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3. Rien ne guérit, rien ne grandit

Sans dire un mot, Phoebe s'accrocha à l'échelle et commença à descendre. Au-dessus d'elle, Valérien suivait à quelques barreaux d'écart. Leurs pas lourds tintaient en écho dans le boyau. La puanteur s'intensifiait à mesure qu'ils s'éloignaient de la surface. Combien de créatures grouillaient dans ce bunker ? Combien d'obstacle entre Evy et ses sauveteurs ?

Arrivés au bas de l'échelle, Phoebe et Valérien observèrent en silence les environs. Un long couloir s'étendait devant eux et distribuait des pièces fermées par de grandes portes blindées de chaque côté. Le bunker semblait abandonné : s'il avait effectivement servi pendant la Catastrophe, ses habitants n'avaient pas dû y survivre bien longtemps.

Phoebe dégaina son arme et avança prudemment dans le couloir aux côtés de Valérien qui avait toujours son fusil dans les mains. De faibles bruits retentissaient en écho mais il était difficile d'en deviner la nature ou la source. Un ronronnement sourd et continu paraissait émaner d'une activité soutenue quelque part dans le bunker. Sur combien de mètres carrés s'étendaient ses galeries ? Ils n'auraient su le dire.

La première porte sur la gauche était verrouillée. Phoebe pointa son arme vers le mécanisme de fermeture mais Valérien l'interrompit en levant son fusil :

— Permettez...

La serrure explosa sous l'action de l'arme de Valérien dans un grand fracas. Phoebe acheva la porte d'un coup de pied qui l'ouvrit à la volée en arrachant ce qui restait de la serrure. La pièce qui se dévoila devant eux était éclairée par de vifs néons et ils poussèrent une commune exclamation de surprise : l'électricité était devenue rare dans leur monde. La plupart des centrales d'avant la Catastrophe avaient été détruites ou abandonnées. Certains regroupements d'être humains se débrouillaient avec des installations locales de fortune : groupes électrogènes, barrages artisanaux, batteries... Les autres s'en passaient tout simplement.

S'il était évident qu'un bunker comme celui-ci devait avoir été conçu pour permettre une autarcie et donc produire sa propre énergie, il était inattendu qu'il soit encore en fonctionnement vu son état de délabrement général.

Ils s'avancèrent dans la pièce en essayant d'habituer leurs yeux à cette soudaine clarté qu'ils n'avaient plus connue depuis si longtemps. Elle était assez grande bien qu'aussi basse de plafond que le couloir dont ils venaient. De grandes caisses étaient empilées les unes sur les autres un peu partout, séparées par de grandes allées laissées vides pour permettre de circuler entre elles. L'ensemble donnait une étrange impression d'hygiène qui tranchait franchement avec la décrépitude de ce qu'ils avaient vu du bunker... et avec le chaos général du monde extérieur. Cette pièce était comme un vestige du passé, comme une salle d'opération chirurgicale flambant neuve au beau milieu d'un champ de ruine. Cela n'avait aucun sens. Ni Valérien ni Phoebe n'arrivaient à mettre des mots sur ce qu'ils ressentaient en pénétrant dans cet endroit. Les bruits du bunker et l'odeur nauséabonde s'estompaient presque, comme si même l'air de cette pièce ne pouvait se mélanger à celui du couloir.

Phoebe marchait entre les caisses en essayant de faire taire la sensation de malaise qui lui picotait la nuque. Ce qui aurait ressemblé à un havre de paix pour tout être humain d'avant la Catastrophe était trop singulier pour être rassurant dans ce contexte.

Valérien s'approcha d'une caisse dont le haut semblait branlant et lui envoya un coup de crosse. L'une des planches céda. Il plongea une main à l'intérieur et en ressortit un petit sachet transparent.

— Nom de Dieu... Phoebe, regardez ça.

Il lui lança le sachet qu'elle attrapa au vol. En une seconde, elle comprit l'air abasourdi de Valérien.

— Des antirads ? Est-ce que toute la caisse en est... Est-ce que toutes *les* caisses... ?

Valérien fit sauter le couvercle d'une autre caisse et en sortit d'autres sachets identiques. Phoebe fit de même et trouva le même contenu. Ils examinèrent les sachets sous tous les angles, en extirpèrent des pilules, les soupesèrent et les observèrent avec attention. Il n'y avait pas de doute possible :

— Une réserve d'antirads... De quoi fournir une ville entière pendant des mois...

