26.3 - Pourquoi une GPA en Colombie ?
*prends sa plus belle voix de professeur d'Université*
Maintenant que nous avons abordé le casse-tête du double processus adoption/GPA, revenons aux premières raisons qui nous ont poussés à abandonner les États-Unis au profit de la Colombie. Dans un second plan, nous verrons plus en détails un exemple de processus de GPA et nous décortiquerons les coûts associés à celle-ci.
6) Un premier pied dans la Réalité
Pour étoffer l'option USA, nous avons continuer nos recherches de renseignements. Et pour ce faire, rien de tel qu'un appel téléphonique avec un intervenant de l'APGL : un papa qui s'occupe d'aider les couples en témoignant de son propre parcours et en répondant à leurs questions. En parallèle, avec le soutien de la base de données de MenHavingBabies, nous avions décidé de prendre notre premier rendez-vous avec une clinique de fertilité (ORM Fertility à Seattle), juste pour avoir une idée de ce qui se cachait derrière tout ça et des prix.
6.1 ) Témoignage d'un parcours GPA
Fin février 2022, nous sommes donc rentrés en contact avec l'un des papas de l'APGL qui, pendant plus de 2 heures, nous a raconté tous les détails de son aventure. Ces deux heures, on ne les a pas vu passées tant il était passionné et nous communiquait sa joie d'être père. Et pour le coup, on a eu le droit à moult et moult détails sur le sujet. Mon cerveau a enfin pu se dire : "Arrête de suspendre ton jugement et tes doutes. Il est temps d'accepter la véracité de ce que son couple a vécu". Son témoignage de vive voix nous a ainsi permis de nous projeter vraiment dans ce projet et, par la même occasion, nous a ouvert les yeux sur le long et tortueux chemin qui nous attendait. Ce papa heureux n'avait d'ailleurs de cesse de nous répéter que "l'avantage des américains c'est qu'ils sont hyper carrés. Avec la clinique qu'on a choisi (l'une des meilleures), et avec l'agence qui nous a accompagnés, on est comme sur des rails. Tout va s'enchaîner, vous verrez. Vous allez passer par toutes les émotions possibles et imaginables. Et les gens vont vous aider à réaliser votre projet. Vous ne serez pas perdus".
Est-ce que ça m'a rassuré ? Je ne sais plus — sans doute un peu. J'avais néanmoins du mal à accepter l'idée que tout se passerait comme sur des rails. On se tenait au pied de la montagne. On la contemplait. Je n'y voyais rien qui ressemblait de près ou de loin à une gare, mais je commençait à avoir une bonne idée de la somme d'énergie et d'argent qu'on allait engager pour la gravir, du nombre de voyages à l'autre bout du monde et de la série d'engrenages qui nous mèneraient tout droit à la parentalité. Vous voulez peut-être vous en faire une idée vous-même ? Voilà dans les grandes lignes une check-list des étapes qui auraient pu nous attendre.
Au passage, n'hésitez pas à réagir à chaque point, si vous avez des questions.
------------ CHECK-LIST -------------
☐ Réaliser des analyses de fertilité en France
☐ Refaire notre passeport
☐ Préparer la revente de certains de nos biens pour avoir la somme requise
☐ Trouver une clinique aux États-Unis
☐ Trouver une agence qui travaille avec cette clinique
☐ Prévoir un 1e voyage d'une semaine pour :
☐ Sélectionner les donneuses d'ovocytes
☐ Aller aux États-Unis donner notre semence
☐ Attendre que la donneuse soit dispo et donne ses ovocytes
☐ Attendre la création des embryons et vérifier leur qualité
(cela comprends leur capacité à résister à l'implantation et un scan d'un nombre impressionnant de maladies génétiques qui peuvent aussi bien causer des risques pour la grossesse mais aussi pour la vie future de l'enfant)
☐ Trouver une assurance santé américaine
(au cas où la naissance de notre enfant ne se passe pas comme prévue)
☐ Engager des avocats américains pour la partie juridique
(acte de naissance, passeport...)
