- Tu vas pas faire ça ?

Il ne répond pas et continue de s'avancer vers le bord.

- Hey réponds ! Pourquoi tu fais tout ça ! Pour les vues ? La popularité ? On parle de ta vie là.

Le concerné se retourne et répond enfin à son interlocuteur :

- Ma vie. Je la joue déjà.

Il court vers le bord et s'élance dans les airs.

- Ereli !
.................................................................

Eren Yaeger. 
17 ans. 
Célib.
Grand otaku doublé d'insociabilité profonde.

Voilà comment je me présenterai.

Ma première année de lycée ? Ne m’en parlez même pas. Mes relevés étaient décorés de jolies notes pourries, enfin d’après mes parents. Pour moi, tant que ça frôle cette moyenne de 10, je juge que j’ai au moins compris la moitié de la séquence -ce qui est déjà bien assez-. J’ai aussi eu le droit à de merveilleuses appréciations écrites en gras sur mes bulletins semestriels : Eren n'est pas concentré, Eren ne fournit pas assez d'effort et semble se reposer sur ses acquis. Et bien je leur dirais que si j’avais déjà des « acquis », je serais probablement le génie de cette classe, enfin si je puis me permettre. Et puis, cerise sur le gâteau empoisonné, je possédais une équipe enseignante aussi nulle que la fin de Tokyo Ghoul Re et qui par dessus le marché voulait ma peau. Tout était assez juste et bon pour me reprocher le malheur du monde. Des fois je n’avais même plus de nom parmi leur conversation étant désigné comme «le cas de la classe ». Le jour où j’avais entendu cette appellation de moi-même, j’ai su que j’avais été complètement rétrogradé au rang de bon à rien. Ils ne me prêteront plus d’attention comme je ne l’en porterais pas non plus. J’oubliais à la liste noire mes "camarades de classe". Et bien. Sans commentaire. Je n’ai parlé à aucun d’entre eux si ce n’est pour les travaux de groupe obligatoire. Je souligne bien le mot obligatoire car je me serais bien passé de leurs messes basses à propos de mon défaut de communication. 

Conclusion, mes débuts dans ce monde où l'on rêve le plus souvent d'aventures et de soirées ont été un vrai fiasco. 

Mes très chers parents ont rapidement cessé leurs sermons sur mon manque d’investissement. Spécialement mon père. Étant totalement agacés par les convocations répétitives de mon adorable directeur, ils ont arrêté de s’y rendre inventant mille et une excuses pour ne pas se pointer aux rendez-vous. Les professeurs étaient à bout, mes géniteurs également alors en soi cela les arrangeaient plus qu’autre chose. Parce que franchement je vous assure qu’écouter les mêmes réprimandes pendant une année me donnent des idées pour une série. Le cas de la classe en réunion épisode 60.  Mais en soi, partons du principe que ses inconvénients arrangent bien mes petites affaires. Ils n'attendent plus grand chose de moi, je peux faire ce que je veux, quand je le veux. Young, Wild and Free comme on dit. C'est justement ce dont j'ai le plus besoin, car en réalité je mène une sorte de double vie.

Insociable en cours et populaire sur les réseaux.

La classe hein ? Plus connu sous le nom de Ereli, je switch entre le monde réel et le monde virtuel. Je poste principalement des peintures, des croquis de dessins parfois même de courtes histoires en crossover avec un anime. Il m'arrive aussi d'apparaître en live équipé d’un masque. Durant ces lives, mes abonnés me lancent plusieurs défis que je dois réaliser selon l'endroit où je me trouve. Bon j’avoue que plusieurs fois ça a tourné au vinaigre : devoir fuir des agents de police n’est pas vraiment une chose à laquelle je m’attendais. Il y a même eu des personnes qui m’avaient reconnu, je vous raconte pas la foule qui s’était agglutinée sur moi. Ugh. J’en ai encore des sueurs froides. Passons, passons. Je me retrouve actuellement en concurrence contre un dénommé Heichou depuis plus de deux semaines. Un concours de popularité s’est décidé comme ça par nos abonnés respectifs, alors des sondages sont envoyés quotidiennement, un peu partout. Bref pour vous dire que je ne sais trop comment ça se passe cette merde. À vrai dire, j’étais déjà abonné au profil de ce gars. Je suis passionnément les histoires qu’il rédige. De la tragique à la comédie, il est doué dans tous les registres et sait manipuler les mots comme un Dieu de l’écriture. Je serais d’avis d’affirmer qu’il préfère le tragique, sa dernière publication The Lonely Child m’a fait pleurer comme un gamin de deux ans. Et puis à vrai dire je suis tout de même curieux à son sujet. Tout comme moi, il apparaît masqué lorsqu’il publie des photos ou bien des vidéos. Ce n'est que très rarement que nous avons la chance de l'entendre jouer de son grand piano à queue noir. J'ai la sensation que son son est gravement magique, il a ce côté mélancolique et doux tout en ayant une certaine forme d'agressivité. Il faut l'écouter pour le ressentir, le vivre pour le comprendre, l'ouïr pour rêver. 
Il reste un mystère pour tout le monde et ce n'est pas pour déplaire à ses abonnées. 

