Février 2019

Demet

Les journées de tournage sont toujours plus exigentes. Je suis fatiguée. Très fatiguée. Je n'ai pas le temps de faire du sport, pas le temps de voir mes amis, ma famille et à peine le temps de vivre mon amour avec Can.

Mais aujourd'hui je vais le célébrer, il participe aux GQ Men et a été nominé. Je sais qu'il va gagner. Il le mérite, il est le meilleur, le plus beau, l'homme que j'aime.

Comme convenu, nous nous rendons à la cérémonie séparés mais je compte bien retrouver Guldem qui sera une nouvelle fois de la partie. Nous avons répété et sommes prêts à affronter la foule de curieux et pire...celle des journalistes et paparazzi intéressés par le sensationnel. Ces derniers n'attendent qu'une chose, que nous annoncions enfin notre idylle au grand jour. Dans un sens pourquoi pas ? Mais ce serait mal connaître la presse turque et sa facilité à transformer la réalité et nous rendre détestables. Je ne veux pas qu'une pseudo fausse vie privée soit étalée dans les journaux. Je ne suis pas forcément l'actrice la plus aimée en Turquie et les réputations se font et se défont au rythme des faiseurs de scoop. Mais Can...Can est victime d'une véritable omerta. La fausse image qu'on a de lui le dessert et il n'a pas la popularité qu'il mériterait dans son propre pays.

Cette sortie étant non officielle pour moi, je porte ce que je veux et j'aime matcher avec Can. Je sais qu'en apparaissant à cet évènement nous serons forcément photographiés ensemble.

Un pantalon blanc large et sexy et une veste cintrée noire type officier très serrée à la taille par une ceinture à grosse boucle qui s'accorde aux gros boutons dorés. Mes cheveux lissés qui ondulent en vague autour de mon visage dont l'essentiel du maquillage repose sur mes longs cils recourbés. J'adore ce style.

Dans le hall du lieu de l'évènement, je croise quelques connaissances, salue de loin d'un geste de la main et promet de répondre à quelques questions des journalistes impatients.

Quand quelques mètres plus loin je perçois des mouvements plus prononcés je me doute que l'attroupement est lié à celui qui occupe toutes mes pensées. Je m'approche et le surprends en plein exercice de style. Il est doué et incroyablement sexy dans son costume. C'est loin d'être la tenue dans laquelle il est le plus à l'aise mais l'effet est là.

Il doit sentir ma présence car il se retourne et m'adresse un sourire immense, me prenant dans ses bras alors que je réponds à son étreinte. Nous nous faisons la bise, totalement conscients d'être épiés. J'aimerai laisser libre court à mes pulsions et emprisonner goulument ses lèvres mais ce n'est vraiment pas le moment. Je me contente d'un sourire chaleureux et de gestes tendres. Quelques mots échangés, quelques photos avec les journalistes et nous sommes dirigés vars l'auditorium où va se tenir la cérémonie. Can a bien précisé que je l'accompagnais pour l'évènement et nous sommes placés coche à cote. Je sais que çà va faire jaser mais je m'en fiche. Après tout nous sommes partenaires dans la série, amis dans la vie aux yeux de tout le monde alors je ne vois pas où est le problème.

Je sens bien que Can est à la fois anxieux, heureux et mal à l'aise. Il lui était impossible que je ne sois pas là mais il supporte aussi très mal la distance que nous nous imposons lors d'évènements de ce type.

- tu es magnifique Dem...

- Tu n'es pas mal non plus...

J'essaie de lui sourire de manière contenue mais j'ai du mal à me contrôler, à cacher mon bonheur pour lui, avec lui. Je suis tellement fière. Je n'ai jamais rencontré de toute la vie un homme si talentueux, généreux et accompli. Nos regards se croisent, se cherchent, se fuient pendant tout le temps que dure l'attente...

Puis la présentatrice entame le discours pour le titre tant attendu...

J'ai l'impression que tout tourne au ralenti et pourtant...

Tout s'accélère quand son nom est prononcé. Sa main se pose sur mon genou gauche et le tapote un instant avant qu'il ne se lève, victorieux. La démarche assurée, il rejoint la scène sous un tonnerre d'applaudissements. Je n'arrive pas à lâcher mon sourire et lorsque son discours résonne dans mes oreilles, qu'il prononce mon prénom et tout un tas d'autres mots si doux, si emplis d'estime et de fierté je sens ma gorge se serrer. 

Heureusement que mon entraînement d'actrice m'a appris à maîtriser mes émotions car je sens que je suis sur le point de lâcher ma larme. Un coup d'oeil à Guldem m'aide à reprendre une contenance. Mon coeur bat la chamade et si je devais me lever à cet instant je me verrais bien défaillir. Il a préparé chacune de ses paroles, en bon orateur qu'il est. Je sais aussi à quoi il a du renoncer pour parvenir à ce sommet.

Nous avons des histoires très différentes et à la fois tant de similarités, c'est sans doute ce qui nous a réunis. Nous serions nous croisés sans ce destin d'acteurs ? Lui, l'étudiant couronné de réussite, l'avocat prometteur au succès certain avec les femmes et moi, la jeune provinciale fauchée, sans diplôme et qui n'avais que son corps de danseuse et son joli minois pour s'en sortir...?

Can rejoins son siège sans me quitter du regard et j'ai envie que la salle se vide brutalement. J'ai envie d'attraper son visage entre mes mains et d'écraser mes lèvres sur les siennes. Lui arracher sa chemise serait une bonne option également mais je ne ferais rien de tout cela, pas maintenant, dans quelques heures peut être...

L'un à coté de l'autre, j'ai l'impression que la chaleur de son corps, de ses émotions, irradie sur moi. Il est dans le contrôle. Celui de ne pas me regarder, celui de ne pas céder à l'envie de me dévorer du regard, de me prendre dans ses bras et d'éclipser tout le reste par un baiser fougueux.

Alors je l'imite et je reste focus sur la cérémonie.

Lorsque après des minutes aussi longues que des heures nous quittons enfin l'auditorium, proches pour les yeux extérieurs et pas assez aux miens, la nuit est déjà bien avancée. Les journalistes sont encore là, les mêmes questions aux lèvres, leurs regards vides de toutes étincelles d'intérêt autre que celui de notre vie privée.

Nous avons convenu de partir séparément bien entendu, mais aussi à des horaires décalés. Je quitte les lieux la première, en taxi et Can doit faire croire à un départ avec sa mère alors qu'ils empruntent uniquement le même taxi jusqu'à chez moi avant qu'elle ne reprenne sa voiture pour rentrer chez elle. J'ai donc un peu d'avance et, pendant ce précieux temps j'en profite pour lui réserver une petite surprise, privée cette fois-ci. Pas de faux semblants, pas de retenue. J'enfile un ensemble de lingerie Victoria Secret acheté récemment et me couvre du peignoir assorti. Mon simple reflet dans le miroir me procure beaucoup de satisfaction...il va adorer. Un seau à glace garde au frais une bouteille de Ruinart et un joli paquet est posé tout près, sur la petite table basse. Des coussins un peu partout à même le sol et quelques coeurs en papier terminent l'ensemble. Ce n'est pas encore la Saint Valentin mais ce soir je célèbre mon amoureux. Je termine de tamiser la lumière lorsque la sonnette de l'interphone retentit. Je débloque la porte et lorsqu'elle s'ouvre, c'est son visage souriant et impatient de me retrouver qui me frappe en premier. Rien d'autre n'existe. Jusqu'à ce qu'il laisse glisser ses yeux le long de mon corps et que ses pupilles se dilatent...juste assez pour que je comprenne que j'ai réussi mon coup,

- tu m'attendais ?

Il s'approche, un mince sourire aux lèvres. Je ne lui réponds pas mais je pouffe, hilare devant le peu d humilité de son regard. Il redevient sérieux et à quelques millimètres de mon oreille et chuchote.

- Qu'est-ce que tu me caches hum ?

Ses lèvres caressent déjà mon lobe, et son souffle chaud me laisse frissonnante alors que les mots qui se sont formés dans ma tête ont du mal à passer la barrière de ma bouche.

Il caresse le satin de l'encolure et laisse glisser deux doigts jusqu'à la ceinture nouée, sans quitter mon regard. Je le soutiens jusqu'à ce que je sente tout ses doigts s'affairer à me libérer de cette surcharge d'étoffe. Quand finalement le tissu glisse sur le sol, sans bruit, ses yeux n'ont plus assez de recul pour tout détailler.

- tu es magnifique...

Il tente de s'écarter pour mieux apprécier la vue mais je l'attrape par le col et l'en empêche. Je me hisse sur la pointe des pieds et dépose un tendre baiser sur ses lèvres.

- merci, mais ce soir c'est toi la star, c'est toi qu'il faut féliciter...

Si je ne le connaissais pas, je ne ferai pas attention à ce petit tremblement à la naissance de sa fossette droite, la plus prononcée. Quand il est ému, gêné, mal à l'aise, elle se met à trembler très légèrement, imperceptible pour un oeil non averti mais moi, sa compagne de vie comme de travail, celle qui étudie les moindres détails de ce visage si parfait, je la connait cette habitude.

- Ok. Mais derrière chaque homme qui réussit il y a une femme dans l'ombre qui souffle...et si ma mère a allumé les braises, toi tu as mis le feu à ma carrière Dem...c'est toi qui m'a poussé.

- Je n'ai rien fait Can, rien d'autre que d'être ta partenaire et de profiter de ton talent...

- Dem...quand je joue avec toi c'est tellement simple, fluide, naturel...ce prix est la consécration de tout çà et de ton influence sur moi...

