Avant de vous parler de la rencontre avec l'EFA (L'Association Enfance et Famille d'Adoption), il faut que je remette sur la table le sujet du cheminement. À ce stade de l'aventure, après la visite avec la psychologue, nous en étions à un projet de 2 enfants entre 3 et 6 ans, adoptés à l'étranger ou en France. Et nous n'avions pas encore bien réfléchit à tout l'aspect qui concerne des enfants à besoins spécifiques. Avant de rencontrer l'EFA, nous avions passé pas mal de temps à nous renseigner un peu plus sur les possibilités de l'étranger et, petit à petit, nous nous sommes rendus compte que ça ne servait pas à grand chose de viser dans cette direction vis-à-vis de ce qu'on voulait pour notre couple. Je vais donc revenir sur cette partie de notre réflexion un peu plus en détail.

Je vous ai déjà parlé des quelques pays qui acceptent l'adoption par les couples homosexuels ? Eh bien, tout comme il faut faire attention quand on postule dans un département en fonction de sa concentration en pupilles de l'État, il faut faire attention aux nombres d'adoptions effectuées dans les pays qui nous intéressent. S'ajoute à ça les types d'enfants que propose le pays à l'adoption. Faisons un tour rapide des 4 pays qui nous permettent de déposer un dossier pour l'adoption. Les informations que je vais vous présenter ici sont toutes issues des fiches pays qu'on trouve sur www.diplomatie.gouv.fr, le site officiel du gouvernement.

Adoptions Internationales réalisées en France en 2017 (ci-dessous)

J'ai retiré les autres continents pour ne garder que ceux qui nous intéressent. Les quatre pays qui permettent aux couples homosexuels d'adopter sont : les États-Unis, la Colombie, le Brésil et l'Afrique du Sud. Si on observe les chiffres de plus près, on constate que les États-Unis sont absentes du tableau. La Colombie et le Brésil (surtout la Colombie) sont les pays qui offrent le plus de possibilités. On peut dire que l'Afrique du Sud, avec une unique adoption, est hors course. Nos choix se réduisent à un quasi non-choix. Mais ce n'est pas pour ça qu'il faut baisser les bras. Les fiches pays, ça se consulte dans les détails pour être sûr de ne pas passer à côté de quelque chose, et surtout ça évolue dans le temps. Je vais vous révéler quelques détails supplémentaires (il y en a beaucoup d'autres dans chaque fiche). Je précise que nous sommes le 24 Avril 2018 pour ceux qui liraient ce segment dans un futur lointain ; les informations présentées ne seront alors plus de première fraîcheur. Je vais pousser le vice de l'optimisme en mettant de côté les problèmes rencontrés pour mesurer nos chances d'avoir un projet qui nous correspond face au poids des procédures.

Les États-Unis (New-York, Californie notamment)

Face à notre Projet

Les enfants américains susceptibles d'être apparentés à une famille française sont des enfants âgés de 6 ans et plus. En situation de danger, ils ont été retirés à leur famille biologique par les services sociaux américains et placés dans le cadre du programme fédéral « Foster Care » dans des familles d'accueil. Les postulants à l'adoption doivent donc disposer d'un agrément pour un enfant ou une fratrie d'enfants grands. Toutefois, des apparentements avec des enfants plus jeunes ne sont pas exclus, dès lors qu'ils s'agit bien d'enfants placés.

Il y a donc une minuscule ouverture, puisque pour des enfants plus jeunes ne sont pas exclus. Dans tous les cas, il s'agit d'enfants placés en famille d'accueil.

Le Résumé des Procédures

Une fois qu'on nous apparente un enfant et qu'on est d'accord avec l'apparentement, on réalise un séjour de convivialité de 4 semaines aux États-Unis avec présence permanente de l'enfant et des adoptants, rencontre des travailleurs sociaux et de la famille d'accueil de l'enfant. Puis, on repart en France après un séjour devant le juge. Il existe pas mal d'autres formalités bien après (dont un retour aux USA), mais je considère que le but de devenir parents ayant été accompli, les formalités administratives, même lourdes, ne pèsent plus dans la balance.

Les procédures pour les USA ne semblent pas insurmontables. Mais le nombre d'adoptions aux USA, pour n'importe quel type de couple dans n'importe quel état, me laisse penser que nos chances sont nulles.

L'Afrique du Sud

Face à notre Projet

Le Registre des Enfants Adoptables et des Futurs Parents Adoptifs (The centralised register of children available for adoption ou RACAP), répertorie les enfants adoptables et enregistre pour une durée de 3 ans les citoyens (ou résidents permanents) Sud-Africains candidats à l'adoption. Seul un enfant enregistré dans le RACAP depuis au moins 60 jours peut être proposé à l'adoption internationale, si aucun candidat à l'adoption approprié ne s'est manifesté au niveau national. Il en résulte que le nombre d'enfants proposés à l'adoption internationale est très limité.

J'en conclus que s'il n'y a que peu d'adoption en Afrique du Sud, c'est sûrement que les enfants qui restent à l'adoption sont tristement des enfants dont personne ne veut : des grandes fratries, des enfants à besoins spécifiques lourds, des enfants âgés. Il n'y a pas vraiment de fenêtre pour nous ici. Je vous épargne les procédures.

Le Brésil

Face à notre Projet

En vertu d'une décision des CEJAI (Commission Étatique Judiciaire pour l'Adoption International) prise en novembre 2007, les enfants proposés à l'adoption internationale sont désormais âgés de 5 ans au moins, sauf dans le cas de fratries d'âges variés. Il est à noter que dans l'Etat de Rio de Janeiro, les enfants proposés à l'adoption internationale sont âgés de 9 ans au moins, sous la même réserve de fratries d'âges variés. Le Brésil est un pays découpé en État. Chaque État possède ses spécificités adoptives, même si l'évolution de l'adoption internationale au Brésil est marquée par la prédominance de propositions de fratries de 2 à 4 enfants. Les enfants proposés seuls sont généralement âgés de 9 ans au moins.

Il y a donc une petite (très très petite) fenêtre. Parce qu'en réalité, parmi les 17 enfants adoptés en 2017, combien correspondent à notre projet ? Je ne sais pas trop. Mais par curiosité, voyons les procédures.

Le Résumé des Procédures

La procédure brésilienne dure environ 2 à 3 ans à compter de la réception du dossier des candidats à l'adoption par le Tribunal du lieu de résidence de l'enfant adoptable. Les familles doivent prévoir de séjourner environ 2 mois sur place, ainsi qu'un stage de cohabitation d'une durée minimale de 30 jours doit s'effectuer sur le territoire brésilien.

Je mets de côtés les autres aspects administratifs, plus ou moins nombreux. D'après ce qu'il ressort du Brésil, notre projet pourrait potentiellement si intégrer, mais le séjour sur place, plus les types d'enfants mis à l'adoption nous laissent penser que nos chances sont encore trop réduite. À force, c'est un peu décourageant.

La Colombie

Face à notre Projet

86 enfants adoptés en 2017. C'est un beau chiffre. Notre Champion. The Best of the Tableau.

Par contre, il ne faut pas oublier que ce chiffre ne correspond pas à l'ouverture du pays en lui-même en 2017, mais aux dossiers qui trouvent preneur à ce moment-là, et qui peuvent y être déposés depuis un moment. Pourquoi est-ce que je précise ça ? Parce que comme je vous le disais précédemment dans une de mes notes, la Colombie a fermé ses portes à l'adoption jusqu'à nouvel ordre. Ainsi, voilà ce que dit le site de l'état : L'autorité centrale colombienne a pris la décision de suspendre l'enregistrement, à compter du 15 juillet 2013, de toute nouvelle candidature à l'adoption d'enfants de 0 à 6 ans et 11 mois, et jusqu'à nouvel ordre, le temps d'épurer la liste d'attente de familles déjà enregistrées auprès de ses services. Cette suspension concerne également les projets d'adoption de deux enfants dont l'aîné serait âgé de moins de 6 ans et 11 mois. Les opérateurs accrédités n'accepteront donc aucune nouvelle candidature pour l'adoption d'enfants colombiens de moins de 7 ans, exception faite des candidatures portant sur des enfants présentant des particularités médicales.

Ok. C'est beaucoup moins positif, d'un coup. Mais soit, pourquoi pas ? On peut espérer que la fermeture des adoptions se lève un jour. Voyons donc les procédures !

Le Résumé des Procédures

Il faut noter que le délai moyen de traitement des procédures d'adoption pour un enfant jeune et en bonne santé est actuellement d'environ 5 à 6 ans. En effet, la plupart des enfants en bas âge étant adoptés localement, ce sont désormais principalement les enfants grands (plus de 7 ans) et les fratries qui sont proposées à l'adoption internationale. Les familles doivent prévoir de séjourner environ 6 à 7 semaines sur place, selon la région. Il faut réaliser un complément d'évaluation psychologiques et/ou sociale. Et il faut surtout connaître les bases de l'espagnol. Petit détail supplémentaire à l'attention des adoptants : ils doivent observer les consignes de sécurité spécifique à l'ensemble du territoire colombien ; toutes les régions du pays sont concernées par les risques liés à l'activité éparse de la guérilla et des groupes paramilitaires (haha...).

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais après avoir découvert tout ça. Mr Ours et moi-même avons décidé de mettre de côté la Colombie, et de peut-être lui laisser une place si nous devons repasser un agrément plus tard.

Courte Conclusion de "The Retour of The Cheminement"

Ces 4 pays qui acceptent les couples homosexuels laissent malgré tout la porte ouverte à beaucoup de doute et d'incohérence vis-à-vis de notre projet initial. Nous de voulions pas viser des enfants plus vieux au risque de ne pas être capable de gérer le poids des difficultés qu'ils auraient rencontré. Qui dit enfant plus vieux, dit enfant ayant potentiellement plus souffert. Le cas de la Colombie est particulier, puisqu'elle a beau comptabiliser des adoptions, elle n'en garde pas moins ses portes fermées actuellement. Peut-être la situation évoluera-t-elle ? Nous verrons bien. À ce stade, avant d'aller rencontrer l'EFA nous avions en tête d'abandonner complètement l'étranger. Notre projet devenait donc : 2 pupilles de l'État, de 3 à 6 ans.

Bonus

Je vous dépose en commentaire, un article sur l'adoption des couples homosexuels en France.