Il était une fois, un homme au cœur de pierre.

Un homme si froid et si distant que tout ce qui s'approchait de sa demeure recevait les foudres de sa colère.

Personne dans le village ne savait quoi penser de lui, qui, étant enfant, était symbole de joie et de vie.

La résidence Calypso, qu'avait hérité l'homme, avait rapidement été rebaptisé résidence du Roc par les habitants du village, qui se demandaient ce que pouvait bien faire cet homme seul dans une demeure aussi immense.

Les années passèrent et personne ne sut ce qu'était devenu l'homme, si bien que l'on s'imagina qu'il fut mort.

S'il est mort, il faut l'enterrer ! Crièrent certains villageois !

Qu'il soit mort ou non, il mérite de rester là où il est ! Disaient d'autres.

Alors on choisit trois jeunes personnes qui auraient pour mission d'aller dans la demeure du Roc.

Le premier personnage, Gaultier, avait été choisi pour son intelligence, Frédéric, dit Ledur, avait été choisi pour sa force, et Arnold avait été choisi pour son courage.

Ainsi partirent les trois personnages vers la grande maison.

Les trois hommes entrèrent dans la maison, qui, à leurs grand étonnement, était ouverte.

Ils traversèrent le hall, délabré. Ils continuèrent dans un long couloir, sombre. Même leurs bougies n'arrivaient pas à briser l'obscurité. Gaultier regardait les murs, couverts de tableaux datant de toutes les époques. Ils arrivèrent dans une chambre. Sur la chaise, face au lit, un vieil homme était assis, mort, le regard pointé vers le lit.

De retour au village, les trois hommes donnèrent la nouvelle. Un nouveau débat fit bientôt rage. Maintenant qu'on le savait mort, que ferions-nous du cadavre ? Le laisser dans la maison, ou l'enterrer ?

La deuxiéme décision fut prise, et lorsqu'il fut question d'aller chercher le corps, les trois même personnages furent désigner pour aller le chercher.

De retour dans la chambre, le corps se trouvait toujours sur le fauteuil, mais le regard, fixé vers la fenêtre.

-Peut-être qu'il dort... proposa Gaultier.

Arnold, le plus courageux, s'approcha de l'homme et prit son pouls.

-Non, il est bien mort.

Il fut emmené au village et on lui offrit un enterrement assez simple, dans une tombe assez simple. Pour respecter sa personnalité, on avait choisit de le mettre un peu à l'écart du cimetière, dans le sous-bois.

Aujourd'hui, la maison reste abandonnée, sujette aux vieilles légendes et aux contes.

Le sous-bois est devenu le repère de quelques jeunes en quête de frayeur, s'asseyant en cercle autour de la pierre tombale, se racontant milles et unes histoires de fantômes. Ils aimaient se faire peur en s'imaginant l'histoire du Roc, sans savoir que le propriétaire du cercueil enterré six pieds sous terres, était de retour depuis bien longtemps dans sa chambre, assis sur sa chaise, regardant par la fenêtre quand l'envie lui prenait, et se riant des passants qui couraient pour s'éloigner de sa demeure, et qui préféraient s'attrouper autour de sa tombe.