Premier livre - 8
Les jours se suivent et les moments avec Remus Lupin sont plein de surprises. L'homme balafré transporte avec lui une aura bien étrange. Gabrielle, qui se tient à ne plus entrer dans la tête des gens, essaye malgré tout d'interpréter les émotions qu'il dégage. Mais, bizarrement, ce ne sont souvent que des émotions assez banales. Comme s'il utilisait un filtre, un moyen pour cacher ou contenir ce qui pourrait émaner de lui.
Il ne parle pas pour ne rien dire, observe beaucoup mais sait balancer une petite blague au bon moment pour détendre l'atmosphère. Son rapport avec lui est différent de Bill. Si le Weasley avait un côté frère, Lupin est davantage paternaliste. Ce qui empêche Gabrielle de le tutoyer par exemple.
En ce début d'automne, alors que le matin est frais et brumeux dans la clairière isolée, loin des regards curieux, Rémus Lupin fixe Gabrielle avec son habituel calme austère, les bras croisés. Gabrielle tient ses mains devant elle, concentrée. Une lueur blanche, vibrante d'énergie, émane de ses paumes tremblantes.
— Ce n'est pas suffisant, Gabrielle, dit Lupin d'un ton ferme, presque glacial. Concentre-toi !
Elle serre les dents, mais sa concentration vacille. L'énergie entre ses mains se dissipe rapidement, emportée par un léger souffle d'air.
— Je fais de mon mieux ! réplique-t-elle, sa voix tremblante de frustration.
Lupin avance lentement, ses pas crissant sur les feuilles humides, son regard implacable posé sur elle.
— Ton mieux ? répète-t-il, inclinant légèrement la tête comme un prédateur qui sent sa proie faiblir. Ton "mieux" ne sera pas suffisant si un Mangemort se tient devant toi. Un Mangemort qui n'hésitera pas une seconde à te tuer.
Gabrielle serre les poings, les veines ressortant sous l'effort, et son regard se fait brûlant de colère, mais elle retient sa rage.
— Je n'ai pas besoin que vous me le rappeliez à chaque seconde ! grogne-t-elle, le ton tranchant.
Lupin s'arrête juste devant elle, son regard perçant comme un éclat de verre, la clouant sur place.
— Si je suis sévère, Gabrielle, ce n'est pas pour te rabaisser, dit-il d'une voix basse, plus tranchante encore que précédemment. C'est parce que je sais ce que ça signifie de ne pas être prêt. Et je ne veux pas que tu fasses les mêmes erreurs que ceux qui ont échoué avant toi.
Elle détourne les yeux, un éclat de doute traversant son visage, troublée par la gravité de ses paroles.
— Ce n'est pas juste, murmure-t-elle, la voix brisée. Je n'ai pas choisi d'avoir ces pouvoirs. Je n'ai pas choisi d'être ici.
Lupin hausse un sourcil, ses bras croisés, son regard froid comme de l'acier.
— Et pourtant, tu y es, répond-il calmement, mais avec une dureté glaciale. Alors, qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ?
Gabrielle relève les yeux, son regard fulgurant défiant le sien. Un silence tendu s'installe entre eux, mais Lupin ne cille pas, attendant qu'elle fasse face à la réalité.
— Je veux me battre, dit-elle d'une voix ferme, presque fébrile dans son désir de prouver quelque chose.
Lupin laisse échapper un faible sourire, mais celui-ci disparaît aussi vite qu'il est apparu, remplacé par un regard aussi dur que l'acier.
— Alors, prouve-le, réplique-t-il d'une voix glaciale. Montre-moi que tu es prête à tout.
Il sort sa baguette avec une rapidité fulgurante et la pointe vers elle sans la moindre hésitation. Un éclair rouge fuse à une vitesse vertigineuse. Gabrielle réagit en un instant, levant les mains avec une précision instinctive. Un bouclier translucide se forme juste à temps, bloquant l'attaque, mais l'impact la secoue.
— Pas mal, dit Lupin, sa voix maintenant teintée de froide approbation, tout en avançant d'un pas. Mais ce n'était qu'un sort simple. Tu peux faire mieux, bien mieux.
Il ne lui laisse aucun répit et lance immédiatement un nouveau sort. Cette fois, un tourbillon de vent puissant la frappe de plein fouet, la déséquilibrant. Gabrielle, les dents serrées, plante fermement ses pieds dans le sol, chaque muscle tendu, et lève les bras, créant une vague d'énergie d'une force brutale qui balaie le vent avec une telle intensité qu'elle sent presque la terre vibrer sous ses pieds.
— C'est tout ce que vous avez ? lance-t-elle avec un éclat de défi, ses yeux flamboyant de rage contenue.
Lupin, implacable, sourit, mais ses yeux restent aussi sombres qu'un orage prêt à éclater.
— Ne me sous-estime pas, Gabrielle. Tu crois que c'est ça, la réalité du combat ? Attends de voir ce que j'ai encore en réserve.
