OS 30 Quatre et Six
DIVERGENTE
Tobias
Après avoir refermé la porte derrière moi et retiré mes chaussures, je lui propose un verre d'eau. Qu'elle refuse. Elle semble vraiment mal à l'aise.
- Tout va bien? je m'enquiers.
Je glisse ma main dans ses cheveux, en souriant légèrement. Je me penche et pose mes lèvres sur les siennes, dans l'espoir de la détendre un tant soit peu. Elle répond timidement à mon baiser tandis que je fais glisser son manteau. Il tombe par terre et elle me repousse brusquement.
Abasourdi, je la regarde se cacher dans ses mains.
- Il y a un problème? je questionne, vexé.
Elle secoue vivement la tête.
- Ne me dis pas qu'il n'y a rien.
Je lui attrape le bras en lui demandant de me regarder, ce qu'elle finit par faire. Elle me semble presque vulnérable en cet instant.
- Quelquefois, je me demande...où est ton intérêt là-dedans. Dans ce...ce truc entre nous.
- Mon intérêt.
Est-ce qu'elle se rend seulement compte d'à quel point elle est stupide en cet instant? Je secoue la tête de gauche à droit, totalement incrédule.
- T'es vraiment une idiote, Tris.
- Ce n'est pas vrai. Je suis consciente que c'est étrange que tu m'aies choisie, moi, parmi toutes les autres. Alors si tu cherches juste...enfin, tu sais...
- Quoi? A coucher?
A cet instant, je ne comprends pas ce qu'elle a dans la tête. Mais, je n'aime pas le fait qu'elle puisse penser une seule seconde que je sois ce genre de personne.
- Si c'était ce que je cherchais, tu ne serais sans doute pas la première personne à qui je m'adresserais.
Ses yeux s'écarquillent et je me rends compte de l'effet que peuvent avoir mes mots sur elle. Elle presse ses mains sur son ventre, très clairement blessée, et détourne le regard. Je culpabilise. Il va falloir que je m'y prenne autrement si je veux avoir une chance de pouvoir la garder avec moi.
Elle reste silencieuse avant de me dire qu'elle va prendre congé de ma personne. Sauf que je ne veux pas qu'elle s'en aille comme ça. Je tends le bras et lui attrape le poignet, lui sommant de rester ici. Elle se débat et je suis obligé de lui attraper l'autre poignet. Nos bras se retrouvent croisés entre nous.
- Excuse-moi. Ce que je voulais dire, c'est que tu n'es pas ce genre de fille. Et je le sais depuis le début.
- Tu étais un obstacle dans mon paysage des peurs, déclare-t-elle.
Je la lâche et recule d'un pas. Elle a peur de moi? Est-ce que c'est à cause de mon père? Je ne veux pas qu'elle ait peur de moi. Je veux qu'elle ait confiance en moi.
- Tu as peur de moi?
- Pas de toi...mais d'être avec toi...ou avec n'importe qui. Je n'ai jamais eu une histoire avec quelqu'un et...tu es plus vieux que moi, et je ne sais pas ce que tu attends, et...
- Tris. Je ne sais pas ce que tu t'es imaginé, mais tout ça, c'est nouveau pour moi aussi, j'avoue d'un ton grave.
- M'imaginer? Tu veux dire que tu n'as pas... Oh! Oh...j'avais supposé...enfin, tu vois...
Elle avait supposé quoi? Que j'étais un aimant à fille? Que j'avais un tableau de chasse gigantesque? Oui, il y a des filles qui se montrent intéressées par moi, mais, ça n'a jamais été le cas de mon côté. A part avec Tris, même si elle ne m'a jamais montré clairement que je l'intéressais de cette façon là.
Je rougis, pour la première fois devant une fille.
- Ben tu supposais mal.
Histoire de cacher mon malaise, je prends son visage entre mes mains.
- Tu peux tout me dire, tu sais. Je suis plus gentil que ce que tu as vu pendant l'entraînement. Promis.