☐ Prévoir un 2nd voyage d'une semaine pour rencontrer des mères porteuses
☐ Attendre la préparation de la porteuse et l'implantation de l'embryon
☐ Suivre avec assiduité sa grossesse
☐ Au troisième mois, prévenir le département du Calvados qu'on arrête l'adoption
☐ Préparer la maison pour l'arriver de notre futur enfant
☐ Prévoir un voyage d'un mois et demi pour récupérer l'enfant :
☐ Prendre des congés ou des congés sans solde si nécessaire
☐ Être là-bas 2 semaines avant le terme
☐ Rester encore 1 mois pour finaliser les papiers
☐ Rentrer en France et lance la procédure d'adoption
(le père non biologique doit adopter l'enfant du père biologique pour qu'il ait des droits dessus)
☐ Engager un avocat français pour nous accompagner dans ces démarches
☐ Réunir les preuves que nous sommes bien en couple
(cela comprends des papiers, mais aussi des témoignages écrit de nos proches)
☐ Attendre 1 à 2 ans que l'adoption soit prononcé au tribunal
------------------------------------------
La liste n'est pas exhaustive (l'aspect financier viendra dans le point n°7), mais c'est déjà un enfer ! Et après ça, certains taxent de caprice notre envie de parentalité. Humpf ! D'ailleurs, ça me rappelle un commentaire sous une de mes vidéos Tiktok où j'abordais mes angoisses vis-à-vis de ce voyage et de notre rencontre avec les employés de la clinique. Je vous laisse juger de (ma tronche en plein brossage de dents) la pertinence de ses propos !
6.2 ) Visio avec ORM Fertility
Le 1 Mars 2022 exactement nous avions rendez-vous en visio avec un représentant d'ORM Fertility, une clinique basée à Seattle. *toussote* Ça vous gène le présent de narration ? Bon ! En fait, je ne vous demande pas votre avis ! Let's go :P
Dix minutes en avance, je pose déjà mes fesses devant l'écran noir de notre tablette et je clique sur le lien qu'on nous a envoyé. Je tape du pied. Je ne tiens pas en place. La pression monte. L'exercice est bien différent que le précédent. Là, on va s'entretenir avec une personne qui va peut-être chercher à nous vendre quelque chose. J'essaie de ne pas trop y penser. La conversation se fera en anglais. Ça aussi ça m'angoisse un peu. Je comprends bien la langue, mais la parler c'est une autre histoire. Je manque de pratique. Heureusement, M.Ours est bilingue ; il ingurgite environ 4 à 5 LIVRES PAR SEMAINE (1), en anglais, et s'est mis à écrire un roman l'année dernière. Je peux me reposer sur lui. Ça va bien se passer !
Lorsque notre interlocuteur se connecte enfin, la fenêtre de conversation s'ouvre sur un homme souriant et grisonnant, d'une cinquantaine d'années. Il nous salue. Je baragouine deux trois mots, puis les questions commencent. L'homme fait l'effort d'articuler. C'est agréable de comprendre 90% de ce qu'il raconte. Naturellement, il dirige la conversation et nous passons bien plus de temps à l'écouter qu'à nous exprimer. Il reste malgré tout à notre écoute. Je n'ai pas l'impression qu'il nous presse à nous décider ou qu'il essaie de nous embobiner d'une manière où d'une autre. Qui est Gabriel ? Qui est M.Ours ? <<< vitesse x10 >>> Quelle est votre histoire ? Ha ! Vous essayez d'adopter ? C'est aussi un beau projet. Et lequel des deux veux être le papa biologique ? Oh ! Vous ne savez pas encore ? D'accord, d'accord. Il faudra que vous vous décidiez pour lancer la procédure. D'ailleurs, moi aussi je suis l'heureux papa d'un enfant né via GPA. On a 80% de chance de réussite à l'implantation. Je vais vous résumé tout le processus si vous voulez bien. <<< vitesse x30 >>> Notre rôle est le suivant : nous recueillons votre sperme. Nous vous donnons l'accès à des donneuses d'ovocytes. Nous récoltons ses œufs après une phase (ou deux) de stimulation. Nous créons ensuite vos embryons que nous conserverons au cas où vous en auriez besoin. Nous faisons une batterie de tests sur ceux-ci pour nous assurer que tout vas bien, puis notre collaboration s'arrête après l'implantation. Nous avons 80% de réussite du premier coup. <<< vitesse x10 >>> Vous voulez savoir ce qui se passe quand il y a un échec ? On peut refaire une implantation, mais il y a une légère facturation supplémentaire. Bien entendu ! Si vous avez des questions ! L'anonymat des donneuses ? Oui, elles sont anonymes. Rien d'autre ! Non ? Parfait, alors ! Si vous voulez continuer avec nous, la prochaine étape c'est de nous envoyer vos analyses de fertilité. Vous pouvez faire ça dans un laboratoire en France. Ça ne devrait pas poser de problème ! Je vous mail les examens nécessaire.