C'est sur ses pensées que je franchis l’immense grille verte de mon lycée. J'ébouriffe énergiquement mes cheveux bruns puis enfile mes lunettes. Je n’oublie pas de faire ma courte prière du jour, suppliant Dieu qu'on ne vienne pas me faire chier aujourd'hui. Car oui, chers lecteurs, quand on se mêle pas au groupe, c'est le groupe qui vient te chercher. Je montre rapidement  ma carte étudiant à l’un de mes surveillants puis entre dans la première partie du bâtiment où se trouvent les casiers. À peine arrivé, j'entends déjà les piaillements des fanatiques de ce mec insupportable. J'ai nommé :

Livai Ackerman.

Comme vous l’aurez deviné, je ne le porte pas dans mon cœur. Mais alors pas du tout. La raison ? Aucune qui justifierait de façon objective mon ressentiment envers lui. Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé, mais je le hais juste parce qu’il est lui. Parce qu’il dégage cette aura supérieure qui juge son entourage. Ouais, j’ai l’impression qu’il nous voit comme des insectes. Lui c’est la plus belle fleur du jardin et les autres sont des abeilles cherchant à tout prix la collecte de son pollen doré. Il attire les regards rien qu’en respirant. Ce n'est pas possible. Vous avez déjà vu ça vous ? Un mec bon en sport comme dans les études qui excelle dans tous les domaines ? C’est la fierté de mon lycée. Je vous passe les détails de son physique de rêve qu’on retrouve dans les magazines de mode. Une silhouette dessinée des mains d’une fée, une musculature affinée sous ses chemises noires, son visage pâle comme une poupée de porcelaine et enfin son regard perçant et orageux qui est en parfaite symbiose avec son tempérament froid et distant. Un petit plus qui accroît son sex-appeal. Comme si la génétique ne lui souriait pas assez, il fait une tête de plus que moi ce qui lui donne possiblement l'occasion de me regarder de haut. Et rien que d'y penser j'en ai les nerfs qui se rompent. C'est le gars parfait d'où son surnom déjà bien trouvé par ses groupies Black Prince.

Je prends rapidement mes cahiers et trace mon chemin jusqu’à ma salle de classe, la 1ère-A. Je m’assoie au fond à droite près de la fenêtre puis poursuis ma lecture du manga Imhotep. Il faut dire que cette place est assez clichée mais rien ne vaut le paysage de dehors plutôt que la tête de ma prof de français qui risque de débarquer dans quelques minutes. Peu de temps avant la sonnerie, Monsieur Black Prince se décide à venir dans la salle avant de s'asseoir sur sa chaise qui se trouve derrière moi. Madame Z, ma prof de lettres, ne tarde pas à entrer elle aussi puis salue tous les élèves. On se lève puis se rassoie comme des petits chien-chien. Pourquoi cette comparaison ? Parce que cette habitude prise depuis le primaire me fait penser à des cabots bien dressés à qui ordonnent de se lever dès que son maître arrive. C’est censé nous apprendre la politesse disent-ils.

Le cours se poursuit sans accroc et dans le calme et surtout sans que je ne suive un traître mot de ce qu’elle raconte à propos des intentions de cet auteur dont je n’ai pas retenu le nom depuis plus de quatre séances. Toutefois ma tranquillité est brusquement dérangée par une voix odieuse que je reconnais très bien.

- Renren t'aurait pas un stylo pour moi ?

Je regarde la personne qui ose m'emmerder et celle-ci n'est autre que Jean Kirschtein. Tous les deux on se connaît depuis le jardin d'enfants. Toujours ensemble pour faire les 400 coups. Cependant lui et moi c'est comme l'huile et l'eau. On est jamais d'accord sur rien, et je ne veux pas être en accord avec lui non plus. Sachant que j'ai quelque peu changé depuis mes années de collège, il se donne un malin plaisir à m'emmerder. Il sait que je ne vais pas réagir mais que toutes ses taquineries puériles me font chier. Je l'ignore donc une première fois avant qu’il réitère sa question. Je lui lance un regard noir avant de continuer mon croquis de la cours de récréation.

