Norme & Anormalité
Avant toute chose, je voulais vous remercier parce que vous avez été très nombreux à rebondir en une après-midi à la partie "Point de Rupture" et je vais donc reprendre quelques unes de vos conclusions et arguments ! J'avais prévu de développer encore cette discussion plutôt violente avec cet "ami" extrémiste, mais je préfère m'arrêter là !
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Revenons sur ces histoires de norme et normalité
(Je paraphrase l'article : Ces mots qui dérangent et qui hantent : LA NORMALITE : http://regardscroises.blog.tdg.ch/archive/2009/06/01/ces-mots-qui-derangent-et-qui-hantent-la-normalite.html)
La norme, c'est souvent un moyen de se comparer, d'évaluer et d'agir, que ce soit sur les plans biologique, psychologique ou social. On part du postulat qu'elle est conforme à des lois fondamentales. Chacun la perçoit ensuite différemment selon son expérience et son vécu.
L'anormalité, c'est quelque chose qui n'est pas normal (WOUHOU ! Première nouvelle). On peut donc dire de façon très simple qu'être normal c'est appartenir au type le plus fréquent (ou qu'on imagine le plus fréquent). On peut aussi renvoyer la norme à un aspect plus qualitatif lorsqu'on dit qu'on "se conformer à une norme, à une règle, à ce qui doit être".
Si on s'essaie à définir objectivement la "normalité", on va avoir beaucoup plus de difficulté, puisque cette normalité dépend des cultures, de l'éducation, de l'époque. Les normes sont des curseurs non-universels et mouvants. La terre est plate hier, la terre est ronde aujourd'hui. La subjectivité humaine tors la réalité. Mais on ne va pas pousser le vice jusqu'à ce demander ce qui est réel ou non... on risquerait de se faire mal au crâne.
L'exemple de l'excision cité dans mes commentaires par Epice01 : "À une époque, dans certaines contrées (et même aujourd'hui) c'était la NORME d'exciser les filles. Les pauvresses naissent normalement, et on décide de leur couper le clito parce que c'était la NORME... Aujourd'hui les gens sont outrés, choqués. Il n'empêche que la pratique n'avait posé aucun cas de conscience à cette époque, dans ces contrées."
Parce que j'en ai marre de paraphraser, voilà la fin de l'article.
"La norme peut-être associée à un signe de médiocrité extrême de l'esprit humain. Les génies et les surdoués sont souvent incompris et la risée de leur temps. La normalité, c'est soit ce qui est conforme à une norme morale (dans une société donnée), soit ce qui est statistiquement fréquent. Une norme morale est fixée par la société, c'est un dogme, un préjugé, tandis que la fréquence statistique est un fait. Pour Michel Foucault, philosophe français, la normalité est une obsession et le concept de folie un outil de contrôle social, une manière de stigmatiser la différence, bref une source d'aliénation pour quiconque ne cadre pas avec l'ensemble.
Si vous n'êtes pas dans la norme, alors vous êtes déviant, un terme qui porte tout son poids de stigmatisation. La déviance étant une forme de transgression, on est amené ainsi à s'interroger, les artistes, les poètes et les penseurs, les révolutionnaires ne seraient-ils pas ainsi tous déviants ? Parce que l'art et la pensée n'évoluent et font avancer le monde que dans la transgression. Les sociétés dogmatiques se font un point d'honneur de contrôler et les artistes et les penseurs soumis dès lors à la censure et empêchant de ce fait la transgression, c'est-à-dire l'art, la pensée, l'évolution tout court. "Les artistes sont hautement anormaux parce qu'ils supportent une plus forte quantité de liberté que les autres", la trangression pouvant aussi donc être associée à un acte libertaire par opposition à une norme liberticide. Belle forme de résistance !
Le dogme, une société étriquée, font le lit de la déviance et exploseront du même coup le nombres de personnes considérées comme "déviantes". Durant la période nazie, les homosexuels finissaient dans des camps, exterminés pour leur déviance, alors que dans la Grèce Antique on favorisait ces relations homosexuelles perçues comme contribution à la relation pédagogique idéale entre le maître et le jeune éphèbe. Ce qui faisait dire à Proust :"Il n'y avait pas d'anormaux quand l'homosexualité était la norme."
Au XIX siècle, on a tenté de définir par la courbe de Gauss ce qu'était la normalité afin d'éviter un jugement subjectif pour s'appuyer sur des données réelles et reconnaîte l'individu "normal" et "standard", la norme étant définie par des acteurs du système social. Ce qui nous porte à croire que la normalité ne veut rien dire. Elle n'existe pas en soi, elle est définie par rapport à un référent qui est variable.
Donc, on ne sait pas ce que signifie véritablement le concept mouvant de "normalité", Nous devrions donc à défaut de savoir ce qu'elle est être plus tolérant. La "normalité" consisterait à se sentir bien dans sa peau et dans sa tête, dans une société équilibrée et tolérante. On porte sur l'autre un jugement d'anormalité, mais le sujet lui-même jugé "anormal" se sent en général très normal et adéquat, et il ne voit pas où réside le problème de manger les spaghettis avec ses chaussures et s'étonne de l'étonnement des autres. Donc le seul élément qui devrait attirer notre attention, c'est la souffrance que peut engendrer le fait de s'écarter d'une ligne supposée être la normalité. Avoir mal de se sentir différent, s'auto-exclure parce qu'on atteint sa propre limite de transgression supportable et qu'on ne peut plus gérer sa vie, devraient être les seuls critères valables. Pour résumer, lorsque la personne qui a "dévié" souffre et qu'elle est freinée dans sa capacité de vivre agréablement en accord avec qui elle est , et en accord avec les autres et avec ce en quoi elle croit. Bref, lorsqu'elle n'est plus maître de son destin et qu' elle a mal et qu'elle deviendrait potentiellement dangereuse pour elle et les autres .
Ainsi, idéalement nos propres schémas de normalité feraient office de voies exploratoires et conductrices en lien avec nos propres valeurs et avec lesquelles nous devrions vivre en conformité, de façon agréable et harmonieuse et évoluer avec cela de façon naturelle, aisée et spontanée dans la société qui nous entoure."
Je n'aurais jamais pu mieux le dire !
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