Sans prévenir, il intensifie ses attaques, lançant une rafale de sorts plus rapides et plus complexes. Chaque sort frappe avec la force d'une tempête, forçant Gabrielle à repousser ses limites encore et encore. Ses mains s'illuminent d'énergie pure, ses pouvoirs se déchaînant à chaque instant pour contrer, esquiver, et riposter. Elle envoie des éclairs d'énergie pure dans sa direction, chaque explosion d'énergie effleurant Lupin, un instant de trop près.
Mais il ne fléchit pas. Il l'observe, implacable, la poussant à chaque seconde plus loin dans ses retranchements. Aucun mot. Aucun geste de compassion. Juste l'épreuve de feu.
Gabrielle, haletante mais déterminée, refuse de céder. Elle se bat comme si sa vie en dépendait – et c'est exactement ce qu'il veut qu'elle comprenne.
Après plusieurs minutes de lutte acharnée, les deux s'arrêtent enfin, haletants, les muscles tendus. Lupin baisse sa baguette, son regard toujours aussi perçant, observant Gabrielle comme un juge prêt à rendre son verdict.
— Tu vois ? Tu en es capable, dit-il d'un ton plus calme, mais l'intensité de sa voix ne faiblit pas.
Gabrielle, essoufflée, s'essuie la sueur qui perle sur son front, son souffle court et irrégulier.
— Vous auriez pu me prévenir, grogne-t-elle, mais un sourire furtif trahit la satisfaction qu'elle essaie de dissimuler.
Lupin s'approche d'un pas, se tenant juste devant elle, et, d'un geste brusque, pose une main ferme sur son épaule.
— La vie ne te préviendra pas, Gabrielle, dit-il, sa voix toujours tranchante, bien qu'adoucie par un sous-entendu plus grave. C'est pour ça que je suis dur avec toi. Parce que tu as un potentiel énorme, mais il ne servira à rien si tu n'es pas prête à l'exploiter sous pression, quand tout est en jeu.
Elle relève légèrement la tête, croisant son regard, plus perçant que jamais, se sentant à la fois intimidée et défiée.
— Je sais que, parfois, je peux être... dur avec toi. Exigeant. Peut-être même injuste, admet-il, un ton presque fragile passant brièvement dans sa voix.
— C'est vrai, répond-elle, sans détourner les yeux, sa voix calme mais emplie d'un reproche évident. Vous poussez trop loin parfois.
Lupin esquisse un sourire, mais c'est un sourire triste, marqué par des années de remords et de sacrifices.
— Je le mérite, admet-il, mais tu dois comprendre que ce n'était jamais par manque d'intérêt. C'était pour que tu sois prête, pour que tu survives. C'était... tout le contraire.
Gabrielle fronce légèrement les sourcils, déstabilisée par la profondeur de ses mots. Elle ne sait pas s'il parle d'elle, ou de lui, ou des deux. Mais il recule d'un pas, son regard toujours fixé sur elle, une intensité brûlante dans les yeux.
— Si tu es prête à te battre, alors je suis prêt à continuer de t'entraîner. Mais tu dois le prouver chaque jour, chaque minute. Pas à moi, pas aux autres. À toi-même, avant tout. Parce que si tu te mens à toi-même, tu es perdue.
Gabrielle inspire profondément, redressant les épaules comme une guerrière prête à tout affronter, mais son esprit en ébullition, bouillonnant de doutes et de défis. Elle le fixe un instant, le regard déterminé, avant de murmurer :
— Je suis prête.
Elle répète, cette fois avec plus de force, de conviction, son poing serré sur ses côtés :
— Je suis prête.
Lupin hoche la tête, satisfait.
— Alors, on recommence, dit-il en levant à nouveau sa baguette.
Gabrielle sourit légèrement, ses mains s'illuminant d'une lumière blanche éclatante. Elle sait que ce chemin serait difficile, mais pour la première fois depuis longtemps, elle sent qu'elle avance dans la bonne direction.
Après la pratique, Remus Lupin demande à la jeune sorcière de pratiquer divers exercices d'introspection. Si elle parle volontiers de barrières qui empêchent son pouvoir de la submerger, l'homme utilise davantage l'image de murailles de pierre qu'il va falloir détruire.
Alors qu'elle vient de terminer un exercice éprouvant, il l'observe en silence.
Il reconnaît ce regard. Il l'a vu tant de fois dans son propre reflet.
— Pensez-vous que cela s'arrêtera un jour ? murmure Gabrielle. Cette peur...
Lupin prend une lente inspiration.
— Pas complètement, répond-il calmement. Mais on apprend à la comprendre. Et surtout, à ne plus la laisser nous contrôler.
Elle détourne les yeux, la mâchoire crispée.
— C'est facile à dire...
— Je sais, concède Lupin. Mais crois-moi, j'en sais quelque chose.
Gabrielle fronce légèrement les sourcils et se tourne vers lui, intriguée.
— Vous aussi... vous avez dû apprendre à vous contrôler ?
Lupin esquisse un léger sourire.
— Disons que j'ai longtemps cru que me battre contre ma propre nature était la seule solution. J'ai passé des années à essayer de refouler ce que j'étais, à croire que si je l'ignorais, cela disparaîtrait.
Gabrielle sent son cœur se serrer. C'est exactement ce qu'elle ressent.
