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2. Le monde est si laid maintenant

Lorsqu'enfin elle trouva la force de se redresser, ses jambes ne répondaient plus, mais elle le remarqua à peine, hagarde. Quelle importance ? Elle avait perdu Evy, la seule personne qui comptait dans sa vie, la seule lueur de bonheur faiblarde qui éclairait son quotidien depuis la Catastrophe.

Elle entendit un faible râle à quelques mètres de là. C'était la créature agonisante sur laquelle elle avait tiré avant de s'effondrer. Son chagrin se mua en quelques secondes en une fureur noire, une haine aveugle. Elle rampa vers la créature qui reposait un peu plus loin, traînant ses jambes engourdies derrière elle.

— Espèce de saloperie ! cracha-t-elle en attrapant la goule par ses vêtements en lambeaux. Où est-ce qu'ils l'ont emmenée ? Où ? Réponds-moi !

La bête était mourante, la respiration sifflotante et les yeux à demi clos. Un plaie béante lui perforait le torse. Il était difficile de savoir si elle aurait été capable de s'exprimer de manière intelligible en d'autres circonstances, mais elle ne produisait alors que des gargouillis.

— RÉPONDS-MOI ! OÙ EST-ELLE ? QU'EST-CE QUE VOUS ALLEZ FAIRE D'ELLE ?

Phoebe se mit à la frapper au visage en continuant de s'égosiller. La goule était agitée de spasmes à chaque coup et poussait des grognements de plus en plus faibles. Phoebe était plongée dans une frénésie destructrice, ravageant le visage de la bête en y mettant toute sa rage, réduisant cette immondice à peine humaine à néant.

— Je crois qu'il ne vous répondra plus, dit une voix étrangère.

Un homme se tenait tout près d'elle. Il était âgé, enveloppé dans un grand manteau et tenait un fusil le long de sa jambe. Il avait de longs cheveux blancs et une courte barbe qui rehaussait son visage fatigué. Il regardait Phoebe s'acharner sur la bête avec une sorte de sourire désabusé, triste mais bienveillant.

Elle arrêta brusquement de frapper la bête au sol. Celle-ci cessa de bouger et resta silencieuse. Phoebe s'aperçut alors que la tête de la créature n'était plus qu'un amas informe de chairs, d'os et de sang. Elle repoussa ce cadavre et s'essuya les mains sur le sol, écœurée. Elle se rendit subitement compte de l'odeur qui s'en échappait et qui était insupportable.

— Attendez, dit l'homme, laissez-moi vous aider.

Il posa son fusil à terre et vint porter secours à Phoebe qui put ainsi se mettre assise. Sa fureur s'apaisait maintenant. Elle jeta un dernier œil dégoûté à sa victime qui gisait, la tête écrasée sur le sol. Elle ne se serait pas imaginée capable de faire cela à un autre être vivant... Mais pouvait-on qualifier ces créatures de vivantes ? Phoebe s'enfouit la tête dans les bras et se remit à sangloter...

— Ils l'ont prise, ils l'ont prise...

— Un problème à la fois, dit l'homme calmement en déposant un gros sac à dos sur le sol. Vous êtes trempée, vos orteils vont tomber si on ne fait rien. Mettez déjà ça...

Il avait sorti un pantalon de son sac à dos. Le vêtement était vieux et rapiécé et probablement beaucoup trop grand pour Phoebe. Elle dévisagea l'homme. Elle tremblait comme une feuille, paralysée par le froid. Mais s'il imaginait une seule seconde qu'elle allait retirer son pantalon devant lui...

— C'est un modèle masculin et il fait probablement trois tailles de trop pour vous, mais ce n'est pas vraiment le moment d'être difficile, n'est-ce pas ?

Puis, comme s'il avait lu dans ses pensées, il ajouta avec un petit rire :

— Si vous avez peur que je vous reluque, vous pouvez toujours vous changer derrière un arbre pendant que je prépare le feu. J'ai aussi une paire de bottes de rechange... En les bourrant de chaussettes, vous devriez pouvoir compenser la différence de taille. Oh, et je suggère qu'on s'éloigne un peu de cette bestiole puante.