J'espère que nous nous reverrons bientôt. Bonne soirée !
ANECDOTE
(1) 4 à 5 LIVRES PAR SEMAINE : Avant de lui demander directement, j'avais estimé son rythme à un livre par semaine, soit une cinquantaine de livre par an. Il a rit quand je lui ai demandé si je n'étais pas dans l'erreur. Et il a rajouté : "C'est compliqué de donner un chiffre, parce que je lis beaucoup sur Royal Road où les livres font parfois 3000 pages."
6.3) Un "léger" détail à propos de moi-même
J'ai volontairement omis un détail que nous avons abordé avec le représentant de la clinique, un détail qui a son importance dans la décision que nous avons prise, puisque je souffre d'une infection chronique dont je n'ai jamais parlé ici. Ce n'est pas un secret, puisque je l'aborde aussi ouvertement sur les réseaux sociaux. C'est important d'en parler. Alors, comme je le fais toujours quand je l'annonce à quelqu'un (et parce que les gens sont vraiment à la ramasse sur le sujet), je vais commencer par vous dire que tout va bien, qu'il ne faut pas s'alarmer, que grâce aux progrès de la médecine ces 20 dernières années, les gens qui souffrent de la même infection que moi peuvent vivre tout à fait normalement et tout aussi longtemps que n'importe qui.
1, 2, 3... je me lance !
J'ai le VIH depuis plus de 15 ans.
*regarde si la salle réagit*
Je ne sais pas quelles sont vos connaissances à ce propos (et je pourrais en parler dans un billet si jamais ça vous intéresse), mais aujourd'hui, les personnes vivants avec le VIH qui connaissent leur statut ne sont plus contaminantes. De nombreuses études l'ont mis en évidence. On a même créer une petite formule pour ça : i = i, c'est-à-dire indétectable = intransmissible. Il faut donc comprendre que le danger de la transmission vient des gens qui ignorent leur sérologie. On peut donc dire sans rougir que ce sont les "séronégatif" qui transmettent le virus. Et pourtant, il a encore énormément de rejet et de préjugés qui concernent les personnes séropositive au VIH. Et ça, même au sein de la communauté homosexuelle, très marquée comme vous le savez, par la manière dont elle a été traitée dans les années 80. D'ailleurs, avec la variole du singe, on voit cette erreur revenir au galop comme si nous n'avions rien appris.
Pour en revenir à la GPA, le VIH est un détail qui à son importance car il entre dans les paramètres d'un processus de fertilité. Peu de gens savent que, même naturellement (je veux dire quand papa rencontre maman et qu'ils jouent aux cartes) le risques que le père transmette le virus à son enfant est nul. Par contre, dans le cas inverse (quand la mère est séropositive), il y a un risque léger et non négligeable. Alors, imaginons que je sois le père biologique de notre GPA et que ma contribution se résume à donner mes petits nageurs non contaminants. Imaginons maintenant ce que ferait une clinique américaine dans un système de santé américain. Je crois que vous voyez où je veux en venir. Yup ! On nous donc expliquer qu'il faudrait participer à un programme supplémentaire et payer une ristourne pour qu'on nettoie la dite semence. Et cette somme s'élève à 10.000 dollars. Ouais ! 10.000 dollars alors que techniquement, je ne peux pas transmettre le virus. 10.000 dollars alors que je suis plutôt certain (même si ça reste à prouver) que par sécurité, les cliniques nettoient la semence du donneur avant l'insémination. Pourquoi ? Et bien, parce qu'on ne sait jamais ! D'autant plus que ce sont les gens qui ne connaissent pas leur statut sur tel ou tel infection sexuellement transmissible qui sont les plus à risque.
Je ne vous le cache pas, en apprenant ça, sur le moment, on est resté très neutre. On s'y était préparé. On s'était même renseigné, mais on ne s'attendait pas à une telle somme... Ce n'est pas dérisoire, même quand on sait qu'une GPA aux États-Unis oscille entre 120k et 160k dollars.
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