Chapitre 41. Un moment de répit
Séléné
Tic tac, tic tac... Les partiels débutent dans deux jours, je suis au bout de ma vie. Nous n'avons pas chômé de toute la semaine avec Mia et Aurèle, et nous avons bossé sans relâche.
J'ai l'impression que mon crâne va exploser tellement les connaissances amassées tout ce semestre sont énormes. Aurèle est plutôt confiant quant à notre réussite et, d'un point de vue objectif, il est vrai que nous avons tout donné pour y arriver. Or, la montée croissante du stress m'empêche de relativiser autant que lui. Je ne peux pas me permettre d'échouer encore une fois.
Greg et Stan nous rejoignent le samedi en fin d'après-midi et nous suggèrent de sortir pour décompresser un peu. Eux aussi sont pris dans le tourment des révisions.
— Ça vous tente un resto suivi d'un bowling ? propose Stan.
— Allez ! accepte Aurèle.
— Emilie vient avec nous ?
— Sûrement, on avait prévu de se voir ce soir, et elle sera contente d'apprendre à vous connaître les filles.
— Toujours partante ! s'exclame Mia.
— Banco ! J'ai besoin de souffler, je confirme à mon tour.
En plus, Maxence n'est pas là ce week-end, il est allé rejoindre ses amis.
Nous nous sommes retrouvés plusieurs fois cette semaine, des rendez-vous secrets, bien entendu. Personne, hormis Mia, n'est au courant que nous sommes ensemble et il se fait discret lorsqu'il vient chez moi. Se fréquenter en catimini a un côté terriblement excitant.
Cela va bientôt faire un mois que ça dure entre nous. Néanmoins, sa jalousie latente reste source de conflits et j'ai peur que nous finissions l'un comme l'autre par nous lasser de cette situation.
Stan passe un coup de fil pour nous réserver une table dans un restaurant et c'est donc bien décidés à nous octroyer un moment de répit entre amis que nous partons à Bordeaux-Lac.
L'occasion de sortir mon bolide du parking. Je conduis peu maintenant que j'ai déménagé en ville, mais j'apprécie d'entendre le vrombissement du moteur quand je le démarre. Mia monte avec moi, tandis que les garçons font la route ensemble dans la voiture de Stan.
Aurèle
Installés autour d'une grande table ronde, nous trinquons à l'amitié et à la réussite de nos examens. Emilie est assise près de moi et je suis content qu'elle soit là et que le courant passe aussi bien entre elle et les filles.
Nous étions en licence de psychologie quand nous nous sommes connus. Emilie venait d'arriver sur Bordeaux pour ses études. Ça a tout de suite collé entre nous. Je l'ai trouvée mignonne, avenante, intelligente et très drôle.
Après des années à sauter des tas de gonzesses pour le fun et la compétition avec Stan, ma rencontre avec Emilie fut pour moi l'occasion d'envisager les relations différemment. Nous avons sympathisé et pour la première fois, j'ai eu envie d'arrêter mes conneries pour me poser avec une fille. Nous étions bien, dans une histoire cool et sans prise de tête. Tout se déroulait au mieux, j'en pinçais pour elle comme jamais pour une autre auparavant. Je crois bien que j'étais amoureux.
Et puis tout a basculé. Elle est devenue plus distante avec moi, nous avons commencé à nous engueuler, sans que je comprenne pourquoi. Nous n'étions pas fusionnels et je n'étais pas jaloux. Le pire, c'est que les crises entre nous étaient souvent de son initiative. Non pas que je n'avais pas ma part de responsabilités, si les choses déconnaient à ce point, c'est que j'avais dû merder à un moment donné. J'ai des défauts, mais j'ai pourtant toujours veillé à être honnête avec elle.
Jusqu'au jour où elle a fini par me quitter, sans la moindre explication. La douche froide. J'étais au trente-sixième dessous, le cœur meurtri. C'était la première fois que je me livrais à une nana et j'ai souffert un moment. Heureusement, Stan et Greg étaient présents pour moi. Ils m'ont ramassé à la petite cuillère et m'ont soutenu, comme seuls savent le faire les vrais amis. Après ça, j'ai très vite repris ma vie d'antan et mes coucheries sans lendemain pour l'oublier.
La recroiser dimanche dernier m'a fait quelque chose. Sur le coup, je me suis trouvé un peu couillon d'entamer le dialogue avec elle comme si de rien n'était. J'avais jusque-là coupé complètement les ponts et refusé de répondre à ses appels et ses messages.
Nous avons pourtant passé la soirée à discuter ensemble et elle m'a avoué qu'elle en pince toujours pour moi après tout ce temps et m'a enfin expliqué pourquoi elle m'avait quitté.
Avant qu'elle s'installe à Bordeaux et que nous nous fréquentions, elle était restée plusieurs années dans une histoire toxique avec un type dont elle avait été éperdument amoureuse. Et quand elle a réalisé qu'elle commençait à ressentir des sentiments forts pour moi, elle a eu peur de revivre la même chose et a préféré mettre un terme à tout ça.
Le problème ne venait donc pas de moi, mais de l'image biaisée des relations qu'elle s'était forgée. « Je t'aime donc je te quitte pour ne pas souffrir... »
Si ça, ce n'est pas une énième preuve que les nanas ne fonctionnent pas comme nous...
Et voilà que ce soir, nous sommes attablés, elle et moi, en compagnie de mes amis. Nous avons remis le couvert. Que va-t-il advenir ? Aucune idée. Et je ne vais surtout pas commencer à me triturer les méninges. Profitons ensemble, et nous verrons bien par la suite pour le reste.
Séléné
Assis face à moi, Aurèle et Emilie échangent des regards et des sourires, ainsi que des petits baisers discrets. Après toutes les intempéries traversées depuis des semaines, le voir avec une fille en sachant, a priori, qu'elle n'est pas une énième conquête de passage me fait bizarre. Mais d'un côté, je suis contente pour lui. Il avance de son côté, et moi du mien, nous avons retrouvé notre complicité. Je ne peux m'empêcher de penser égoïstement que désormais Maxence n'aura plus de raison d'être jaloux si Aurèle a une copine.
Après le restaurant, nous prenons la direction du bowling. Étant six à jouer, nous nous décidons pour deux parties, ça nous occupera un moment. Je brille par ma nullité et je me console comme je peux en déclarant que l'important n'est pas de gagner, mais bien de participer, ce qui me vaut les railleries de mes amis.
— Ne fais pas la tronche Sélé, un jour tu y arriveras toi aussi, se moque Stan après avoir réalisé un énième strike.
— C'est moche de m'enfoncer alors que je suis déjà à terre, je ronchonne.
Stan me tapote gentiment dans le dos, comme il a l'habitude de le faire avec Greg et Aurèle. Je note toutefois qu'il a la bonté de ne pas me décoller la plèvre en y allant trop fort avec sa grosse paluche.
Cet endroit est quand même sympa, en plus des pistes de bowling, s'y trouvent aussi des billards et jeux d'arcades, mais surtout un circuit de kart indoor qui titille ma curiosité depuis que nous sommes arrivés.
Autant, au bowling, je suis une quiche, qu'à ça je suis meilleure. J'en fais régulièrement avec mon père depuis mon plus jeune âge. Je n'ai plus posé mes fesses dans un kart depuis des semaines et l'excitation d'une course me gagne. Il y a beaucoup moins de monde. C'est le moment pour s'inscrire.
— Une petite course vous tente ? je propose en les rejoignant au bar.
— Perdre au bowling ce soir ne t'a pas suffi ? plaisante Stan.
— Ne me sous-estime pas trop, je me défends sur un circuit, je le raille, pleine de confiance.
— OK, je suis impatient de voir ça ! Qui d'autre ?
Je croise le regard d'Aurèle et nous nous sourions discrètement.
— J'en suis aussi, annonce-t-il.
Mia et Emilie déclarent forfait tandis que Greg hésite un moment avant de finalement se joindre à nous.
Quelques minutes plus tard, nous voilà installés dans les karts, casques vissés sur la tête.
C'est parti !
Les garçons tracent comme des flèches, tandis que je préfère prendre connaissance du parcours lors du premier tour. Je note mentalement les possibles difficultés et particularités du circuit : quelques virages pouvant s'avérer traîtres, un pont-passerelle et un tunnel.
À mesure que je roule, je me shoote à l'adrénaline. Je ne pilote pourtant pas une formule 1, mais étant assise le cul au ras des pâquerettes, la sensation de vitesse que me procure ce petit bolide est tout de même enivrante. Le premier tour terminé, j'ai achevé mon repérage, je peux maintenant passer aux choses sérieuses.
Hors de question que Stan gagne sur ce terrain. Greg et Aurèle roulent comme des touristes et prennent mal certains tournants, me permettant de leur griller la priorité au passage.
Grisée par la course, je me rapproche de mon adversaire principal. Il tente de m'empêcher de le dépasser, mais nous abordons un virage en épingle qu'il négocie maladroitement avec un freinage tardif et son kart part en glissade. J'en profite pour le doubler en poussant un cri de joie, même si je doute qu'il puisse m'entendre avec le bruit des moteurs.
Encore quelques tours supplémentaires et je termine la course en tête, trop heureuse d'avoir mouché mon grand couillon de pote.
— Ne fais pas la tronche Stan, un jour tu y arriveras, je le taquine en reprenant mot pour mot ses moqueries après le bowling.
Il bougonne en grimaçant, vexé d'avoir perdu, tandis que les autres le charrient gentiment. Une petite tape dans le dos en passant, et la boucle est bouclée.
— Tu as de la chance que je t'adore, Sélé ! s'exclame-t-il en me chahutant.
Je l'adore aussi et je lui souris en lui mettant une bourrade à l'épaule.
Nous quittons les lieux après minuit. D'un commun accord, nous avons décidé de rester raisonnables et de regagner nos pénates. Cette soirée a eu le mérite de tous nous détendre avant d'entrer dans le vif du sujet. La semaine d'examens va débuter fort avec deux partiels lundi puis un mercredi, un jeudi et un vendredi. Nous aurons tout le temps de faire la fête après ça.
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