Phoebe aurait voulu exprimer de la gratitude mais aucun mot de daigna sortir de sa gorge sèche, la douleur d'avoir perdu Evy encore brûlante. Elle adressa simplement un signe de tête à l'homme qui parut s'en satisfaire comme d'un « merci » et qui commença à rassembler les morceaux de bois les plus secs qu'il pouvait trouver.

Phoebe alla se changer un peu plus loin. Les bois étaient calmes maintenant, les goules avaient disparu. En enfilant des vêtements secs, elles prit conscience que l'homme lui avait probablement sauvé la vie. Et elle s'en voulut en pensant aux quelques affaires de rechange qu'Evy et elle possédaient... et qui étaient restées dans la bicoque qu'elles habitaient, à des kilomètres de là.

Sa ceinture serrée et ses bottes fourrées, elle se sentait presque à l'aise dans ces vêtements. Certes, il s'agissait de vieilles loques qui devaient la faire ressembler à un sac à patates, mais elles tenaient chaud et c'était tout ce qui importait dans cette situation... Elle rejoint son sauveteur qui avait déjà allumé un feu qui grandissait petit à petit. Elle s'approcha de la chaleur et ses frissons s'estompèrent.

— Vous n'avez pas peur que cela les attire ? murmura-t-elle dans un souffle en pointant du doigt la bête étendue morte à quelques mètres de là.

— Vous avez retrouvé votre voix, remarqua l'homme avec un sourire, c'est bien. Ne vous en faites pas, d'après mon expérience, la lumière a plutôt tendance à repousser ces sales bêtes qu'à les attirer...

— Votre expérience ?

— Cela fait plusieurs semaines que je les observe. Je ne sais pas vraiment ce qui les a rendues... comme ça. Les radiations, j'imagine. Mais ce sont des êtres répugnants, ça je peux vous le dire. J'ai vu ce qu'ils pouvaient faire à un être humain lorsqu'ils sont affamés... Pas joli à voir. Mais c'était bien la première fois que je les voyais faire dans l'enlèvement.

Phoebe leva la tête vers l'homme. Il avait donc eu le temps de voir ce qui s'était passé.

— Ils ont croisé ma route avec une petite fille sous les bras. Puis j'ai entendu un hurlement – le vôtre, je suppose – et je suis venu.

— Ils l'ont prise, dit Phoebe malgré la boule qui lui enserrait la gorge. Evy, ma petite sœur... Ils me l'ont prise.

— J'en suis désolé... J'aurais bien essayé de les arrêter, mais avec ce machin – il pointait son fusil du doigt – j'avais autant de chances de toucher votre petite sœur... Mais qu'est-ce qu'une jeune femme et une petite fille faisaient seules dans ces bois sinistres ?

— On sait très bien se débrouiller seules, marmonna Phoebe en lançant un regard de défi à l'homme. Enfin... d'habitude. Il s'est passé quelque chose ce soir. Notre fournisseur est mort et puis... et puis ces *choses* nous ont attaqué. Et maintenant... Evy, oh...

Le vieil homme farfouilla dans son manteau quelques instants et lança un petit flacon à Phoebe. Elle l'attrapa au vol : il contenait une dizaine de cachets antirads.

— C'est cadeau. Voilà pour le problème du fournisseur. Encore que ce ne soit qu'une solution temporaire, je ne peux pas assurer l'approvisionnement pour deux personnes éternellement.

— Merci, monsieur...

— Valérien. On ne m'a plus dit monsieur depuis...

Il n'acheva pas sa phrase. Phoebe savait qu'il faisait référence au temps d'avant la Catastrophe. Avant l'écroulement de la civilisation. Elle avala un antirad. La sensation de manque qui lui tiraillait l'estomac disparut immédiatement, ce qui, à ce stade, n'était probablement qu'un effet psychologique, le médicament n'agissant pas si rapidement.

