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PART 7 : Mais ce n'était pas la vérité

Ils traversèrent la sultanerie de Bronswick, dormant dans des champs de sepainiers - décidément les champs !

– Parle moi de chez toi, murmura soudain Eles, un soir alors qu'ils observaient le ciel.

– Hein ?

– Parle moi de comment c'était dans ta montagne, avant que j'arrive.

– Pourquoi ?

- Parce que j'ai envie de savoir. J'ai envie d'apprendre comment c'était dans ton enfance. Comment tu es devenu ce que tu es devenu.

Senséké se passa une main sur le visage. Il soupira.

– Je ne crois pas pouvoir dire que j'ai eu une "enfance". Chez les Sombranes, on est tous les mêmes. On nait, on nous apprend à haïr les humains, à les tuer, à se battre, à être les plus rapides, les plus forts, les plus impossibles et les plus dangereux. Puis on passe une sorte de test que personne ne rate pour s'assurer qu'on a bien tout intégré. On passe notre temps à chasser, après. On a faim. C'est chacun pour soi. Sauf qu'on a pas le droit de quitter la montagne. Les humains sont rares. Des fois, on voit des Sombranes qui meurent de faim. Mais tout le monde s'en fout. C'est chacun pour soi, sinon nous aussi on finit comme ça. On est tous les mêmes. On a même pas conscience qu'on existe.

– Et maintenant... tu sais que tu existes ?

– Oui. Heureusement. Tu veux que je te dise ? Je crois que l'une des raisons pour lesquelles je t'ai suivi, c'est parce que tu m'as demandé mon nom. Ça te paraîtra peut être fou, mais personne ne m'avait jamais demandé mon nom. Je savais que je m'appelais Senséké par instinct, comme je savais que j'étais un Sombrane, mais je l'avais plus ou moins oublié. On oublie les choses dont on ne se sert pas.

– C'est triste.

– De quoi ?

– Avoir un nom, c'est être quelqu'un. Un individu à part entière. Quelqu'un qui vit. Quelqu'un qui a des sentiments et un honneur. Quelqu'un qui doit être respecté en tant que personne unique. Si tu n'as pas de nom, tu n'es... qu'un exemplaire.

Senséké ne dit rien. Quelque part au dessus d'eux, le ciel gronda et les nuages s'éclairèrent brièvement.

– Il va pleuvoir.

– Oui. On devrait peut être trouver un abri, non ?

– Oui. Senséké ?

Eles se mordit la lèvre, hésitant. Son coeur battait vite à ses oreilles. Quelques gouttes se mirent à tomber.

– Non rien, laisse tomber. Viens on va s'abriter.

Cette conversation se perdit dans le silence des montagnes qui les entouraient, mais resta intacte à leurs esprits. Ils goûtèrent aux Sept Plats de l'Archipel et la nuit suivante, ils se trouvaient sur la Coalition de Hustan - quatre états indépendants qui, après une longue guerre les uns contre les autres, avaient décidé de créer un grand territoire uni et sur.

Senséké était déjà couché lorsque Eles arriva - il avait dit préférer économiser l'argent qu'il leur restait pour trouver une auberge une fois retournés sur le continent.

– J'aime bien cet endroit. C'est le plus sur que tu puisses trouver de tout Asha !

– A bon ? Je croyais qu'il y avait des mercenaires assoiffés de sang à tous les coins de rues, rétorqua le Sombrane avec une pointe d'ironie.

Eles nota qu'il souriait. Il semblait bien plus à l'aise qu'en public, plus détendu, plus lui. Il l'aimait bien comme ça. Un peu plus que bien, d'ailleurs...

– En fait, tu n'as pas tout à fait tord.

Le Sombrane haussa les sourcils.

– Il y a un ordre ici appelé les Chevaliers sans Lune, ce qui signifie qu'ils n'ont pas de code d'honneur comme les autres, car la lune est le symbole du guide.

– Super. Bon bah je prends le premier tour de garde, grogna son compagnon, dépité, en se levant.

Le Lux le rattrapa avant qu'il ne se soit totalement levé, et le tira en arrière en riant pour qu'il se rassoit. Senséké rougit horriblement, en se dégageant de l'étreinte de son compagnon, qui rit encore plus. Il se ré-enroula dans sa couverture, sans pour autant s'éloigner et reprit, désireux de changer de sujet :

– Et alors, s'ils n'ont pas de code d'honneur, tes Chevaliers, ils ne vont pas nous massacrer ?

