revenir vers elle et il se laissa tomber sur sa chaise. Quand elle lui prit les mains, elle remarqua que ses ongles avaient laissé leur empreinte dans ses paumes.
— Je ne pensais pas que vous seriez capable de vous contenir... souffla-t-elle.
— Si j'avais été seul, non, répondit le barman. Je l'aurais sans doute frappée...
Marjorie apparut alors et le couple la regarda.
— Comment va Maman ? demanda Michaela.
— Elle est un peu perturbée, elle a pris une aspirine et avalé la moitié de la bouteille de Cherry... grimaça la rousse.
— Au moins, elle va bien dormir, répondit Michaela.
— Et vous, Hank, comment allez-vous ? demanda Marjorie.
— Ca va, merci.
— Parfait. Maintenant, vous devez partir, répondit la rousse. Retournez chez Rebecca, récupérez les valises et les enfants et rentrez à Colorado Sprinfs avant qu'elle ne retrouver ses esprits. Marirez-vous immédiatement et faites-vous petits.
Michaela baissa aussitôt le nez en secouant la tête.
— Maman enverra un mandat fédéral...
— Si elle fait cela, je la ferais interner.
Michaela grimaça. Marjorie, une main sur une hanche, l'autre sous le menton, soupira.
— Je pense qu'elle est souffrante, dit-elle alors.
— Souffrante ? Comment cela, souffrante ? répondit Michaela.
Marjorie observa sa sœur.
— Ce n'est pas la première fois qu'elle agit de la sorte, avoua-t-elle ensuite en prenant une chaise. Peu de temps après la mort de Papa, elle a commencé à dire partout qu'il était parti avec une autre femme...
— Je te demande pardon ? répondit Michaela en croisant le regard de Hank, surprise. Et je ne l'apprend que maintenant ? Papa est mort depuis trois ans !
Marjorie serra les lèvres.
— Nous avons réussi à faire taire la rumeur rapidement, et Rebecca ne voulait pas te déranger avec tout cela dans ta nouvelle vie... Nous avons mis les délires de Maman sur le compte de la mort de Papa et, avec les semaines, tout est revenu à la normale. Notre médecin a diagnostiqué un profond traumatisme lire à la mort de notre père ; ils étaient mariés depuis cinquante ans et n'avaient jamais été séparés...
Marjorie inspira.
— Michaela, je crois que Maman souffre de Delirium Tremens...
— Pardon ? Mais elle n'est pas alcoolique ! répliqua Michaela, surprise.
— Pas comme ceux que tu dois voir dans ton cabinet, non, mais depuis la mort de Papa, elle s'est mise à boire... Pas beaucoup au début, un petit verre ici et là, puis au diner, puis au déjeuner, et enfin au petit-déjeuner...
Michaela secoua la tête.
— Et tu n'as pas jugé utile de me prévenir ?
— Nous... Ce n'était rien au début, et je n'en savais rien, jusqu'à ce que je la surprenne, le soir de Noël, à finir les verres des invités après leur départ...
Marjorie soupira.
— Je suis désolée, Michaela, j'aurais dû t'en parler plus tôt, mais je me battais déjà avec mon supposé mari et...
Elle haussa les épaules et Michaela inspira.
— Je refuse de croire une telle chose ! Par notre mère ! Elle ne descendrai pas aussi bas, enfin !
Hank se frotta le nez.
— Pensez à Jake, Mike, dit-il. Vous vous souvenez quand il a fini dans votre Clinique, presque ivre-mort, et comme il cachait ses bouteilles partout ?
— Je m'en souviens, mais... Hank, pas ma mère !
— Michaela, il y a bien plus d'alcooliques chez les personnes riches que tu ne le penses, dit Marjorie. Par notre éducation, nous mettons un point d'honneur à ne rien montrer, aucun sentiment, aucun... rien du tout. Nous avons été éduqués pour tout dissimuler, et tu le sais aussi bien que moi... Ecoute, cela fait deux semaines que tu es ici et elle n'a pas avalké une goutte d'alcool depuis lors.
— Vous avez dit à l'instant qu'elle avait sifflé la moitié d'une bouteille de Cherry, répondit Hank.
— Oui, et c'était la première fois depuis l'arrivée de Michaela.
— Je n'ose y croire ! Où est-elle ? demanda celle-ci.
— C'est la vérité, Mademoiselle.
Le trio pivota et Alferd entra dans la salle à manger.
— Où est Mère ? demanda Marjorie.
— Alle dort dans son fauteuil... Quand elle se réveillera, elle sera la Elizabeth Quinn que vous avez toujours connue, répondit le majordome. Elle n'aura aucun souvenir des deux semaines écoulées et sera ravie de vous rencontrer, Monsieur Lawson, et de donner sa bénédiction pour votre mariage.
— Seigneur... souffla Michaela, abasourdie. Nous devons l'aider. Elle doit être sevrée aussi tôt que possible ! Je... Je peux lui donner mon remède indien pour cela, mais elle doit vouloir être aidée. Jake... Jake a côtoyé la mort de très près avant d'accepter de l'aide.