— Moi c'est Phoebe.

— Enchanté, Phoebe. Maintenant, voyons votre second problème : comment récupérer votre petite sœur.

— Quoi ? s'écria-t-elle avec un regard interloqué. Parce que vous imaginez qu'elle est toujours *en vie* ?

— Vous êtes si surprise ? répondit-il en haussant un sourcil. Oh bien sûr, je ne parierai pas ma propre vie là-dessus, mais je pense qu'il est permis d'espérer. Lors des rares occasions où je les ai vus attaquer quelqu'un, je peux vous garantir qu'ils ne l'emportaient pas avec eux. La pauvre victime était dévorée sur place.

— Je pense que c'est ce qui est arrivé à mon fournisseur...

— Alors vous voyez de quoi je veux parler. Reste la question fondamentale : pourquoi ont-ils emporté votre petite sœur ? C'est un mystère pour moi. Mais ce dont je suis certain, c'est que s'ils avaient voulu la tuer, ils auraient pu le faire immédiatement. Et vous avec. Ils devaient avoir une raison de ne pas le faire. Même si j'ai le plus grand mal à imaginer ce genre de bête *raisonner*...

Le vieux Valérien semblait se parler à lui-même et oublier la présence de Phoebe, perdu dans sa réflexion, les yeux rivés sur les flammes qui dansaient en crépitant. Ils restèrent assis là un moment, et Phoebe cessa peu à peu de frissonner, son corps réchauffé par le feu et son esprit revigoré par le mince espoir de retrouver Evy vivante. Alors que le feu faiblissait, Valérien leva les yeux vers Phoebe.

— Vous êtes d'attaque ? Nous ne devrions pas tarder plus si nous voulons avoir une chance de suivre leurs traces avant que la neige ne les recouvre... Heureusement, ils étaient nombreux et courraient très vite. Il y a fort à parier qu'ils nous aient laissé un joli petit chemin balisé jusqu'à leur repaire. Dans l'hypothèse où ils s'abritent effectivement dans un repaire ou quelque chose d'équivalent...

— Et une fois là-bas ?

— Ne me regardez pas comme le messie, Phoebe, je n'ai aucun plan et aucune botte secrète. Une fois là-bas, eh bien il faudra aviser. Tout dépendra de l'endroit, de leur organisation... Je n'ai aucune idée de ce que l'on va trouver. Je ne peux que vous aider à...

— Pourquoi ? l'interrompit brusquement Phoebe.

— Pourquoi ?

— Pourquoi est-ce que vous m'aidez ? Vous me donnez des habits, vous gaspillez de précieux antirads pour moi... et voilà que vous êtes prêt à vous battre ? Qu'est-ce que vous attendez en échange.

Valérien la considéra un instant d'un air pensif.

— Cela va peut-être vous sembler difficile à croire, mais la réponse est toute simple : rien. Je n'attends rien en échange. Je vous ai aidée – je vous ai sauvée, si vous me passez cet accès d'orgueil – parce que je suis un vieux fou qui a encore la volonté désespérée de conserver un idéal de civilisation dans ce monde de chaos. L'entraide, la solidarité... Nous ne survivrons pas si nous nous comportons, comme le veut l'adage, comme des loups entre nous. Quant à vous aider à récupérer votre petite sœur et à éventuellement mettre une peignée à ces sales bestioles, eh bien... les raisons sont plus égoïstes, peut-être. Voilà des semaines que j'observe ces créatures : elles sont de plus en plus nombreuses. Comment ? Ça ne peut pas être le seul effet des radiations. Voilà ce que je voudrais découvrir, pour y mettre un terme. Je crains le jour où elles seront suffisamment nombreuses pour ne plus être effrayées par mes petits feux de camp et où je leur servirai de repas. Pour tout vous dire, je suis trop vieux pour souhaiter mourir d'autre chose que de mon âge. Convaincue ?