— Et ça a fonctionné ? demande-t-elle d'une voix hésitante.
Lupin secoue doucement la tête.
— Non. Parce que ce n'est pas en niant une partie de nous-mêmes que l'on devient plus fort. C'est en l'acceptant et en la comprenant.
Elle baisse les yeux vers ses mains. Elle y voit encore les lueurs blanchâtres de son dernier entraînement, les étincelles incontrôlables qu'elle redoute tant.
— Mais... et si ce que nous sommes est un monstre ? murmure-t-elle.
Lupin pose une main réconfortante sur son épaule, son regard empli d'une douceur infinie.
— Ce ne sont pas nos capacités qui font de nous des monstres, Gabrielle. C'est ce que nous choisissons d'en faire.
Elle relève les yeux vers lui, troublée. Il parle avec une telle assurance, comme s'il savait exactement ce qu'elle traverse. Comme s'il portait en lui le même combat.
— Je pensais que personne ne pourrait comprendre...
Lupin esquisse un sourire empreint de mélancolie.
— Tu serais surprise de voir combien de personnes portent en elles une part qu'elles redoutent. Mais ce n'est pas cette part qui définit qui nous sommes. C'est ce que nous en faisons.
Gabrielle soutient son regard, une étrange chaleur l'envahissant peu à peu. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sent un peu moins seule.
Lupin laisse échapper un soupir et s'adosse contre le dossier du fauteuil, le regard perdu dans les flammes crépitantes.
— Je vais te dire quelque chose, Gabrielle. Quand j'étais enfant, j'étais comme toi. Différent. Pas au sens où tu l'es, mais assez pour me sentir en dehors du monde.
Gabrielle fronce les sourcils. Elle perçoit une gravité sous-jacente dans sa voix.
— Différent ? Comment ça ?
Il marque une pause, puis plonge son regard dans le sien.
— Je suis un loup-garou.
Gabrielle ne peut empêcher ses yeux de s'écarquiller. Elle ne s'y attendait pas, mais, contre toute attente, ce n'est pas la peur qui l'envahit. Plutôt la surprise.
— Oh... souffle-t-elle.
Lupin arque un sourcil, visiblement intrigué par son absence de réaction.
— Tu n'as pas l'air effrayée. C'est étonnant.
— J'ai... connu quelqu'un comme vous, au lycée, admet-elle après une brève hésitation. Ce n'était pas un ami proche, mais il faisait partie de mon entourage. J'ai vu ce que ça pouvait être...
Elle s'arrête un instant, cherchant ses mots.
— Il n'était pas un monstre. Il avait peur d'en être un, mais il ne l'était pas.
Lupin l'observe, puis esquisse un mince sourire.
— Alors tu comprends mieux que la plupart des gens.
Il se redresse légèrement, ses traits s'adoucissants.
— J'ai été mordu quand j'avais cinq ans. Une punition pour une querelle qui n'était même pas la mienne. À partir de ce jour, ma vie a changé.
Gabrielle reste silencieuse, attentive.
— J'ai grandi en ayant peur de moi-même. Chaque mois, à la pleine lune, je devenais une créature incontrôlable. J'ai passé des années à me haïr, à craindre de blesser les autres.
Gabrielle hoche la tête, compatissante.
— Vous n'aviez aucun contrôle...
— Aucun. Pas au début. Mais j'ai appris. J'ai compris que lutter contre ma nature ne ferait que m'enchaîner davantage. Je devais l'accepter et trouver un moyen de la canaliser.
Son regard s'intensifie alors qu'il ajoute :
— Tu te bats contre toi-même, Gabrielle. Je le vois. Tu as peur de ce que tu es, peur de perdre le contrôle. Je connais cette peur. Mais fuir n'apaisera jamais cette angoisse.
Elle baisse les yeux.
— Et que suis-je censée faire, alors ?
— Apprendre. Comprendre tes capacités au lieu de les redouter. Tu ne peux pas effacer ce que tu es, mais tu peux choisir ce que tu en fait.
Elle relève les yeux vers lui, troublée, puis laisse un sourir se dessiner au coin de sa bouche.
— Aller ! Concentre-toi ! demande Lupin en souriant doucement.
Elle hoche doucement la tête et reprend sa place. S'agenouillant, elle ferme les yeux et se concentre. Elle suit les indications de son professeur qui lui somme de se détendre, d'interdire son propre corps, sa propre tête. De visualiser ce qui se passe à l'intérieur. Ses doigts tremblent légèrement, une lueur blanchâtre pulsant au creux de ses paumes.
— Tu ressens quelque chose, n'est-ce pas ? demande Lupin d'une voix douce.
Elle acquiesce lentement.
— C'est toujours là. Ça ne me quitte jamais.
— Décris-moi ce que tu ressens.
Gabrielle hésite. D'ordinaire, on la pousse à agir, à libérer son pouvoir, pas à l'analyser. Mais Lupin ne la presse pas. Il attend.
— C'est... comme une vague, souffle-t-elle enfin. Quelque chose qui monte en moi et menace de tout emporter.
Il incline légèrement la tête.
