Chapitre 42. Dernière ligne droite
Séléné
Le lendemain matin, je déverrouille l'entrée de l'immeuble après que l'interphone ait sonné. La porte de mon appartement s'ouvre sur Mia, toute pimpante comme à son habitude, un sachet de croissants à la main. Je fais couler deux grands bols de café et nous nous installons tranquillement à table pour le petit déjeuner.
— Pas trop fatiguée d'être sortie hier soir ? me demande-t-elle.
— Non, on n'est pas rentrés tard et j'ai bien dormi. Et toi ?
— Ça va. C'était sympa, ça nous a permis de décompresser un peu.
— C'est clair, j'étais à saturation. J'ai hâte que la semaine soit terminée.
— Aurèle ne vient pas ?
— Aucune idée. Il ne m'a rien confirmé, peut-être qu'il va passer la journée avec Emilie ?
— Possible en effet, ils sont restés collés ensemble presque toute la soirée, je n'ai pas reconnu Aurèle, soupire Mia, l'air déçu.
— Bah, qu'est-ce qui t'arrive d'un coup ?
— Je suis contente pour lui, Emilie est plutôt sympa, mais j'espère juste qu'il ne va pas nous oublier. Ces derniers jours, il était plus distant, toujours après son téléphone.
— Mais non, tu te fais du souci pour rien, il profite de sa copine, c'est tout. Et il a bien raison.
— Je ne sais pas comment tu fais pour relativiser comme ça, Sélé...
— Euh... À vrai dire, je me le demande aussi, mais tout ce qui m'importe c'est qu'il aille bien.
Nous finissons de déjeuner et mon téléphone sonne à la réception d'un message pendant que je débarrasse la table. Mimi jette un œil à l'écran allumé.
— Oh ! C'est Maxence. Vous deviez vous voir aujourd'hui ?
— Non.
[Maxence : salut ma belle ! Des choses de prévues ce soir ?]
[Séléné : je ne sais pas encore, pour le moment je bosse avec Mia.]
[Maxence : vous voulez que je vienne vous donner un coup de main ?]
[Séléné : je croyais que tu étais pris tout le week-end.]
[Maxence : oui, mais je reviens plus tôt finalement, si ça vous arrange, je peux passer.]
— Alors ? me demande-t-elle.
— Il rentre en début d'après-midi et propose de nous aider à finir nos révisions.
Mia écarquille les yeux et gesticule d'excitation sur sa chaise.
— C'est trop génial ça ! Bosser directement avec le prof. Ce sera l'occasion d'apprendre à le connaître en plus !
— OK ! Mais pas un mot à qui que ce soit.
— Est-ce que tu m'as entendu en parler à quelqu'un déjà ? Je suis muette comme une tombe depuis le début, s'offusque-t-elle, boudeuse.
— Oui, c'est vrai, excuse-moi, ma chérie.
Je la serre dans mes bras pour me faire pardonner, sachant que je peux compter sur elle, et confirme à Maxence qu'il peut nous rejoindre chez moi.
— Ça se passe bien entre vous ? On n'a pas trop l'occasion d'en discuter vu que nous sommes rarement seules toutes les deux.
— Oui, mais c'est compliqué.
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Max est toujours aussi possessif et jaloux. Du coup, notre relation c'est un peu les montagnes russes.
— Surtout qu'il n'y a plus de raison maintenant qu'Aurèle a une copine.
— Même au-delà de ça, j'ai horreur de la jalousie. Depuis le départ, il est au courant qu'Aurèle est mon ami et que si quelqu'un devait sortir de ma vie, ce ne serait pas lui...
— Waouh, t'es raide toi ! Et il a réagi comment ?
— Il a encaissé. Je sais que c'est dur pour lui. Il supporte surtout très mal le fait qu'on doive se cacher des autres. Il a de nouveau vrillé lundi.
— Suite à la soirée du réveillon ?
J'acquiesce d'un hochement de tête.
— Tu te souviens de Diego, le mec avec qui j'ai discuté un moment ?
— Oui, très bien. Canon en plus.
— Et très sympa avec ça. Je le vois à l'atelier de Bianca aussi.
— Ne m'en dis pas plus : il est à fond sur toi c'est ça ?