– Non. D'abord parce que leur ordre est hyper sélectif moralement, ensuite parce qu'ils suivent avant tout des objectifs personnels, donc je ne vois pas trop ce qu'ils auraient à faire de nous, et enfin parce qu'ils connaissent, vénèrent et savent reconnaître les Lux.

Eles lança un clin d'œil au Sombrane et retira sa chemise. Des reflets dorés parcouraient tout son corps, en plus bien sur de ses oreilles pointues et de sa beauté et de sa grâce naturelle de Lux. Oui, ils n'auraient aucun doute. Senséké fit un effort considérable pour détourner le regard, les joues à nouveau écarlate. Cette réaction, qui n'échappe pas à Eles, ne manqua pas de l'amuser. Senséké frissonna.

– Tu as froid ?

Il sursauta presque.

– Non.

Ce n'était pas ce type de frisson là. Avant qu'il n'ait pu réagir, son compagnon referma les bras autour de sa taille et l'attira contre lui.

– Argh, arrête !

Eles ne bougea plus. Senséké pouvait sentir son souffle dans sa nuque. Un étrange instinct l'empêcha de se dégager, comme lorsqu'il était encore sous sa forme de Sombrane originelle et que le Lux était monté sur son dos. Son coeur tambourinait à ses oreilles. Et puis, ce n'était pas vraiment désagréable non plus...

C'est alors que Senséké se rendit compte qu'il avait toujours été seul. Ce fut une révélation violente. Pourquoi ne s'en était-il pas aperçu plus tôt ? Personne ne lui avait jamais demandé son nom. Personne ne s'était jamais soucié de savoir s'il allait bien ou non. Personne ne l'avait nourri de ses propres souvenirs lorsqu'il était épuisé. Personne n'avait pris la peine de le rassurer lorsqu'il avait douté. Personne ne l'avait pris dans ses bras quand il avait eu froid. Personne ne l'avait étreint, regardé, ne lui avait parlé de cette manière. Personne n'avait jamais eu la moindre once d'intérêt pour lui.

Il se sentit... étrange. A la fois perdu et rassuré, chanceux et incertain. Tout cela allait à l'encontre de ce qu'on lui avait appris. Et pourtant il ne parvenait pas à se convaincre que c'était mal. Tout son monde était boulversé mais... Mais il y avait Eles. Eles était agréable, gentil, et attentionné. Pour la première fois, Senséké osa consciemment remettre en question toute son éducation; osa penser que les Sombranes avaient tort; osa tout renverser et dire "Je suis mieux ici, mille fois mieux, cent-mille fois mieux".

Il ferma les yeux. Ses mains recouvrirent celles d'Eles, leurs doigts se mêlèrent. Il rejeta la tête en arrière pour la poser sur celles de son compagnon. Le Lux avait peut-être raison. Il faisait chaud.

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Lorsqu'Eles se réveilla, il ne s'attendait pas à trouver une demi douzaine de Chevaliers sans Lune postés en arc de cercle autour de lui de et de Senséké. Il secoua l'épaule de celui. L'un de leurs gardien se retourna. Aussitôt qu'il vit le Lux réveillé, il posa un genoux à terre et s'inclina. Ses compagnons firent de même.

– Humble créature du levant, accepte notre salut.

– Vous pouvez vous relever, vous savez.

Les Chevaliers sans Lune comptaient quatre femmes et deux hommes. Ils étaient tous vêtus de noir, de blanc et de bleu nuit. Les femmes portaient des arabesques rouges sur leur armure et des traits de la même teinte sur le visage, faites avec le sang de leurs règles. Elles étaient hiérarchiquement supérieur aux hommes de leur ordre.

– Nous sommes réellement honorés de la présence d'un Lux. Pour la plupart d'entre nous, c'est la première fois que nous en voyons un.

– Eh bien, voyez, je ne suis pas si différent de vous !

– Comment faites-vous pour voler une pensée ? Je vous en prie, vous pouvez utiliser une des miennes.

Eles, amusé, s'exécuta devant leurs yeux ébahis. Senséké commença à ranger leurs affaires, agacé qu'il soit traité de manière si honorifique et pourtant si objetisée.

– Puis-je prendre une autre pensée pour mon compagnon de voyage, ici présent ?

– Bien sur, allez-y ! Votre ami mange aussi des pensées ? Ce n'est pas un Lux pourtant...

Senséké se trouva très mal à l'aise que tout le monde s'intéresse brusquement à lui. Eles lui tendit une pensée, qu'il avala sans cérémonie.

– C'est un Sombrane, expliqua le Lux radieux. Ce sont des créatures qui vivent dans le nord du continent, dans les Grandes Blanches Montagnes, pas très loin de Lansward. Ils n'ont pas cette apparence de base, mais plutôt celle-ci.

Il sortit un carnet dans lequel il avait croqué un Sombrane type pour le montrer aux Chevaliers stupéfaits.

– Une seconde, tu m'as dessiné ?! se récria Senséké, à demi mortifié.

Eles lui adressa un clin d'œil et un sourire moqueur tandis qu'il ajoutait :

– Ils ne sont pas tous aussi gentils et mignons que celui-ci.

– Pardon ?!

Le Lux éclata de rire devant son teint écarlate. Il posa une main sur son épaule et toute velléité quitta le Sombrane impuissant. Atée, ce voyage l'avait ramolli, il faudrait vraiment qu'il se reconcentre. La main de son compagnon glissa jusque dans la sienne et ces considérations partirent immédiatement en poussière.

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Les Chevaliers sans Lune tinrent à escorter les deux voyageurs. Ils leur parlèrent de leur ordre, de l'histoire de la Coalition, des spécialités de l'endroit. Ils leur offrirent l'abri pour la nuit - il s'était remis à pleuvoir - et n'hésitèrent pas à leur donner leurs pensées. Enfin, ils parvinrent au nord-est des Hustan.

– C'est la dernière fois que je prends le bateau, gronda Senséké avec un air renfrogné.

– Heureusement pour vous, nous ne nous déplaçons pas sur de fragiles coques de noix, rétorqua l'une des cheffes de leurs protecteurs.

Plusieurs autres arrivèrent alors avec... des dragons. C'étaient des vouivres, allant du noir au blanc avec des fissures colorées. Elles pouvaient s'appuyer sur leurs immenses ailes - en plus de leurs pattes arrières - et leurs queues en fouet cinglaient l'air avec excitation. Pour communiquer, elles émettaient des grognements mais aussi des chants assez aigus, qui donnaient une impression de symphonie harmonieuse lorsqu'elles étaient plusieurs à parler.

– Ce sont des vouivres - ou wyverns - mélopiques, des espèces assez rares mais à grande longévité, peu agressives et avec une grande capacité d'adaptation.

L'une d'elles vint renifler la main d'Eles et elle eut un mélange de ronronnement et de gloussement lorsqu'il lui caressa le museau.

– Elles sont assez affectueuses, effectivement.

Les Chevaliers les avaient déjà sellées. Eles et Senséké enfourchèrent leurs montures. Celle du premier avait des "rayures" bleues azure et turquoise tandis que celle du second en portait des bleues plus profondes, sombres, voire violacées.

Là encore, point d'adieux larmoyants, que de gestes de la main, de sourire et de lendemains. Non plus d'adieux mais d'au revoir, Eles s'était promi de ne jamais plus abandonner quelqu'un qui part.

Ainsi la pluie ralentit leur progression, les glaçant jusqu'aux os par ses flèches trempées. Leur avancée fut laborieuse, d'autant qu'il n'y avait aucune île pour faire escale. Cependant, ils parvinrent sans plus de dommages jusqu'au continent, et s'empressèrent de trouver une auberge pour dormir. Ils ne s'étaient pas aperçus que toute une journée était passée, en plus d'une partie de la nuit.

Les wyverns furent rentrées dans les écuries, pansées, désarnachées et nourries. La taverne avait tout de traditionnel : les murs étaient en pierre ou en bois, celui-ci étant aussi présent pour tout l'ameublement, le plancher, et l'escalier qui menait à l'étage. On servit aux deux voyageurs des chopes de bière et du ragoût dans des assiettes elles aussi en bois. Ils mangèrent poliment - il faut dire que bien qu'ils n'aient besoin que de pensées pour survivre, avoir de temps en temps autre chose à manger n'était pas pour leur déplaire - tout en écoutant le brouhaha fort qui résonnait à l'intérieur.

