34 - Jour J : Paris > Bogota
- 6h45 -
C'est notre grand moment. Le début de l'aventure. Le taxi qui nous mènera à la gare routière de Caen ne va pas tarder. Ma nuit a été courte : 3h, grand max. J'ai eu tout le temps de me faire des films sur toutes les situations possibles et imaginables. Comment va-t-on être accueilli ? Est-ce si dangereux que ça, Bogota ? Comment je vais me débrouiller en espagnol ?
Pour tenir le coup, je tourne en rond dans la véranda et je me répète en boucle des phrases types : « Me llamo Gabriel », « La cuenta, por favor », « Mi trabajo es escribir libros ». Ça vole pas haut. Et je ne suis même pas sûr que ça me servira. M. Ours s'est mis à l'écart pour ne pas avoir à supporter ma nervosité. Il bouquine sur son téléphone. Lui non plus n'a pas passé une très bonne nuit. Pourtant, on a plus à s'inquiéter. Les valises sont faites, vérifiées et revérifiées. Nos papiers sont posés en évidence pour ne pas qu'on les oublie. Tout est sur des rails. Je croise le regard de deux chiens. On va les laisser trois semaines. J'essaie de ne pas trop y penser. C'est la première fois que je pars aussi loin, la première fois que je pars sans eux, la première fois que je change de continent, aussi. Ça fait beaucoup de première fois d'un coup. Et les premières fois sont des sources d'angoisses chez moi.
« Ça va aller ! » me rassure M. Ours.
Il n'y a qu'à se laisser porter par le courant. C'est vrai, mais on va se retrouver loin de tout le monde, dans un pays où on ne parle pas la langue. Raaaah ! Ce n'est pas sur ça qu'il faut se concentrer. Je garde alors en tête les raisons qui nous poussent là-bas : l'attente pour adopter qui n'en finit pas, ce besoin de construire une famille qui grandit depuis nos 17 ans de couple, la chance d'avoir pu réunir la somme nécessaire pour lancer un projet comme celui-ci. Ce n'est pas pas donner à tout le monde. Et puis, d'autres sont déjà passés par là, d'autres ont réussis, des personnes qui se sentaient sûrement tout aussi perdues au moment de quitter leur chez eux.
- 7h00 -
Le taxi débarque alors qu'on ferme la maison. Pendant que le conducteur charge nos valises, je me retiens de jeter un dernier regard à nos toutous. Je ne veux pas les inquiéter alors je monte vite à l'arrière. M. Ours, lui, monte à l'avant. Sur le trajet, il entame la discussion avec le chauffeur et, de fil en aiguille, on en vient à lui dire qu'on part en Colombie. Quelle idée ! La destination interroge, surtout quand M. Ours ajoute que c'est notre premier gros voyage.
« C'est surprenant, dites donc ! »
On se retient d'expliquer pourquoi ; on a pas envie de débattre de GPA.
« On voulait quelque chose de... différent.
— Pour sûr, c'est différent !
— On a fermé les yeux, on a fait tourner un globe terrestre et paf, c'était la Colombie. »
Mouais ! Le gars n'a pas l'air convaincu par nos explications. Ça me un peu met mal à l'aise. En blaguant, il évoque Pablo Escobar et tout le panthéon des narco trafiquants : j'ai l'impression que c'est le seul truc que les gens retiennent de ce pays. Heureusement, la génance prend fin lorsqu'il nous lâche à la gare routière de Caen. À cette heure-ci, les rues sont quasi vides. Le ciel est gris. Pendant que le conducteur dépose nos valises sur la chaussée, il s'étonne de les trouvées aussi légères pour leur taille. C'est vrai qu'on ne s'est pas encombré. On part trois semaine (dont 2 en Martinique). On a pris assez peu de vêtement, puisque j'aurais de quoi faire des lessives sur place. Je suis d'ailleurs plutôt convaincu que ce qui pèse le plus, dans l'histoire, ce sont tous les jeux de société qu'on a pris avec nous pour nous occuper. Haha ! Juste au cas où on aurait pas la force de quitter notre hôtel... Oui ! Je sais : on est pas sérieux. Bref !
Bref ! Alors que l'on s'éloigne, les roulettes de nos valises jouent un rythme effréné sur les pavés qui nous mènent à l'arrêt de bus. Il nous reste un peu de temps à attendre, puisqu'il décolle dans trois quart d'heure. En attendant, on envoie quelques messages à nos proches et on prévient les quatre futurs papas qui partent en même temps que nous que nous sommes en chemin. Oui ! On ne sera pas seuls sur place. D'ailleurs, deux d'entre eux, un couple, prennent le même avion que nous. Je suis pressé de les rencontrer et d'échanger sur nos histoires respectives, mais tout ce que je veux pour l'instant, c'est poser ma tête contre la vitre du bus et faire un somme. Je vais en avoir l'occasion. Prochaine étape : un peu plus de 4 heures de route !
- 7h35 -
Quelques personnes se positionnent autour du bus alors qu'il arrive en gare routière. La conductrice, une femme souriante d'une cinquantaine d'années, descend et nous laisse charger nos valises dans la soute. On monte presque les premiers et on se calle dans nos sièges. Mes paupières sont lourdes, mais une certaine tension me tient éveillé. J'observe alors les gens discuter avec la conductrice, déposer leur sac, se positionner à l'intérieur ou fumer leur dernière cigarette avant le départ. M. Ours sort un plaid de nos sacs à dos et il le positionne entre nous comme pour lui servir de coussin. Je pose ma main sur sa cuisse et j'essaie de faire pareil.
- 7h45 -
Le bus quitte la gare de Caen direction l'aéroport Charles de Gaule. Ma tête ne tient pas en place contre M. Ours. Je l'ai calée plutôt contre la vitre, alors que les derniers immeubles de Caen s'effacent au profit des champs qui défilent. Arcade Fire joue son tout nouvel album dans mes écouteurs. J'essaie de piquer un somme en me laissant bercer par leurs mélodies. Rien y fait ! Les paroles d'une chanson surgissent et me bouleversent. J'en ai la chair de poule. Elles évoquent un père qui s'adresse à son enfant, qui l'invite à écouter son cœur et qui l'avertit que la douleur fait partie intégrante de la vie avant de lui témoigner son amour inconditionnel.
https://youtu.be/FdXRbOrsyRY
Je m'imagine dire ces mêmes phrases à notre propre enfant. Quand les dernières notes retentissent, je sors de ma coquille encore hébété par l'émotion.
À côté de moi, M. Ours s'occupe avec la Switch. Il s'est acheté quelques jeux pour le voyage. Je le regarde d'un œil avant avant de sortir un cahier. J'espère y déposer quelques réflexions qui m'ont traversées pendant cette première heure de voyage. J'essaie. Les mots ne me viennent plus. Ils se volatilisent. Au bout de cinq minutes, j'abandonne l'idée. Je fixe à nouveau la course des nuages et des arbres. Le monde derrière ma fenêtre se transforme comme à travers l'écran d'une télévision cathodique. Je me retrouve en enfance à l'arrière de la voiture. Mon beau-père est au volant, ma mère sur le siège passage. Nous roulons des heures et des heures pour atteindre le sud de la France. Le paysage qui défile devient le niveau d'un jeu vidéo. Sonic court le long de la rambarde de sécurité, saute au-dessus des bornes kilométriques et des téléphones de détresse, s'appuie sur le capot des voitures et détruit les murs qui se dressent devant lui. Le temps passe plus vite. Je crois que je suis câbler pour ne jamais m'ennuyer.
Lorsqu'on atteint les premiers signes de la région parisienne (à savoir les tags et la circulation), je sors de ma bulle. Le bus fait un petit détour par le quartier de la Défense pour déposer des passagers. On se tord le cou à observer les gratte-ciels depuis les tunnels obscurs qu'on sillonne à leurs pieds. J'ai cette drôle d'impression de me retrouver en pleine dystopie. Je n'étais jamais venu ici. Décidément, je n'aime pas Paris. Je veux retrouver ma campagne , mes toutous et les choupis moutons de mon voisin que j'entends bêler dès que j'ouvre la fenêtre.
- 11h35 -
Nous arrivons à Charles de Gaule. Nos ventres gargouillent pendant que nous récupérons nos bagages et nous nous frayons un chemin vers le Terminal 1. Je n'ai plus qu'une envie, me jeter sur les sandwichs qui dorment dans mon sac à dos. Mais ça attendra, puisqu'il faut déjà prendre une sorte de tram mi-métro mi-train. Je monte à l'avant. Il n'y a pas de conducteur. C'est amusant de voir les rails défiler lorsque le véhicule se met en marche. J'en profite pour prendre une petite vidéo comme un enfant qui découvre le monde.
- 11h45 -
Une fois dans l'aéroport, je cherche désespérément les panneaux d'affichage pour nous guider, mais je me sens submerger par la foule qui grouille dans tous les sens. Je n'arrive à pas à me concentrer. Tout s'accumule à mon stress et ma fatigue. Je passe d'ailleurs le plus clair de mon temps à calculer des trajectoires pour me faufiler entre les voyageurs plutôt qu'à assister M. Ours qui passe en premier. Je marche dans ses traces. Je suis à deux doigts de m'accrocher à son bras pour ne pas me perdre. Je respire lentement. Je lui fait confiance.
Première défi : les bornes automatiques. Je ne suis pas très amis avec les écrans tactiles qui ont tendance à m'ignorer complètement (c'est comme si j'existait à moitié), mais il faut étiqueter nos bagages. On sort nos passeports qui doivent être scannés. On galère un peu avec la procédure. « Ça se met dans quel sens ce truc ? ». Saleté d'étiquette ! Je plisse les yeux. Je déploie un effort surhumain juste pour comprendre le mode d'emploi. Après quelques doutes, on y arrive : l'étiquette est accrochée à nos bagages. On rejoint le terminal 2E. Il est à l'autre bout du monde. On dirait que ça n'en finit pas. Et ce qui n'en finit pas non plus, c'est tous ce flux de passagers qu'on traverse. Certains poussent des chariots, d'autres nous coupent la route ou restent immobiles en plein milieu du chemin. J'essaie de garder mon sang-froid, mais j'ai la désagréable sensation d'être en apnée. Je découvre comment fonctionne ce microcosme. J'ai l'impression de sortir de l'œuf, haha ! Là, on peut boire un café. Ici, on peut acheter des revues. Là-haut, quelqu'un vous propose d'emballer vos valises sous cellophane.
- 11h55 -
Après une marche interminable, on atteint enfin le bout du terminal. C'est ici qu'on va pouvoir lâcher nos bagages. Une fois les mains vides, au bout d'une trentaine de minute, on se trouve un petit coin au milieu du bruit. Les bancs sont tous occupés, mais le sol fait l'affaire. Je m'assoie par terre en tailleur et grignote mon sandwich tranquillement, pendant que M. Ours reste debout et s'avale tout en quelques bouchées. Je respire. Cette pause me fait du bien. J'en profite pour observer le ballet des voyageurs qui se pressent et du personnel naviguant qui déambulent sereinement. Je vide ma bouteille d'eau. De toute façon, on ne pourra pas la prendre avec nous.
- 12h20 -
Maintenant qu'on a le ventre plein, M. Ours veut qu'on passe tout de suite en zone d'embarquement. Moi, je serais bien rester là encore un peu pour digérer. Bon ! Pour être honnête, j'essaie juste de repousser le moment du contrôle de sûreté. Ouais ! J'ai des appréhensions idiotes du style : est-ce que je vais passer le portique sans que ça sonne ? Est-ce qu'on va me fouiller ? Est-ce que je vais adopter le bon comportement ? Je ne suis pas à l'aise, mais je finis par prendre sur moi. Autant arracher ça comme un sparadrap, non ? Je me motive en me disant qu'on va bientôt rencontrer le couple qui prend le même avion que nous et échanger sur notre parcours. Yeah ! Let's go !
- 12h40 -
Après un peu d'attente, je découvre une rangée de boîtes en verre du futur, taille humaine, qui vous scanne pour vérifier que votre tronche correspond bien à votre passeport. C'est très étonnant. Une personne galère devant moi parce qu'elle ne comprend pas qu'il faut retirer son masque pour que la caméra puisse voir son visage. Je souris, puis je m'engage à mon tour. Je pose mon passeport sur le scanner. Les portes automatiques s'ouvrent. Je place mes pieds sur les marques au sol et prend bien soin de retirer mon masque. Je retire mes lunettes et regarde la tâche floue qui se situe droit devant moi. C'est bon ! M. Ours passe un peu après. Je l'attends une petite minute avant que nous repartions pour le moment tant redouter : le contrôle de sûreté. Une nouvelle file d'attente plus loin, un employé nous aiguille vers deux voies différentes. Argh ! Je me retrouve seul. Je me répète en boucle ce que je dois faire : sortir tous ce qui est électronique de mon sac, retirer ma ceinture, ma veste et la petite pochette transparente qui contient des liquides. Pour me rassurer, j'observe les autres voyageurs. J'apprends et je les imite.
Je dépose mes affaires dans un panier. Je passe sous le portique. Ça sonne. Sourire gêné. Je me tâtonne. Bordel ! J'ai oublié mon téléphone dans ma poche. On recommence. Ça passe ! Je récupère tout de l'autre côté, mais M. Ours n'est pas encore là. Un employé veut voir d'un peu plus près ce qu'il a dans son sac. J'essaie de réfréné l'idée que sa peau mâte, ses cheveux noirs et sa barbe lui ont valu un contrôle au faciès. Au bout de quelques minutes, il finit par me rejoindre les bras chargés et le sac grand ouvert. C'est bon ! Je suis soulagé.
Je m'étonne devant tous les magasins de la zone duty free. Tiens ! Il y a même un restaurant de sushis avec son tapi roulant, juste à côté d'en vendeur de spiritueux qui propose aux voyageurs de goûter. Je me vois mal prendre l'avion avec de l'alcool dans le sang. Après un petit passage au toilette — il faut dire que s'enfiler une bouteille d'eau, ça vous remplit la vessie — on se dirige enfin vers la porte K55.
- 13h50 -
Bien installer dans le hall gigantesque, on patiente. On a encore 2 heures à tuer. La fatigue de notre mauvaise nuit commence à s'abattre sur nos paupières. Face à nous, des voyageurs sont pliés en quatre sur leurs sièges, leur veste sur le nez pour se protéger de la lumière et les pieds à l'air. M. Ours m'explique que, si il y a autant d'accoudoirs sur les rangées, c'est pour empêcher ceux qui voudraient s'étaler de le faire grassement. C'est vache !
Pour ne pas sombrer, je me lève et je fais du sur place. L'espace m'impressionne. Il est plutôt chaleureux. Je m'émerveille devant les lames de bois courbées qui tapissent les plafonds et la moquette rouge. Dans notre dos, des enfants se relayent sur une borne Playstation 4 où des jeux leurs sont proposés. Derrière les vitres à notre gauche, j'aperçois notre avion. Une passerelle est arrimée près du cockpit et des employés chargent ce qui s'apparente à de la nourriture. Je tente une seconde de m'allonger sur le sol, mon sac à dos comme coussin, mais je n'arrive pas trouver le sommeil. J'ai cette idée qu'on pourrait se glisser dans mon dos et me voler. On m'a conseillé de faire attention à mes affaires, alors j'ai du mal à faire autre chose que de les protéger. D'ailleurs, durant tout le chemin qui nous a conduit jusqu'ici, je n'ai eu de cesse de rester coller à mon sac.
Ça m'énerve d'être autant en alerte.
- 14h30 -
Pour nous détendre, je sors un jeu de société : Jeckyll & Hyde. C'est un jeu de plis très malin pour deux joueurs dans lequel chaque participant incarne l'une des deux personnalités du fameux docteur. Jeckyll doit faire en sorte de remporter autant de plis que son adversaire. Hyde doit s'arranger pour briser cet équilibre en perdant/gagnant beaucoup plus de plis que Jecklyll.
Une défaite plus tard, je me replonge dans mes pensées. Un groupe de filles papote à côté de nous. Je laisse traîner une oreille. Apparemment, elles sont une vingtaine et partent toutes pour le Canada. Leurs amies sont coincées dans les bouchons et certaines ont oublié leur passeport. Je suis content de ne pas vivre ce genre de galère. M. Ours prend des nouvelles des deux garçons qui doivent se joindre à nous. Ils ont pris un premier avion pour arriver, mais à cause d'un peu de retard ils ne sont pas sûr d'arriver à temps pour choper celui qui les mènera à Bogota. Encore une situation stressante que je suis bien content de ne pas vivre. Je suis juste un peu triste. j'aurais bien aimé partagé cette attente avec eux. J'espère qu'ils seront là à l'heure.