- Oh là là, Renren arrête tu me fais peur, pouffe-t-il ironiquement.

Je garde mon calme, je continue de l'ignorer, j’obtiens la paix. Telle est ma philosophie pour survivre jusqu’à la fin de ces deux années supplémentaires. J’entends par là cette année de 1ère que je vais devoir subir et celle de terminale qui m’attend. Je veux vite déguerpir d’ici et tenter une université d’art appliqué. Je perds mon temps ici. Soudainement je perçois sa main effectuée un mouvement brusque qui fait tomber ma trousse.

- Maintenant j'ai trouvé, dit-il en tirant sa langue, Aller Renren ! Il faut ramasser, sourit-t-il.

Toute la classe s'est maintenant retournée vers nous au bruit de la trousse tombée.

- Jeager ? Ta trousse a-t-elle eu envie de se suicider ? demande la professeure.

Mon sang commence à bouillonner. Ils m'énervent. J'appuie avec force sur mon crayon brisant la mine de celle-ci. Je m'abaisse pour prendre mes affaires tombées sous le regard des autres élèves. Je sens subitement un doigt me traverser le long de la nuque. Un frisson parcourt à toute vitesse la zone effleurée. Je relâche donc tout le matériel que j'ai pu rassembler par terre. Les rires commencent à fuser dans la salle.

- Eren, tu as fini d'amuser le cours ? s'impatiente madame Z

Je regarde Jean qui semble tout simplement se délecter de la scène qu'il vient de produire. Je jure de le tuer celui-là. Tout à coup on entend un raclement de gorge derrière nous. Un silence s'installe dans la classe. Le pouvoir de ce roi sur ses sujets a son avantage. J'en profite pour ranger mes affaires et m’asseoir à ma place.

- Bien, souffle madame Z.

Je lance un regard triomphateur à Jean qui me le rembourse par un doigt.

☀️😊☀️

Je regagne enfin mon domicile et aperçois ma mère qui, comme à son habitude, s'occupe des fleurs du jardin. Elle tient une boutique de fleurs à quelques minutes de chez nous. Souvent elle me dit que ces plantes, en fonction de la couleur choisie, reflète les messages cachés d’une âme timide. J’aime sa manière de pensée . Elle parle avec ses fleurs et moi je communique avec mes dessins. J'affectionne ces moments où elle regarde tendrement ses plantes, où elle chantonne timidement une mélodie que je n'arrive plus à me sortir de la tête. La vision de cette silhouette lointaine cachée par les rideaux gris lorsque je frôle le pas de la porte est ma préférée.

- Je suis rentré.

Elle sort rapidement de son occupation et court vers moi pour me serrer dans ses bras. Un peu troublé de cette action, je lui rends son étreinte.

- En quelle honneur ? demande-je intrigué.

- En l'honneur de ta présence à la maison ! sourit-elle avec douceur

Ces quelques paroles viennent d'illuminer ma journée. Je lui chuchote un petit merci, presque inaudible, avant de me rendre dans ma chambre.

- Eren ! Qu'est ce que tu veux manger ce soir ?

- Curry !

- Encore, s'exclame-t-elle

- Curry ! crie-je une seconde fois.

Je referme la porte de ma chambre avant de jeter mon sac sur mon lit. J'ébuiriffe mes cheveux bruns puis pose mes lunettes sur mon bureau. J'allume mon téléphone afin de répondre à quelques conversations privées puis annonce à ma communauté un "live défi" ce soir à 21h. Les notifications arrivent doucement puis affluent sur mon cellulaire :

- Cool💥
- Ereliii❤️
- J'attendais que ça ! 😫
-Enfin un peu d'action 🤤 
[....]

Je me lance dans la réalisation d’une nouvelle peinture : le meurtre de Jean Kirschtein. Vous devriez essayer, je vous promets que les différents moyens pour lui ôter la vie à travers mes coups de crayons seront un délice pour mon âme. 

🌑😊🌑

Je dîne tranquillement avec ma mère qui semble étrange aujourd'hui. Elle est toujours ainsi, si je ne lui demande pas ce qui la tracasse, elle ne posera jamais sa question.

Maman, qu'est ce qui se passe ? demandai-je avant d'avaler une bouchée de carotte.

Elle détourne les yeux plusieurs fois avant de commencer :

- À propos de ton père.

Je cesse de macher un instant avant d'avaler.

- Hm ?

- J'aimerai que vous essayez, enfin que tous les deux....puisque aujourd'hui...

Je la regarde froidement puis repose mes yeux sur mon repas. Elle soupire tristement puis ajoute :

- Bon...tant pis.

Merde. Je me sens un peu mal là. Je me racle la gorge et chuchote :

- Je lui dirai au moins bonjour.

Ses yeux s'illuminent de bonheur. Elle hoche la tête énergiquement avant de retrouver cette bonne humeur qui rend ce dîner agréable. Je termine mon repas sur ce même air de musique qu’elle n’a cessé de fredonner. Je vérifie l’heure sur mon écran qui indique 20h50 et remonte dans ma chambre afin de me changer. J’enfile un sweat-shirt noir suivit d’un bomber gris clair. J’attrape un jean troué au niveau des genoux, mes baskets sans oublier mon masque et ma casquette. Je termine mes préparatifs en finissant par poser mes lentilles dont la couleur est d'un vert fluorescent . Je file vers la porte en prenant soin de marcher avec la plus grande discrétion. Ma mère n’approuve pas mes sorties nocturnes mais en soi, tant que je rentre en vie avec aucune égratignure visible, elle ne m’enferme pas dans mes quartiers. J'ouvre légèrement la porte quand je tombe nez à nez avec mon père. Première pensée : ignore-le. Deuxième pensée : tu as fait une promesse. Je serre mon poing et lève les yeux en sa direction :

- Bons-

- Écarte toi, dit-il d'un ton froid

Ces yeux. Son regard de marbre qui me dévisage avec mépris et dégoût. Ces yeux aussi glaciales que terrifiants. Depuis quand me suis-je habitué à être regardé de cette manière ? Ce pas vers lui a été réduit en miettes en même pas une seconde. Il n’a rien à obtenir de moi alors je fais partie des gens inutiles et sans intérêt. J'ouvre la porte en grand et passe près de lui, en lui donnant un léger coup d'épaule. Puéril mais efficace. Je mets mon masque à ma bouche, puis ma casquette et continue mon chemin jusqu'à atteindre une étroite ruelle. Qu’est ce que j’ai essayé de faire bon sang? Je sais que je ne suis qu’une larve inutile dans sa vie. Mais voir la joie de ma mère m’a paru plus important que mon ressentiment envers cette personne. J'active mon téléphone : 20h59. Je souffle un bon coup afin de me calmer et reprendre mes esprits. Derrière mon écran, je suis Ereli. Un gars cool et sociable réalisant des défis sans craindre les répercussions. Il faut dire que ces moments à être une autre personne que moi me font sentir un peu plus vivant. Je respire pour la première fois de la journée.

21h00.

Je démarre le live et patiente quelques instants, le temps que les spectateurs soient assez nombreux pour débuter les défis. 

´Lut les ere’s (nom de sa communauté) !

-ERELIIII
-J’adore tes yeuuux 
-C’est quand qu’on commence ???
-Looove

Je ricane légèrement face à cet enthousiasme et leur réponds que je ne vais pas tarder à sélectionner une proposition.

- @titi90 : Va dans un bar et assieds toi sur un siège.

Facile.

Sachant que je suis mineur et bien évidemment je n’ai aucun papier sur moi, j'opte pour l'option infiltration. Je vagabonde dans la ville tout en discutant avec mes abonnés qui me posent des questions puis me dirige vers le premier bar que j'aperçois. Je le contourne afin de trouver une fenêtre qui me mènerait à l’intérieur. Un léger brouhaha se fait entendre à travers les murs fins du bâtiment. Je débusque enfin mon entrée. Je saute une première fois mais n'atteins pas le rebord. Je recule de quelques mètres, cours vers le mur et saute pour poser mes mains sur le rebord de la fenêtre. J'essaie tant bien que mal de me hisser jusqu'à celle-ci puis d'un mouvement désordonné, j'entre à l'intérieur de la bâtisse.

Première partie réussie ✔️

J'analyse mon environnement et j’en déduis que j’ai atterri dans le monde des toilettes. 

- Okey les ere's je vais maintenant trouver un endroit où m'asseoir.

- T'es un ouf 😱
- Bonne idée la fenêtre ! 💪
- Aller la suite la suite ! 
[...]

Je sors des toilettes avant de refermer la porte. Je tente d'être le plus discret possible. Mais voyez vous, un mec avec un masque et une casquette dans un bar ça parait un peu louche. Arrivé à la sortie du couloir je décide de retirer ma casquette mais garde tout de même mon masque. Préservation d’identité oblige. Je prends place sur le premier canapé près de la sortie. 