Ils n'en croyaient pas leurs yeux. De l'or en sachet. Le médicament dont la totalité de ce qui restait de l'humanité était devenue dépendante. La rareté ultime, étalée en quantités astronomiques dans la pièce la plus improbable possible. Phoebe ne put s'empêcher de glisser quelques sachets dans les poches de son manteau. Elle voulait croire que c'était l'instinct de survie, mais c'était surtout la dépendance qui guidait ses gestes.

— Il faut qu'on mette tout ça à l'abri, il faut qu'on en prenne autant que possible et...

— Phoebe ?

— Comment est-ce qu'on peut transporter tout ça ? On pourra tenir des mois avec ça et ensuite...

— Phoebe ?

— QUOI ? s'écria-t-elle d'une voix plus agressive qu'elle ne l'aurait voulue.

Valérien la dévisagea un instant. Elle avait le regard fou et le souffle court, des dizaines de sachets d'antirads serrés dans ses bras.

— Phoebe, nous sommes ici pour Evy. Pour sauver votre petite sœur, vous vous souvenez ?

La voix calme et rationnelle de Valérien lui fit l'effet du claque. Elle lâcha les sachets qui tombèrent lourdement sur le sol. Elle avait oublié Evy. Ces maudites pilules lui avaient sorti sa petite sœur de l'esprit. Elle se sentit écœurée par sa propre attitude. Était-elle devenue à ce point accro ?

— Vous avez raison, fit-elle piteusement. Je ne sais pas ce qui m'a pris...

— Ce sont des drogues, Phoebe. Elles nous protègent contre les radiations, mais il y a un prix à payer. Nous sommes dépendants. Vous avez déjà connu l'état de manque. Ici, vous avez ressenti l'effet inverse face à l'abondance. Ne vous en voulez pas... Quel autre choix avons-nous ? Quelle alternative y-a-t-il à prendre ces médicaments ? Se laisser irradier et devenir une de ces sales goules puantes ?

— Alors là, je vous trouve un peu dur.

Ce n'était pas Phoebe qui avait parlé. Elle et Valérien se retournèrent d'un même mouvement. Au fond de la salle se trouvait une porte ouverte qu'ils n'avaient pas remarqué. Un homme venait d'y entrer. Il était grand et mince, portait une blouse blanche et des lunettes rondes teintées. Ses courts cheveux noirs plaqués vers l'arrière de son crâne luisaient de cire. Aucun expression n'animait son visage. Par instinct de préservation, Phoebe pointa son arme vers lui.

— Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous faites ici ?

L'homme eut un petit rire dénué de joie qui provoqua un frisson chez Phoebe.

— C'est plutôt moi qui devrais poser cette question... Vous entrez chez moi sans y avoir été invités... Vous défoncez mes portes... Vous pillez mes réserves... Vous insultez mes enfants...

— Vos enfants ? l'interrompit Valérien.

— « Sales goules puantes », dit-il en détachant bien chaque mot. Ce sont vos paroles. Je les trouve blessantes. Mes enfants n'ont aucun problème d'hygiène et je peux vous garantir qu'ils sont tout ce qu'il y a de plus humains. Et pour l'odeur eh bien... je suppose qu'on ne peut pas vraiment les tenir responsables de ce qui émane de leur corps. Vous non plus ne sentiriez plus très bon si votre peau se décomposait sur votre chair.

Il avait prononcé cette dernière phrase avec le même petit rire. Il était, en tout état de cause, terrifiant. Sa voix était douce mais froide, sans vie. Sa simple présence dans la pièce donnait des hauts-le-cœur à Phoebe et Valérien. Il était beau, propre et net, mais d'une certaine manière il était plus répugnant que les goules.

— Oh, ne prenez pas ces airs, poursuivit-il. Bien sûr que ce ne sont pas mes *vrais* enfants. Mais c'est un petit peu ma famille, pas vrai les enfants ?

