1. Un vaste monde blanc
La neige tombait doucement sur le chemin déjà recouvert. Deux silhouettes s'y avançaient, frêles et sombres dans l'épaisse nuit d'avril. Le faisceau de lumière d'une lampe torche vacillante les devançait, se balançant au gré de leurs pas qui faisaient craquer la neige. Il n'était que trois heures de l'après-midi en avril et pourtant le froid glacial et l'obscurité ambiante évoquaient le plus rude des hivers.
Il y avait de nombreux mois que le soleil ne dardait plus ses rayons sur la planète... des années, peut-être ? Depuis la Catastrophe, d'épais nuages avaient opacifié le ciel et déversaient régulièrement leur mélange de cendre et de neige toxiques. Nul ne savait combien de temps s'écoulerait avant que le ciel ne redevienne visible. Les quelques dizaines de milliers de survivants de la Catastrophe avaient appris à vivre avec cette incertitude. Avec la neige, la cendre, l'obscurité permanente... Et avec cette culpabilité pétrifiante, cette certitude d'avoir pratiquement réduit à néant le seul monde à avoir jamais accueilli l'espèce humaine.
Les autres formes de vie s'éteignaient lentement elles aussi. Les espèces qui n'avaient pas été exterminées lors de la Catastrophe tentaient de s'adapter comme elles le pouvaient, mais beaucoup mouraient à petit feu, privées de lumière et agressées par l'air empoisonné. Seuls certains animaux et végétaux avaient eu la chance de développer une résistance aux radiations, au hasard des mutations.
L'être humain était bien sûr une exception, rassemblant ça et là l'intelligence et la technologie qui pouvaient lui permettre de survivre... après avoir été presque annihilé par cette même technologie. Des cendres de l'ancien monde renaissait une société primitive et impitoyable. Des groupes de survivants s'organisaient localement et tentaient de restaurer un semblant de civilisation, mais à bien des endroits, c'était la loi de la jungle qui régnait.
C'est dans cet environnement hostile que deux silhouettes déambulaient, sur un petit chemin qui avait un jour été une route de village mais qui reliait désormais deux *no man's land*, en traversant une épaisse forêt recouverte de cette couche de neige qui ne fondait jamais. La plus grande des deux silhouettes était celle d'une femme qui ne pouvait avoir plus de trente ans mais dont les traits marqués lui en donnaient quinze de plus. Elle avançait d'un air assuré, les yeux rivés sur le chemin, une lampe de poche tendue dans la main droite.
De son autre main, elle serrait celle de la seconde silhouette, une petite fille d'environ huit ans. Elle était emmitouflée dans un manteau et une écharpe bien trop épais pour elle et coiffée d'un grand bonnet en laine, le regard triste et un peu perdu. Un regard qui n'avait vu que la détresse et la misère, trop jeune pour avoir gardé des souvenirs d'avant la Catastrophe.
Ce curieux tandem arrêta soudain sa marche silencieuse. Le faisceau de la lampe balaya le chemin et la forêt environnante de droite à gauche.
— Beebe ? murmura timidement la plus jeune.
— Attends une seconde, Evy, répondit l'autre à voix basse également, en continuant de scruter les environs.
Le faisceau de la lampe heurta une surface polie. La jeune femme se pencha en avant, et lâcha la main de la petite Evy pour épousseter l'objet en question. La neige tomba au sol et révéla une borne kilométrique.
— Sept-cent cinquante cinq... Nous sommes pourtant au bon endroit.
— Phoebe... j'ai peur.
La jeune femme se retourna et reprit la main de la petite dans la sienne. La petite prononçait rarement son nom exact : ce n'était pas un caprice. En tout état de cause, Phoebe avait peur elle aussi, même si elle préférait ne pas le montrer à la petite.
C'était la première fois qu'il leur faisait faux bond. Leur fournisseur était d'habitude un modèle de ponctualité, toujours au moment voulu à l'endroit voulu. Mais pas ce soir. Peut-être était-ce un simple retard sans importance, mais dans un monde chaotique, les pires hypothèses ne pouvaient être écartées d'un revers de la main.