Elle tentait de déceler de la ruse ou du mensonge dans les paroles du vieil homme, mais avec toute la volonté du monde et toute la méfiance presque maladive qu'elle avait développée depuis la catastrophe, elle n'en trouva pas. Des êtres humains respectables subsistaient encore. Phoebe avait la prétention de penser en faire partie. De toute évidence, elle en avait trouvé un autre.

— Convaincue, fit-elle.

Et ils se mirent en marche. Valérien n'avait pas menti : les créatures auraient pu se déplacer en char d'assaut et laisser moins de traces dans la neige. Même sans avoir la moindre expérience en filature, il était aisé de les suivre. La nuit était silencieuse et plus froide que jamais. Même à travers les vêtements chauds de Valérien, Phoebe sentait passer des courants d'air glacé.

Les minutes s'écoulaient lentement, rythmées par les craquements de leurs pas dans la neige, illuminées par deux faisceaux de lampes torches fendant les ténèbres. Les deux compagnons de fortune se turent pendant le trajet. Le film des dernières heures se répétait en boucle dans l'esprit de Phoebe. Le fournisseur mort... les créatures... la fuite... Evy... La petite Evy, seule et sans défense aux mains de ces immondes bêtes. La gorge de Phoebe brûlait toujours d'une douleur noyée de rage.

Petit à petit, les traces se faisaient plus estompées. Chaque minute apportait ses nouveaux flocons, ses nouvelles cendres qui se mélangeaient au sol et effaçaient la cohue des créatures... Lorsque cela fit plus de vingt minutes qu'ils marchaient, Phoebe commença doucement à perdre espoir. Quand bien même les goules n'avaient pas tué Evy sur place, combien de temps était-il raisonnable d'espérer qu'elles ne lui aient fait aucun mal ?

Mais Valérien ralentit et fit signe à Phoebe de ne pas faire de bruit. Sa voix n'était qu'un murmure :

— Qu'est-ce que c'est que ça... ?

Bercée par la monotonie du trajet à travers les bois, Phoebe n'avait pas remarqué que la forêt avait perdu en densité. Elle n'avait pas non plus remarqué l'étrange forme dans le sol. Étrange car artificielle : un gros rectangle de six mètres sur quatre qui s'élevait légèrement de la terre. Une régularité géométrique qui détonait dans l'enchevêtrement chaotique des arbres et de leurs branches malingres.

Ils s'approchèrent silencieusement, d'un pas lent et prudent. Les traces des goules étaient presque entièrement effacées maintenant, mais l'on pouvait encore deviner leurs pas sur cette forme.

— On dirait un... un bunker, remarqua Phoebe. Un abri enterré.

— Oui... Je n'en ai jamais vu de mes propres yeux, mais cela ressemble aux images qu'on nous montrait au début de... de la Catastrophe. Se pourrait-il que nos créatures se soient réfugiées là-dedans ? Si c'est le cas, ce bunker n'aura servi à rien... Les personnes qui avaient pu s'y abriter n'auront été protégées des radiations que pour être décimées par une armée de goules. Regardez ça...

Les traces de pas des créatures s'arrêtaient au niveau d'un orifice qui perforait le milieu du grand rectangle au sol. Une trappe devait l'avoir obstrué un jour, mais elle avait visiblement été arrachée. Valérien pointa sa lampe torche vers le gouffre. Une longue échelle y plongeait à la verticale et disparaissait dans des ténèbres que le faisceau ne pouvait vaincre. L'odeur fétide que les créatures dégageaient semblait y régner. Il n'y avait pas de doute possible : elles étaient à l'intérieur.

Phoebe fut prise d'un sentiment de nausée. Imaginer sa petite sœur, sa petite Evy, perdue dans cet enfer au milieu de ces bêtes puantes... Valérien capta son regard et n'y vit qu'une détermination sans faille : Phoebe aurait été chercher Evy jusqu'au fin fond de l'enfer. Valérien acquiesa en silence. « Une fois là-bas, il faudra aviser » avait-il dit.

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