Chapitre 6. Flirt cosmique
Séléné
Un mois s'est écoulé depuis le début des cours. Les semaines se succèdent à une vitesse folle, au gré des journées bien remplies. Toujours autant enthousiasmée par mes études, je ne suis pas peu fière de moi de réussir à tenir le cap. Parfois, je regrette les mauvais choix qui m'ont fait perdre trois années, néanmoins je ne peux pas revenir en arrière.
Voyant le bon côté des choses – il paraîtrait que j'ai mûri, je poursuis donc mon chemin, motivée comme jamais à avancer pour enfin accomplir des trucs chouettes dans ma vie. Véritable petit rat de bibliothèque en semaine, je deviens une marmotte le week-end, capable de dormir douze heures d'affilée. J'engrange les connaissances sans réelles difficultés, néanmoins pour la gestion des émotions, c'est toujours l'anarchie. J'angoisse de plus en plus, à mesure que l'épreuve infernale de l'exposé approche. Et trop de stress, ce n'est jamais bon.
Heureusement, je peux compter sur le soutien de Mia et Aurèle dont je suis désormais inséparable. Comme quoi, tout peut arriver ! Ils ont sympathisé avec pas mal d'élèves de notre promo, tandis qu'en sauvageonne que je suis, je reste en retrait et me contente d'observer leurs échanges. D'ici à ce que je devienne un avatar de socialisation, il neigera dans le Sahel...
Je me réjouis toutefois des liens tissés entre nous trois et qui se renforcent un peu plus, les jours passants. Avoir deux amis comme eux est un vrai plaisir. Mia a toujours le sourire et sa bonhomie est contagieuse, quant à Aurèle, il ne cesse de charmer et d'amuser la galerie. Rester concentrée avec lui à mes côtés est un véritable sacerdoce, surtout lorsqu'il me chuchote des bêtises à l'oreille.
Il s'est hissé au rang de coqueluche de notre promo. Lui résister, c'est mission impossible. Quand elles ne gloussent pas en s'extasiant sur la plastique parfaite de monsieur Conti, elles minaudent toutes devant Aurèle. Et comme il passe la plupart de son temps sur le campus avec Mia et moi, la faune estudiantine féminine, jalouse et dopée aux hormones sexuelles, devient dès lors un sujet d'études anthropologiques passionnant.
🌙
Le lundi matin en amphi, nous attendons le début du cours en débriefant au sujet de nos activités du week-end, quand un jeune homme s'approche de Mia et lui demande s'il peut s'asseoir à ses côtés. Elle accepte volontiers, avant d'engager la conversation avec lui. Aurèle me met un petit coup de coude dans le bras.
— Psst ! C'est qui ce mec ? chuchote-t-il, avec plus ou moins de discrétion.
— Je ne sais pas, je n'ai jamais eu l'occasion de parler avec lui.
— Pauvre Mia, je n'aimerais pas être à sa place.
— Ah bon, pourquoi ? Il n'a pas l'air méchant pourtant.
Il semble néanmoins avoir quelques difficultés à échanger avec notre amie, comme si elle l'intimidait.
— Non justement, il a plutôt le profil du type qui a fréquenté exclusivement des écoles pour garçons et découvert le sexe opposé en arrivant ici. Tu as vu comment il la dévore des yeux ? s'esclaffe-t-il.
— Arrête de te moquer, Aurèle.
Il regarde à nouveau dans leur direction et se marre de plus belle. Puis, considérant mon air réprobateur, il m'adresse un de ses sourires ravageurs dont il a le secret en me chatouillant la taille.
— Tu es incorrigible, je rouspète après lui.
Il m'attire dans ses bras et ses lèvres frôlent mon oreille ; mon cœur s'emballe.
— Oui, mais avoue que tu aimes ça.
Hou là là ! Nous sommes en train de passer un niveau ou je me fais un film ?
Bon OK, j'étais bien décidée à ne pas me laisser perturber par mes hormones pour me concentrer sur mes études, mais depuis des semaines que nous flirtons gentiment ensemble, lui et moi, j'ai eu le temps de réviser ma copie.
J'imagine sa bouche si bien dessinée se plaquant sur la mienne et je rougis comme une débutante, n'osant plus le regarder. Je connais trop bien le pouvoir exercé par son sourire et ce n'est pas ça qui calmera mes palpitations. Aurèle saisit mon menton entre ses doigts et fait pivoter mon visage vers le sien. J'ai l'impression que nous sommes seuls dans notre bulle, n'accordant plus d'attention à ce qui se déroule autour de nous. Je plonge dans ses yeux émeraude, penche légèrement la tête de côté tandis que sa paume chaude caresse ma joue avec délicatesse. Nous sommes si proches l'un de l'autre que je peux sentir son souffle sur moi. Il est tellement craquant, je suis tentée de l'embrasser.
