INSURGENT

Tobias

Je viens d'apprendre la nouvelle. Marlene et une petite fille sont mortes, elles ont sauté du toit. Pas de leur plein gré bien entendu. Elles étaient dans une simulation, tout simplement. Mais, justement, c'est loin d'être simple. Hector a été sauvé par Tris.

Tris. Je sens que le message qui a été délivré va tout changer.

J'ai un message pour les Divergents. Il ne s'agit pas d'une négociation. C'est un avertissement. Ceci se reproduira tous les deux jours, jusqu'à ce que l'un de vous se livre au siège des Erudits.

Marlene était une de nos amies, une des amies de Tris. Tris est Divergente. Et je sais déjà qu'elle veut rejoindre les Erudits pour sauver des vies. Cependant, je ne le cautionnerais pas. Il en est hors de question. Nous ne nous sommes pas revus depuis notre dispute mais, il faut que je la vois.

Je rentre dans la cafétéria, juste après Tori et Harrison. Et je vais directement vers elle, la saluant. J'attends quelques instants avant qu'elle ne me réponde d'une petite voix. Je prends place à côté d'elle. Peut être ne veut-elle pas parler? Peut-elle m'en veut-elle?

Elle lève les yeux vers moi et c'est à cet instant que je comprends qu'il n'en est rien de tout cela. Elle semble complètement perdue.

- Tu ne me demandes pas comment ça va?

J'en meurs d'envie mais je sais pertinemment que c'est complètement inutile. Elle ne va pas bien. Et, c'est ce que je lui réponds.

- Ce que je te demande, c'est de ne rien décider avant qu'on en ai discuté.

Ma voix sort sûre mais, intérieurement, je suis pétrifié. Pétrifié à l'idée qu'elle puisse réellement y aller et mourir.

Pétrifié à l'idée que je puisse la perdre, tout simplement.

Et, elle ne me répond pas, ce qui a le don de me faire encore plus peur. Il ne faut pas qu'elle y aille.

- Il faut que nous en débattions tous ensemble mais, personnellement, je pense que personne devrait se rendre. Nous devrions riposter, ajoute Uriah devant le regard étrange de Tris.

- Ça me paraît génial, comme idée. Allons provoquer la femme qui a le pouvoir de pousser au suicide la moitié de la population de cette enceinte, crache-t-elle.

Mais qu'est-ce qu'il lui prend? Ce n'est peut être que la stricte vérité mais elle n'aurait pas dû l'énoncer ainsi. Et, la réaction brutale d'Uriah me paraît tout à fait justifiée. 

- Pourquoi le dis-tu comme ça?

- Excuse-moi mais, tu sais aussi bien que moi que ce n'est que la réalité. Le meilleur moyen d'éviter la mort de la moitié des membres de la faction, c'est d'en sacrifier un.

Malgré moi, je me tends. Parce que je sais pourquoi elle dit ça. Il faut que je la fasse changer d'avis.

Elle fixe son ami, comme si elle attendait quelque chose. Mais, il se contente de baisser les yeux. Il faut que j'intervienne.

- Nous allons renforcer la sécurité. Nous allons tout faire pour que cela ne se reproduise pas. Et, si par malheur, nous n'y parvenons pas, nous chercherons une autre solution. Mais en attendant, personne ne fait rien de stupide. C'est clair?

Je m'adressais à tout le monde mais, principalement à Tris qui marmonne un vague oui sans me regarder.

Le reste du repas se passe dans une ambiance tendue et froide. Tris finit par se lever et par quitter la table. J'attends quelques instants puis la suis discrètement. Nous devons avoir une discussion plus que sérieuse. Elle marche je ne sais où. Et je la suis, espérant qu'elle finisse par s'arrêter. Elle entre finalement dans mon ancien appartement, devant mon air confus. Je m'arrête juste devant la porte et réfléchis. Il faut que je la convainque de rester. Mais, je sais très bien à quel point elle est têtue. Toujours est-il que je ne sortirais pas d'ici sans avoir la certitude qu'elle ne partira pas.

Énervé par l'idée qu'elle parte et qu'elle me laisse seul, je pousse la porte. Elle est assise sur mon ancien lit, le visage enfoui dans ce qui a été ma couette.

- Ne fais pas l'imbécile.

C'est tout ce que je trouve à lui dire. Mais, bien évidemment, elle ne comprend pas.

- Tu vas y aller, pas vrai? Tu mentais. Ne te jette pas dans la gueule du loup. Ne va pas là-bas, ce serait aller droit à la mort.

Ma voix est dure et sèche. Mais, je suis énervé contre elle. Énervé qu'elle prenne une décision si importante sans en avoir discuté avec moi.

- C'est le moment que tu choisis pour jouer à l'Altruiste?

Ma voix s'élève un peu plus pour laisser place à un silence plus que tendu.

- Tu n'as fait que me répéter que tu n'étais pas suffisamment altruiste pour leur ressembler. Et, maintenant, tu veux jouer les héroïnes pile quand ça met ta vie en danger? Qu'est-ce qui cloche chez toi?

- Est-ce que tu te rends compte que quelqu'un est mort? Marlene a perdu la vie. Elle s'est jetée du haut d'une tour et j'ai le pouvoir d'empêcher ça! Et tu voudrais m'interdire de le faire?

- Tu as trop d'importance pour...mourir comme ça.

L'émotion me prend à la gorge. Elle ne peut pas partir. Elle n'en a pas le droit. C'est égoïste mais je refuse qu'elle s'en aille même si je sais que, quelque part, elle a raison. Cependant, il est hors de question que je la laisse faire. Je pose mes yeux partout, sauf sur les siens. Parce que j'ai peur que si je verrouille mon regard au sien, elle parvienne à me faire changer d'avis.

- Je n'ai aucune importance. Les autres se passeront très bien de moi.

Comment peut-elle dire ça? Elle est indispensable. Elle m'est indispensable. Me classe-t-elle vraiment avec 'les autres'? Suis-je réellement juste cela pour elle?

- On s'en fout des autres! Et moi, alors?

Je tremble légèrement, sans savoir pourquoi. Je relève la tête vers elle et avance très rapidement vers sa personne. Sans réfléchir, je l'embrasse. Je n'ai aucune raison d'agir ainsi. Mais, je ne peux pas m'en empêcher. Je veux lui montrer que je l'aime.

Elle finit par s'écarter en posant une main sur mon torse, de manière à laisser une distance entre nous.

- Tu t'en sortirais très bien. Peut-être pas au début. Mais tu irais de l'avant, en faisant ce qu'il y a à faire.

Sa voix n'est qu'un murmure. Elle ne me regarde même pas, préférant poser ses yeux sur un pan de son T-shirt. 

Mais, je ne peux pas laisser passer de telles paroles. Mes bras encerclent sa taille et je la colle à moi avant de réfuter son hypothèse. Et je l'embrasse encore. Elle ne me repousse pas. Ou peut être ne veut-elle pas le faire?

Elle enfouit ses mains dans mes cheveux bruns un peu trop longs et se dresse sur la pointe des pieds pour approfondir notre baiser. Je resserre mon emprise sur elle, comme pour la retenir avec moi.

Je porte une main à sa joue jusqu'à la monter sur ses cheveux. Le baiser s'enflamme plus que rapidement et j'avance, la faisant reculer. Elle trébuche mais je la retiens fermement. Je m'assois sur le lit mais elle reste debout face à moi. Mon visage est entre ses mains et je plonge mon regard dans le sien.

Mes mains qui se trouvaient sur ses épaules migrent jusqu'à sa taille pour l'attirer vers moi. Elle se raccroche à mes épaules puis se baisse pour m'embrasser avec ardeur. Et je mentirais si je disais que je ne lui rendais pas. Ses mains se faufilent sous ma chemine et je frissonne à son toucher si particulier. 

Brusquement, j'agrippe sa taille, mes mains sur sa peau nue. Elle lâche un hoquet de surprise et j'ai peur d'être allé trop loin. Mais non. Elle plonge à nouveau sur mes lèvres, sans me laisser le temps de respirer. Comme si c'était la dernière fois qu'elle pouvait le faire.

Je reprends le dessus et m'éloigne de sa bouche pourtant si addictive. 

- Promets-moi que tu n'iras pas. Pour moi. C'est tout ce que je te demande.

J'ai conscience que mon murmure raisonne comme une supplication. Mais, c'est vraiment tout ce que je lui demande : de rester avec moi. De se battre avec moi.

Elle me fixe longuement, comme si elle menait un débat intérieur.

- Ok, dit-elle finalement.

- Jure-le-moi.

J'insiste peut être mais, je veux être certain qu'elle est sincère. Je ne veux pas apprendre par la suite qu'elle m'a menti.

- Je te le jure.

Je lâche un soupir de soulagement. Elle va rester. Je me redresse légèrement et frôle ses lèvres des miennes avant de lui offrir un baiser beaucoup plus tendre que ceux échangés précédemment.

* * *

Nous nous sommes endormis ensemble. Je l'avais entourée de mes bras, de peur qu'elle ne s'échappe. Et, lorsque je me réveille, je suis seul. Je crois que je ne me suis jamais réveillé aussi rapidement. Je saute du lit et fais le tour de l'appartement. 

Trois fois. Mon cœur se brise en mille morceaux mais, ce que je ressens en premier, ce n'est pas la colère. Non, c'est la peur et l'inquiétude.

Elle n'est pas là.

Elle est partie.

Elle m'a menti.

Elle m'a trahi.

Mais je l'aime, alors il faut que j'aille la sauver.

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Chapitre demandé par LeerReadLove . Je sais que tu ne le verras pas de suite mais je le poste quand même ;)

Avez-vous aimé ce point de vue?

Prochain OS extrait du premier tome! Il devrait sortir mercredi normalement.

TrueWordOfLove ~ <3 <4 <6