26.1 - Pourquoi une GPA en Colombie ?
C'est une question qui revient souvent parmi mes commentaires sur TikTok.
"Et dis-moi, pourquoi avoir choisi la Colombie ?"
C'est vrai que la destination interroge beaucoup, parce qu'on a l'habitude d'entendre parler des États-Unis ou du Canada, deux pays dont la GPA rime avec éthique, notamment grâce aux témoignages des animateurs Christophe Beaugrand et Marc Olivier Fogiel ou de l'humoriste et metteur en scène Jarry. Il faut nuancer néanmoins tout ça, car rien qu'au sein des USA (de par les lois qui diffèrent d'une état à l'autre et les agences qui sont très nombreuses) il existe énormément de variations dans le processus de GPA. Ce qu'on va reconnaître comme éthique, au final, dépend beaucoup de ce que nous sommes prêts à accepter à titre individuel. Tous ceux qui se lancent dans ce processus n'ont pas les mêmes attentes et encore moins le porte-monnaie suffisant pour respecter leurs propres principes. On reviendra sur le sujet de l'éthique un peu plus tard, parce qu'il me travaille particulièrement. Au Canada, il y a le concept de la GPA altruiste, une GPA où la femme porteuse ne touche pas de contrepartie financière. Elle donne naissance à un enfant pour la beauté du geste.
À l'opposé de ces GPA, il y a celles qui sont pointées du doigts par les journaux ou les reportages, justement parce qu'elles ne correspondent pas à l'idée qu'on se fait de l'éthique. J'ai souvenir que l'Ukraine, la Roumanie et l'Inde faisaient partie de celles-ci, même si pour ce qui est de l'Ukraine avec le recul, mon avis s'est un peu nuancé (j'y reviendrais). Aujourd'hui, c'est Chypre et la Géorgie qui sont sur le banc des GPAs à fuir absolument. Vous avez peut-être déjà lu ou vu ce genre de reportages. On y entend parler de femmes coupées du monde le temps d'une grossesse, de femmes qui n'ont aucun contact avec les parents d'intention et qui sont poussés par leur mari ou la précaire plutôt que par un acte purement désintéressé.
"Mais du coup, où se situe la Colombie sur ce prisme ?"
Cette question, je vais vous laisser y répondre seul. Et pour vous y aider, je vais vous raconter le cheminement qui nous a conduit à choisir ce pays.
1) Une aventure qu'on n'attendait pas
En février 2022, comme je vous le disais dans le billet précédent, il nous est arrivé ce que nous n'attendions vraiment pas. À savoir : un héritage surprise et conséquent qui est venu bousculer nos projets de parentalité en s'ajoutant aux petites économies qu'on réalisait déjà pour d'autres raisons. Ces sommes additionnées nous ont mené à nous interroger sur leur utilisation. Question bien compliquée, puisque nous n'avons pas de projet à long terme. Nous attendons seulement de devenir pères, une bonne fois pour toute, et de vivre comme n'importe qui le bonheur et le stresse de la parentalité. Nous ne savons toujours pas quand l'adoption va aboutir. Nous en étions à 3 ans et demi d'attente quand nous avons reçu cet argent et, à ce moment-là, nous avons appris que les 4 années d'attente moyenne pour qu'un enfant nous soit apparenté se rallongeaient passant à 5 ans. S'ajoute à ça, le fait que nous sommes maintenant obligé de repasser l'agrément en fin d'année 2022. Ça ne m'enchante pas beaucoup, j'dois dire :')
Alors, pourquoi ne pas utiliser cet argent pour enfin atteindre ce ligne d'arrivée ? Impossible de se fixer sans un minimum de recherche. Ce n'est pas un projet dont on vous livre toutes les informations et dont tout le monde connait les codes, les pièges et les bons plans. On s'est d'ailleurs perdu un petit moment. Vous allez voir ça !
2) Les premières recherches
Contrairement à l'époque où nous commencions le processus d'adoption et où nous écumions (sans succès) les recoins du net pour trouver des témoignages de couples homosexuels, nous n'avons eu aucun mal à dénicher des détails sur la GPA. Le web fourmille du site des agences, des cliniques et d'autres intermédiaires qui se spécialisent sur le sujet. Il y en a tellement qu'il devient difficile d'accorder sa confiance à qui que ce soit. S'ajoute à ce dédale, notre totale ignorance sur le sujet. Nous n'avions même pas conscience du nombre de pays qui offrent ce genre d'alternative. Et je peux vous dire qu'il y en a énormément ! Vous serez sûrement surpris d'apprendre que la Belgique, l'Angleterre ou la Suisse tolèrent les procédures de GPA sur leur sol. Moi, je ne m'y attendais pas ! Pour la Belgique, par exemple, la GPA n'y est pas encadrée juridiquement, mais un couple peut en réaliser si une de ses connaissances est prête à porter l'enfant et s'il n'y a pas d'échange d'argent. Le bébé peut-être apparenté ensuite via une adoption, mais la procédure découragent beaucoup de monde. Ha ! J'oublie le plus important : les couples gays ne peuvent pas en bénéficier[1]. Well ! C'est déjà un pays de rayer sur la carte.
[1] Errata : En rédigeant le billet 26.4 qui traite des coûts de différentes GPA, j'ai pu constater que la Belgique accepte bien les couples d'hommes, finalement. Ça ne change pas le fait qu'il faut qu'il faut présenter nous-même quelqu'un qui sera la femme porteuse de nos enfants.
En tout cas, une chose est très vite ressortie de nos vagabondages. Toutes les infos qu'on rencontre sont le plus souvent édulcorées dans un graphisme qui veut s'adresser directement à notre cœur, à notre envie d'être parents. On y croise toujours ces mêmes photos : couples parfaits avec enfants parfaits sur fond de nature ; femme enceinte, les mains posées sur son ventre ; des médecins tout sourire qui ont l'air de vous dire "Nous sommes à votre service pour réaliser vos rêves ! Approchez, Approchez, vous ne risquez rien !". Ces photos sont elles-mêmes entourées de texte d'ambiance très creux dont l'unique but et de vous enchanter un peu plus. C'est désarçonnant cet aspect marketing ! Et ça a même tendance à activer nos red flag : "Tu es en train de faire avoir, mon vieux !". Mais bon, tout ça : c'est pas si étonnant puisqu'on passe du domaine de l'aide sociale à l'enfance à celui de l'industrie médicale (dixit l'un de nos interlocuteurs travaillant pour une clinique américaine).
3) Combattre mon anxiété
À ce moment précis de nos recherches, ce flot d'informations m'a submergé. Pendant quelques jours, j'ai laissé M. Ours s'occuper de récolter des renseignements. J'ai rechigné à le faire. J'avais peur d'aller plus loin, de mettre le doigt dans cet engrange qui allait totalement changé notre vie. Vous me direz : tu as bien passé l'agrément pour adopter ? Oui ! C'est vrai ! Mais me lancer dans une GPA, pour une raison que j'ignore, rend les choses beaucoup plus concrètes.
Et puis, je me connais très bien. Je sais comme je fonctionne.
[PsychologueTime] Quand quelque chose me fait peur, tout mon corps me dit de reculer. Et cette peur n'a même pas besoin d'être formulée ou d'être accompagnée de pensée négative. Elle est purement physique et viscérale. Mon estomac, ma mâchoire et mes muscles me font bien sentir que le chemin que je veux emprunter n'est pas sûr (même si ce chemin n'est rien d'autre que "demander une baguette dans une boulangerie" ou "traverser la ville en voiture pour un rendez-vous médicale"). C'est mon petit fardeau, mon anxiété qui ralentit beaucoup mon quotidien. Avec le temps, j'ai appris à la gérer et je sais quelle stratégie mettre en place pour la plupart des problèmes que je rencontre. À force, je sais aussi que ce que mon corps voit comme des montagnes infranchissables n'en sont pas. Une fois gravies, je découvre toujours qu'il ne s'agit que d'une marche minuscule et j'en ris (je me félicite trop peu) [/PsychologueTime]
Du coup, dans ce torrent qui me poussait à reculer (parce qu'aujourd'hui ça va beaucoup mieux), il y avait un élément inéluctable, une force qui me conduisait à avancer contre mon gré : mon envie d'être père : "C'est la voie que je veux suivre et c'est celle que veut suivre mon homme. Je sais que la GPA nous le permettra dans un temps contrôlé. Et je sais surtout que je ne serais pas seul. M.Ours sera à mes côtés. Lui qui a déjà visité les quatre coins du monde avant de me rencontrer. Lui qui parle couramment anglais. Lui qui, tout comme moi, n'attend plus qu'une seule chose : Être papa". Alors, je me suis accroché à ça de toute mes forces et je suis retourné au combat avec mes stratégies habituelles : raconter ce que je vais faire à mes amis et à mon entourage pour m'engager dans l'action ; découper les grosses tâches en plus petite et faire des checks-list ; agir petit pas par petit pas et de me récompenser à chaque étape. De fil en aiguille, j'ai pu me remettre au turbin, visiter les sites web que M. Ours avait collecté et passer à l'étape d'après. Une étape qui nous permettrait d'y voir plus clair, une étape par laquelle nous étions déjà passée lorsque nous avions plongé les pieds dans l'adoption, à savoir : nous rapprocher des associations et dénicher témoignages de papas.
Et, c'est à ce moment-là qu'on a entendu parlé de la Colombie pour la première fois !
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