Chapitre 17
Le télégramme envoyé par Marjorie arriva quelques jours plus tard sur le télégraphe de Horace après avoir traversé tout le pays, relayé par une centaine de posts télégraphiques et de gares. Alors qu'il rangeait le courrier de la semaine, juste apporté par la diligence, Horace entendit son télégraphe se mettre à discuter et nota rapidement les mots sur une feuille de papier.
— Un télégramme pour Hank... dit-il en écrivant.
Lisant le message, il fronça les sourcils et se retourna pour fouiller dans les étagères derrière lui, où il rangeait les messages avant de les distribuer.
— C'est le second qu'il reçoit en deux jours... Ce doit être important. Myra ?
— Oui ?
La jeune femme apparut par la porte donnant dans l'arrière-boutique ; Horace lui indiqua qu'il devait s'absenter.
— Tu vas où ?
— Chez Loren. Hank a reçu un second télégramme de Boston, en deux jours...
— Du docteur Mike ?
— Oui, et le seconde de sa sœur, Marjorie Quinn...
— Que disent-elles ?
— Je n'ai pas le droit de te le dire, tu le sais bien.
Myra haussa les épaules avec un sourire. Horace enfila ensuite un manteau et quitta la boutique, traversa la route et entra dans l'épicerie.
— Hank ! Télégramme ! dit-il en traversant la pièce.
— Pour moi ? répondit le barman, surpris. De qui ?
— Docteur Mike et un autre d'une de ses sœurs, Marjorie.
Hank fronça aussitôt les sourcils et jeta un coup d'oeil à Jake et Loren.
— Ils semblent urgents... dit Horace.
Hank s'empara des papiers et soupira ; Horace les récupéra.
— Lis-moi celui de Mike, sauf si c'est trop personnel, dit le barman.
— Cela ne l'est pas.
Hank hocha la tête.
— Pour Monsieur Hank Lawson, Colorado Springs, Colorado - STOP. Venez à Boston vitre -STOP. Mère n'accepte pas notre union, a en tête de me marier avec un homme de Boston - STOP. Venez aussi rapidement que possible - STOP. Je vous aime - STOP. Michaela - STOP et FIN.
Horace grimaça et Hank grogna.
— La marier ? dit-il. Elle veut la marier alors qu'elle est déjà fiancée ? C'est quoi ce bordel ?
— Du calme, répondit Jake. Lis le message de Marjorie, Horace, s'il te plaît.
— C''est beaucoup plus brutal... répondit Horace.
— Du genre... ?
— Tu vas voir...
Horace observa le papier puis inspira.
— Pour Monsieur Hank Lawson, Colorado Springs, Colorado -STOP. Cher fiancé de ma sœur Michaela, sautez dans le premier train pour Boston immédiatement - STOP. Je vous rembourserai la dépense - STOP. Les choses ici sont hors de contrôle après que Michaela ait annoncé être fiancée à un barman - STOP. Ma mère a décidé d'ignorer sa vie chez vous, son fiancé et ses enfants, les traitant d'ophelins - STOP. Si vous ne vous ramenez pas aussi vite que possible, la prochaine que vous verrez Michaela sera dans un cercueil - STOP et FIN.
Un épais silence plomba la boutique.
— Un... commença Jake.
— Cercueil ? acheva Loren. Tu as écrit correctement, Horace ?
— Bien sûr ! Je l'ai relu trois fois !
— Mais qu'est-ce qu'il se passe, là-bas ? demanda Jake.
— J'y vais, répondit Hank. Jake, tu fermeras le Saloon pour moi, je ne reviendra pas avant plusieurs semaines, peut-être un mois, les filles s'installeront à la Clinique. Dis à Sully et Matthew que je laisse l'argent pour la maison à Loren. Je dois tirer cette situation au clair ; si la vieille Quinn veut me prendre ma femme, elle va devoir me passer dessus d'abord !
Jake et Horace le suivirent ensuite jusqu'au Saloon et l'aidèrent à faire un sac avant qu'ile ne saute sur son cheval et ne quitte la ville.
— Mais où va-t-il donc ainsi ? demanda Dorothy, surprise.
— Boston, répondit Jake.
— Bos-... Pardon ? Pourquoi ?
— Venez, je vais vous expliquer.
Dorothy hocha la tête et ils retournèrent à l'épicerie où Dorothy prépara un peu de thé.
.
A l'autre bout du pays, Michaela faisait les cents pas dans sa chambre. Une semaine s'était écoulée depuis qu'elle avait envoyé son télégramme et elle n'avait pas reparlé à sa mère depuis qu'elle avait fui la maison familiale. Si Hank acceptait de la rejoindre, les sept prochains jours allaient être un enfer, encore plus que ceux qui venaient de s'écouler. Michaela avait déjà été incapable de dormir et, sans repos, elle était sur les nerfs, voire violente ; Marjorie avait téléphoné à sa sœur, et lui avait dit qu'elle avait également envoyé un télégramme à Hank, réclamant sa présence aux côtés de Michaela. Les trois sœurs avaient décidé que Michaela ne rencontrerai pas sa mère avait que le barman ne soit là, et à la résidence Quinn, la tension devenait critique jour après jour.
Michaela sursauta quand on frappa à sa porte ; elle pivota et sourit à ses enfants qui entrèrent pour l'enlacer.
— Oh, Maman, vous êtes si tendue ! s'exclama Colleen. Vous devriez vous reposer...
— Comment ? demanda Michaela en serrant Brian contre elle. Cette situation me tue, j'ai l'impression de trahir ma mère, pour autant, je ne comprends pas pourquoi elle fait une telle chose !
Colleen lui frotta le bras.
— J'ai envoyé un télégramme à Hank, la semaine dernière, j'espère qu'il va venir...
— Il viendra, répondit Colleen. Au moment où il comprendra que vous ET tant Marjorie lui avez envoyé, sans même vous concerter, le même message alarmant, il va casser sa tirelire et sauter dans le premier train pour Boston !
— Je dois savoir pourquoi grand-mère fait ça... soupira Michaela en s'asseyant sur un canapé.
Brian se hissa près d'elle et se cala sur ses genoux, roulé en boule. Elle lui caressa les cheveux.
— Tante Becca nous a expliqué l'histoire, dit alors Colleen. Est-ce que grand-mère peut faire une telle chose ?
— Oui, elle le peut... Je ne suis que fiancée, ce n'est en rien un acte officiel, il n'y a pas de papier signé, rien, juste une promesse entre deux personnes... C'est facile à démonter.
Michaela baissa le nez. Colleen lui prit la main.
— Dès que Hank sera là, vous vous marierez, dit-elle doucement.
— Non... Il n'acceptera jamais, pas dans ces conditions, répondit Michaela en secouant la tête.
Brian se redressa soudain.
— Pour de faux, alors !
— Pour de faux ? Tu veux dire, mentir ? demanda Colleen, surprise.
— Mentir, mentir... Je préfère dire "arranger la vérité", répondit le jeune garçon en secouant la tête.
— Grand-mère sait qu'ils ne sont que fiancés...
Colleen soupira et Michaela secoua la tête.
— Il est hors de question que je laisse ma mère détruire ma famille, je...
La cloche de la porte d'entrée résonna soudain et tout le monde se figea. Le majordome ouvrit la porte et Michaela écouta un moment.
— Becca ! Mike ! Vous êtes à la maison ?! s'exclama alors une femme.
— C'est tante Marjorie ! dit Brian.
Il sauta du canapé et dévala les escalier. Il sauta sur Marjorie et elle rigola en l'entourant de ses bras comme il se perdait dans ses robes.
— Maman est là ? demanda-t-elle ensuite.
— Ici, répondit Michaela, descendant les marches. Que fais-tu ici ?
— Oh, grâce au ciel, vous n'êtes pas encore partis...
— Non, et j'espère ne pas avoir à le faire avant d'avoir régler ce bordel, répondit Michaela en fronçant les sourcils. Comment cela se passe-t-il, à la maison ?
— Pas bien, Mère a invité une douzaine de personne samedi soir, juste pour inspecter leurs fils et trouver celui qui t'iras parfaitement... C'était écœurant. J'avais l'impression d'être dans une foire aux bestiaux ! Berk !
— Qui a-t-elle rencontré ? demanda Rebecca en sortant du salon.
— Laisse-moi me souvenir... répondit Marjorie. Oh, attend, je crois que j'ai la liste quelque part...
— Une liste ? grimaça Colleen.
Marjorie fouilla alors ses poche et en tira finalement un bout de papier.
— Ah, voilà ! Alors... On a les Gerfroid, puis les Listers, et Madame Olander, et...
— Stop, la coupa Rebeccas. Ces familles n'ont que des garçons qui ont moitié moins d'âge que Michaela ! Comment mère peut-elle... C'est dégoûtant !
— Deux fois moins ? C'est des enfants ! s'exclama Brian.
— Ils sont même plus jeunes que Matthew... grimaça Colleen.
Marjorie jeta un regard à ses sœurs et un silence s'installa.
— Il faut que l'on mette un terme à cette mascarade, dit Rebecca. Si Hank montre sa tête ici et découvre ce bordel, il va foncer chez Mère et...
— Et ce ne sera pas drôle à voir, acheva Colleen.
Un nouveau silence s'installa puis Rebecca demanda à une de ses servante et sortir les enfants pour leur offrir une crème-glacée. Brian protesta aussitôt, mais Michaela se baissa devant lui.
— On veut t'aider, maman...
— Je sais, mon cœur, mais mes sœurs vont le faire, répondit Michaela. Ne t'inquiète pas, grand-mère ne brisera pas notre famille.
— Promis ?
— Promis. Et si je dois couper les ponts avec ma famille, alors tant pis.
Rebecca glissa un regard triste à Marjorie qui se mordit la lèvre.
— Madeleine ? appela ensuite Michaela en se relevant. Emmenez les enfants en ville jusqu'au diner, vous voulez bien ?
— Oui, Mademoiselle Quinn. Venez les enfants, allons chercher vos manteaux.
Quand les trois eurent quitté le hall d'entrée, Michaela fit face à ses sœurs et Rebecca les invita à prendre place au salon.
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