Chapitre 22. Oublier un moment d'égarement
Séléné
— Ça va ? me questionne mon père alors que nous nous attablons pour dîner le soir venu.
— Euh oui, pardon Papa, je suis un peu ailleurs ce soir.
C'est le moins que je puisse dire, en réalité je suis carrément à côté de mes pompes, complètement retournée par ce qui s'est passé avec Maxence.
— Est-ce que tes amis seraient disponibles pour nous aider à déménager ce week-end ? Nous allons avoir beaucoup de choses à transporter et des bras en plus seraient les bienvenus.
— Je leur demande de suite.
J'ouvre une conversation sur WhatsApp avec Mia et Aurèle pour leur écrire.
— Tu as l'air épuisée, s'inquiète ma mère.
— J'ai beaucoup travaillé à la bibliothèque cette semaine.
Oh la vilaine mytho.
Enfin non, il est vrai que j'ai bossé, du moins jusqu'à ce que Maxence m'y rejoigne.
— C'est bien ça, tu es très investie dans tes études. Nous sommes fiers de toi.
Tellement investie que j'en perds la carte.
— Merci.
Mon téléphone sonne. Mia est avec les garçons en ce moment même et me confirme qu'ils seront disponibles tous les six avec Raph et Seb.
— C'est parfait ! se réjouit Papa.
— Je voulais vous demander quelque chose.
— Oui ?
— C'est à propos de Nyx. Vous pensez que je peux le prendre avec moi ?
— C'est ton chat, c'est à toi de voir. Il est très casanier et passe ses journées dans ta chambre. Alors, pourquoi pas ? Après tout, il se plaira peut-être plus avec toi dans un appartement, que sans toi dans cette maison, argumente Dadou.
Je m'interroge depuis une semaine à ce sujet et la réponse de mon père me conforte dans ma décision.
— OK, il vient avec moi. Mais je ne l'amènerai que lorsque nous aurons terminé le déménagement pour lui épargner davantage de stress.
— Je suis sûre qu'il sera bien là-bas avec toi, ajoute Mam.
Nous finissons de dîner et après avoir aidé à débarrasser la table et ranger la cuisine, je monte dans ma chambre. Je n'arrête pas de penser à Maxence et à ce baiser... Je redoute tellement le cours de demain. Il m'a laissé son numéro, je devrais lui écrire pour m'excuser et lui dire que ça n'arrivera plus.
Oui, voilà. Cela n'était qu'un simple moment d'égarement.
— Bientôt un nouveau quotidien qui débute pour nous deux mon gros Nyxou, dis-je à l'attention de mon chat en me couchant.
Il miaule en bâillant et vient se lover sur mon ventre. J'aimerais bien que ma vie soit aussi tranquille que la sienne. Je compose un message à l'attention de Maxence... je me ravise, et puis...
Un peu de courage ! Fallait pas te jeter sur lui, gourgandine !
[Séléné : bonsoir Maxence. Je suis vraiment désolée pour ce qui est arrivé cet après-midi. J'étais ailleurs et j'ai perdu les pédales. Je le regrette. Ça ne se reproduira plus. Séléné.]
Ça résume plutôt bien la situation. J'allume la télévision et en zappant, je tombe sur Le Journal de Bridget Jones. J'adore ce film, parfait pour me changer les idées. Enfin jusqu'à ce que mon téléphone vibre.
[Maxence : ne sois pas désolée. Nous étions deux dans cette situation et je n'arrive pas à le regretter...]
Ça veut dire quoi ça ? J'ai embrassé mon prof et il a aimé ? Et ensuite, on fait quoi ?
Juste ciel ! Ce n'est pas vraiment la réponse que j'attendais.
[Séléné : et pourtant, nous n'avons pas d'autre choix. Je te rappelle que tu es mon prof.]
[Maxence : et toi, mon élève. J'étais inquiet de ne pas savoir si tu t'étais remise après ton malaise. J'ai même pensé à t'envoyer un mail sur la messagerie de l'université.]
[Séléné : comme tu as pu le constater, je vais bien. Dès le vendredi soir, j'étais en pleine forme pour l'anniversaire d'Aurèle.]
[Maxence : qu'est-ce qui se passe entre vous deux ?]
[Séléné : rien, pourquoi ?]
[Maxence : je vous ai vus en cours il y a deux semaines.]
Ah ! En même temps, il était juste à côté de nous...
[Séléné : j'espérais que ça ne soit pas le cas.]
[Maxence : c'est à lui que tu songeais cet après-midi quand je t'ai surprise ?]
Rien ne sert de lui mentir, après tout.
[Séléné : peut-être bien.]
[Maxence : et quand on s'est embrassés ?]
La tournure que prend notre échange est pour le moins... curieuse. Ce n'est pas ainsi que les choses vont s'arranger.
[Séléné : on ne peut pas continuer Maxence, c'est impossible. Il faut oublier, c'était une erreur. Une stupide erreur, qui ne doit pas se reproduire.]