Et si je le faisais ? Qu'est-ce qui m'en empêche après tout ?
— Ohé, les zouzous ! Le cours commence.
Sans le vouloir, Mia brise ce doux moment et nous scrute en haussant les sourcils, son regard appuyé alternant entre Aurèle et moi. Celui-ci affiche un sourire en coin désinvolte, alors que je suis cramoisie et haletante comme si j'avais couru un marathon. Nul doute qu'elle a compris ce qui se serait passé si elle ne nous avait pas interrompus.
Nous en avons suffisamment discuté toutes les deux et seule une taupe ne verrait rien de notre flirt. Mais aussi charmant soit-il, Aurèle est un bourreau des cœurs, et moi je ne suis toujours pas disposée à m'engager dans une relation sentimentale. Pas question de se mettre en couple. À la limite, prendre du bon temps entre amis, rien de plus.
Deux heures plus tard, le premier cours s'achève et une partie des étudiants quittent l'amphi durant la pause. Le jeune homme à côté de Mia se lève pour sortir. Nous nous tournons vers notre amie en la fixant, Aurèle en profite pour poser sa tête sur mon épaule en enserrant ma taille de ses bras. Je sursaute légèrement et un frisson me parcourt de la tête aux pieds. Son parfum boisé m'enveloppe, je me recule pour m'appuyer contre son torse. J'aime ces instants, je me sens bien près de lui.
— C'est ton crush Mia ? demande-t-il sans détour.
Exaspérée, elle lève les yeux au ciel.
— Mais non, idiot ! C'est Alban, mon binôme en TD d'histoire de l'art antique.
— Ah, c'est lui ! dis-je. Il a l'air gentil.
— Il l'est, mais on a commencé à travailler sur notre exposé et c'est compliqué. J'espère qu'il finira par se décoincer un peu. Il est tellement timide, parfois j'ai l'impression que je l'effraie.
— Toi ? Faire peur à quelqu'un ? Non, c'est impossible ça, Minipouce !
Aurèle se marre en voyant Mia prendre un air faussement vexé, puis lui tirer la langue.
— C'est clair qu'il n'est pas aussi sûr de lui que toi, monsieur Jmelapète !
— C'est le moins que l'on puisse dire. Je ne crains pas Séléné, pourtant crois-moi, elle, c'est un véritable tyran dans le travail !
Je me redresse en pivotant vers lui pour le foudroyer du regard, mais ses yeux rieurs et son sourire me font chavirer. Je pique un fard tandis qu'il plante un bisou sur ma tempe.
— Vous iriez vraiment bien ensemble, suggère Mia avec malice.
🌙
En plus du temps passé ensemble durant la semaine, nous avons échangé pas mal de messages tous les deux et comme tous les vendredis, je retrouve Aurèle en TD.
— Salut ma déesse, clame-t-il alors que j'entre dans la salle.
J'adore mon prénom, mais à ce moment-là, je déteste mes parents de l'avoir choisi. Tous me fixent avec étonnement hormis Laly qui me mitraille carrément des yeux. Si je le pouvais, je ferais demi-tour pour aller me cacher dans un placard.
— Intéressant ce petit nom que vous donnez à votre camarade, monsieur Wolff, commente le prof d'un air énigmatique.
Oh la honte, il ne manquait plus que ça !
Je m'assieds près de mon binôme et darde mes prunelles assassines sur lui.
— Je vais te tuer...
— Impossible, tu m'aimes trop pour ça, affirme-t-il en frôlant ma main du bout des doigts.
— Chut !
Quelle répartie de qualité !
Cela dit, il a raison. Je dois reconnaître que je l'apprécie bien...
Aurèle
Séléné n'a pas idée de l'effet qu'elle me fait. Nous nous sommes beaucoup rapprochés ces dernières semaines et nous flirtons ouvertement. Dès qu'elle surgit dans mon champ de vision, j'ai envie de la serrer contre moi pour l'embrasser et bien plus... C'est la première fois que je rencontre une fille qui m'attire autant. Et pourtant, j'en ai connu un paquet. Ses punchlines, sa moue boudeuse, ses prunelles noisette, ses joues rondes à croquer qui rougissent si facilement, son odeur envoûtante... C'est simple, j'aime tout chez elle !