Ses doigts se sont entrelacés aux miens et ils m'embrasse avec une extrême douceur. Ses lèvres douces jouent avec les miennes et sa langue cherche un passage pour venir jouer avec la mienne. Je capitule un moment, nous laissant profiter de ce baiser tant attendu, si désiré durant toutes ses heures passées à presque s'ignorer. Mais je finis par m'écarter, essoufflée, à deux doigts d'être incapable de m'arrêter.

- J'ai un cadeau pour toi...

Ma main scellée à la sienne, je l'entraîne dans le salon où ma petite table dressée nous attend. Il sourit et je le lâche pour nous servir à chacun une coupe de champagne que je lui tend.

- à ton succès Can ! Je sais que je te l'ai déjà dit mais je suis très fière de toi...fière de le partager avec toi...

Il fait un pas et s'apprête à me répondre mais je pose mes doigts sur ses lèvres pour l'en empêcher. Je récupère le paquet sur la petite table et lui tend, impatiente en échange de sa coupe de champagne.

- Ce n'est pas grand chose mais j'avais très envie de t'offrir quelque chose...j'espère que ce sera à ton goût.

- Tu n'était vraiment pas obligée, je suis déjà comblé...

- Çà me fait plaisir Can...

Il soupèse le paquet en caressant ma joue avec sa main libre.

- Attention c'est fragile...

Je m'assois et il m'imite, déchirant le papier vigoureusement comme un petit garçon impatient d'ouvrir son cadeau d'anniversaire. J'observe sa réaction avec mes yeux d'amoureuse. Je commence à connaître ses goûts et j'espère que mes petites recherches porteront leur fruits autant que les conseils de Guven...et au vu de l'agrandissement de son regard quand il extirpe du paquet son premier contenant je n'ai plus de doute, j'ai visé juste.

- Wahouuu, des Castle Victorian, tu as été bien renseignée...

- J'ai eu les meilleurs conseils entre ton oncle Ibrahim et ton père...

Il pose la boîte de cigares à coté de lui et plonge à nouveaux ses doigts dans le papier froissé. Le paquet qu'il en sort est plus volumineux, doré, et les lettres qui se dessinent en relief finissent d'émerveiller son regard.

- Demet, oh mon dieu mais...tu es folle ! Un Chabasse XO Imperial...tu sais que c'est mon préféré ?

- Je t'ai dit que j'avais les meilleurs indics !

- Ce cognac est celui que mon père m'a fait découvrir quand j'ai eu mon diplôme d'avocat. A ce moment là il m'a dit : « il n'y a pas d'homme bon sans un bon cognac pour le soutenir »...

- Je n'étais pas au courant pour le dicton mais je suis ravie que cela te rappelle de bons souvenirs...

- Comment j'ai pu vivre heureux sans toi ?

- Quoi ?

Il pose la boite à coté de celle des cigares et se rapproche de moi. Son regard est celui d'un prédateur accompagné d'un soupçon de douceur. Avant que j'ai le temps de réagir ses mains englobent mon visage et ses lèvres dévorent les miennes. Il soupire et sourit contre mes lèvres. Et ses mots viennent mourir contre ma bouche avide.

- Je t'aime Demet, je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne...et comme jamais je ne pourrais aimer quelqu'un d'autre...

J'enserre son cou et me laisse aller à ses assauts. Ceux de ses lèvres sur les miennes, de ses mains partout sur mon corps, de ses yeux qui dévorent d'envie chaque parcelle de ma peau. Ses bras puissants m'encerclent et me ramènent à lui, je me sens plonger dans une sensualité infinie. J'ai attendu ce moment toute la journée, celui de ne faire plus qu'un avec lui, j'en ai rêvé à chaque moment où mes yeux se posaient sur lui, à chaque instant où son corps irradiait près du mien. Les mots qu'il m'a dit ont fini de me faire chavirer.

Moi aussi je l'aime, je l'aime de tout mon coeur et de toute mon âme...à tel point que j'en ai le vertige.

Mais après les mots, c'est son corps qui parle, qui exprime à travers des actes ce que les phrases ne peuvent expliquer. Et le mien le suit, hypnotisé par son ardeur, excitée par les sons rauques de son désir qui grandit contre moi.

Pour la première fois de ma vie je laisse un homme me guider. Pour la première fois de ma vie je ne retiens pas les élans de mon coeur. Pour la première fois de ma vie je me sens bien, complètement, en paix avec moi même.

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Bonjour à toutes ! Je sais que ce chapitre s'est fait attendre mais le déconfinement et le départ en congés de mes collègues de travail rime avec des journées tellement chargées qu'il m'est difficile de trouver le temps et l'énergie d'écrire aussi souvent qu'avant. Et je ne veux pas que cela devienne une corvée, je ne veux pas me forcer pour vous donner des chapitres "à tout prix" qui seraient sans intérêt. 

Bref, j'espère que celui ci vous plaira !

Je vous remercie pour tout vos gentils messages, en commentaires, en privé, vous êtes des amours. 

J'ai également d'autres projets en cours d'élaboration dont une histoire Canem post mariage.

Je vous souhaite une très bonne fin de week end et j'attends vos retours avec impatience !