— Et quand cette vague arrive, qu'est-ce qui déclenche le déferlement ?
Elle fronce les sourcils, cherchant à mettre des mots sur ce qu'elle vit depuis toujours.
— La peur, murmure-t-elle. La colère aussi, parfois. Quand je me sens coincée... ou impuissante.
Lupin esquisse un sourire compréhensif.
— Je connais bien ce sentiment.
Gabrielle relève les yeux vers lui.
— Il revient à chaque pleine lune.
Elle serre les poings.
— Alors comment avez-vous appris à la contrôler ?
Lupin la fixe un instant, puis se lève et marche lentement autour d'elle.
— En comprenant que la peur ne disparaît jamais complètement. Mais on peut apprendre à ne plus lui laisser les rênes.
Lupin s'arrête derrière elle, ses pas presque silencieux sur le sol humide. Il laisse passer un moment, puis sa voix, douce mais ferme, s'élève dans l'air tendu.
— Ferme les yeux.
Gabrielle hésite une fraction de seconde, l'angoisse montant dans sa gorge, mais il n'y a pas de place pour l'hésitation. Elle obéit, ses paupières se fermant doucement, son esprit se préparant à affronter ce qu'elle redoute le plus.
— Laisse venir ton pouvoir, mais ne le combats pas. Ne le repousse pas, répète Lupin, sa voix toujours calme, mais avec une dureté sous-jacente. Ressens-le, comme une partie de toi.
Elle inspire profondément. L'énergie monte en elle comme une marée, bouillonnante, incontrôlable, prête à exploser. Elle connaît ce sentiment. Elle l'a ressenti des centaines de fois. L'instant suivant, cette énergie sera hors de contrôle, une bête qu'elle n'arrive jamais à apprivoiser.
— Ne le craint pas, murmure Lupin. Ce n'est pas ton ennemi. Ce n'est pas un monstre. Il fait partie de toi.
Elle fronce les sourcils, son souffle s'accélérant. C'est trop. Trop de puissance, trop de tension. Elle n'arrive pas à calmer la tempête qui se déchaîne en elle. L'énergie commence à la consumer, mais c'est comme si un mur se dressait dans son esprit, un mur qu'elle a toujours érigé entre elle et cette puissance.
— Je ne peux pas, souffle-t-elle, presque à bout de forces. Je ne peux pas le laisser... Ça m'écrase.
Lupin se rapproche d'elle, sa voix devenant plus tranchante, plus dure.
— Si, tu peux. Tu dois ! Arrête de fuir, Gabrielle ! Tu crois que ça va s'arrêter si tu détournes le regard ? Tu crois que ça va simplement disparaître si tu continues à l'ignorer ? Ça ne fera que s'aggraver !
Il la saisit par les épaules, la secouant presque.
— Affronte-le ! Arrête de te cacher, arrête de lutter contre ce que tu es ! Tu veux te battre ? Alors sois prête à accepter ce que tu portes à l'intérieur de toi ! C'est ton pouvoir, ta puissance. Si tu n'arrives pas à la maîtriser, tu es déjà perdue !
Gabrielle, tremblante sous la pression, serre les poings, mais Lupin n'en a pas fini. Il insiste, sa voix presque violente maintenant.
— Accepte-le ! Ce n'est pas un ennemi ! Ce n'est pas une malédiction ! C'est toi. C'est ta force. Si tu veux qu'elle te serve, il va falloir que tu l'acceptes dans toute sa brutalité, dans toute sa violence !
L'énergie dans ses mains devient de plus en plus intense, bouillonnante, prête à exploser, mais quelque chose commence à changer. Gabrielle commence à relâcher l'emprise qu'elle a toujours eue, cette peur de perdre le contrôle. Mais cela n'est possible que parce que Lupin continue à la pousser, à la forcer à s'accepter.
— C'est maintenant ou jamais ! Lâche-toi, Gabrielle ! Lâche tout !
Gabrielle sent une vague de chaleur se déverser en elle, une force irrésistible, mais cette fois, elle ne lutte plus. Au lieu de repousser cette énergie, elle la laisse l'envahir. Elle ne la craint plus. Elle la prend comme elle prendrait une partie d'elle-même. Un instant de calme avant l'explosion.
Elle laisse la vague monter... et au lieu de déferler, elle se stabilise. L'énergie danse au creux de ses paumes, plus vive que jamais, mais elle ne la consume pas.
Gabrielle entrouvre les yeux. Une lueur argentée tournoie autour d'elle, mais cette fois, elle ne ressent pas cette peur viscérale de tout perdre.
Lupin esquisse un sourire satisfait.
— Enfin ! Tu vois ? Ce pouvoir n'est pas une malédiction. C'est une partie de toi. Et si tu lui laisses une place, au lieu de l'enfermer, il arrêtera d'essayer de te briser.
Gabrielle l'observe, le souffle encore court, son cœur battant à tout rompre.
Pour la première fois depuis longtemps, elle n'a pas l'impression de se noyer. Et ce sentiment ne fait qu'amplifier au fur et à mesure des instants qu'ils passent ensemble. Elle se sent de plus en plus libre. Plus en phase avec ses pouvoirs.
