Séléné

J'ai couché avec Maxence toute la nuit et il dort encore à poings fermés lorsque je me réveille au petit matin. Je le contemple quelques minutes avant de me glisser hors de son lit. Je rassemble mes affaires et pars me rhabiller dans le salon, puis je quitte son appartement sans faire de bruit.

Nyx s'impatiente alors que je suis en train de déverrouiller la porte d'entrée. Il vient se frotter dans mes jambes avant de me fuir comme la peste, sentant probablement sur moi l'odeur d'un autre mâle que lui. C'est qu'il est possessif ce gros matou. Je file sous la douche pour détendre mon corps et dissiper les courbatures, séquelles de l'intensité de nos ébats nocturnes. En sortant de la salle de bain, je découvre deux nouveaux messages sur mon portable.

[Maxence : pourquoi t'es-tu enfuie si vite ?]

[Séléné : je devais rentrer pour m'occuper de mon fauve. Mais j'ai apprécié chaque instant de cette folle nuit de sexe, beau brun.]

Le deuxième vient de Mia.

[Mia : alors t'as passé une bonne soirée Sélé ?]

[Séléné : c'était extra. Tu viens déjeuner chez moi ? Je te raconterai tout.]

[Mia : j'arrive !]

Un moment après, Mia débarque chez moi et je lui ouvre, morte de fatigue, mais avec le sourire aux lèvres.

— Madame a passé une excellente nuit, à ce que je vois.

— C'était tout bonnement d'enfer ! Il m'a épuisée.

Pendant que je m'affaire en cuisine, Mia s'installe au comptoir et mon chat se blottit contre elle en lui réclamant des câlins.

— Plus aucun doute, Nyxou t'a définitivement adoptée.

Je dépose deux tasses de café et de la brioche devant nous.

— Alors ? Tu étais avec ton amant secret hier soir ?

— Oui.

— C'est qui, en fait ?

J'hésite encore un bref instant à lui dévoiler l'identité de Maxence.

— Si ça venait à se savoir, ça pourrait avoir des conséquences désastreuses pour lui comme pour moi...

— Donc, c'est l'un de nos profs ?

— Tu me jures que tu garderas ça pour toi ?

— Mais bien sûr, Sélé ! Tu peux me faire confiance.

— C'est Maxence Conti.

Mia bascule vers l'arrière sur son tabouret et se rattrape de justesse au comptoir pour ne pas finir le cul par terre.

— Hein ? Attends ? Le super canon qui fait rêver toute la promo ? s'égosille-t-elle.

J'acquiesce d'un hochement de tête en me mordant les lèvres.

— Votre prof de TD à Aurèle et toi ?

À nouveau, un geste silencieux de ma part.

— Oh bah merde alors ! Je comprends mieux pourquoi cela doit rester un secret. Mais c'est arrivé comment ?

Je me lance dans une interminable tirade et lui relate tout dans les moindres détails depuis la bousculade dans le tram le jour de la rentrée.

Choquée par mes révélations, Mia est suspendue à mes lèvres. En voyant sa bouille, je ne peux me retenir d'imiter un poisson rouge et nous prenons un fou rire.

Je me sens nulle de ne pas lui avoir raconté tout ça plus tôt que j'en viens à verser quelques larmes. Elle m'aurait épaulée, conseillée, et son côté fleur bleue, amoureuse de l'amour, m'aurait sûrement évité de faire une belle connerie. Car cette nuit avec lui, aussi formidable fut-elle, est assurément une des pires conneries de ma vie.

Mia me serre dans ses bras pour me réconforter.

— Ne pleure pas, Sélé. Ce n'est pas de ta faute, il faut être deux pour se retrouver dans ce genre de situation, me console-t-elle. Pourquoi tu ne m'as rien dit durant tout ce temps ?

— Je ne sais pas. Je ne pensais pas que nous en arriverions là lui et moi. Je croyais pouvoir gérer et, au fond, j'avais peur que tu me juges, je lui confesse, honteuse.

— Bah, pourquoi ? Vous êtes adultes et consentants. Ça ne regarde personne d'autre que vous deux après tout. Et donc tu as passé la nuit avec lui ?

— Oui, chez lui. J'ai préféré qu'il ne vienne pas ici. Je crains qu'un étudiant le croise dans le quartier et le reconnaisse. Imagine la tête d'Aurèle s'il le voyait sortir d'ici ?

— Il risquerait de mal le vivre. Tu sais, depuis le temps que je vous observe, je ne crois pas me tromper en disant qu'il en pince un peu pour toi, bien qu'il ne cesse d'enchaîner les conquêtes.

J'ai l'impression de recevoir un coup de poing dans l'estomac. Se pourrait-il qu'elle ait raison ? Je passe autant de temps avec lui que Mia et je n'avais rien remarqué de différent jusqu'à présent.

Nous nous chamaillons comme des gosses et déconnons à longueur de journée. Certes, nous avons couché ensemble une fois, mais c'était il y a des semaines, et Aurèle m'a toujours assuré ne pas désirer s'enfermer dans une relation.

— Tu penses ? Je l'adore et je redoute que cela nous éloigne. Honnêtement, je ne sais pas où je vais avec Maxence, je préfère donc qu'Aurèle en apprenne le moins possible. Si tu dis vrai, j'ai peur qu'il souffre déjà par ma faute.

— Je te couvrirai en cas de besoin, mais ne t'inquiète pas, les choses vont s'arranger.

— Qu'est-ce que je deviendrais sans toi, Mimi ?