L'Après-Midi

Une fois le choc des premières présentations passé (et la digestion du repas de midi, pris je ne sais plus trop où), 14h sonna l'arrivée d'un vent de positivisme. En effet, l'après-midi était consacrée à des intervenant.es qui avaient vécu l'adoption jusqu'au bout et qui ne regrettaient rien de cette expérience. C'est là qu'on entendit parlé de l'EFA (Enfance et Famille d'Adoption) pour la première fois, il me semble : une association ayant pour but d'épauler les adoptant.es dans leurs démarches (j'y reviendrais plus tard). Et c'est là aussi qu'on entendit parler de la Colombie, un pays qui nous semblait propice à proposer des enfants à l'adoption.

Revenons-en à la réunion elle-même !

L'un des intervenants nous y raconta son parcours adoptif plutôt exceptionnel : le dossier qu'il avait déposé pour la Colombie, le retour presque instantané trois mois après pour lui proposer deux enfants, mais aussi les contraintes de l'adoption à l'étranger auxquelles il avait du faire face. Je ne citerait que celle-ci pour que vous vous fassiez une idée, typique de la Colombie : obligation d'apprendre les bases de l'espagnol, obligation de séjourner 6 à 7 semaine dans le pays.

Il faut savoir que chaque pays à ses propres prérogatives, et que si vous voulez adopter à l'étranger, il faut se renseigner sur le site du gouvernement français qui fait le listing (pas toujours très à jour) des conditions à remplir pour déposer des dossiers. Les conditions peuvent être relatives à votre situation maritale, votre sexualité, vos revenus (la Chine demande de très hauts revenus), vos connaissances en terme d'adoption (la Russie oblige les parents à suivre des cours spécialisés dans le domaine), votre santé, votre âge et j'en passe...

À ce stade de son récit, toutes ces prérogatives ne nous effrayaient pas spécialement, et Mr Ours et moi-même nous disions que, peut-être, l'adoption à l'étranger pourrait être une option pour notre projet. D'autant plus que la Colombie est un des rares pays qui accepte l'adoption aux couples homosexuels. Apprendre l'espagnol, pourquoi pas ? Vivre 6 à 7 semaines là-bas, pourquoi pas ?

D'un point de vue monétaire par contre, c'est une autre histoire. On doit compter le voyage, la vie sur place, les frais de dossiers qui servent à payer les traducteurs, les notaires et les intermédiaires. Ce n'est clairement pas donné à tout le monde. Puis dire à son patron : "Désolé Monsieur, je pars trois mois à l'autre bout du monde pour adopter", je ne suis pas sûr que ça soit très bien perçu dans tous les domaines. Après, il existe des congés parentaux pour les parents qui adoptent, qui sont à peu près les mêmes que pour les parents qui ont des enfants biologiques d'ailleurs, mais ils ne commencent que lorsque l'enfant arrive à la maison (ou 7 jours avant tout au plus), ce qui n'est vraiment pas compatible avec un séjour de 3 mois. Notez quand-même qu'en France, l'adoption est gratuite.

Au bout du compte, l'échange avec cet intervenant nous avait tout de même enrichi. L'homme avait su effacer l'arrière-goût amer de la matinée. Il savait mettre les formes et on sentait dans sa voix et dans son entrain que l'expérience lui avait beaucoup apporté. Malgré ça, il nous expliqua que les portes de la Colombie se refermaient depuis quelques années, et que le pays attendait de traiter tous les dossiers qui s'accumulaient avant de se réouvrir à la candidature. Qu'à cela ne tienne, ce témoignage avait su mettre des étoiles dans les yeux des tous.tes les futur.es adoptant.es. Mr Ours et moi-même avions toujours envie de continuer dans cette voie.

Une fois la réunion terminée, nous repartions avec le dossier d'inscription à compléter pour la demande d'agrément. Notre cheminement commençait à se dessiner, mais ce n'était qu'un début. Bien plus tard, après avoir réuni tous les papiers, nos recherches concernant les pays étrangers qui acceptent les couples homosexuels nous amenèrent à affronter une réalité dont on se doutait, mais qui était beaucoup plus violente qu'on aurait pu se l'imaginer : 4 pays seulement acceptent que les couples de même sexe. La Colombie, L'Afrique du Sud, le Brésil et certains états des États-Unis. Cette constatation n'entama pas notre envie de continuer, et c'est avec l'idée de postuler aussi à l'étranger que nous avons commencer le remplissage du dossier d'inscription.