Je repose mon téléphone sur la table de chevet et l'idée de ne pas assister à son cours pour raison médicale me traverse l'esprit. Néanmoins, fuir n'est pas nécessairement le bon plan non plus. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, demain c'est Laly qui fait sa présentation. Et même si c'est mal, j'ai très envie de voir cette garce se planter.
🌙
La nuit porte conseil et j'ai décidé d'oublier mon rapprochement scandaleux avec Maxence. Lorsque j'arrive à la fac, je fonce à la cafétéria. J'ai besoin d'un double espresso bien noir pour me réveiller. Il n'estompera pas mes cernes de panda, mais m'aidera à lutter contre le sommeil. Si je pouvais m'injecter la caféine en intraveineuse, je n'hésiterais pas une seconde.
J'achète également deux latte pour Aurèle et moi, puis je me rends en cours et m'installe à ma place, tranquillement. En parfaite détente. Je jubile de constater que Laly est aussi tendue que son string, les traits crispés et sa grosse bouche plus pincée que d'habitude.
Aurèle surgit dans la pièce et elle se pend à son cou pour l'embrasser.
Beurk, je vais vomir !
— Bébé, t'es enfin là ! Assieds-toi ici.
— Non, désolé, je vais à ma place habituelle.
— Mais tu ne peux pas me faire ça. Pas aujourd'hui !
— Calme-toi et concentre-toi sur ton exposé.
Je pouffe de rire tandis qu'il me rejoint. Mais quand Maxence fait son entrée dans la salle, je me fige quelques secondes, me souvenant de ce qui s'est passé entre nous hier, avant de reprendre très vite contenance, pour ne rien laisser paraître.
— Latte sans sucre, je déclare en lui donnant le gobelet fumant.
— Merci d'avoir pensé à moi !
Il m'embrasse sur la joue, Laly bouillonne de rage. Je la regarde en haussant les épaules, un petit sourire narquois aux lèvres.
— T'as pas intérêt à t'approcher de mon mec, je te préviens ! hurle-t-elle, hystérique.
— Qu'est-ce que tu es tendue aujourd'hui, c'est dingue.
Je m'amuse de la situation, c'est tellement facile de lui faire péter un câble ce matin.
— Laly, calme-toi, s'il te plaît. Séléné est mon amie.
— Mais je sais qu'elle veut coucher avec toi ! Ça se voit comme le nez au milieu de la figure !
J'éclate de rire, prête à lui infliger le coup de grâce.
— Qu'est-ce qui te dit que ce n'est pas déjà fait ?
Elle vire au rouge cramoisi et ses yeux se révulsent, mais aucun son ne parvient à sortir de sa bouche tellement elle est enragée.
— Bon les filles, ça suffit. Allez, calme-toi et va mettre en place ta présentation. On se voit après.
Elle s'approche pour l'embrasser. Aurèle l'esquive brillamment et elle part s'installer avec sa copine en pestant après moi.
— T'abuses, pourquoi tu lui as dit ça ? Elle va encore me faire une scène.
— Parce que c'est drôle et qu'elle ne mérite que ça, cette connasse. Franchement, tu n'aurais pas pu te trouver une autre nana ? T'as choisi la pire.
À voir sa grimace, je crois qu'il a bien saisi l'étendue de son erreur.
— C'est elle qui m'a choisi. J'ai essayé de t'expliquer samedi matin, mais tu ne m'as pas laissé le temps de...
— Quoi ? T'es sérieux ?
— C'est bien toi qui as prétendu qu'on ne s'engageait en rien, non ? Et puis, tu avais dit que tu ne viendrais pas ! s'énerve-t-il.
— Et alors, c'est ça ta putain d'excuse ? Si je ne suis pas là, tu te bourres la gueule et tu te tapes la première traînée qui passe ? On était censés fêter ton anniversaire. Mais au lieu de ça, tu as tellement picolé que tu as embrassé la moitié des nanas du bar et tu t'es envoyé la reine des salopes ! C'est finalement une bonne chose qu'on n'est pas couchés ensemble.
Le silence s'installe, nous boudons chacun de notre côté, comme des gosses. Je ne supporte pas de me fâcher avec lui une nouvelle fois à cause de l'autre dinde.
Maxence vient s'installer à sa place habituelle pour écouter l'exposé. Les minutes passent, je fais semblant de m'y intéresser, même si je me contrefous de ce que peut bien raconter Laly. Je finis par me tourner vers Aurèle pour enterrer la hache de guerre.
— Allez, sans rancune Minou, tu sais bien que je t'adore, je lui chuchote à l'oreille.
Son regard trouve le mien et nous nous sourions.
— J'aime bien ce petit nom. Au fait, quelle heure demain ?
— Onze heures. Mimi a l'adresse.
— C'est super que tu viennes habiter près de nous, on pourra se voir même les week-ends.
Je lui prends la main sous la table et la serre fort dans la mienne. Je formule le serment silencieux qu'aucune dispute, aucune coucherie, ni aucune relation amoureuse, ne nous éloignera l'un de l'autre désormais.
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