Une esquisse de sourire étire rapidement ses lèvres. Je dépose un baiser entre ses sourcils. Un autre sur son nez. Et enfin, sans la brusquer, sur ses lèvres. Elle lie ses mains derrière mon cou et se dresse légèrement sur ses pieds.
Je descends mes mains sur ses épaules et remarque qu'elle a un bandage. Je m'éloigne avec un léger froncement de sourcils.
- Tu es blessée?
- Non, il s'agit simplement d'un nouveau tatouage. Je n'ai plus besoin du bandage mais je voulais le cacher encore quelques temps.
- Tu m'autorises à le voir?
Elle découvre son épaule, que j'observe quelques secondes. Je suis sa peau de mes doigts, sentant ses os par moment. Je la sens frissonner.
Je finis par décoller délicatement son bandage pour découvrir le symbole Altruiste.
- J'ai le même. Dans le dos, dis-je en riant.
- C'est vrai? Je peux le voir?
Je replace son bandage puis son T-shirt.
- Tu me demandes de me déshabiller?
- Juste...partiellement.
Mon sourire s'efface mais, j'acquiesce. J'ouvre la fermeture éclair de mon sweat et le jette négligemment sur la chaise à côté de moi.
Que va-t-elle penser de moi? Je n'en ai absolument aucune idée et, ça me stresse plus que de raison.
En la fixant toujours, les sourcils froncés, j'attrape le bas de mon T-shirt et le fait passer au-dessus de ma tête. Je fuis son regard.
- Qu'est-ce qu'il se passe? me demande sa voix.
- Je ne me montre pas souvent comme ça. Jamais, en fait.
- C'est un tort... Tu es magnifique.
Mal à l'aise, je ne réponds rien et reste figé, comme un idiot. Je ne sais pas comment agir. Elle tourne lentement autour de moi pour faire face à mon dos.
- Je crois qu'on a commis une erreur. On s'est tous mis à dénigrer les valeurs des autres factions sous prétexte de mettre les nôtres en avant. Je n'ai pas envie de faire ça. Ce que je veux, c'est être courageux, et altruiste, et intelligent, et gentil, et sincère. Pour la gentillesse, je dois me battre en permanence, j'avoue d'une vois basse.
- Personne n'est parfait. Mais ça ne marche pas comme ça. On ne se débarrasse pas d'un défaut que pour le remplacer par le défaut inverse.
Je sens ses doigts effleurer ma peau, laissant un chemin de feu sur mon corps.
- Il va falloir qu'on les prévienne. Sans tarder.
- Je sais. On va le faire.
Je pivote pour lui faire face. Je vois très bien qu'elle ne sait pas si elle peut me toucher ou non, comme si elle avait peur.
- Tu as peur, Tris?
- Non, pas exactement. J'ai juste...peur de ce que je veux.
- Et tu veux quoi? Moi?
Elle opine du chef. Je lui prends les mains et les pose sur mon ventre. Je baisse les yeux sur nos mains liées et les fais lentement remonter sur mon torse. Elle ne dit rien, se laissant simplement faire. Je remonte les yeux vers elle. Son visage est rouge et elle me regarde avec curiosité et appréhension.
Je retiens ma respiration. J'ai peur qu'elle me rejette à nouveau. Je ne me suis jamais autant ouvert à quelqu'un. D'un côté, ça me fait du bien de pouvoir me confier, me montrer autant mentalement que physiquement sans être jugé. Mais, d'un autre côté, j'ai cette peur tapie au fond de moi. Cette peur qu'elle s'en aille. C'est probablement pour cela que je lui dis :
- Un jour, si tu veux toujours de moi, on pourra...on pourra....
Un léger sourire éclaire son visage. Probablement qu'elle est soulagée de voir que je suis aussi gauche qu'elle sur ce terrain là. Elle ne me laisse pas finir et me serre dans ses bras, sa joue sur mon torse. Mon cœur bat à vive allure et je sais qu'elle le sent.
- Tu as peur de moi, Tobias?
- Je suis terrifié, dis-je en souriant.
Elle dépose un baiser à la base de mon cou, affolant plus encore mon rythme cardiaque.
- Peut être que tu ne vas plus être dans mon paysage des peurs.
- Alors on pourra t'appeler Six.
- Quatre et Six.
Je me penche légèrement pour prendre possession de ses lèvres. Je presse sa taille pour la rapprocher de moi. Sa main sur mon torse sent mon cœur battre.
J'aurais pu la perdre tout à l'heure, tout cela à cause de ma répartie trop dure. Cette carapace que j'ai mis des années à construire pourrait bien être compromise par Tris. Au fond, je crois que ça ne me dérange pas. J'en ai besoin, je crois.
Je m'éloigne d'elle avant de l'embrasser sur le front, la serrant des mes bras.
- Tu ne veux toujours rien à boire ni à manger? je m'enquiers.
- Hum, si, je veux bien un verre d'eau.
Je passe mon T-shirt sur ma tête, étant plus à l'aise habillé. Je lui prends la main et l'entraîne avec moi dans le petit recoin qui me sert de cuisine. Je lui donne ce qu'elle m'a demandé, gagnant un sourire de remerciement. Elle pose son verre maintenant vide sur la table.
- Viens.
Je lui prends à nouveau la main et l'entraîne vers le lit où je m'allonge. Elle semble réticente et je comprends rapidement pourquoi.
- Nous n'allons rien faire du tout, Tris. Juste discuter, je la rassure.
- D'accord, me dit-elle du bout des lèvres.
Elle s'allonge face à moi.
- Parle moi de toi, je murmure.
- Que veux-tu savoir de moi?
- Beatrice Prior, je ne sais pas grand chose de toi.
Elle sourit et m'avoue ne pas trop savoir quoi me répondre. Nous discutons tranquillement lorsque ses traits se tendent d'inquiétude.
- Qu'est-ce qu'il se passe? je m'inquiète.
- Et si je me retrouve sous la ligne rouge? Qu'est-ce que je vais faire?
Je secoue la tête.
- Tris, ne sois pas stupide. Au vu de tes résultats, je t'assure que tu seras bien au-dessus de cette ligne.
- Tu en es sûr?
- Certain.
- J'oubliais que j'avais eu le meilleur entraîneur qui soit, sourit-elle.
Elle me cherche? Soit.
- Ah oui? Pourtant, de ce que je me souviens, tu l'as quand même traité de porte de prison.
- C'était de la légitime défense. Tu étais froid comme de la glace.
- Donc, tu t'es dit qu'en m'insultant, ça arrangerait la situation?
- Oui, répond-elle en souriant de toutes ses dents. La preuve.
- Tu as de la chance que je ne t'en ai pas voulu.
- A mon avis, des remarques comme ça, tu dois en avoir à la pelle. Même si tu ne les mérites pas, loin de là.
Je me rapproche d'elle, posant ma main sur sa taille fine.
- Tu le penses vraiment?
- Bien sûr, murmure-t-elle.
Je souris à mon tour, l'embrassant doucement.
Je me rends compte qu'à cet instant précis, je suis moi-même. Je suis Tobias Eaton avec Tris. Je ne peux rien demander de plus. J'ai réellement besoin de ça, de manière vitale. Dans le sens où, peut être, qu'avec Tris je pourrais vivre à nouveau. Et ne plus faire que survivre.
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Bonsoir!
Me voilà de retour avec un OS demandé par ninavbgg!
J'espère qu'il vous a plu! Il est plus long que d'habitude puis que l'extrait est plus long que les autres!
Le BAC approche et je vais être obligée de publier moins souvent, je n'ai aucune partie d'avance sur cette histoire... Une fois par semaine, approximativement.
TrueWordOfLove
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