— Je n'irais peut-être pas jusque-là, mais... C'est un ami de Maxence, sauf qu'il n'a aucune idée de ce qui se passe entre lui et moi. Et il lui a envoyé le selfie fait ensemble à la soirée. Je te laisse imaginer la suite...
— Toi qui ne voulais pas d'une relation, tu t'es finalement lancée dans une aventure tumultueuse.
Ça, c'est clair...
— Oui.
— Tu l'aimes ?
— Je n'en suis pas certaine, mais je ressens quelque chose pour lui, c'est indéniable.
— Et lui ?
— Aucune idée. Sûrement un peu comme moi.
— Vous cachez bien votre jeu tous les deux ! Ça n'a pas dû être simple de suivre les cours du vendredi.
— Je ne te le fais pas dire.
Nous travaillons un petit moment pendant la matinée avant de nous arrêter le temps d'une pause repas. Je finis de ranger la vaisselle quand l'interphone sonne, c'est Maxence.
Je déverrouille l'entrée de l'immeuble et l'entends monter précipitamment les marches. J'ai à peine ouvert la porte qu'il me serre dans ses bras et m'embrasse fougueusement. Il a dû oublier que Mia est là aussi. Je mets fin à notre baiser en rougissant.
— Hello Maxence, le salue-t-elle gaiement en même temps qu'elle caresse Nyx, perché sur ses genoux.
— Bonjour, Mia, ravi de te connaître. Alors les filles ? Prêtes pour les partiels ?
— Absolument pas ! Je suis tellement stressée, tu n'as pas idée...
— Si si ma belle, je te rappelle que j'ai déjà expérimenté cette étape-là. Mais il n'y a pas de raison que ça se passe mal, vous êtes assidues toutes les deux.
— Merci, c'est sympa de nous soutenir. Par quoi commence-t-on ? demande mon amie.
— Des choses sur lesquelles vous êtes un peu moins à l'aise ?
— Je veux bien qu'on revoie les évolutions du forum romain, s'il te plaît.
— Ah oui tiens, bonne idée.
— OK, c'est parti les filles.
Nous nous installons autour de la table dans le salon et Maxence nous réexplique tout sur le sujet de A à Z. Nous buvons ses paroles. C'est très intéressant, et surtout je ne me lasse pas d'écouter sa voix profonde et envoûtante. Il prend les choses à cœur et nous fait cours comme si nous étions en TD. Nous revoyons également les grands ordres de construction et leurs composantes.
— Et voilà mes demoiselles, vous avez besoin d'autres informations ?
— Euh, je pense qu'on est pas mal là, s'exclame Mia tout sourire. Merci pour ton aide, c'est vraiment sympa. Tu envisages de devenir prof ? Parce que je trouve que tu es un très bon pédagogue. Et pourtant j'ai eu la chance d'avoir monsieur Colin en TD.
— Il est extra, c'est mon directeur de thèse. Il sait transmettre sa passion aux étudiants.
Le téléphone de Mia sonne. Avec Maxence, nous nous regardons silencieusement.
— Allô ? Ah ! Chaton [...] C'est quelle heure ? [...] Dix-huit heures déjà ? Je n'ai pas vu le temps passer, on travaillait avec Séléné. On se rejoint chez moi dans vingt minutes ? [...] À de suite, chéri, je t'aime !
Elle raccroche et nous salue avant de détaler de l'appartement à toute vitesse.
— Mia est très rigolote.
— C'est clair ! Je l'adore, c'est ma meilleure amie et... tu peux être certain qu'elle ne dira rien.
— Oh, je ne m'inquiète pas le moins du monde pour ça. C'est quoi le programme de ce soir ?
— Je ne sais pas, j'ai deux partiels demain, la journée va être chargée, mais je n'ai plus envie de travailler. J'ai l'impression que mon crâne va exploser tellement ça bouillonne d'informations là-haut.
Je m'affale sur le canapé et il m'y rejoint, enroulant son bras derrière mon dos pour m'attirer contre lui. Il lève mon visage vers le sien en passant un doigt sous mon menton et m'embrasse du bout des lèvres avec une grande douceur. Cette tendre étreinte réveille les papillons dans mon ventre. Je crois que je suis en train de tomber amoureuse...
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