Il s'était retourné sur ces mots et quatre créatures similaires à celles qui avaient attaqué Phoebe et Evy dans les bois firent leur entrée. La lumière artificielle de la pièce les rendait encore plus repoussantes qu'à l'air libre. Leur odeur fétide envahit la pièce. Elles poussaient toujours leurs râles immondes mais restaient calmes, en retrait. « Le calme avant la tempête » pensa sombrement Phoebe. Sur un simple mot de l'homme en blouse blanche, elles déchaîneraient leur folie meurtrière, cela ne faisait aucun doute.

— Vous avez d'étranges façons de traiter votre « famille », fit remarquer Valérien. Vous les laissez subir les radiations et se transformer en... en *ça*... alors même que vous avez de quoi les soigner. En quantités démentielles, d'ailleurs...

L'homme prit un sourire moqueur. Il semblait s'amuser énormément de la situation, comme une personne consciente de sa supériorité et qui joue avec des insectes avant de les écraser.

— Les radiations ? C'est une idée cocasse. Je dois admettre que le nom est trompeur : antirad pour anti-radiation, n'est-ce pas ? Encore faudrait-il qu'il y ait des radiations contre lesquelles se protéger...

— Qu'est-ce que vous racontez ? dit Valérien d'un air agacé. La Terre est devenue une poubelle radioactive, tout le monde le sait. Nous ne pouvons pas survivre sans antirad.

— Parce que vous avez essayé ? se moqua l'homme doucement. Vous prétendez savoir ce qui arrive lorsque l'on ne prend pas mes petites pilules. Quelles preuves avez-vous ?

— Eux, dit Phoebe avec véhémence. Vos glorieux *enfants*. Voilà ce qui arrive quand on ne prend pas d'antirad.

— Perdu, dit l'homme en affichant toujours un sourire glacé. Voilà ce qui arrive quand on en *prend*.

En riant devant l'air estomaqué de Phoebe et Valérien, il sortit une poignée d'antirads de la poche de sa blouse et les jeta par terre. En un éclair, les quatre créatures se jetèrent férocement dessus, se griffant les unes les autres en essayant d'attraper les cachets. En moins de trois secondes, il n'y avait plus un antirad sur le sol. Valérien et Phoebe restèrent figés, frappés d'horreur. L'homme continuait de jubiler :

— C'est l'histoire d'une tribu d'une région désertique qui remercie chaque jour leur Dieu de ne pas faire tomber le déluge sur eux. Ils n'ont aucune assurance qu'il se mettrait à pleuvoir s'ils cessaient de prier, mais pourquoi prendre le risque ? Sauf bien sûr, si le revers de la médaille c'est...

— Se transformer en une bête immonde, murmura Valérien d'un air accablé.

— Je vous ai déjà dit de ne pas être insultant avec mes enfants, fit l'homme d'un air faussement grondeur. Mais vous avez saisi l'idée. Bien entendu, il faut des semaines, des mois de travail pour arriver à ce beau résultat. Et ne pas lésiner sur les doses...

Il indiqua les quatre créatures qui avaient repris leurs places derrière lui. Phoebe comptait silencieusement dans sa tête. Combien de temps s'était-il écoulé depuis la Catastrophe ? Depuis combien de temps avaient-elles, Evy et elle, commencé à prendre des antirads ? Combien en prenaient-elles par jour ? Comme s'il avait lu dans ses pensées, l'homme ajouta :

— Mais pour une raison étrange, il semble que le processus soit plus rapide si le sujet est jeune. La croissance aide, vous voyez...

— Evy, fit Phoebe dans un souffle. Qu'est-ce que vous avez fait d'elle ?

— Moi ? Rien du tout. C'est vous qui avez tout fait. Jour après jour, pilule après pilule... elle est déjà à un stade avancé, même si cela ne se voit pas encore. Je ne voulais que vérifier ce que je savais déjà. Mais en définitive, vous êtes la seule responsable.

— Espèce de salopard, s'écria Phoebe en essayant de faire taire l'horrible sentiment de culpabilité qui l'envahissait. Où est-elle ? OÙ EST-ELLE ?

— Au fond du couloir, porte de droite. Mais vous avez tort de vous énerver. Elle sera probablement plus à son aise ici, avec les siens.

Phoebe avait la main crispée sur son arme toujours braquée sur l'homme. Son doigt pressait doucement la détente, à la limite du coup de feu. Elle tremblait de tous ses membres. Ça ne pouvait pas être vrai, il mentait. S'était-elle empoisonnée chaque jour un peu plus ? En entraînant Evy dans sa spirale infernale ? Mais non. Les radiations étaient réelles. La Catastrophe, la Catastrophe... Elle s'en souvenait, elle y était. Et pourtant... comment avait-elle commencé à prendre ces antirads ? Les jours qui avaient suivi la Catastrophe étaient flous dans son esprit. Se pouvait-il... ? Valérien était tout aussi livide, et elle pouvait presque voir son esprit suivre le même cheminement que le sien. Était-ce le traumatisme de la Catastrophe qui rendait leurs souvenirs flous ou bien... ?

— Et d'ailleurs, reprit l'homme, vous aussi, vous seriez chez vous ici. Oh, bien sûr, la petite va évoluer plus vite que vous deux, mais vous y viendrez, soyez en certains. On ne décroche pas de mes petites pilules comme ça... Vous êtes les bienvenus parmi les vôtres. Je peux sans doute vous trouver un matelas dans un coin, ajouta-t-il en ricanant.

Cette fois, ce fut Valérien qui perdit son sang froid. Il leva son fusil vers l'homme en le fixant d'un regard noir. Les créatures commençaient à s'agiter en comprenant le danger qui guettait leur maître.

— Mon bonhomme, dit Valérien d'un air assuré, je suis flatté de ta proposition. Mais si tu veux m'allonger quelque part, il faudra que ce soit dans un cercueil, parce que je n'ai pas franchement l'intention de rejoindre ta sale troupe de cireurs de pompes en décomposition.

L'homme perdit son sourire et prit pour la première fois un air résolument menaçant. Si l'on avait pu distinguer ses yeux derrière ses lunettes teintés, on y aurait vu des éclairs.

— Cela peut s'arranger, dit-il d'un air glacé.

Et il attrapa une autre poignée d'antirads dans sa poche et la lança en direction de Valérien et Phoebe. Alors que les cachets rebondissaient sur eux, les créatures s'élancèrent dans leur direction, un air dément et affamé sur leurs visages.

— Phoebe, cria Valérien, courrez ! Allez chercher la petite, vite ! MAINTENANT, PHOEBE !

Sans réfléchir, Phoebe se jeta vers le couloir. Un coup de fusil retentit derrière elle. L'une des créatures était à terre. Elle n'eut pas le temps d'en voir plus. Elle ralluma sa lampe de poche et se rua vers le fond du couloir sombre qu'ils avaient à peine exploré un peu plus tôt.

Elle dépassa plusieurs portes fermées puis se retrouva face à un mur. Dernière porte à droite... Pourquoi l'homme lui aurait-il dit la vérité ? S'il avait menti sur le reste ? Et s'il n'avait pas...

Elle cessa de s'interroger. Derrière elle, des bruits de lutte continuaient à résonner. Est-ce que Valérien pourrait avoir le dessus sur ces sales bêtes ? Et sur l'homme démoniaque qui semblait leur servir de maître ? Elle ouvrit la porte d'un coup de pied en braquant sa lampe et son arme vers l'intérieur. La pièce était éclairée par des néons, tout comme la réserve à antirads. La même étrange impression de propreté s'en dégageait. Cette pièce était plus petite et bordée de plans de travail couverts de ce qui ressemblait à du matériel médical. Au centre trônait une sorte de table d'opération.

— Evy !

La petite était allongée sur la table, inconsciente mais entière. Elle ne portait aucune marque de maltraitance. Phoebe se précipita pour la prendre dans ses bras.

— Evy, réveille-toi !

La petite ouvrit doucement les yeux et les referma presque aussitôt. Elle n'était qu'endormie, probablement droguée. Phoebe poussa un soupire de soulagement et quitta la salle sans demander son reste, Evy dans ses bras.

Seuls le couloir et la longue échelle les séparaient de la surface. Les bruits s'étaient tus, le bunker était redevenu silencieux. Phoebe s'avança avec hâte. La petite se réveillait petit à petit dans ses bras, insensible aux battements de cœur frénétiques de sa grande sœur. Elle poussait de petit gémissements que Phoebe ne connaissait que trop bien : elle ressentait les effets du manque. Le ventre qui se tord de douleur... le sang qui bat aux tempes... la sensation d'avoir la tête qui éclate... et le désir fou et incontrôlable d'avaler un petit cachet.