- Prochain défi, chuchotai-je

- @ana : commande de la vodka au barman.

Ah ouais. Ah ouais, ouais, ouais. Je n’ai jamais bu et rien que le nom de l’alcool que je vais devoir ingérer ne me donne pas confiance. Je me dirige quand même vers le contoire avec cette désagréable appréhension du goût que possédera ce liquide. Hésitant quelques instants, je tombe nez à nez avec un homme blond, assez grand et musclé portant un sorte de smoking noir et blanc. Je suis quelque peu impressionné par son gabarit. Il lève sa tête dans ma direction puis me regarde d'un air curieux. Par chance mon masque cache le sourire nerveux qui s’agrandit de secondes en secondes. A ma grande surprise, il affiche un petit sourire avant de me demander :

- Que voudriez-vous que je vous sers Monsieur ? demande-t-il élégamment.

Surpris je retourne mon téléphone puis j'abaisse mon masque jusqu'à l’extrémité de mes lèvres avant de répondre tout aussi poliment :

- Un verre de 4cl de vodka s'il vous plaît.

- Très bien, cela vous fera 6 dysiris .

Je replace mon masque avant de sortir ma petite fortune de mon porte monnaie et dépose l'argent sur la table. Je patiente quelques minutes et prends mon verre.

- Voici monsieur, passez une agréable soirée.

J'hoche simplement la tête et retourne à ma place.

- On est tous d'accord pour dire que le serveur sait que je ne suis pas majeur, affirme-je en rigolant

- Totalement 😂😂
- N'empêche ça allait être drôle s'il t'aurait foutu à la porte 😂😂
- OH oui ! 😭😭
[...]

Sympa la communauté qui s'inquiète pour toi.

- Bon j'en fais quoi maintenant j'ai pas gaspillé 6 dysiris pour rien.

@ashley : bas fait nous un cul sec !

Ce liquide translucide brille sous les lumières tamisées. Franchement j’aimerai boire un bon Fuzetea goût pêche tranquillement devant my hero academia plutôt que de tenter cette chose. Je respire un bon coup, attrape le verre et bois d'une traite le petit fond. La boisson alcoolisée glisse lentement sur les parois de mon œsophage laissant des petites brûlures jusqu’à mon estomac. J'ai juste la sensation qu'on m'a forcé à boire du dissolvant mélangé à un fruit moisi depuis des mois.  

- C'est dégueulasse, aidez-moi à enlever ce goût immonde de ma langue… 

- LOL Ereli 😂😂😂😂
- Limite on te demande de reprendre un verre 😈😈
- Ta réaction est magnifique 😂
[...]

- S'il vous plaît ayez pitié de moi, suppliai-je.

@benben-chan : okey okey, alors embrasse un inconnu pendant 3 secondes !

- Ouais c'est bien ça ! 😂 
- Oui oui, celui où celle qui a la table de devant ! 
- Carrément ! 
[...]

- Vous êtes sérieux !?

J'observe nerveusement qui se trouve devant moi et constate avec effroi que cette personne est un individu que je connais. Oui, cet homme qui s'est accordé les faveurs de la génétique. Qu'est ce qu'il fout ici ? L'élève modèle n'a rien d'autre à faire que de traîner dans un bar à cette heure-ci ? Enfin bon, il a un peu cet air de play-boy caché et le fait qu'il soit là aujourd'hui confirme mes suppositions. 

- Je suis sûr qu'un autre défi serait plus amusant, dis-je en essayant de retourner la situation.

@benben-chan : Celui là est parfait ! 👌

- Oui oui on veut voir ça ! 
- Quelqu'un sait c'est qui devant ? 
- Il fait un peu sombre on voit pas bien 😫. 
[...]

C'est bien mon jour de chance aujourd'hui. Hors de question de refuser ce défi, c’est contre mes principes. Si au moins je décide de faire quelque chose je dois le terminer. J'observe la future personne que je dois embrasser d'un œil malveillant. Il faut croire que j'ai pas le choix. C’est juste 3 secondes. Ça va aller. Je suis trop différent en cours et maintenant. Il est peut-être perspicace mais tout va bien se passer. Être le fantôme des couloirs m'a toujours sauvé. Je vois qu'il se lève et se dirige dans ma direction pour traverser la porte menant aux toilettes. Je me redresse précipitamment et me place devant lui sans rien dire, la tête baissée. Bon aller Eren.

1

- Qu'est ce que

2

-tu veux ?

3 !

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