16. Confessions
Can
La cuisine est en train de se remplir d'odeurs appétissantes. Je suis en train de faire une omelette et Demet m'assiste, coupant des concombres. Nous nous sourions entre chaque gestes, nous lançant des regards à la dérobée. Le café a fini de couler, il ne nous reste plus qu'à passer à table. Alors nous nous installons par terre, comme un pique nique improvisé sur les coussins.
Moi qui cherche toujours du sensationnel pour me sentir bien, vivant et libre, je savoure. Je me sens comblé. Je suis avec elle, seul, et rien n'est prévu, tout s'improvise. En moins de vingt-quatre heures la perception de notre relation a changé.
Je suis passé de "en relation avec quelqu'un" à "célibataire".
Demet est passée de "en couple" à "célibataire".
A cet instant, tout les deux nous ne savons encore pas très bien ce que nous sommes l'un pour l'autre.
Pas encore en couple ?
Plus seulement des amis...
L'épisode de notre réveil me donne encore des frissons. N'importe quel homme normalement constitué me regarderait avec des yeux horrifiés d'avoir repoussé Demet. Je me demande encore comment j'ai fait. Mais je ne regrette pas.
Je suis amoureux d'elle et je réalise que je n'ai jamais ressenti çà pour personne. C'est un sentiment puissant, qui balaie tout sur son passage. Avec elle je veux plus que du sexe, je veux la posséder corps et âme. Je veux que nous soyons connectés, je n'ai jamais eu autant besoin d'être avec une personne. C'est ce qui fait toute la différence.
Je suis passé à coté d'une belle crise diplomatique mais mes talents d'avocat m'ont sorti de là avec brio...
Flashback...
- Demet, Demet...attend...
Elle semble ne pas entendre, continuant de se contorsionner sur moi et passer sa langue de mon cou à mes lèvres. Je finis par me redresser à contrecœur.
- Demet...
Je laisse échapper un long soupir de frustration.
Les yeux embués de désir elle finit par me regarder et a stoppé toute autre tentative. Les lèvres rougies, les cheveux toujours en bataille, c'est la plus belle femme qu'il m'ai été donné d'avoir dans mon lit.
- Can...mais...pourquoi ?
- Demet...je ne veux pas...
Comme à son habitude elle ne me laisse pas le temps de finir.
- je ne te plaît pas c'est çà ? Oh mais je suis désolée, je sais que tu as une petite amie...oh mon dieu j'ai honte...
Je pourrais exploser de rire tellement cette perspective me semble impossible. Quel homme pourrais lui résister ? Mais je vois bien que pour elle il n'est pas le moment de rire...alors j'enchaîne...avant qu'il ne soit trop tard. Je sens qu'elle est gênée et n'ose même plus me regarder dans les yeux. Alors je prend délicatement son visage dans mes mains et l'oblige à me regarder.
- Demet...j'ai rompu hier soir avec Deniz. Enfin...c'est elle qui m'a quitté voyant ce qui est évident depuis le début, je suis intéressé par une autre... Je ne crois pas qu'un seul homme sur cette planète soit capable de te dire non. Je ne fais pas exception. Mais toi...moi, je veux plus que du sexe tu comprends ? Je ne veux pas faire çà avec toi sur un coup de tête, je veux partager bien plus...et je sais que pour çà je dois attendre. On ne construit rien de stable sans fondations...
Son sourire gêné a disparu, laissant place à un regard incrédule. Elle ne s'y attendait pas et me regarde bouche ouverte.
- Je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi Demet, tu es magnifique mais tu es tellement plus que çà...ta bonne humeur, ton entrain, ta joie communicative, cette façon que tu as de voir du bon dans tout, la façon que tu as de me regarder...j'ai envie de tout connaître de toi...
Un léger sourire se dessine au coin de ses lèvres.
- Can...je...je ne sais pas quoi dire...
- Dis moi ce que tu ressens, là tout de suite ? Qu'est-ce qui t'as conduit ici ?
- je me sens bien avec toi. Depuis le premier jour où j'ai croisé ton regard je me sens en confiance, plus que çà même...je ne sais pas comment l'expliquer. Moi aussi j'ai envie de tout connaître de toi, de passer du temps avec toi...
Aucun de nous n'arrive à maîtriser le sourire indomptable qui s'affiche sur nos visages. Enfin, nous avons réussi à mettre des mots sur ce que nous ressentons. Je me sens à la fois comme un idiot mais aussi le plus heureux des hommes...