Elle démarre son ordinateur et, en la voyant ôter sa veste, je ne résiste pas au désir de chatouiller son avant-bras. J'adore sentir sa peau douce sous mes doigts. La chair de poule l'en recouvre aussitôt et mon regard est happé par ses petits seins qui pointent à travers son t-shirt. Et là, c'est le drame ! Après nos multiples messages bourrés de sous-entendus coquins et ce qui se profile sous mon nez, je me retrouve à l'étroit dans mon pantalon avec une trique d'enfer, comme assez souvent ces derniers temps dès qu'il est question d'elle.
— Si tu savais comme j'ai envie de toi... je lui chuchote au creux de l'oreille.
À mon grand étonnement, elle pose sa main sur mon genou et la remonte avec lenteur le long de ma cuisse, se rapprochant dangereusement de mon sexe au garde-à-vous.
— Ça suffit, Aurèle... souffle-t-elle doucement.
Sa voix sensuelle m'excite encore davantage. Je sens que je vais exploser. Les deux prochaines heures vont être longues.
Séléné
Aurèle veut jouer, très bien. On va s'amuser. J'éprouve de grandes difficultés à me concentrer sur l'ordre dorique, après sa confidence coquine. Je songe à une potentielle partie de jambes en l'air avec lui et une vague de chaleur se diffuse dans tout mon corps à mesure que l'excitation s'empare de moi. C'est dingue, je ne l'ai pas encore embrassé une seule fois, même si cela a bien failli cette semaine, que j'ai déjà très envie de lui, plus chaude qu'une baraque à frites.
Aurèle m'observe et je plonge volontiers dans son regard brillant, tout en mordillant ma lèvre inférieure. Je vois dans ses yeux qu'il est à bout, le pauvre. Il saisit une phrase sur son ordinateur.
« Ne me regarde pas comme ça, ou tu n'iras jamais jusqu'à la bibliothèque aujourd'hui... »
Pour toute réponse, je l'aguiche en lui tirant la langue avec une œillade coquine.
Absorbée par notre petit jeu de séduction, la présentation du jour me passe au-dessus. J'ai tenté tant bien que mal de prendre des notes, mais par manque de concentration, le résultat n'est pas bien concluant.
À la fin de l'exposé, le prof regagne son bureau et poursuit le cours. Toutes les pensées coquines qui s'agitent dans mon esprit m'ont donné chaud. Aurèle est totalement dans la lune. Je n'ose imaginer ce qui se passe dans sa tête, mais, à voir ses pupilles dilatées, ça pue le sexe là-dedans.
Je me lève pour ouvrir la fenêtre, sauf qu'en revenant m'asseoir, je trébuche sur mon sac et me rattrape de justesse à ma chaise, sans parvenir à retenir un couinement étranglé.
— Vous avez quelque chose à ajouter ? m'interpelle le prof.
— Euh, non, mais je ne me sens pas très bien. Puis-je sortir deux minutes, s'il vous plaît ?
— Bien entendu.
Je fonce jusqu'aux toilettes. Je passe un peu d'eau fraîche sur mon visage, respire profondément à plusieurs reprises pour me remettre les idées en place et faire baisser ma température avant de regagner le cours.
De retour en salle, à côté de moi, Aurèle se marre en silence derrière son écran. Dans l'hypothèse que le prof n'ait rien remarqué, lui par contre n'a rien raté de ce qui m'arrive. Il saisit de nouveau un message sur son ordinateur.
« Alors, on est encore tout excitée ? »
Il fait courir ses doigts sur mon bras posé sur le bureau. Je pousse un long soupir, baisse les yeux vers son entrejambe, et pouffe de rire, amusée de constater que je ne suis pas la seule à être dans un état second.
« Tu peux parler, il me semble que tu as le glaive bien affûté à cet instant. »
Nous échangeons un regard intense, telles deux âmes pécheresses désireuses de succomber aux plaisirs de la chair. Puis je m'efforce d'ignorer sa présence jusqu'à la fin du cours dans l'espoir de reconnecter mon cerveau pour bosser.
— Un petit café avant de travailler ? je lui propose tandis que nous remballons nos affaires.
— T'es sûre ? Tu n'as pas plutôt envie qu'on aille se promener dans un petit coin tous les deux ? me suggère-t-il avec un sourire coquin.
Je m'approche d'Aurèle et saisis le col de sa chemise pour le remettre en place, tout en maintenant le contact visuel avec lui. Il frissonne sous mes doigts.
— L'idée me plaît bien, mais j'aimerais d'abord qu'on termine notre présentation. Je ne veux pas qu'on se rate en se comportant comme des ados en rut, tu comprends ?
Il acquiesce d'un hochement de tête. J'effleure ses lèvres des miennes. Un petit baiser léger, un avant-goût de plus tard...
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