Malheureusement, ce qui fonctionne d'un côté, ne fonctionne pas de l'autre. Et si Gabrielle crée une relation harmonieuse avec ses capacités, elle est de plus en plus déroutée par celle qu'elle tissé avec les jumeaux. Ils sont inséparables. Dès lors qu'ils ont terminé leur journée de travail, il réplique au terrier pour être avec elle. Et si ce n'est pas les deux, il y en a tout au moins un.
Les soirées se rafraichissant, le trio passe le plus clair de son temps soit au salon, soit dans l'ancienne chambre des garçons. Leur complicité se fait de plus en plus profonde, comme si Gabrielle avait toujours été là. Comme si elle était devenue le huitième enfant de la famille.
Les jumeaux ont d'ailleurs lâché par mégarde l'anniversaire arrivant de Molly et Gabrielle a tenu à lui cuisiner, à la façon moldu, un délicieux festin pour l'événement. Quelques proches ont aussi été conviés, histoire d'apaiser pendant quelques heures les esprits et les inquiétudes. Surtout ceux de Molly.
La cuisine du Terrier baigne dans la douce lumière dorée du début de l'automne, filtrée par les rideaux à carreaux rouges. Une odeur de pain chaud, de viande mijotée et de sucreries flotte dans l'air, signe que l'on s'est activé en cuisine aujourd'hui.
Gabrielle, concentrée, s'affaire à glacer un gâteau au chocolat qu'elle a préparé pour la soirée. Le parfum sucré emplit l'air, se mêlant aux effluves des plats qui mijotent sur le feu.
George est adossé contre le comptoir, les bras croisés, l'observant en silence. Il n'a pas proposé son aide, mais il n'est pas parti pour autant.
— Je savais que tu avais des pouvoirs incroyables, Dwylo, mais si on m'avait dit que tu faisais aussi de la magie en cuisine...
Gabrielle esquisse un sourire sans lever les yeux de son glaçage.
— Ce n'est pas de la magie, mon cher George. C'est du talent à l'état pur ! J'ai grandi avec une mère qui nous faisait cuisiner dès qu'on savait tenir une cuillère.
— Sage femme, marmonne-t-il en suivant du regard le mouvement précis de ses mains.
Un silence s'installe, confortable, rythmé par le bruit de la cuillère raclant le plat. Puis, d'une voix plus basse, George reprend, son regard perdu quelque part entre le gâteau et elle :
— Tu sais, j'ai toujours eu une idée bien précise de la fille qui me ferait chavirer.
Gabrielle hausse un sourcil sans détourner son attention de son gâteau, étonnée que le jeune homme parte sur ce sujet.
— Ah oui ? Raconte-moi ça.
George fait mine de réfléchir, se redressant légèrement.
— Elle devrait être drôle. Pas juste du genre à rire à mes blagues, mais quelqu'un qui puisse me tenir tête, me surprendre.
Gabrielle sourit en coin.
— Tu veux une adversaire plus qu'une amoureuse ?
Il hausse les épaules, amusé.
— Peut-être un peu des deux. Mais ce n'est pas tout... Elle devrait être forte, pas forcément physiquement, mais... une fille qui sait qui elle est. Quelqu'un qui ne se laisse pas écraser par les autres.
Gabrielle s'arrête un instant, le glaçage suspendu sur le bout d'un de ses doigts, qu'elle finit par mettre dans sa bouche pour lécher le chocolat.
— Jusqu'à présent, tu ne l'as jamais trouvée ?
George soupire doucement, un sourire en coin.
— Pas vraiment. Il y a eu des filles qui me plaisaient, mais aucune qui...
Il s'interrompt, cherchant ses mots.
— Qui te faisait sentir vivant ?
Il tourne la tête vers elle, la détaillant d'un air pensif.
— Ouais. C'est ça.
Gabrielle hésite un instant avant de reprendre son geste, lissant distraitement le glaçage.
— Tu sais, je crois que l'amour ne suit pas toujours un plan. Parfois, c'est juste la vie qui décide pour nous.
George fronce légèrement les sourcils.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
Elle pose la cuillère et s'appuie contre le plan de travail, le regard perdu dans ses souvenirs.
— Après le collège, on m'a proposé de suivre mon demi-frère, Ben, en Californie, c'est-à-dire de l'autre côté du pays. Et tu vois, si je n'avais pas été envoyée à Anaheim, jamais je n'aurais rencontré Zack. Et pourtant, ce n'était pas gagné au début. On était différents, on n'avait pas du tout les mêmes centres d'intérêts, ni les mêmes amis... Mais ça n'a pas empêché notre histoire d'exister.
George l'observe attentivement, captant dans sa voix une tendresse mêlée à une légère tristesse.
— Tu l'aimes ?
Gabrielle hoche doucement la tête.
— Oui... enfin, je crois.
Gabrielle se sent obligée de se taire, cet aveu prenant tout son sens en le prononçant à haute voix.
— C'est compliqué !
Elle sourit en essuyant du dos de sa main un début de larme.
— Parfois, même quand deux personnes s'aiment, la vie les entraîne sur des chemins différents.
Un silence s'impose de nouveau. Un nœud s'est formé dans l'estomac du garçon lorsqu'il a entendu la confidence de son amie sur ses sentiments amoureux, se demandant si le petit ami aurait toujours une place dans le cœur de Gabrielle. Ou si elle sera sienne un jour. Enfin George souffle doucement :
— Ça fait un peu peur, non ?
Elle relève les yeux vers lui, intriguée.
— Quoi donc ?
Il esquisse un sourire fugace.
— Se dire qu'on peut aimer quelqu'un, que ce soit fort et vrai... et que malgré ça, on puisse le perdre.
Gabrielle l'observe un instant, troublée par l'émotion qu'elle lit dans son regard.
— Oui, murmure-t-elle. Mais ça ne veut pas dire que ça ne vaut pas la peine d'être vécu.
George ne répond rien. Il la regarde encore un instant, avant de détourner les yeux vers le gâteau presque terminé.
— Il est parfait, déclare-t-il d'un ton plus léger.
Gabrielle sourit.
— C'est vrai ? Tu penses que ça va lui plaire ?
— Absolument.
Il s'approche doucement, posant une main sur le bord du plan de travail, tout près de la sienne.
— Mais il manque un détail essentiel.
— Ah oui ?
D'un geste rapide, il trempe un doigt dans le glaçage et le dépose sur le bout du nez de Gabrielle avant de reculer aussitôt, un éclat malicieux dans les yeux.
Dans l'effervescence de la bataille sucrée, Gabrielle se retrouve un instant figée, le glaçage frais sur le bout du nez. Un éclat de rire éclate, celui de George, mais au lieu de se contenter de rester là, elle décide de ne pas se laisser faire. Ses yeux brillent d'une lueur malicieuse, et un sourire espiègle se dessine sur ses lèvres.
Sans un mot, elle plonge ses doigts dans le plat de glaçage et, avec une rapidité presque théâtrale, elle s'approche de George, lui collant une touche de glaçage sur le visage, juste sous l'oreille, avant de reculer en riant, les yeux pétillants de défi.
— Tu ne pensais pas t'en sortir comme ça, n'est-ce pas ? dit-elle, un éclat de complicité dans la voix.
George, un instant abasourdi, la fixe, stupéfait par sa riposte, avant que le sourire malicieux ne réapparaisse sur ses lèvres. Sans hésiter, il se jette en avant, mais Gabrielle, plus rapide, bondit en arrière, l'esquivant d'un mouvement gracieux.
Leurs éclats de rire résonnent dans la pièce, tandis qu'ils s'engagent dans une véritable bataille de glaçage, chaque geste plus audacieux que le précédent. Gabrielle envoie une nouvelle touche de crème, mais cette fois, elle vise juste : un éclat de glaçage se pose sur le menton de George, qui éclate de rire.
— C'est la guerre maintenant, hein ? dit-il, essuyant son visage d'un revers de la main.
Ils se rapprochent un peu plus, dans ce petit chaos sucré. Gabrielle, les mains pleines de glaçage, tente d'en mettre un peu sur le nez de George, mais il esquive de justesse, se penchant en avant avec une rapidité surprenante. Dans le tumulte, il la saisit par la taille pour empêcher qu'elle ne puisse l'atteindre de nouveau. Elle a beau se trémousser pour s'extirper de son emprise, elle arrive malgré tout à essuyer ses doigts presque sur sa joue.
George, toujours avec un sourire espiègle, ressert son étreinte, glissant son nez dans le cou de la jeune sorcière. Elle sent son souffle jouer dans ses cheveux et un frisson parcourt aussitôt son dos. Gabrielle sent une chaleur étrange monter en elle. Son cœur, qui jusque-là battait au rythme du rire et de la rapidité de la scène, semble s'emballer. Ce n'est plus le simple jeu auquel elle participait. Il y a quelque chose de différent, quelque chose d'inattendu dans cette proximité.
Elle se calme et tente de se reprendre. George la lâche et recule instinctivement, touchant le comptoir du bout des doigts, mais ce geste semble la coincer un peu plus près de lui. Elle a une drôle de sensation dans l'estomac, comme une sorte de tourbillon. Une gêne diffuse se mêle à l'excitation, comme si le temps lui-même hésitait, suspendu entre un éclat de rire et une réalité qui se fait plus proche, plus intense.
— Tu as... elle hésite, toujours les mains pleines de glaçage, tu as vraiment un don pour faire ça, hein ?
Sa voix tremble légèrement, trahissant la surprise et l'émotion qui l'habitent. Ce n'est pas ce qu'elle voulait dire, pas ce qu'elle pensait. Elle voulait juste le repousser gentiment, retrouver une atmosphère légère, mais la façon dont George la regarde, comme s'il attendait une réponse, change tout. Elle ne peut pas s'empêcher de remarquer la façon dont ses yeux pétillent, un mélange d'amusement et... de quelque chose d'autre qu'elle ne parvient pas à saisir. Quelque chose qui la fait rougir involontairement.
George, un sourire toujours accroché aux lèvres, semble réaliser un peu tard que le jeu a pris un tour plus intime. Il reste un instant là, son regard s'attardant sur le visage de Gabrielle, maintenant un peu plus sérieux. Puis, d'un mouvement presque imperceptible, il baisse les yeux, et son sourire s'adoucit, comme s'il prenait conscience de la proximité inattendue entre eux.
— Je crois que... commence-t-il doucement, la voix un peu plus basse, j'ai peut-être exagéré. Désolé.
Il se rapproche d'un pas, mais il y a cette hésitation, une sorte de respect silencieux pour l'espace qui s'est fait entre eux. Ses yeux s'évadent un instant, et Gabrielle peut sentir une légère tension dans l'air, une sorte d'électricité subtile qu'elle n'avait pas remarquée avant. C'est comme si un voile se levait, et que leur complicité venait de se transformer en quelque chose de plus délicat, plus fragile.
Elle pourrait rire, se moquer, comme elle le ferait d'habitude. Mais quelque chose la retient. Quelque chose dans son regard à lui, dans cette petite fraction de seconde où il ne parle plus, où il n'ose plus bouger, un souffle suspendu entre eux, qui l'incite à prendre une grande inspiration. Le temps semble se figer.
Elle se reprend rapidement, son sourire revenant, un peu trop large peut-être. D'un rire léger, elle secoue la tête, comme pour balayer l'émotion qui aurait bien voulu s'installer.
— C'est rien, vraiment, dit-elle, avec un ton exagérément décontracté, pour masquer la timidité qui pointe. Je crois juste que... c'est le glaçage qui me monte à la tête, tu sais, ces trucs ont des effets secondaires !
Elle rigole un peu trop fort, comme pour se convaincre elle-même que tout est sous contrôle. Mais, dans ses yeux, on peut voir une lueur d'incertitude, une fragilité qui ne trompe personne. Elle croise à nouveau son regard, cette fois, sans le fuir. Elle laisse la tension s'installer, ce fil invisible qui semble les relier. Ce n'est plus le moment de jeu ou de farce. C'est comme si, dans ce petit instant suspendu, tout avait basculé vers quelque chose de plus profond, mais aussi plus délicat.
Le sourire de George s'adoucit. Ce n'est plus celui de l'espièglerie, mais un sourire sincère, presque un peu timide, comme s'il mesurait chaque mot, chaque geste. Gabrielle, prise dans la douceur de ce moment, ne peut s'empêcher de sourire aussi, un peu gênée, mais enchantée par cette complicité. Un léger frisson la traverse, la chaleur de ce regard qu'il pose sur elle fait battre son cœur un peu plus vite.
Elle se dit alors, dans un coin de son esprit, qu'elle ne voudrait plus jamais que ce moment se termine. Ce regard échangé, cette chaleur partagée, pourrait être le début de quelque chose de nouveau, mais elle n'est pas encore prête à le nommer. Alors, elle laisse tout simplement la gêne se dissiper doucement, savourant cette étrange sensation qui l'envahit, comme un souffle léger.
Mais pour l'instant, elle préfère laisser l'humour être son bouclier, jouant à cacher la fragilité qu'elle ressent. Elle se tourne légèrement de côté, effleurant son propre doigt avec un peu trop d'intention, comme pour occuper son esprit. Puis elle jette un coup d'œil furtif à George, curieuse de voir s'il attendra qu'elle fasse le premier pas.
Un peu plus tard, alors que Gabrielle s'active autour de la grande table de la cuisine, arrangeant les assiettes et les couverts avec soin, elle ne peut s'empêcher de se demander si la vie, encore une fois, n'est pas en train de lui jouer un tour inattendu.
Mais ce n'est pas le moment de penser à tout ça. L'anniversaire de Molly est une occasion spéciale, et elle veut que tout soit parfait. À côté d'elle, Fred empile distraitement les verres, les posant sur la table avec un peu plus de force que nécessaire.
Gabrielle fronce légèrement les sourcils. D'ordinaire, Fred est léger, plaisantin, toujours prêt à détourner n'importe quelle tâche en jeu. Mais ce soir, il semble ailleurs. Plus tendu.
— Quelque chose ne va pas ? demande-t-elle en posant un regard curieux sur lui.
— Pourquoi ça n'irait pas ? réplique-t-il un peu trop vite, sans la regarder.
Elle le fixe un instant, percevant la frustration sourde qui émane de lui. Il évite son regard, préférant aligner les verres avec une concentration exagérée.
— Tu es sûr ? insiste-t-elle, légèrement amusée.
Fred souffle, avant de croiser les bras et de se tourner enfin vers elle.
— Disons que c'est juste... intéressant, de voir à quel point tu t'entends bien avec George.
Gabrielle hausse un sourcil.
— Intéressant ?
— Oui, tu sais, plaisante-t-il avec un sourire en coin, mais sans la malice habituelle. Les petits rires échangés, les messes basses dans un coin, la complicité évidente... Vraiment fascinant à observer.
Gabrielle comprend immédiatement.
— Tu es jaloux ?
Fred lève les mains en signe d'innocence.
— Jaloux ? Moi ? Pas du tout. Je fais juste une observation scientifique.
Elle le regarde, sceptique, puis esquisse un sourire.
— Tu sais, Fred, si tu voulais passer plus de temps avec moi, il suffisait de demander.
Il ouvre la bouche, pris au dépourvu, puis referme aussitôt les lèvres. Il se redresse, feignant l'indifférence.
— Moi ? Vouloir ça ? Voyons, c'est toi qui ne peux pas te passer de moi.
Elle rit doucement avant de s'approcher de lui, posant une main sur son bras.
— Tu sais que je tiens beaucoup à toi, Fred.
Il baisse enfin les yeux vers elle, son sourire plus sincère cette fois.
— Oui, je sais.
Il laisse échapper un léger soupir avant de lui tendre un couvert.
— Allez, finissons de mettre cette table avant que ma mère ne vienne nous sermonner.
Gabrielle le prend avec un sourire, mais en retournant à sa tâche, elle sent encore son regard sur elle. Un craquement annoncé l'arrivée de Bill et Fleur que Gabrielle charge d'occuper Molly et Arthur en attendant l'arrivée des derniers invités, Remus et Tonk.
Pour patienter, Gabrielle, assise en tailleur sur le tapis, observe Fred et George qui se sont installés sur le canapé, un paquet de cartes explosives entre eux.
— Tu bluffes, déclare Fred en plissant les yeux.
— Je ne bluffe jamais, répond George, faussement indigné.
Gabrielle les regarde se fixer avec intensité, les cartes suspendues entre leurs doigts, attendant l'instant où l'un d'eux céderait. Puis, dans un même mouvement, ils posent chacun une carte au centre de la pile. Un BANG retentit, projetant des étincelles colorées dans la pièce.
— Merde ! s'exclame Fred en agitant sa main, légèrement noircie.
— C'était évident, se moque George. Tu tombes toujours dans le panneau.
Gabrielle éclate de rire, une main devant la bouche.
— Je crois que tu es le pire tricheur que je connaisse, Fred.
— Je ne triche pas, proteste-t-il, faussement vexé. J'améliore les règles.
George roule des yeux.
— C'est ce que disent tous les mauvais perdants.
Fred, sans prévenir, se penche et attrape un coussin derrière lui avant de le lancer sur son frère, qui encaisse le coup en riant. Gabrielle, amusée, tente de récupérer un autre coussin, mais Fred est plus rapide et l'attrape par le poignet. Fixant son regard dans le sien.
— Pas si vite, petite fouineuse !
D'abord surprise par l'intensité de cet échange, elle lève un sourcil, le défiant du regard.
— Petite fouineuse ?
— C'est affectueux, assure-t-il avec un sourire en coin.
— Vraiment ?
D'un geste vif, elle se libère et lui lance un coussin en pleine poitrine. Fred bascule en arrière sous l'impact, emportant George avec lui dans un éclat de rire.
— Attaque traîtresse ! s'indigne Fred.
George, toujours étalé sur le canapé, se redresse à moitié et hausse un sourcil en direction de la jeune fille. Les deux frères la fixent un instant, un sourire identique étirant leurs lèvres. Gabrielle sent une étrange chaleur monter en elle, une sensation douce et troublante à la fois.
Il y a quelque chose dans la manière dont ils la regardent, quelque chose qu'elle ne sait pas nommer mais qui fait battre son cœur un peu plus fort.
Elle secoue légèrement la tête, chassant cette pensée.
— Bon, c'est qui le prochain à perdre ? lance-t-elle pour détourner l'attention.
Les jumeaux échangent un regard complice avant d'attraper un nouveau paquet de cartes explosives.
— Prépare-toi à souffrir, Dwylo, déclare Fred avec un sourire malicieux.
— On va voir ce que tu vaux, renchérit George.
Gabrielle sourit, un éclat sincère illuminant son visage. L'insouciance du moment la libère de la réalité oppressante qu'elle endure jour après jour. Cette routine qui l'épuise, qui l'étrangle peu à peu, s'efface enfin.
À cet instant précis, elle ne pense plus à rien. Elle rit, elle respire, elle se laisse aller.
Toute la soirée, elle reste aux côtés des jumeaux, comme si leur énergie pouvait prolonger cette parenthèse enchantée. Même pendant le repas, même en rangeant, elle s'attarde près d'eux, cherchant à capturer encore un peu de cette légèreté qui lui échappe trop souvent.
Et ils le lui rendent bien. À chaque instant, ils guettent son approbation, cherchent son rire, captent son regard, effleurent sa main comme par accident. Ils s'accrochent un peu plus à elle, sans même s'en rendre compte.
Lentement, inexorablement, ils tombent sous son charme.
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Bonjour !!!!
Je suis ravie de vous retrouver et j'espère que ce chapitre vous a plu.
Je suis en vacances et je pense que je vais pouvoir vous publier plus régulièrement les chapitres qui sont corrigés.
Ça vous intéressé ?
En tout cas, n'hésitez pas à commenter sur ce que vous aimeriez vois arriver dans la suite de l'histoire, sait-on jamais, je pourrais ajouter votre idée.
À bientôt 🤗
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