Chapitre 58. Fleur bleue
Aurèle
Séléné est enfin de retour à Bordeaux après une semaine d'absence et nous rejoint chez Mia et Seb, où toute la bande s'est réunie pour l'occasion. Quand elle franchit le seuil de l'appartement, je la soulève dans mes bras et nous tournoyons au beau milieu du salon.
— Aurèle ! Repose-moi par terre, je me sens mal !
Nous valdinguons sur le canapé et elle se retrouve à cheval sur mes genoux, son visage penché au-dessus du mien. Ses cheveux chatouillent mon nez, ses billes noisette et son sourire enjôleur me font chavirer.
La nana que j'ai adorée dès notre première rencontre serait-elle enfin de retour ?
J'ai une envie folle de l'embrasser. Je lutte pour me retenir et me contente de lui sourire en retour. Nous nous redressons et je l'enlace contre moi, ma tête posée contre sa poitrine. Elle passe ses doigts dans mes cheveux et je profite de chaque seconde dans ses bras.
Mia toussote et nous ramène à la réalité. Séléné pique un fard en se souvenant que nous ne sommes pas seuls, qui plus est dans une posture quelque peu gênante.
Non pas que cela me déplaise, bien au contraire.
Tous nous fixent, à la fois surpris et silencieux.
— Oups ! Salut tout le monde ! Vous allez bien ? dit-elle à toute vitesse.
— J'ai raté quelque chose ? demande Stan à Greg.
— Pas que je sache, ils sont juste contents de se revoir visiblement.
— Moi aussi je veux un câlin, quémande Mimi.
— Bien sûr, viens par là, ma chérie.
Séléné se relève et la serre contre elle avant de faire pareil avec tous nos amis.
— Je suis si heureuse de vous retrouver !
— Tu as gagné combien de bleus cette fois-ci ? l'interroge Stan.
— Pas tant que ça figure-toi et ils ne me font plus mal. Je suis costaud ! Même si j'ai quand même eu beaucoup de chance sur ce coup-là.
— Quand on a appris la nouvelle, ça nous a tous mis sur le cul ! s'exclame Seb.
— Crois-moi, si j'étais tombée sur le cul moi aussi, j'aurais sûrement évité un séjour à l'hôpital. Pas de bol, c'est la tête qui a cogné.
Elle hausse les épaules, déclenchant l'hilarité générale. Maintenant que j'ai fait connaissance avec sa grand-mère, je saisis mieux d'où lui vient cette capacité à dédramatiser les choses.
— Tu as pu commencer à rattraper un peu ton retard ?
— Oui, Aurèle et Mia m'ont retransmis les cours en direct ! Pratique c'était comme en amphi, sauf que j'étais en pyjama dans mon plumard ! Par contre, je n'ai pas tout compris à ceux de la semaine d'avant.
— Ne t'inquiète pas, je vais vous donner un coup de main pour vous mettre à jour.
— Merci, Seb, c'est vraiment sympa.
— Raph et Charly ne sont pas là ?
— Non, ils sont chez leurs copines. On ne les voit plus trop en ce moment, l'appartement est bien vide, observe-t-il d'un air désappointé.
— Tu finiras bien par en trouver une toi aussi, le console-t-elle.
— Oh, je suis bien tout seul, tu sais. C'est de m'éloigner de mes potes qui me fout un peu plus les boules. C'est la vie, je suppose, soupire-t-il, résigné. Heureusement, grâce à vous les filles, j'ai rencontré ces trois loustics !
Je lui donne une tape chaleureuse dans le dos, tandis qu'elles échangent un regard complice. Seb est un bon gars. Il s'est intégré sans peine dans notre bande d'amis, pour notre plus grande joie à tous.
— Et puis franchement, je préfère quand Seb vient dormir chez nous, parce qu'au moins je sais que la nuit ne sera pas perturbée par Mimi et Greg qui démontent les meubles, dis-je en gloussant.
Greg se met à rire et Mia se rue sur moi comme une furie. Enfin une petite furie, plus drôle qu'effrayante.
— Aurèle, je vais te tuer !
— Mais non, tu m'aimes trop pour ça !
Elle essaie de se bagarrer avec moi, je la soulève sans peine par surprise et la jette sur le canapé. Ses cris résonnent dans l'appartement. C'est qu'elle a du coffre, Minipouce !
🌙
Nous passons le dimanche avec Seb à bosser. Je reconnais que cette séance de soutien nous est profitable à tous les trois. Même si nous avons assisté aux cours avec Mia, nous étions tellement soucieux vis-à-vis de Séléné, que nous n'avons pas tout intégré, loin de là. C'est donc sympa de se part de se donner la peine de nous aider. Il ne reste déjà plus que sept semaines et le second semestre sera terminé.
En fin de journée, nous quittons Seb et Mia. Séléné semble perdue dans ses pensées.
— Ça ne va pas ?
— Euh, si si. Je songeais aux exams qui seront bientôt là. J'ai l'impression que la rentrée c'était hier...
— Ne t'en fais pas. Regarde, tu as pu rattraper une bonne partie des cours.
— Je sais bien, mais tu me connais.
— Justement, voilà pourquoi je ne m'inquiète pas pour toi. Tu t'en sortiras. Aie un peu confiance en toi, Sélé.
— Je me demande bien ce que je ferais sans toi, chuchote-t-elle en se blottissant contre moi.
Je l'enveloppe volontiers de mes bras, le cœur battant un peu plus fort dès que je hume l'odeur de patchouli et d'agrumes dans ses cheveux.
— Tu me chercherais...
Non, mais Aurèle, c'est quoi cette réplique de lover que tu viens de pondre là ? Depuis quand je suis fleur bleue, moi ?
Et dire que je me suis moqué si souvent de Greg. Tout ça pour devenir comme lui au final...
Je caresse doucement son dos. Je la sens frémir contre moi et instinctivement je resserre mon étreinte. J'aimerais pouvoir figer le temps pour profiter de ce moment le plus possible. J'ai envie de la protéger, qu'elle soit bien, en sécurité avec moi.
— Bon, il ne faut pas que je traîne, sinon mon glouton de chat va faire un malaise à côté de sa gamelle vide, dit-elle après quelques instants.
— Repose-toi bien, on se voit demain de toute façon.
— Merci, à demain.
Elle m'embrasse sur la joue et s'éloigne.
J'aurais aimé qu'elle me propose de passer un moment avec elle. Cependant, je suppose qu'elle préfère rester seule.
Elle aura besoin de temps pour se remettre de sa rupture avec l'autre minable. Elle l'avait choisi et il l'a brisée ! Malgré cela, elle a toujours des sentiments pour lui, je le vois dans ses yeux mélancoliques. Son regard n'est plus aussi pétillant qu'avant, comme voilé par le chagrin qui la hante.
Je sais qu'elle préfère garder le silence pour ne pas nous inquiéter, mais ça me fout les boules. Maxence ne mérite pas cet amour qu'elle lui porte encore et lui cause tant de souffrance.
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