Au plus profond des océans nageait la plus grande baleine que ce monde est porté. Un cachalot géant, qui dit-on, a traversé les âges sans jamais vieillir. Le plus redoutable cétacé, depuis des siècles, étaient la légende vivante de nombreux marins et pêcheurs. Ainsi avait-il fait rêver quelques braves baleiniers, autour du monde.

Le plus brave des marins se souvenait avec nostalgie et émotion, du jour où il l'avait croisé.

Son navire l'avait alors prit en chasse, avide de rentrer à son tour dans la légende du cachalot blanc.

La redoutable baleine, non contente de cette course-poursuite, décida d'en changer la tournure.

L'habile animal, avait par un rusé tour de passe-passe, et un puissant coup de nageoire, réussit à porter un coup que l'on aurait pu qualifier de fatal.

Ainsi, les flots eurent raison de l'Essex, et le fabuleux navire se métamorphosa en quelques planches de bois volantes.

Si nous avions jadis associé à son capitaine sa bravoure, il n'est aujourd'hui rien de plus qu'un homme fou. Il trainait désormais une lourde jambe de bois sur les planches nobles de son nouveau navire.

Mais la vieille baleine, la légende de l'océan, restait introuvable. Elle restait caché au fin fond des sombres abysses.

L'eau continuait de couler dans la clepsydre, pourtant le vieux capitaine n'abandonnait pas. Il écumait les mers, se fiant aux histoires des villages, et aux bruits des ports.

Les vents hasardeux de la folie soufflait dans les voiles du baleinier. L'on disait alors que le mythe n'était que mythe. D'une oreille à l'autre, une simple baleine avait été agrandi, était devenu plus dangereuse, et surtout introuvable.

La baleine, quant à elle, n'en avait que faire des contes de la surface. Seule comptait sa paisible danse solitaire.

Elle se souvenait pourtant de ce navire. Il n'était pas plus grand, plus rapide que les autres. Ses lames de métal ne fendaient pas mieux l'eau que les autres. Mais ce qui le différenciait des autres, c'était la ferveur et la volonté qui soufflaient dans les voiles et les poumons de ses habitants.

Le faire passer de l'autre côté de la surface de l'eau n'était certes pas chose complexe, mais fit naitre de dangereuses conséquence chez ceux qui avait coulé avec lui.

De la légende que traversa l'Essex, il n'en restait désormais plus que la dérive. Le naufrage d'un rêve. L'huile de la grande baleine blanche ne faisait désormais brûler que la passion de quelques histoires du soir.

Malgré cela, il est encore possible, d'entendre entre deux oreilles l'histoire de la baleine blanche, la vagabonde de l'océan, seigneur des légendes.