Lorsqu'elle arriva au niveau de la salle où elle avait laissé Valérien, elle constata que la bataille s'était rapidement terminée. Dans l'entrebâillement de la porte gisait le corps sans vie de Valérien. Des plaies béantes luisaient sur son torse et son cou. Phoebe s'accorda quelques instants de tristesse en regardant la dépouille de celui qui l'avait sauvée et l'avait aidée à récupérer Evy. Le pauvre vieux aurait sans doute terminé tranquillement sa vie s'il n'avait pas croisé sa route. Mais les sentiments de culpabilité qui habitaient Phoebe ne pouvaient enfler plus. Il était trop tard pour réparer bien des choses.

Elle continua à avancer dans le couloir en jetant un œil dans la pièce où le combat avait eu lieu. Deux des quatre créatures gisaient mortes sur le sol. Il n'y avait aucune trace des autres. Evy se mit à gémir de plus belle et Phoebe continua à marcher. Mais elle s'arrêta très vite : l'homme en blouse blanche lui barrait le chemin. Il se tenait droit avec son éternelle expression narquoise sur le visage, juste devant l'échelle qui menait à la surface. Phoebe se sentit à nouveau submergée par la haine.

— Laissez-moi passer ! cria-t-elle en braquant l'arme sur lui pour la seconde fois.

— Ça ne changera rien, dit l'homme dans un rire glaçant. Le processus est en marche.

— C'est faux ! Nous ne prendrons plus jamais d'antirads, le processus s'arrête là !

L'air amusé de l'homme se faisait de plus en plus franc. Il ne faisait aucun doute qu'il prenait un plaisir sadique à torturer ses victimes.

— Une bien jolie histoire, mais vous n'en aurez jamais la force. Écoutez-la pleurer, la petite. Pouvez-vous le supporter ? N'avez-vous pas envie de lui donner juste une toute petite pil...

Il ne put finir sa phrase. Phoebe avait pressé la détente. La balle traversa l'un des verres teintés des lunettes de l'homme et alla se ficher dans le mur en béton derrière lui. Les lunettes brisées et la grande blouse blanche s'étalèrent par terre, mais il n'y avait aucun corps. L'homme s'était volatilisé, ne laissant que des habits vides derrière lui.

Phoebe resta interdite plusieurs secondes, le bras toujours en l'air, le canon de son arme fumant. Qu'était donc cet être qui pouvait disparaître ainsi ? Aucun autre bruit n'agita le bunker alors que résonnait encore le coup de feu. Il était réellement parti. Evy ouvrit les yeux et regarda Phoebe avec un regard implorant.

— Beebe... j'ai mal.

— Je sais, ma puce, je sais.

Phoebe enjamba les vêtements du mystérieux hommes et entreprit de gravir l'échelle, Evy accrochée à son cou. Le froid glacial de l'extérieur s'engouffrait avec force dans le conduit.

— Ça va aller, ça va aller... On sera bientôt dehors...

Mais la petite continuait de pousser des plaintes et des gémissements. À chaque barreau de l'échelle, Phoebe sentait la douleur d'Evy grossir, grossir... La surface semblait s'éloigner à chaque pas.

— Beebe...

La voix d'Evy était de plus en plus faible et de plus en plus suppliante. Phoebe tentait de garder son calme et de ne pas montrer sa panique à la petite. Seuls quelques mètres les séparaient de la sortie.

Et puis la petite se mit à pleurer pour de bon. Phoebe ne l'avait jamais entendue pleurer ainsi. Elle pleurait comme une adulte, comme si sa douleur était celle d'une personne âgée en fin de vie. Phoebe ne put en supporter d'avantage. Elle sortit de sa poche l'un des cachets antirads qu'elle avait volés dans la réserve en bas. Sa main tremblait lorsqu'elle introduisit la pilule dans la bouche de la petite Evy. Juste une, pensa-t-elle, la dernière... la dernière...

— Ne t'inquiète pas, lui dit-elle en commençant à pleurer elle aussi. Tout ira bien...

La petite commença à mieux respirer et cessa ses gémissements. Elle sembla presque se rendormir avec un air serein sur le visage. Phoebe reprit doucement son ascension, tremblante.

— Tout ira bien...

Un vent froid parsemé de flocons commença à lui caresser le visage. Au-dehors, la neige continuait de tomber.

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