Phoebe persistait à essayer de percer l'obscurité environnante, mais les bois et le chemin restaient désespérément vide. Le silence ambiant à peine troublé par le bruit d'un vent léger ne pouvaient que confirmer ce constat.
Elle réprima un frisson. Il ne lui restait plus aucun antirad. Elles avaient avalé leurs derniers cachets une bonne heure plus tôt. Mais ensuite... combien de temps pouvaient-elles espérer survivre avant que les effets du manque ne se fassent ressentir ? Phoebe avait un vague souvenir à moitié refoulé des victimes qui n'avaient pu s'en procurer suffisamment tôt après la Catastrophe. Les cheveux et les dents qui tombent. La peau qui se flétrit. Les vomissements, les douleurs, la folie. Et en fin de compte, la mort.
Le trafic d'antirads était devenu le point névralgique de la survie de l'espèce humaine. Nul ne savait réellement d'où venaient ces cachets et qui les mettait au point, mais une chose était sure : après la Catastrophe, ils étaient devenus aussi indispensables que l'eau ou l'oxygène. Des rumeurs disaient que certains nantis avaient réussi à s'en passer en se terrant dans d'immenses bunkers isolés de l'air contaminé. Phoebe se demandait parfois si leur situation était enviable. Aller et venir librement dans un environnement toxique ou être prisonnier dans une bulle saine ? Un enfer ouvert ou une prison dorée...
Le chaos n'avait en rien perturbé la règle fondamentale des sociétés humaines : celui qui contrôle la ressource a le pouvoir, et nul doute que les dealers d'antirads accumulaient de grands quantités des monnaies locales qui s'étaient développées après la Catastrophe. Seulement, un tel pouvoir et une telle richesse entraînaient inévitablement des convoitises et les règlements de comptes étaient légion. Si son fournisseur était mort, Phoebe n'avait plus qu'à se mettre à la recherche de son assassin... et probable successeur.
Elle se remit en route, entraînant Evy avec elle. Trouver un contact n'allait pas être simple. Rares étaient ceux qui partageaient leurs tuyaux : hors de question de fragiliser leur propre approvisionnement. D'après ce qu'elle savait, son fournisseur opérait depuis un bidonville quelques kilomètres plus loin sur le chemin où Evy et elle se trouvaient. Elles n'y avaient jamais mis les pieds. Les environs des planques de dealers étaient réputées pour être des hauts lieux de violences, et Phoebe ne souhaitait pas exposer Evy à plus de risques encore. Même si cela impliquait de devoir se déplacer régulièrement pour se fournir.
— Beebe, où est-ce qu'on va ?
La petite n'avait pas murmuré cette fois et sa voix, bien que faible, sembla déchirer le voile du silence qui pesait sur la forêt. Phoebe aurait pu jurer voir les arbres frémir.
— À la ville, dit Phoebe à voix basse.
— Il n'est pas là, le monsieur aux médicaments ?
— Non... mais ne t'inquiète pas, on va en trouver un autre. On sera bientôt arrivées et...
Phoebe se tut soudainement. Le faisceau de sa lampe de poche s'était posé sur une excroissance sur le chemin, à quelques mètres de là. Quelque chose qui n'était pas encore recouvert par la cendre et la neige et qui, de fait, ne devait pas être ici depuis bien longtemps.
— Reste là, dit-elle à Evy avant de lui lâcher la main.
Elle s'avança doucement vers la forme, d'un pas léger dont les craquements sur la neige étaient presque inaudibles. Elle eut un haut le cœur en discernant le rouge caractéristique d'une mare de sang mais n'en laissa rien paraître pour ne pas inquiéter la petite. Il s'agissait peut-être d'un simple animal mort. À moins que...
Non. C'était un corps humain qui gisait là. Phoebe braqua le faisceau de sa lampe sur le visage et ne put, cette fois, réprimer un cri d'horreur. La peau était arrachée, lacérée comme si une bête enragée avait mordu et dévoré une partie du visage. Le reste du corps était dans un état tout aussi piteux, écorché, déchiqueté, à peine identifiable comme un corps humain. Phoebe pouvait tout juste reconnaître son fournisseur d'antirads derrière ce visage à demi-détruit et frappé d'une expression d'horreur figée.
— Beebe ! s'exclama la petite alertée par son cri. Qu'est-ce que c'est ?
— Reste en arrière, Evy ! C'est juste un animal mort mais ne t'approche pas s'il te plaît.
Phoebe, luttant de toutes ses forces contre la nausée, posa une main sur le torse ensanglanté du pauvre homme. Le corps était encore tiède, la mort était récente. « Il faut qu'on parte d'ici très vite » pensa-t-elle.
Elle discerna une arme de poing à la ceinture de l'homme, rangée dans un étui ouvert. Il n'avait de toute évidence pas eu le temps de la dégainer pour se défendre... Elle retira délicatement l'arme de l'étui et l'examina : elle était lourde, chargée, prête à servir. Phoebe la rangea dans la poche intérieure de son manteau et parcourut des yeux la forêt alentour en la balayant de sa lampe torche. Le faisceau hachuré par les arbres dessinait une myriade d'ombres de créatures démoniaques. Impossible de distinguer si l'une d'elles était plus qu'une silhouette d'arbre un peu tordu...
— Allez viens, dit Phoebe en prenant soin de contourner le corps de l'homme. Inutile de nous attarder par ici...
La petite Evy ne se fit pas prier et courut se pendre à nouveau à la main de Phoebe. Elles se remirent en marche à une allure beaucoup plus soutenue. Phoebe aurait couru si elle avait été seule. Elle tressaillait à chaque craquement de neige, chaque bruissement dans les arbres... Elle ignorait quel genre d'animal sauvage rôdait dans ces bois, elle n'en avait jamais croisé et savait que certaines espèces avaient muté de façon étrange. Mais peut-être était-ce un prédateur parfaitement naturel. Un ours, un loup...
Plus elle s'avançait sur le chemin, plus elle imaginait mille bruits troubler le silence de la forêt, plus les arbres traversés par la lumière semblaient se mouvoir dans un ballet sordide. Son malaise finit par l'emporter et, n'y tenant plus, elle prit Evy dans ses bras et se mit à courir en faisant de son mieux pour maintenir le faisceau de sa lampe droit sur le chemin.
Les craquements s'intensifiaient et il lui semblait de plus en plus improbable qu'ils ne fussent que le produit de son imagination. Evy la serrait très fort, elle aussi terrorisée, quand Phoebe s'arrêta net. Une silhouette qui ne pouvait être celle d'un arbre lui barrait le chemin. Une silhouette humaine, immobile. À cette distance, et malgré la lumière de sa lampe, Phoebe ne pouvait voir son visage.
— Qui va là ? dit-elle d'une voix forte en essayant de paraître assurée.
L'homme ne répondit pas et ne bougea pas d'un centimètre. Phoebe passa doucement la lampe torche dans son autre main. Il était plus difficile de la maintenir droite car Phoebe pesait sur son bras gauche, mais elle était maintenant prête à saisir l'arme qui dormait sagement dans sa poche intérieure. Elle s'adressa une nouvelle fois à l'homme :
— Est-ce que vous parlez ma langue ?
Toujours aucune réponse. Mais cette fois, l'homme fit quelques pas en leur direction. Phoebe serra un peu plus fort Evy contre elle.
— N'approchez pas ! Pour la dernière fois, identifiez-vous !
Mais l'homme était sourd aux appels de Phoebe. Elle s'aperçut alors que, derrière lui, d'autres personnes s'avançaient également. Deux, trois... Elle ne pouvait en distinguer plus à cette distance, mais leur attitude n'avait rien d'amical. Elle sortit l'arme et la pointa vers l'homme.
— Je vous ai dit de ne pas approcher ! Arrêtez-vous immédiatement ou je tire !
— Beebe !
Le cœur de Phoebe fit un bond dans sa poitrine : Evy avait la tête posée sur son épaule et avait vu quelque chose derrière elle. Phoebe se retourna vivement pour tomber nez à nez avec une créature qui se tenait là, à moins d'un mètre. Dans l'obscurité ambiante, Evy n'avait pu la remarquer plus tôt. La créature était hideuse. Elle avait sans doute été un être humain auparavant, mais le premier mot qui serait venu à l'esprit de Phoebe pour la décrire était « goule ». Elle était décharnée, avait le teint cireux, les yeux exorbités et injectés de sang, un crâne chauve et une bouche grande ouverte et à moitié édentée.
Phoebe poussa un hurlement et, dans un réflexe désespéré, leva son arme et appuya sur la gâchette. Une balle se logea dans le front de la créature qui s'écroula, tuée sur le coup. Le bruit de l'arme fit l'effet d'un coup de tonnerre qui résonna longuement et dont l'écho rebondit sur chaque arbre de la forêt.
Le temps resta suspendu quelques instants alors que le bruit s'évanouissait. Phoebe aperçut, horrifiée, d'autres créatures similaires approcher derrière celle qu'elle venait d'abattre. Dans son dos, l'autre groupe qu'elle avait remarqué en premier lieu continuait également sa marche, plus rapidement cette fois. Evy et elle étaient encerclées. Phoebe reprit son sang froid et leva à nouveau son arme.
— N'APPROCHEZ PAS ! hurla-t-elle. Votre petit pote a vu ce qui arrivait quand on m'approchait ! Si vous ne voulez pas le rejoindre, vous restez loin de nous !
Elle ignorait combien de créatures l'entouraient exactement et essayait de se souvenir le nombre de balles restantes dans le chargeur. Une douleur lui tordait le ventre alors qu'elle envisageait la possibilité qu'il y ait une véritable armée dissimulée dans l'ombre. Les goules avançaient toujours et commençaient à grogner. Rien d'intelligible ne sortait des immondes orifices qui leur servaient de bouches, seulement des râles glaçants d'inhumanité.
Phoebe appuya de nouveau sur la gâchette. Une autre silhouette s'écroula en soulevant un petit nuage de poussière. Les autres ne se découragèrent pas et accélérèrent même l'allure. Phoebe savait qu'elle ne pouvait espérer les mettre toutes hors d'état de nuire suffisamment rapidement. Les goules étaient presque à portée de main... Son cerveau tournait aussi vite que possible : elle devait prendre une décision ou mourir. Elle regarda furtivement tout autour d'elle. Le chemin était bouché des deux côtés...
La forêt ! Sans y réfléchir à deux fois, elle plongea dans le talus qui longeait le bord du chemin. Evy poussa un cri apeuré mais elles se retrouvèrent vite sur la terre ferme : le talus était beaucoup moins profond qu'il n'y paraissait. Phoebe reprit son équilibre avec difficulté, Evy toujours pendue à son cou, et se mit à courir à travers les bois. Elle entendit rugir les créatures derrière elle mais ne prit pas la peine de se retourner. La forêt était dense et il lui fallait rester concentrée pour se faufiler entre les arbres.
Les branches lui éraflaient le visage et elle s'efforçait de protéger Evy. Où aller ? Quel refuge espérer trouver dans ce bois mourant ? Les arbres offraient une protection bien mince face aux créatures, et Phoebe n'avait quitté un péril que pour se jeter dans un autre. Son seul espoir était que leurs poursuivants s'épuisent avant elle... s'il était toutefois possible de les épuiser. Evy pleurait silencieusement sur l'épaule ballottante de Phoebe. Elle aussi devinait que même si par miracle elles échappaient à leurs agresseurs, il leur serait presque impossible de retrouver leur chemin à travers la dense forêt...
Phoebe jeta aussi rapidement que possible un œil en arrière. Elle ne put distinguer que deux ou trois goules à quelques mètres seulement. Les autres avaient-elles abandonné la poursuite ? S'étaient-elles laissées distancer ou suivaient-elles encore un peu plus en arrière ? Elle tourna à nouveau la tête et tira une balle en direction de la goule la plus proche. Une branche d'arbre éclata : elle avait manqué sa cible.