L'ambiance était chaleureuse. Ils portaient tous deux un habit traditionnel : une sorte de tee-shirt moulant et collant à la peau sans manche mais avec un col. Sur une petite estrade, des musiciens jouaient de la musique irlandaise et celtique, avec deux violons, deux cornemuses, un violoncelle, une flûte, une harpe, un petit tambour et un Teeghun - souvent appelé IYS en raison de la chanson qui l'avait popularisé "Imagine Your Smile", c'était une sorte d'étoile à cinq branches de longueur et de rapprochement inégales entre lesquelles étaient tendues des cordes plus ou moins épaisses et l'intrumentiste se servait tantôt d'un archet, tantôt de ses doigts directement. Des danseurs et des danseuses se mêlaient aux groupes à moitié ivres en riant. Des torches et des chandelles brûlaient un peu partout, donnant une touche chaude et lumineuse à l'endroit, comme si par cette simple présence, il pouvait écarter le froid et la noirceur de la nuit.

Eles ne se souvint plus trop comment, mais il se retrouva au milieu de tous ces joyeux fêtards, entraînant Senséké à sa suite. Ça lui rappelait la Fête des Couleurs, près du Château Perché, où il avait vu le Sombrane rire pour la première fois. Ils se mélèrent à une danse collective en cercle, suivant le mouvement. Senséké manqua de s'étaler par terre à plusieurs reprises, mais le Lux le rattrapa systématiquement. Le Sombrane se sentit un peu jaloux de la facilité avec laquelle son compagnon apprenait les pas et les exécutait à la perfection, avec sa grâce, son agilité et sa souplesse habituelles. Cependant, il trouva une certaine satisfaction lorsqu'il parvint lui aussi à enchaîner les mouvements avec fluidité. Eles le trouva beau, d'une manière sombre, charismatique et bien plus attirante qu'un Lux ne pourrait le faire. Lorsqu'il le voyait ainsi, il ne pouvait s'empêcher de songer qu'il était bien plus proche des humains que des Sombranes. Bien plus proche des humains qu'un Lux ne pourrait l'être.

Sur une danse de couple, peu après, Eles le sentit glisser petit à petit hors de lui. Tout du moins hors du Sombrane conformé et attaché à son image. Le Lux aimait ces moments, où son compagnon s'abandonnait à l'anonymat, s'abandonnait à la foule, s'abandonnait totalement pour être qui il voulait, qui il n'osait pas assumer d'être. Pour la première fois, il laissa le Lux le toucher, et il laissa aller ses mains à le toucher aussi. Tous deux, comme dans un autre état, sentirent leurs peaux frémir sous la confidence de leurs doigts, de leurs paumes avides, curieuses et pourtant timides, soudain. Ils sentirent leurs souffles, si proches, et légèrement haletants après la danse qu'ils avaient menée. Leur silence valait tous les mots du monde, et la musique et le brouhaha ambiant leur suffisait. Sur leurs bras nus, ils laissèrent courir leurs mains, comme en miroir, comme une danse, dans sa grâce éternelle. Puis de leurs bras, leurs paumes vinrent chercher leurs nuques, leurs torses, et puis leurs tailles fines, et puis se logeant là, y trouvèrent sans doute une place unique et parfaite, où leurs doigts épousaient parfaitement leurs flancs. De face, puis de dos, ils trouvèrent en eux une chaleur et une harmonie qu'ils ne - se - connaissaient pas. Et puis, toujours plus insatiables, leurs mains revinrent trouver leurs cous, leurs têtes, leurs cheveux, leurs visages. Ils se sentirent proches, et cela ne les dérangea pas, leur procura même un étrange sentiment de bonheur. Ils s'enlacèrent, se respirèrent, se caressèrent - car quoi qu'ils puissent en dire, c'étaient bien des caresses.

Cette nuit se figea hors du temps. A l'aube, ils s'effondrèrent dans la chambre qu'ils avaient réservée et dormirent jusqu'à tard dans la matinée. Lorsqu'ils se levèrent, tout était redevenu comme avant. Ils n'en parlèrent pas, mais ne purent pas l'oublier non plus. Ils finirent par se convaincre que ça n'avait été qu'un rêve.

Mais ce n'était pas la vérité.

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