— Est-ce que c'est homme boit encore ? demanda Marjorie.
— De temps en temps, répondit Hank. Mais il est désormais le maire de Colorado Springs, il a appris à lire et il est un bien meilleur homme, croyez-moi, c'est mon meilleur ami. Être aussi proche de la mort lui a filé une sorte de... d'illumination, et cela l'a suffisamment effrayé pour qu'il ne soit plus jamais ivre de sa vie ! Le voir ainsi, se battant contre l'alcool, contre la paranoia, c'était... atroce.
Michaela prit la main de Hank dans la sienne et il soupira.
— Ce sera long et difficile, Marjorie, dit-elle ensuite. Nous allons devoir être très patients, avoir de bon nerfs et, surtout, ne pas abandonner. Je vais télégraphier à Matthew pour qu'il m'envoie le remède par le prochain train postal, ; dès que je l'aurais, nous commencerons la cue. Ce ne sera pas du tout agréable, je te préviens, et si tu ne veux pas rester, je comprendrais.
Marjorie secoua la tête.
— C'est aussi ma mère, je vais t'aider. Mon mari a décidé de jouer les filles de l'air, qu'il en soit ainsi, j'ai plus important à faire ici, dans ma propre maison.
— Je m'occuperai des enfants, répondit Hank. Nous allons rentrer à Colorado Springs et je vais m'occuper d'eux jusqu'à votre retour, Mike.
— Ce sera un bon entraînement pour plus tard, souffla Marjorie avec un clin d'oeil.
Hank eut un mince sourire puis se leva et demanda sa veste. Il avait besoin de prendre un peu l'air. Alfred lui fit signe de le suivre et les deux hommes quittèrent la salle à manger ; Marjorie se tourna vers sa sœur.
— Je vais envoyer un garçon de course chez nos soeurs, dit-elle.
— Dis-leur que nous avons la situation sous contrôle, que je n'ai pas de leur "aide" ou de leurs "conseils", répondit Michaela.
— Noté.
.
— Tu rentres quand, maman ?
— Je ne sais pas, mon cœur, grand-mère est très malade, elle a besoin de moi, au cas où...
Michaela ne termina pas sa phrase et Brian baissa le nez.
— Au cas où elle meure ?
Michaela pinça la bouche et le jeune garçon grimaça avant de quémander un câlin. Elle le serra dans ses bras une longue seconde puis se releva et fit de même avec Colleen. Quand elle croisa le regarda de Hank, elle se mordit la lèvre ; ils avaient convenu tous les deux que les enfants ne sauraient jamais de quoi souffre réellement Elizabeth, pour leur bien.
— Vous allez me manquer, Mike, dit-il en la prenant dans ses bras.
— Je doute d'avoir le temps de penser à vous durant les prochaines semaines...
— Prenez soin d'elle, répondit le barman en reculant. D'ici à ce que vous rentriez, j'aurais terminé la maison.
Michaela esquissa un sourire puis il l'embrassa sur la joue une longue seconde avant de sauter sur les marches du wagon. Il saisit Brian par les mains et le hissa près de lui, puis Colleen le rejoignit ; il se baissa ensuite sur les marches.
— Appelez Manitou s'il se passe quoi que ce soit, dit-il. Demandez après Brett Sheridan, c'est le barman, il enverra son garçon me prévenir.
— Je le ferais. J'espère que tout se passera bien avec les enfants ; n'essayez pas d'être leur père tout de suite, soyez juste là pour eux.
— Je le ferais.
Il lui prit le menton dans sa main et l'embrassa. Elle recula d'un pas, les yeux baissés, puis soupira. Le contrôleur du train siffla soudain et aboya quelques ordres pour presser les passagers de rentrer dans les wagons. Collen sortit comme Hank reculait.
— Vous serez sages avec Hank ? dit Michaela. Sully et Matthew seront là aussi, mais...
— Oui, Maman, ne vous en faites pas, répondit Colleen avec un sourire. Hank d'abord, puis Matthew et Sully si nécessaire.
La jeune fille leva ensuite un bras et Michaela lui prit la main. Le train rugit soudain et sursauta. Hank repoussa les enfants à l'intérieur et se baissa à nouveau devant Michela.
— Reviens-moi vite... souffla-t-il.
— Avant Thanksgiving, promis.
Après un dernier baiser, Michaela entreprit de suivre le train le long du quai, mais arriva rapidement au bout et se contenta ensuite d'agiter le bras comme le train s'éloignait. Une main se posa alors sur son épaule et elle tourna la tête vers sa sœur Rebecca. Elle avisa ensuite Marjorie.
— Allons-y, dit-elle. Allons rendre ses humeurs à Mère, il ne doit plus rester aucune bouteille d'alcool dans la maison, même pas de l'acool à brûler ou du désinfectant. Les alcooliques sont capables de boire n'importe quoi, du moment qu'il y a de l'alcool dedans.
— J'ai déjà demandé à Alfred et aux filles de fouiller partout, sans égard pour nos affaires, répondit Marjorie.
Michaela hocha la tête puis toutes trois montèrent dans la voiture qui les attendaient et qui les ramena à la résidence Quinn.
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