Elle poussa un juron : elle ne pouvait pas se permettre de gaspiller des munitions. La fatigue commençait à la gagner. Ses muscles lui faisaient l'effet d'être en feu et seule l'adrénaline lui donnait l'énergie pour continuer. Et soudain, le sol se déroba sous ses pieds. Un froid glacial lui ligota fermement les jambes et la fit tomber à genoux. Evy lui échappa des bras, tout comme sa lampe torche, et roula sur le sol un peu plus loin, sa chute amortie par la neige.
Phoebe avait, sans le voir, plongé ses deux jambes dans un ruisseau à demi-gelé. Il ne faisait pas plus de 50 centimètres de large et elle aurait pu facilement l'enjamber si seulement elle l'avait vu. La couche de glace avait cédé sous son pas lourd et paniqué. L'eau glacée lui transperçait les jambes et les pieds et la tétanisait sur place. Elle vociféra en tentant en vain d'ordonner à ses muscles sous le choc de bouger. Se relever, faire un pas, ramper même... N'importe quoi pour sortir vite de ce bourbier qui la paralysait.
Evy s'était relevée. Grâce à l'élan de Phoebe, elle n'avait pas été mouillée et était saine et sauve. Elle courut et tandis les bras pour aider Phoebe à sortir du ruisseau. Mais Phoebe entendait, derrière elle, les goules qui rattrapaient l'avance qu'elle avait difficilement réussi à prendre.
— Evy, sauve-toi ! cria-t-elle. Cours !
Mais la petite ne bougeait pas et essayait désespérément d'attraper Phoebe, à tel point que celle-ci avait peur de la voir basculer dans le ruisseau à son tour.
— Prends la lampe et sauve-toi !
Evy avait une expression d'horreur sur le visage et Phoebe sut que les créatures étaient juste derrière. Elle se jeta en avant en se retournant d'un mouvement vif et, le dos plaqué sur le bord du ruisseau, elle fit feu à plusieurs reprises en direction des ombres qui se jetaient sur elle. Plusieurs silhouettes s'écroulèrent dans un répugnant concert de râles et de bruits de chair. Les coups de feu illuminaient la forêt comme des éclairs, découpant les formes bancroches des arbres morts dans un vacarme assourdissant. Phoebe ne vit qu'une ombre passer au-dessus d'elle, suivie d'un cri déchirant de petite fille.
— EVY ! s'écria-t-elle.
Ils l'avaient prise. Phoebe se releva et, poussée en avant par les gémissements d'Evy, parvint à s'extirper du ruisseau. Les goules qui n'avaient pas péri sous ses balles s'éloignaient maintenant. L'une d'entre elles tenait fermement la petite Evy dans ses bras décharnés.
Phoebe ferma son esprit à la douleur qui tiraillait ses jambes dégoulinantes d'eau glacée et se rua à leur poursuite. Les goules filaient à une vitesse dont Phoebe ne les aurait pas cru capables au premier abord. Elle courait aussi vite que ses membres transis le permettaient, mais c'était sans espoir. Ses articulations faiblissaient à chaque enjambée et ses poumons en feu peinaient à acheminer assez d'oxygène vers ses muscles pour lui permettre de tenir la distance. Dans un dernier sursaut d'énergie, elle leva son arme. Elle ne put se résoudre à viser le ravisseur d'Evy par peur de l'atteindre elle et abattit à la place la créature la plus proche. Puis elle s'écroula sur le sol et roula sur quelques mètres, dans un grand nuage de neige et de cendre.
Au loin, les bruits de course des créatures s'atténuèrent. Evy était perdue. Phoebe poussa un long hurlement de douleur. Elle resta ainsi, étendue dans la neige pendant plusieurs minutes. Des larmes coulaient et se solidifiaient sur ses joues, elle sentait sa peau la brûler. Tout était fini, ils avaient pris Evy. Ils avaient pris Evy... La réalité était une écharde qui lui transperçait le cœur. Plus froide que la neige sur laquelle elle reposait. Plus froide que l'eau qui imbibait son pantalon et ses chaussures.
Ils avaient pris Evy.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro