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33 - Jusqu'au jour J (combat intérieur et préparatifs)

30 mars 2022
juste avant les rendez-vous psy

« Les choses se concrétisent doucement, on dirait. »
Je viens de recevoir un email d'Air France. Je souffle. M. Ours a pris les devants en commandant les billets d'avion pour notre voyage Paris > Bogota. Nous partirons le 4 juin. Je sens mes angoisses me titiller les intestins. Il nous reste 2 mois pour nous préparer. J'essaie de me contrôler. Je me répète en boucle que « Tout va bien se passer ! ». M. Ours aussi me le répète. Ce n'est qu'un petit voyage d'une semaine à l'autre bout du monde dans un pays inconnu — je sue — et nous ne serons pas seuls : Dan & Angel seront à notre écoute et il y aura les futurs papas qu'on rencontrera sur place. Ouf ! Je garde le sourire, mais c'est dur. J'essaie d'ignorer cette montagne qui me semble infranchissable. J'y construis des rails, malgré mon estomac passé à l'essoreuse. J'y pose une locomotive, lourde, traînante et inarrêtable. Je la charge en charbon et je m'attache à l'avant. C'est inéluctable : on atteindra la gare située au sommet.

1°) « J'aimerais qu'on se souvienne de ce voyage »

M. Ours propose qu'on profite un peu de cette virée à deux : « On pourrait aller voir le Machu Picchu, si tu veux ?», « On pourrait aussi rendre visite à des amis de ma famille, en Louisiane ?», « Où encore, faire un tour dans les Antilles ? ». Je dis « oui, pourquoi pas », mais je sens ma peau frémir et mon visage grimacer. C'est une douleur. J'ai déjà bien du mal à m'imaginer poser un pied en Colombie, alors le reste : je ne l'envisage pas. J'ai comme l'esprit bourré de sac de nœuds que je n'arrive pas détricoter. Chaque proposition s'entasse dans la mêlée. J'essaie de ne pas m'y noyer. Je regarde Google Street, les hôtels et les billets d'avion pour aller d'un endroit à l'autre. Je tergiverse sans fin. Je me dis qu'on resterait bien juste en Colombie ? Pourquoi s'embêter à aller plus loin ? Je jette mon dévolue sur Carthagène des Indes, une ville plein de couleurs et de plages à l'eau turquoise. M. Ours est d'accord pour y faire un saut de puce, mais il trouve vraiment dommage qu'on se cantonne à ça. J'essaie de m'en persuader aussi : il est hors de question de rentrer directement après Bogota. Je me concentre sur l'option la plus facile en dehors de la fuite : les Antilles. On pourrait visiter la Martinique ? J'accepte rapidement avant que ma décision ne soit prise d'assaut par mes appréhensions. C'est plié ! On ira en Martinique après Bogota et peut-être à Carthagène des Indes, si les astres sont bien alignés. On propose à un ami de nous rejoindre après notre séjour en Colombie ; on se connait bien. M. Ours est peut-être plus aventurier que moi, mais on reste des grands casaniers. Du renfort pour se bouger les fesses ne sera pas de refus.

2°) Préparatifs & stratégies anti-stress

Le dos collé à ma locomotive, je me laisse pousser en avant. Nos choix sont entérinés et maintenant indiscutables. Je me le rentre bien dans le crâne à coup de marteau. Je crois que c'est possible. Je n'ai plus qu'à trouver comment faire taire mes démons. Vous trouvez peut-être que j'exagère en remettant dans la lumière mes difficultés, mais il y a un an, je ne me serais jamais imaginé capable de ça. C'est peut-être peu — je ne sais pas. J'essaie de m'en féliciter et de m'en contenter. J'essaie d'être fier de moi. En tout cas, je crois surtout avoir réussi à mettre en place les bonnes stratégies pour atteindre mon objectif, celles qui apaisent mon besoin de contrôle sur les évènements, celles qui me donne des armes.

2.1°) El niño bebe leche. La niña come pan.

L'un des points qui m'effrayait le plus, c'était la barrière de la langue. Je ne me faisais pas de soucis pour nos interactions avec la clinique qui seraient en anglais, mais je ne savais pas comment on allait pouvoir gérer tout le reste (aéroport, hôtel, taxi, visite touristique, restaurant, etc) et je ne me voyais pas sortir mon téléphone à tout bout de champs pour traduire des trucs. D'autant plus que parmi les recommandations anxiogènes que me donnait mes amis, il y avait celle-ci : « Ne sors pas trop ton téléphone dans la rue, tu risques de te le faire voler ».

J'ai donc commencé par apprendre l'espagnol.

Je me suis plonger là-dedans, pendant 2 mois non stop, plus de quatre heures par jour quand je le pouvais. J'ai d'abord utilisé Duolinguo pour tenter de m'y mettre en douceur, mais avec leurs exercices proposés je me retrouvais souvent devant des incompréhensions grammaticales. J'y ai alors ajouté l'application Anki qui permet de gérer des fiches de vocabulaire qu'on se farcit tous les jours et je me suis surtout acheté des livres de grammaire pour mieux capter les rouages du langage. Après le voyage, j'ai tout arrêté. J'ai fait une overdose. Je crois que mon investissement était surtout une façon de m'occuper l'esprit. Quatre mois après — aujourd'hui donc —, j'ai énormément de mal à construire une phrase, mais je comprends les bases. Ce qui est drôle, c'est que j'étais tellement immergé dans l'espagnol que les quelques scénarios catastrophes qui arrivaient jusqu'à moi se faisaient dans cette langue. Je me souviens me promener dans la maison en répétant à voix hautes des dialogues imaginaires. J'espérais qu'ils me servent le moment venu. Ça n'a pas été tellement le cas, vous verrez. Ha ha ! :')

2.2°) La clef du calme : l'organisation

C'est normal de se préparer quand on part en voyage, vous me direz ! Mais pour le coup, je me suis préparé bien en avance et j'ai déposé tout ce qui envahissait ma tête dans des checklists. C'est comme ça que j'ai éteins une bonne partie de mes interrogations. Mais, il n'y avait pas que le voyage en lui-même qui me tracassait à ce moment. Il y avait aussi mon nouveau traitement VIH. Oui, oui, oui ! J'ai eu la bonne idée de démarrer un nouveau protocole en mars— un protocole dont je suis le premier à bénéficier dans mon CHU. Le génie ! En fait, c'est un traitement disponible depuis début 2022. Il permet de se passer du/des cachet(s) journalier(s) que je prends depuis 14 ans en les remplaçant par l'injection intramusculaire de deux produits — une dans chaque fesse — toutes les 8 semaines. La première partie de ce protocole demande un suivi régulier (prises de sang et compagnie), le temps d'amorcer les choses. Et par conséquent, il a fallu s'arranger pour que mes injections se goupillent bien avec le voyage en terme de date, tout en espérant que je ne rencontre pas non plus trop d'effets secondaires. Je vous rassure : tout roule. Ma dernière picouze était programmée 3 jours avant le départ. Parfait !

D'un point de vue médical, nous avions aussi décidé de réaliser une série de vaccins non obligatoires, comme celui de l'hépatite A et de la fièvre jaune. Ce dernier est conseillé pour la Colombie, bien qu'à Bogota nous ne risquions pas grand chose à cause de l'altitude. Ouais, les moustiques ne s'aventurent pas trop jusque là-bas ! S'ajoute à tout ça de la paperasse (faire nos passeports, la carte d'identité de M. Ours et la revente d'un appartement) et la planification du gardiennage de nos deux toutous. Argh ! Ça me fendait le cœur de les quitter et ça me le fendra tout autant quand on devra partir récupérer notre petit bébé. Il faut dire pépère et mémère se font vieux : 10 et 11 ans. On y est très attaché — on ne les a jamais quitté aussi longtemps — et on a vécu quelques moments difficiles où ont a failli les perdre (je vous passe les détails). Bref ! Tout ça pour dire que c'est aussi un travail qu'on a du faire sur nous : avoir assez confiance en ceux qui vont s'en occuper pendant notre absence. Pour éviter les couacs, j'ai alors préféré rédiger un petit dossier pour les membres de nos familles respectives et amis qui allaient se relayer : aussi bien pour s'occuper des toutous que pour la maison elle-même.

Et hop, une épine de moins dans le pied !

2.3°) Du soutien dans le regard de l'autre 

Pour relâcher la pression, j'ai aussi décidé de parler régulièrement à mes proches de notre aventure GPA, mais surtout : j'ai mis en scène ces préparatifs en réalisant des vidéos sur Tiktok. C'était une façon supplémentaire de m'occuper l'esprit et de démystifier mes peurs.

Le soutien des autres, qu'ils viennent de connaissances ou d'étrangers m'a aidé. Je me suis rendu compte que les gens nous trouvaient courageux, là où moi je me trouvais faible. Je me suis rendu compte que j'aidais d'autres personnes à se projeter vers cette voie. « Une pierre, deux coups » comme on dit, sauf qu'il y avait un troisième coup : montrer qu'une GPA ce n'est pas aussi simple qu'un clic sur Amazon, que ça ne se décide pas sur un coup de tête. C'est pourquoi, avant de vous présenter notre voyage à la façon d'un journal intime, j'aimerais vous partager quelques vidéos réalisées autour du compte à rebours final.

Vous trouverez les liens en commentaire.

J - 4 : Planning des évènements sur place

J - 3 : Papiers, picouze dans le derrière & sentiments

J - 2 : Ménage & abstinence

J - 1 : Angoisses, valises & derniers préparatifs.

Jour J : On décolle.




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