C'est encore confus, brouillon mais c'est un bon début.
- alors si on commençait par çà ? Profitons de ces quelques jours tous les deux...
Un merveilleux sourire enveloppe son visage. Après des semaines d'incertitudes, des semaines à lutter contre mes sentiments je me sens libéré, autorisé à espérer qu'il y ai enfin un "nous". Je veux prendre mon temps, la découvrir, ne plus jamais lâcher sa main.
C'est d'ailleurs cette main que j'attrape, que j'embrasse avant de l'entraîner vers la cuisine pour combler au moins un de nos appétits...
Fin du flashback.
En cette journée d'été, la chaleur est étouffante.
Afin que nous profitions ensemble de cette pause, j'ai proposé à Demet de passer 48 heures ensemble, j'ai les clefs de la maison de mon père sur les hauteurs d'Istanbul. Il est en vacances et nous aurons tout le loisir de profiter de sa grande piscine, discrètement. J'emballe quelques affaires, je dépose Demet chez elle et elle me rejoindra dans quelques heures, le temps que nous réglions, chacun nos petites affaires pour ne plus êtres dérangés.
Demet
En même temps que je sélectionne quelques affaires pour ces deux jours de vacances improvisées, je ressasse les événements de ces dernières vingt-quatre heures...je suis excitée comme jamais. Je ne réalise pas, je suis sur un petit nuage, complètement hypnotisée par les mots de Can ce matin. Je ne croyais pas qu'il puisse encore me surprendre mais il a quelque chose en lui que je n'ai trouvé en aucun des hommes que j'ai rencontré jusqu'à ce jour. Je me sens étrange, complètement attirée par lui, comme un aimant. Je ne peux pas lutter contre çà.
J'ai presque fini mon sac quand la sonnerie de mon téléphone me distrait.
Beste. Elle doit être inquiète après ce qu'il s'est passé hier soir...
- allo ? Beste ?
- Dem ! Tu vas bien ?
Je ne me suis pas trompée elle a l'air affolée.
- Oui, oh je suis désolée, j'aurais du t'appeler...je...
- oui j'étais folle d'inquiétude !
- où es-tu ?
- je suis chez moi pourquoi ?
- je suis passée tout à l'heure il n'y avait personne...
- Can m'a déposée il y a moins d'une heure...
- ah...Can...évidemment.
Et voilà. Rien qu'au ton qu'elle a employé je sais que je suis grillée, elle ne va pas lâcher l'affaire. Je n'ai pas envie de lui raconter des cracks de toute façon.
- je ne veux pas parler de çà au téléphone, viens s'il te plaît...
En moins d'un quart d'heure je la vois débarquer, son soulagement de me voir saine et sauve bien vite remplacé par son regard inquisiteur. Elle sait, elle a su bien avant moi, elle l'a lu dans mes yeux.
- je veux tout savoir !
- tu veux du thé glacé ?
Elle hausse un sourcil.
- sers moi ce fichu verre et parle...
Ah Beste...
- ok...je vais passer le week end avec Can dans la maison de son père, on va profiter de la piscine avec cette chaleur et apprendre à se connaître...
Aucun son ne sort de sa bouche. Je ne sais pas si c'est bon signe...ou alors j'ai enfin réussi à lui clouer le bec. Elle prend son verre et s'assois, décontenancée.
- alors Can et toi vous êtes ensemble ?
- euh...pas exactement...
- non mais tu rigoles ? Qu'est-ce qui s'est passé hier soir ? Tu vas passer le week end avec ton partenaire de boulot, un véritable Zeus personnifié juste comme çà...pour apprendre à le connaître...non mais t'es sérieuse...arrêtes de te moquer de moi !
Je suis morte de rire rien que de la voir singer ses paroles. C'est vrai, çà peut paraître très gros mais c'est pourtant la pure vérité. Je vais devoir lui donner tous les détails si je veux qu'elle commence à me croire...
- Beste, écoutes moi tu veux ?
- je n'attends que çà mais je veux tous les détails...
- ok. Alors je vais commencer par le commencement. Hier soir j'ai rompu avec Seckin, tu le sais déjà. J'avais trop bu, j'étais mal et je n'en pouvais plus de ce qu'était devenue notre relation. Tu avais raison depuis le début mais c'est en rencontrant Can que j'ai fini par le reconnaître petit à petit. Quand je l'ai vu à la fête avec sa petite amie j'ai compris que j'étais jalouse, très jalouse...
Alors j'ai essayé de tout garder pour moi mais l'alcool aidant j'ai tout fait voler en éclat. J'avais besoin d'être avec lui, de lui parler mais je n'avais plus les idées très claires. Il m'a emmené me promener et là je n'ai pas pu m'empêcher de l'embrasser...oh Beste...c'était si sensuel...ses lèvres, son parfum...j'aurais pu le dévorer sur place...
- épargne moi ce genre de détails Dem...
- il m'a rendu mon baiser, c'était à la fois doux et intense...je n'ai jamais ressenti çà juste avec un baiser...et...j'ai été malade, j'ai vomis mes tripes juste à coté de lui...
- oh non Dem t'as pas fait çà ???
- si. Je te jure j'étais mortifiée.
- j'imagine...
- ensuite de ce que je me souviens nous avons pris un taxi jusqu'à chez lui, j'ai pris une douche, et j'ai dormi dans son lit.
- tu charries, juste dormi ?
- oui...avec lui...à coté de moi. J'étais tellement morte il ne s'est rien passé hier soir. Mais...ce matin, je me suis réveillée entrelacée dans ses bras. Il sentait tellement bon, sa peau chaude...je sentais qu'il caressait le bas de mon dos...je ne sais pas ce qui m'a pris...
- Bah vas-y racontes...
- je lui ai sauté dessus.
Beste ouvre des yeux si grands, elle n'en croit pas ses oreilles.
- toi ? Tu lui a sauté dessus ? !
- j'ai bien senti qu'on en avait envie tous les deux si tu vois ce que je veux dire...
- et alors ? Ne me dis pas qu'il est impuissant ?
- Beste !
Nous éclatons de rire toutes les deux.
- non je t'assures que non...enfin nous ne sommes pas allez assez loin pour que j'en sois sûre à 100 %. En fait il a tout stoppé.
- mais pourquoi ???
- il ne veut pas juste du sexe.
- pardon ?
- tu as très bien compris. Il veut attendre le bon moment, qu'on se connaisse et que je sois sûre de mes sentiments pour lui. En fait je lui ai dis hier soir que tout était un peu confus pour moi, que j'avais besoin de temps...
- ah je te reconnais mieux là...
- tu crois que je fais une erreur ?
- quoi ?
- Oui Can est mon partenaire, mon collègue. En prenant le risque d'aller plus loin avec lui je peux mettre mon travail en danger...si jamais çà ne marchais pas...
Beste vient s'installer près de moi, elle prend mes mains dans les siennes et me regarde droit dans les yeux. Elle qui déconne souvent, je sais que quand elle se met à faire çà c'est qu'elle va me dire quelque chose de très sérieux.
- Écoutes Dem, On n'est pas en train de résoudre une équation. Depuis le premier jour où tu l'as rencontré, je savais qu'il se passerait un truc. Te connaissant je pensais que çà prendrait plus de temps. Mais finalement je me suis trompée. J'ai parlé avec Can hier soir. Je l'ai vu assis seul au bar, à te regarder au loin quand tu étais avec Seckin. Il bouillait sur place. Il avait envie de courir vers toi. Il tient déjà énormément à toi tu sais. Il est fou amoureux...c'est bien le moins qu'il faille pour refuser une partie de jambes en l'air !
Je lui souris. C'est tellement bon d'avoir sa meilleure amie à ses côtés. Je me sens rassurée. J'ai très envie d'aller rejoindre Can, tout de suite et de l'embrasser jusqu'à en perdre la raison. Après tout peu importe les risques, Beste a raison, je mérite de prendre ce risque. De risquer d'être amoureuse et accessoirement...heureuse.
Je termine mon sac, confie Civan à Beste et je m'engouffre dans le taxi qui me conduit vers lui. Je suis si impatiente, si joyeuse...deux jours rien que pour nous !
Devant le grand portail un milliard de questions m'assaillent et je commence finalement à me laisser gagner par l'angoisse.
Serais-je à la hauteur ? Ais-je pris des vêtements adaptés ? Comment vais-je réussir à lui résister ?
Quarante huit heures seuls, j'en frissonne...
Je sonne et il ne met pas longtemps à venir m'ouvrir...en claquettes et short de bain, dégoulinant, tout sourire, une serviette autour des épaules. Je cligne des yeux plusieurs fois...j'avale ma salive avant avant de pouvoir prononcer une parole. Il est beau à damner une sainte...
Je ne donne pas cher de notre résolution.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro