30 . Un jour à célébrer
6 novembre 2018
Can
Nuit blanche. Maintenant que je sais, plus rien d'autre ne compte.
Je ne déglutis que ma colère, j'ai besoin de trouver le coupable, celui par qui tout çà est arrivé. J'ai contacté Burak, mon meilleur ami et partenaire de toujours. Avec Nazli, Ils m'ont écouté et conseillé. La tension est toujours là, j'ai un irrepressible besoin de cogner, de me défouler mais il sait comment me parler et comment faire redescendre la pression pour que j'arrive à me concentrer sur l'important... chercher l'identité de cette personne, le plus calmement possible.
Je suis également en colère contre Demet. Elle n'a pas jugé bon m'en parler, elle n'a eu ni suffisamment confiance en moi et encore moins en notre relation. Je vais gérer et on verra après mais la colère est bien réelle. Il va être compliqué de gérer mon attitude avec elle maintenant qu'elle ne sait pas que je sais.
L'affronter sera ma deuxième étape.
J'aurais voulu la protéger de tout çà. J'aurais pu, si elle m'en avait parlé...
Foutu sentiment de femme forte. Je ne suis pas habitué à autant de résistance.
Pendant que Burak lance une enquête avec un privé avec lequel il a l'habitude de travailler, je vais rencontrer Seckin. Ma chance : il est à Istanbul en ce moment et nos agents respectifs nous ont discrètement organisé un rendez-vous.
Je garde en tête et c'est mon coté professionnel du droit, que chaque personne est présumée innocente jusqu'à avoir été jugée coupable...enfin dans le cas présent j'essaie de m'en persuader.
Il est 20h. Le Ruby est relativement calme, je commande un double whisky au bar, il n'est pas encore arrivé. Mon sang bouillonne, j'ai choisi de le rencontrer seul, est-ce une bonne idée ?
Il arrive quelques minutes plus tard, curieux et hautain.
- Je n'ai pas beaucoup de temps...
- çà tombe bien, moi non plus.
Il hausse un sourcil, visiblement intrigué. Je lui indique une table à l'écart et j'enchaîne.
- je suppose que tu as une petite idée de la raison de notre rencontre ?
Il lève les yeux au ciel.
- à vrai dire non...Demet peut être ? Elle t'a quitté c'est çà ?
Son sourire dédaigneux me donne envie de le boxer et d'envoyer valser ses dents, çà me soulagerais un moment...
- tu es très drôle...comment le sais-tu ?
- Ta mine dépitée peut-être ?
- Tu y es peut être pour quelque chose ?
C'est presque insoupçonnable mais son regard s'affine. Son corps se crispe.
- Pardon ?
- écoutes Seckin, je n'ai pas tout mon temps donc je ne vais pas y aller par quatre chemins. Je ne suis pas censé être au courant puisqu'elle ne m'a rien dit mais je sais que Demet a reçu des menaces, des lettres anonymes plus exactement. Ces lettres lui demandent toutes la même chose, de rompre toute relation avec moi ou dans le cas contraire nous serions exposés publiquement, nous causant du tort, dans le but de briser ma carrière. C'est pour çà qu'elle a rompu.
- et ? Qu'est-ce que j'ai à voir là dedans ?
Il a un air détaché. Peu importe, j'irai jusqu'au bout.
- à toi de me le dire...
Il se rapproche de moi, un brin menaçant, les yeux dans les yeux. Je joue nerveusement avec le liquide ambré dans mon verre, le faisant rouler contre la paroi.
- je suis passé à autre chose, c'est clair ?
- ok. Je vais te laisser le bénéfice du doute. Voilà ce qui va se passer. Mon avocat a lancé sa petite enquête pour trouver rapidement d'où proviennent ces lettres. Je ne doute pas qu'on trouvera très rapidement. A partir de maintenant je vais te laisser vingt-quatre heures pour réfléchir et me dire si tu es, de près ou de loin impliqué dans cette histoire. Je ne fais pas çà pour moi. J'aime Demet. Je ne laisserai personne lui faire du mal. Si tu l'aimes toi aussi, un minimum, laisse là tranquille, laisse la vivre sa vie, avec moi ou un autre. Laisse la être heureuse. Si je découvres que tu es mêlé à çà je n'hésiterai pas à tout balancer et s'en sera fini pour toi. J'imagine la tête de Volkan...il serait content de voir comme son ami est impliqué dans le bonheur de sa petite sœur.
Je vide d'une traite les dernières traces de liquide de mon verre, laissant l'alcool brûler ma gorge. Je lui tend une cartonnette que je laisse glisser sur la table.
- tu as mes coordonnées et celle de mon avocat. Si tu coopères on en reste là...dans le cas contraire je préviens la police.
Je me lève et dépose un billet sur la table sans rompre le contact.
- n'oublies pas...24 heures...
Je vois son poing se serrer sur la table avant de lui tourner le dos pour rejoindre la sortie. Je l'entend taper sur la table violemment.
- t'es un connard Yaman !!!!!!
Je ne peux pas m'empêcher de sourire.
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Le lendemain...7 novembre 2018
Nous tournons encore dans la forêt. Quelques prises de jour avant d'être libérés tard avec les dernières prises de nuit.
Je ne suis pas inquiet mais je suis nerveux. J'attends des nouvelles, de Burak, de Seckin...
Les heures passent et je suis de moins en moins sûr de moi même. S'il n'avait finalement rien à voir avec tout çà ? Mais qui alors ?
Auras t'il le cran de m'appeler lui même ?
J'essaie de me concentrer sur les scènes, mon texte, mon attitude mais je reste distrait, ailleurs. A l'écart pendant la pause déjeuner, à l'écart pendant les pauses cigarettes.
Demet s'approche. Je la sens discrète derrière moi mais des branchages craquent sous ses pas. Je me retourne, un sourire factice sur les lèvres.
- eh...Can, tu vas bien ?
- evet evet
- tu as l'air préoccupé...
- j'attend un appel important...je ne pense qu'à çà depuis ce matin...
J'aimerai pouvoir lui avouer que c'est pour elle que je m'inquiète, j'aimerai la prendre dans mes bras et lui dire que tout ira bien. Quand je repense à sa voix terrorisée quand elle en parlait à Anil...
- oh...j'espère que ce n'est rien de grave ?
- non, c'est juste important...
- ok...tu sais si tu veux m'en parler je suis là...
J'acquiesce et lui souris. Ironie du sort...
Les scènes s'enchaînent. Je suis distrait , on refait de nombreuses prises. Tout le monde autour de moi semble étrangement concerné. Dans mon dos les collègues parlent...je n'ai certainement jamais été aussi mauvais. Nous perdons toute l'avance prise ces derniers jours.
La nuit est tombée depuis un moment quand je sens, dans ma poche arrière, mon portable vibrer. Fébrile, je décroche, c'est Burak.
- dis moi que tu as une bonne nouvelle.
- je l'ai Can.
- oh putain...
Je serre le poing. Soulagé, heureux, libéré.
- il a appelé il y a une petite heure. Je lui ai assuré que çà en resterait là. Demet ne recevra plus de lettres, il est désolé Can.
- c'est mon poing dans la gueule qu'il aurait pas volé...
- ce qui compte c'est la finalité Can...
- tu as raison. Merci Burak.
Je raccroche. J'ai quand même les poings qui me démangent. Ce mec est vraiment un connard. Égoïste, nombriliste, macho.
Maintenant, il va falloir l'annoncer à Demet. Lui dire que je suis au courant, qu'elle n'a plus à s'inquiéter...et...que je suis en colère contre elle, contre son manque de confiance, son trop grand besoin d'indépendance.
Tout est calme autour de moi. Certains membres de l'équipe discutent en grignotant mais l'essentiel de la team se cache sous la tente principale.
J'aperçois Anil au loin avec Tugce. Je leur fait signe et les rejoins mais j'ai un peu l'impression de déranger.
- tout va bien ?
- oui et toi ? On dirait que tu as retrouvé le sourire !
- je viens d'apprendre une bonne nouvelle !
- tant mieux.
- Demet est dans les parages ?
- euh...elle avait une course à faire, elle devrait être là d'ici un petit quart d'heure...
- une course ? A cette heure ?
- ouais.
Cagri me fais signe au loin. Je le rejoins et nous discutons un moment, débriefant sur la journée. J'en profite pour m'excuser de mon attitude peu conventionnelle aujourd'hui. Il est très compréhensif et content que cette mauvaise journée soit derrière nous.
J'entends du monde se rapprocher derrière nous et lorsque je me retourne, une vive lumière m'ébloui, les collègues se mettent à chanter, me souhaitant un joyeux anniversaire...
Il est 00h03, nous sommes le 8 novembre. J'ai 29 ans.
Demet s'approche, le visage auréolé des lumières des bougies scintillantes sur le gateau qu'elle transporte juste devant moi. Son sourire est sans fin, son regard plonge droit dans le mien.
- Fais un voeux Can !
Son sourire est communicatif. Je ferme les yeux, peu habitué à cette coutume. Quand je les ouvre je souffle les bougies. J'espère que les fées qui se sont peut-être penchées sur mon berceau veilleront à réaliser mon rêve...
Je remercie tout le monde, embrassant mes plus proches collègues.
Tout le monde trinque au champagne, je suis très heureux de la manière dont cette journée se termine.
Demet est occupée à découper les parts du gateau sans cesser de me jeter des regards amusés et complices. Je suis sûre que c'est en grande partie grâce à elle cette jolie surprise. Les événements de ces derniers jours auraient presque pu me faire oublier mon propre anniversaire...
Elle s'approche de moi avec une part de gâteau au chocolat.
- Bon anniversaire Can.
Sa voix est douce, suave, séduisante...mon état d'esprit est largement en train de changer.
- merci.
Je pose les parts sur la petite table à coté de nous et je la prends dans mes bras. Peu importe qui est autour, qui nous regarde, qui s'interroge sur la nature de nos relations. Je m'en fiche. C'est notre moment. Je caresse ses cheveux et me recule finalement, à contrecœur. Elle dépose un baiser sur ma joue.
Elle s'écarte, je lui souris à peine mais mon regard en dit long, je maintiens le contact le plus possible et elle soutient mon regard. Je tente de garder le contrôle de mes émotions mais l'ambiance festive, la lumière tamisée et son attitude ne m'aide pas à garder les pieds sur terre.
Je kidnappe deux coupes de champagne et lui en tend une.
- A tes 29 ans Can.
Elle tend sa coupe vers la mienne et je la remercie d'un signe de tête. Elle avale le contenu presque d'une traite.
- pas de virgin mojito ce soir ?
Elle me lance un regard suggestif et avale la fin de son verre. Elle commence à onduler sur la musique sans rompre le contact.
Nous sommes en novembre, il est presque 00h30 l'air est frais et pourtant la température monte incroyablement.
Tout le monde vient me souhaiter un joyeux anniversaire, trinquer, il m'est de plus en plus difficile d'avoir un œil sur elle. Je la vois vider au moins trois autres coupes de champagne et connaissant son degré de résistance à l'alcool, je commence à m'inquiéter. Je vois bien que plusieurs membres de l'équipe commence à lui tourner autour, gentiment mais sûrement.
Elle rit, danse et régale l'assistance. Qui pourrait bien lui résister ?
Au bout d'une heure, je crois qu'il est plus que temps de l'arracher à la fête. C'est mon anniversaire après tout, à moi d'en profiter un peu.
Je m'approche et elle m'attrape par la main.
- une danse pour le roi de la fête !!!!
Je ris, amusé par son attitude. Je crois qu'elle a vraiment eu trop de champagne. Mais pour quelques minutes je peux bien me laisser emporter par son enthousiasme. Je me laisse entraîner. Nos corps se frôlent, elle adopte un rythme lancinant en totale contradiction avec celui de la musique environnante. J'apprécie mais je préférerais en profiter...en privé.
- Demet, je crois qu'il est temps de rentrer, je vais appeler un taxi...
Elle proteste.
- laisse toi aller Can...on a le temps...c'est ton anniversaire...
- justement, fais moi plaisir laisse, moi te raccompagner.
Elle n'oppose plus aucune résistance.
Le champagne la rend euphorique. Dans le taxi qui nous raccompagne elle m'explique avec entrain comment elle s'est démenée pour organiser la surprise, commander le gâteau, demandant au passage à ma mère des renseignements sur mon gâteau préféré...
Innocemment euphorique.
Nous rions. Je sais que je suis moi même un peu étourdi par l'alcool.
Nous finissons par regagner le silence, nous jetant des regards à la dérobée.
Quand le taxi s'immobilise devant chez Demet, je règle la course puis fait le tour pour l'aider à sortir. Elle ne tient plus très bien sur ses jambes. Je fais signe au chauffeur et nous nous engouffrons rapidement dans l'immeuble.
Demet.
La terre tangue autour de moi. Heureusement, Can, comme a son habitude est prévenant et me soutient tout le temps de notre ascension jusqu'à ma porte d'entrée. J'ai, je l'avoue, un peu abusé sur le champagne. Je ne sais pas être raisonnable avec l'alcool. Bien souvent je ne bois pas mais ce soir...l'alcool avait peut être la prétention de me donner du courage...
Enveloppée dans une aura de douceur, les bras de Can sont partout autour de moi, ils me soutiennent, me dirigent, cherchent mes clefs dans mon sac...
Un sourire niais ne quitte plus mon visage. Son odeur caractéristique empli mes narines quand la porte de mon appartement claque derrière moi. Il n'ose pas me lâcher, de peur, peut être que je m'étale par terre, ce qui est fort possible.
Il pose mon sac sur la console et pousse le verrou.
- tu veux un dernier verre Can ?
- je crois que nous en avons eu assez Dem...je vais préparer du thé, ok ?
Il m'accompagne dans la cuisine et s'assure que je suis bien calée contre l'îlot avant de remplir la bouilloire et de la mettre en route. J'ai une impression de déjà vu. Accoudée au comptoir, le regard perdu sur les traits de son visage, je soupire... des idées complètement censurées traversent mon esprit.
- tu te sens bien Dem ?
Je m'approche de lui. Nos regards sont intensément bloqués. Mon cerveau est déconnecté du reste de mon corps qui n'agit plus que par instinct. L'instinct de survie, l'instinct de l'amour.
Je pose ma main doucement sur sa joue, sans cesser de lui sourire. Mon pouce flirte avec sa lèvre inférieure, et mes yeux quittent un instant les siens pour fixer ses lèvres appétissantes.
- Dem...
Je remplace mon regard par mes lèvres, ne lui laissant pas l'occasion de se poser trop de questions. Je caresse sa bouche tendrement d'abord, avant de chercher à passer la barrière de ses lèvres pour le dévorer tout entier. Il se laisse faire sans protester, avant que je sente ses mains attraper mes fesses et me soulever contre lui avant de me déposer sur le plan de travail derrière lui. Il répond à mes baisers avec la même avidité que la mienne et sentir son corps à nouveau serré contre le mien me rend incontrôlable.
J'ai besoin de le sentir en moi, vite.
Comme s'il avait deviné, il commence à me déshabiller. Nous sommes tous les deux complètement gauches et hilares mais lorsque nos bouches se rejoignent à nouveaux plus rien d'autre ne compte que le but ultime de nos corps réunis. Je frissonne, des vagues de désir et de plaisir me parcourent et j'entends son souffle chaud et rauque dans mon cou.
Il me porte, quittant la cuisine pour le tapis du salon.
Je le surplombe et m'arque boute alors qu'il me pénètre d'une seule traite, grognant des sons inaudibles. Le plaisir est déjà intense et je commence frénétiquement à bouger sur lui, incapable de résister au feu qui brûle en moi...
Mais soudain la bouilloire se met à siffler.
J'ouvre violemment les yeux, ma tête est lourde et endolorie. Je ne suis pas dans le salon mais dans mon lit, en chemise et culotte et la lumière qui flotte dans la pièce m'indique qu'il fait jour. Qu'est-ce qui m'arrive ?
Je bascule la tête dans l'oreiller, lâchant un profond soupir de douleur et de frustration.
Can.
Ce rêve était tellement réel...j'en ressens encore les effets à mon entrejambe...
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