- 15h20 -
L'embarquement commence, nos compagnons de galère ne sont toujours pas là. Je me sens mal pour eux. On laisse les premiers voyageurs passer devant nous. De toute façon, rien ne presse ; il reste encore une demi-heure. Je change de siège pour me mettre face à la porte d'entrée du terminal et, même si on a fait la bêtise de ne pas échanger nos photos, je scrute l'horizon en espérant reconnaître les garçons. Rien ! À 15h30, on décide de s'insérer dans la queue qui n'avance à pas de fourmis et nous mènera à l'intérieur de l'avion. Alors qu'on se dandine tranquillement vers le personnel qui va vérifier notre billet et notre passeport, je garde un œil ouvert.
Toujours pas la trace des garçons. Du moins, j'ai l'impression. Deux hommes, proche l'un de l'autre, ça doit se reconnaître dans cette foule hétéroclite. Je m'inquiète. Ils n'ont pas donné signe de vie depuis un moment sur le Whatsapp que nous partageons. À vrai dire, ils ont sans doute autre chose à faire, comme «courir », par exemple.
- 15h40 -
On monte dans l'avion. Une fois à l'intérieur, je passe devant les sièges «1ère classe». Ils sont grandioses et spacieux. Je me dis que lorsqu'on reviendra avec notre enfant, ils seront plus que nécessaires. Un rideau plus loin, je croise la « classe Business ». Ces sièges aussi m'ont l'air parfaitement correctes et confortables, mais ils ne sont pas pour nous. Lorsque viennent les nôtre, je grimace un peu. Je ne voyais pas ça aussi petit. Damned ! Il y en a trois : deux pour nous et un pour un inconnu. M. Ours se pose au milieu. Moi, je m'installe contre le hublot. On récupère quelques affaires dans nos sacs et on les range dans l'espace réservé au-dessus. Je sens déjà qu'on va souffrir. On mesure 1m84 tous les deux. Nos genoux touchent le dossier en face. M. Ours a un autre désavantage : son volume. Il pèse deux fois mon poids. On abaisse l'accoudoir entre nous pour qu'il puisse respirer et on attache nos ceintures. Pendant que le restant des voyageurs affluent dans l'appareil, j'espère encore reconnaître les garçons d'une façon ou d'une autre. Mon téléphone ne capte plus grand chose à ce stade. Je ne sais pas où ils en sont. M. Ours me prévient qu'ils ont réussi à embarquer et qu'ils arrivent bientôt. Ouf ! Je suis soulagé. En attendant qu'on décolle, je me fais à mon nouvel environnement. Je tripote l'écran tactile face à moi pour y découvrir une petite liste de films qui pourraient passer le temps. Mon voisin d'en face abaisse déjà son siège. Joie. Je me retrouve alors encore plus à l'étroit. Plusieurs fois, je cherche les garçons du regard. Je ne sais pas où se sont installés. J'espère juste qu'on les croisera à la sortie. Ça me déprime un peu de pas savoir qui ils sont...
- 15h50 -
Tout le monde est dans l'avion. Il démarre. Je sors mon téléphone. Je tente de filmer le décollage pour la postérité. Le personnel navigant passe dans les allées et ferme les portes des casiers. L'appareil se positionne tranquillement sur la piste alors que les écrans diffusent le speech de sécurité. Moi qui m'attendais à l'éternelle démonstration des hôtesses (« les sorties de sécurité se situent à l'avant et à l'arrière de l'appareil-han »), je suis impressionné. La vidéo proposé par Air France a une classe très « française (parisienne) » si je puis dire. Lorsqu'elle se termine, l'avion est prêt à partir. Le doigt sur le bouton d'enregistrement, j'attends que les moteurs vrombissent. Je n'ai pas peur. La fatigue est là, mais je suis plutôt excité à l'idée de m'envoler et de traverser l'Atlantique. Je me rassure aussi en me disant que les accidents de la route font plus de mort que les crashs aériens. Et j'évacue toute discussion possible qui viendrait contredire ces statistiques. Ça y est ! J'entends les moteurs. M. Ours me dit que c'est le moment. Je lance la vidéo. Je verrouille mon poignet comme je peux pour éviter les tremblements.
1 minute plus tard, nous survolons l'aéroport.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro